Deuxième Congrégation générale du
Synode des évêques du Moyen-Orient |
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Le 12 octobre 2010
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(E.S.M.)
- Lundi, à 16h30, avec la récitation de l’Adsumus, a eu
lieu la Deuxième
Congrégation
générale, pour
la lecture des
Rapports sur les
Continents et
pour le début
des
interventions
des Pères
synodaux.
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Le pape Benoît XVI salle
du Synode -
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Deuxième Congrégation générale du
Synode des évêques du Moyen-Orient
DEUXIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI 11 OCTOBRE 2010 - APRÈS-MIDI)
Le 12 octobre 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Lundi, à 16h30, avec la récitation de l’Adsumus, a eu lieu la Deuxième
Congrégation générale, pour la lecture des Rapports sur les Continents et
pour le début des interventions des Pères synodaux en salle sur le thème
L'Église catholique au Moyen-Orient: communion et témoignage. "La
multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une
seule âme" (Ac 4, 32).
Le Président délégué du jour était: S. Ém. le Card. Leonardo SANDRI, Préfet
de la Congrégation pour les Églises Orientales (CITÉ DU VATICAN).
Les interventions sur le thème du Synode ont été suivies par un temps
d’interventions libres en présence du Saint-Père Benoît XVI.
À cette Congrégation générale, qui s’est achevée à 18h55 par la prière de
l’Angelus Domini, étaient présents 163 Pères.
Nous publions ci-dessous, les Rapports sur les Continents:
Pour l’Afrique: S. Ém. le Card. Polycarp PENGO,
Archevêque de Dar-es-Salaam, Président du "Symposium des Conférences
épiscopales d'Afrique et de Madagascar" (S.C.E.A.M.) (TANZANIE)
Vénérables Frères synodaux, chers participants
Je parle ici au nom du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de
Madagascar (SCEAM) dont je suis l’actuel président.
Le Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar a un
lien intrinsèque avec l’Église du Moyen-Orient, surtout avec l’Église
d’Égypte qui est une partie aussi bien de l’Afrique que du Moyen-Orient.
L’Égypte, ne résistant pas aux différences culturelles et linguistiques avec
l’Afrique sub-saharienne , est par nécessité géographique une partie de
l’Église d’Afrique (SCEAM), aussi bien qu’elle est une partie de l’Église du
Moyen-Orient en raison de facteurs linguistiques et culturels. Ces deux
composantes qui caractérisent l’appartenance de l’Église en Égypte ne sont
certainement pas incompatibles. Au contraire, elles peuvent être exploitées
de façon positive pour le bien de l’Église aussi bien en Afrique qu’au
Moyen-Orient.
D’un côté, les Chrétiens émigrent du Moyen-Orient à cause de ce qui peut
être considéré comme des conditions d’oppression contre la Foi chrétienne
dans certains pays du Moyen-Orient. De l’autre, de nombreux jeunes Chrétiens
africains affluent chaque année de l’Afrique sub-saharienne vers l’Afrique
du nord (y compris vers l’Égypte) pour des raisons liées à l’éducation, à
l’emploi ou au transit vers l’Europe et le Moyen-Orient. Beaucoup de ces
jeunes quittent leurs pays comme Chrétiens fervents et pratiquants.
Lorsqu’ils arrivent en Afrique du nord, ils se trouvent dans une atmosphère
à prédominance islamique leur accordant une liberté très limitée de
pratiquer leur Foi chrétienne.
Ceci me rappelle la situation en vigueur en Afrique de l’est il n’y a pas si
longtemps. Il y a cinquante ans de cela, l’Islam était si prédominant sur la
côte de l’Afrique de l’est donnant sur l’Océan Indien qu’il menaçait la foi
de la jeunesse chrétienne provenant des zones internes du continent à la
recherche d’emploi dans les lotissements de sisal et les bureaux
gouvernementaux des zones côtières.
Ce qui a sauvé la situation en Afrique de l’est c’est l’étroite coopération
entre les missionnaires chrétiens de l’intérieur et ceux sur la côte. Les
jeunes allant sur la côte ont apporté des lettres de recommandation des
missionnaires de chez eux aux missionnaires de la côte, qui les ont reçu
dans des zones de peuplement chrétiennes établies. Ainsi, ils ont pu
continuer à pratiquer librement leur foi.
Aujourd’hui, aucun Chrétien sur les côtes d’Afrique de l’est ne se sent
obligé à cacher son identité chrétienne en dépit du fait que l’Islam
continue à être la religion de la majorité. Ainsi, il n’y a plus aucune
nécessité d’avoir des zones de peuplement chrétiennes séparées.
En ce qui concerne la situation décrite en Afrique du nord et au
Moyen-Orient, des méthodes d’action différentes sont nécessaires. Ainsi, une
coopération plus étroite entre l’Église sub-saharienne et l’Église d’Afrique
du nord et du Moyen-Orient reste et restera toujours d’une importance
primordiale pour la survie de la Chrétienté des deux côtés. Le SCEAM est un
instrument excellent pour une telle coopération.
Pour l’Amérique du Nord: S. Ém. le Card. Roger Michael
MAHONY, Archevêque de Los Angeles (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)
Au nom des Évêques et des Catholiques d’Amérique du Nord, je suis heureux de
saluer tous nos frères Évêques et Catholiques des différentes Églises du
Moyen-Orient réunis à l’occasion de cette Assemblée spéciale historique.
Dans nos pays, nous avons la chance d’avoir un très grand nombre de vos
membres qui vivent parmi nous et en solidarité avec l’Église catholique des
États-Unis.
Je me concentrerai ici sur la question de savoir comment les Chrétiens du
Moyen-Orient en diaspora vivent le mystère de la communio entre eux et avec
les autres Chrétiens. Je porterai ensuite mon attention sur le témoignage
spécifique que les Chrétiens du Moyen-Orient sont invités à donner.
Bien que mes remarques soient largement appliquées à travers toute
l’Amérique du Nord, je donnerai quelques exemples basés sur mon expérience
dans l’Archidiocèse de Los Angeles car toutes les Églises catholiques
orientales y sont représentées.
Témoignage de la Communio. Tout en reconnaissant leur union avec Rome, les
relations inter-ecclésiales devraient être encouragées, non seulement entre
les Églises sui iuris du Moyen-Orient, mais surtout dans la diaspora (§ 55).
En reconnaissant l’hémorragie de Chrétiens qui quittent le Moyen-Orient pour
l’Europe, l’Australie et les Amériques, nous avons recherché différentes
façons de transformer l’émigration en nouvelles chances de soutien à ces
Chrétiens qui s’installent dans la diaspora (§ 47-48). Nous essayons de
soutenir ces Églises catholiques orientales sui iuris en les accueillant et
en les aidant à s’installer dans les paroisses et dans les écoles, dans les
institutions et organisations culturelles afin de pourvoir aux besoins des
leurs pendant qu’elles s’installent en Occident.
Nous avons accueilli les catholiques assyriens-chaldéens, coptes,
grecs-melkites, maronites et syriaques et l’Archidiocèse aide un grand
nombre d’entre eux depuis des années avec des prêts financiers et d’autres
moyens, afin d’aider ces personnes à élire leur domicile à Los Angeles. Au
cours de mes vingt-cinq années comme Archevêque, j’ai visité chacune de ces
communautés, les encourageant à “être elles-mêmes” tout en vivant dans le
contexte de la zone géographique de l’Archidiocèse catholique romain de Los
Angeles. Entre autres ressources, nous disposons de l’Association pastorale
catholique orientale, qui permet au clergé de ces Églises catholiques
orientales et d’autres de se rencontrer deux fois par mois pour prier et
assurer un soutien mutuel dans un effort de coordination des activités
pastorales dans un esprit d’édification mutuelle plutôt que de rivalité (§
55).
La Communio est au coeur de la vie divine: diversité dans l’unité; unité
dans la diversité sont au coeur de la communion qui est l’Église. Aux
États-Unis, un profond respect de la diversité pose des défis uniques. “Les
fidèles de diverses Églises sui iuris fréquentent souvent une Église
catholique différente de la leur” [c’est-à-dire une Église catholique
romaine]. “On leur recommande cependant de rester fidèles à leur propre
communauté d’origine, dans laquelle ils ont été baptisés” (§ 56).
Mais de nombreux catholiques orientaux provenant du Moyen-Orient ne le font
pas et deviennent simplement catholiques romains. Deux exemples pratiques de
la tension entre la diversité et l’unité suffiront. Lorsque se pose la
question d’inscrire leurs enfants dans les écoles primaires de l’Église
catholique, dans lesquelles il y a une réduction des frais de scolarité pour
les enfants de ceux qui sont des “paroissiens” actifs, comment les Chrétiens
des Églises orientales font-ils pour conserver leur attachement à l’Église
dans laquelle ils ont été baptisés? Comment les pasteurs catholiques
romains, les administrateurs et les directeurs des écoles pourraient-ils
être éduqués et encouragés à assister ces immigrés à conserver leur lien
avec leur communauté propre en ne mettant pas de fardeaux supplémentaires
sur leurs épaules, comme le fait de devoir choisir entre l’adhésion à la
paroisse catholique romaine afin de bénéficier de la réduction des frais de
scolarité et le maintien de leur appartenance à une paroisse de leur propre
Église orientale?
Un second exemple pourrait souligner la tension: de nombreuses Églises
orientales admettent les petits enfants à la Communion dès leur Baptême.
Lorsque les paroissiens de ces Églises participent aux Messes catholiques
romaines, leur jeunes enfants, qui ont l’habitude de recevoir la communion,
sont souvent empêchés de le faire.
Une plus grande sensibilité dans des matières très pratiques telles que
celles-ci pourrait faciliter la situation des Catholiques orientaux immigrés
provenant du Moyen-Orient. Nos cours dans les séminaires accordent-ils une
attention suffisante aux défis pratiques que les prêtres et les pasteurs
devront affronter s’ils doivent aider cette diaspora à vivre le mystère de
la communio d’une manière respectueuse de la diversité légitime des peuples
de ces Églises?
Dans toute l’Amérique du Nord, il existe de nombreux instituts catholiques
d’études supérieures. La préparation de catéchistes, la mise à disposition
de formation spirituelle et liturgique, et de préparation théologique dans
ces établissements catholiques est presque exclusivement d’orientation
romaine. Où les immigrés catholiques orientaux sont-ils intégrés dans ces
instituts d’éducation catholiques qui sont enthousiastes d’offrir des cours
et des séminaires sur d’autres religions, qu’il s’agisse de l’Hébraïsme, de
l’Islam, du Bouddhisme ou de l’Hindouisme, mais sont peu enthousiastes
envers la théologie, la liturgie ou la spiritualité des Églises orientales?
Spécialement dans des zones caractérisées par une forte concentration de ces
immigrés, comment pouvons-nous assister ces instituts d’études supérieures,
tout comme nos séminaires, à reconnaître la nécessité de tels cours
permettant aux membres de cette diaspora d’“acquérir une connaissance
suffisante de la théologie et de la spiritualité caractéristique de l’Église
à laquelle ils appartiennent” (§ 64)
Témoignage du pardon. Un domaine particulièrement stimulant en ce qui
concerne l’assistance des personnes des Églises orientales à vivre la
plénitude de l’Évangile est abordé dans les Lignes directrices au numéro 90
ss.: “Le désir et la difficulté du dialogue avec le Judaïsme” et 95f,
“relations avec les Musulmans”. Nombre de ces initiatives ont déjà été
prises dans notre pays et dans notre archidiocèse où nous disposons d’un
fort bagage oecuménique, inter-confessionnel et interreligieux.
Malheureusement, de telles initiatives ont lieu sans une forte participation
de la part des immigrants chrétiens du Moyen-Orient. En effet, ils sont
souvent critiques vis-à-vis de nos efforts dans ces domaines,
particulièrement en ce qui concerne le pardon (§§ 68, 69 et 113).
Souvent, les Chrétiens du Moyen-Orient viennent en Amérique du Nord avec des
attitudes et des opinions concernant les Musulmans et les Juifs qui ne sont
pas en contact avec l’Évangile ou avec les progrès entreprise concernant les
relations de l’Église avec d’autres religions. Parce que nous, à Los
Angeles, vivons “proches” de ses peuples de nombreuses fois différentes,
comment pouvons-nous assister les personnes provenant de cette diaspora
particulière afin qu’ils corrigent ces convictions erronées qui pourraient
influencer par suite leurs patries par l’intermédiaire des Chrétiens vivant
en Occident? Même s’ils pourraient ne pas vouloir l’entendre, les Chrétiens
vivant au Moyen-Orient et émigrant en Occident doivent être encouragés à
être un signe de réconciliation et de paix. La condition sine qua non est le
pardon.
J’ai trouvé que le plus important défi que nous devons relever concernant
nos immigrés - qu’ils s’agissent de Catholiques moyen-orientaux ou de
Catholiques vietnamiens ayant fui leur pays pour le sud de la Californie, ou
de Cubains qui ont quitté Cuba pour les côtes de Miami - n’est pas celui de
les assister en vivant le mystère de la communio entre et parmi les
différents Chrétiens et les différentes Églises chrétiennes. Le défi le plus
important est de les aider à répondre à la grâce de porter témoignage à
l’Évangile en pardonnant ces ennemis qui, assez souvent, constituent la
raison principale de leur éloignement à leur patrie afin de trouver la paix
et la justice sur nos côtes. Nous ferons bien de nous souvenir de notre
regretté Saint-Père, le Pape Jean-Paul II. Après avoir délivré son message
pour la Journée mondiale de la paix de 2002 aux diplomates du monde, il le
résuma en cette phrase provocatrice: “Il n'y a pas de paix sans justice, il
n'y a pas de justice sans pardon”.
Pour l’Asie: S. Exc. Mgr Orlando B. QUEVEDO, O.M.I.,
Archevêque de Cotabato, Secrétaire général de la "Federation of Asian
Bishops' Conferences" (F.A.B.C.) (PHILIPPINES)
Au nom de la Fédération des Conférences des Évêques d’Asie, je vous exprime
notre profonde gratitude pour m’avoir invité afin de représenter la
Conférence des Évêques d’Asie (FABC) et de participer à cet important
Synode. De même, en leur nom, je tiens à exprimer notre communion et notre
solidarité avec les Pères synodaux rassemblés ici aujourd’hui, tout
particulièrement avec nos frères Évêques au Moyen-Orient.
Notre thème est: “Communion et témoignage”. Il s’agit d’un thème très proche
du coeur de l’Église en Asie. Le numéro 55 du Document de travail exprime un
désir significatif: accueillir l’unité dans la diversité, encourager les
communautés à coopérer entre elles, et “quelques réponses envisagent que
l’on pourrait suggérer que de temps en temps (par exemple tous les cinq
ans), une Assemblée rassemble l’ensemble de l’épiscopat du Moyen-Orient”.
Je voudrais partager avec vous l’expérience des évêques d’Asie. Depuis 1974,
la réunion des Évêques de la Fédération des Conférences des Évêques d’Asie,
qui s’est faite tous les 4 ans, a été une expérience très positive pour la
promotion de la communion. Il faut tenir compte du fait que la FABC regroupe
25 membres associés réguliers, incluant deux anciens rites d’Orient -
Syro-Malabar et Syro-Malankar - pour les 28 pays et les territoires. Cela
recouvre la vaste région de l’Asie en lien avec le Kazakhstan à l’ouest, la
Mongolie au nord, le Japon à l’est, le Pakistan et l’Inde au sud,
l’Indonésie et le Timor-Oriental au sud-est. Malgré la diversité des
situations sociales, économiques, politiques, culturelles et religieuses,
les évêques d’Asie ont atteint un certain degré de communion, d’amitié, de
solidarité et de coopération. Cela est dû à la vision commune de la mission
et de la priorité pastorale.
En 1970, la réunion des évêques d’Asie à Manille fut inspirée par le message
du Pape Paul VI qui avait parlé de défis pastoraux en Asie. En 1974, ils se
sont rencontrés pour leur première Assemblée plénière en une Fédération
approuvée par le Saint-Siège. Ils sont parvenus à la vision commune de la
mission d’annoncer Jésus comme le Seigneur et le Sauveur. Ils ont déclaré:
L’Évangélisation est la réalisation du devoir de l’Église de proclamer par
la parole et le témoignage l’Évangile du Seigneur. En Asie, cette charge est
accomplie:
- L’insertion de l’Évangile dans les cultures rend l’Église locale
réellement présente dans la vie et les cultures de leurs peuples;
- Par l’insertion de l’Évangile dans les traditions religieuses, les
religions d’Asie sont amenées à un dialogue vivant avec l’Évangile, de telle
façon que les semences de la Parole en elles peuvent donner du fruit à
l’intérieur de la vie de nos peuples.
- Enfin, à travers la prédication de la Bonne Nouvelle aux pauvres (Lc
4,18), par le renouveau de la vie du Christ et la puissance de Son mystère
pascal est inséré dans la recherche de notre peuple pour un développement
humain, pour la justice, pour la fraternité et la paix (FABC I, 1974, nos
25-28).
Ils en ont également tiré une priorité pastorale commune qui représente la
construction de l’église locale.
L’Église locale est l’Église incarnée dans un peuple, une Église indigène et
inculturée. Et cela signifie concrètement une Église en dialogue continu,
humble et bienveillant avec les traditions vivantes, les cultures et les
religions - en bref avec toutes les réalités de la vie du peuple au milieu
duquel sont profondément plongées ses racines et en qui l’histoire et la vie
sont joyeusement devenues propres.
Pour les évêques d’Asie, une telle vision d’une Église locale et de la
mission est bien reflétée dans la construction des communautés ecclésiales
de base, par qui la paroisse et le diocèse devient “une communion des
communautés”.
Encouragés par les divers offices pastoraux de la FABC, les évêques d’Asie
font tous ensemble leur possible en faveur des priorités pastorales et pour
cette vision de la mission. Par leur direction, l’Église en Asie continue de
réaliser des vagues de conversion et de renouveau, d’entreprendre une
évangélisation renouvelée, une Église renouvelée dans la Parole et le Pain
de Dieu. Hier, l’homélie du Saint-Père nous a rappelé que “la communion est
un don du Seigneur”, la communion étant finalement dans la vie de Dieu. Cela
requiert notre réponse pour un profond renouveau ainsi qu’une profonde
conversion.
Le Saint-Père nous a aussi rappelé: “sans la communion, il n’y a pas de
témoignage: la vie de communion est vraiment le grand témoignage”. Combien
ces mots sont-ils capitaux pour l’Église entière en Asie, y compris pour le
Moyen-Orient.
Nous sommes un “petit troupeau” en Asie, moins que le 3% des plus de trois
milliards d’Asiatiques. À la lumière du soupçon religieux naissant et de
l’extrémisme qui parfois déborde dans la violence et la mort, nous pouvons
être sûrement effrayés et timides. Mais nous sommes fortifiés et encouragés
par les mots du Seigneur: “ne craint pas petit troupeau”. Par conséquent,
nous avons besoin de faire de notre communion une réalité ainsi qu’un
témoignage du Seigneur. Car dans plusieurs endroits d’Asie, là où il n’y a
pas de liberté de religion, la seule façon de proclamer le Seigneur est de
témoigner de Lui par une vie chrétienne fidèle, silencieuse et sincère, une
vie d’amour pour Dieu et un service sincère envers notre prochain (cf. Pape
Jean-Paul II, Ecclesia in Asia, n. 23)
Ce témoignage nous exhorte en tant qu’évêques, en communion avec le
Saint-Père et envers les uns les autres, à accomplir sérieusement les défis
pastoraux face à nous en Asie, tels que le phénomène de la migration qui est
parfois appelé le nouvel esclavage, l’impact négatif de la globalisation
économique et culturelle, le problème du changement climatique, les
problèmes de l’extrémisme religieux, de l’injustice et de la violence, de la
liberté religieuse, et des problèmes de la bio-génétique qui menacent la vie
humaine dans le sein maternel et depuis la conception jusqu’à la mort
naturelle.
Dans notre dialogue comme expression de communion dans la demeure de Dieu,
nous prions afin que nous puissions dessiner une approche pastorale commune
à ces différents problèmes comme forme de témoignage à la foi que nous avons
dans le Seigneur Jésus.
Pour l’Europe: S. Ém. le Card. Péter ERDŐ, Archevêque
d'Esztergom-Budapest, Président de la Conférence épiscopale, Président du
"Conseil de Conférences épiscopales d'Europe" (C.C.E.E.) (HONGRIE)
Au nom des évêques européens représentés par les Présidents de toutes les
Conférences Épiscopales du continent, réunis il y a dix jours à Zagreb à la
quarantième session plénière du Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe
(CCEE), j’adresse mes plus sincères et cordiales salutations aux Prélats,
qui sont ici présents, et à tous les catholiques du Moyen-Orient.
Regardant à partir de l’Europe, la Terre Sainte et le Moyen-Orient sont
situés à l’Est. C’est de là que nous est arrivée la lumière du Christ qui
reste pour toujours le vrai Soleil Invincible qui ne connaît pas de déclin.
Le visage de Jésus brille comme le soleil (Mt 17,2) et illumine toute
l’histoire de l’humanité. Mais cette splendeur, les disciples choisis l’ont
vue sur le mont de la transfiguration alors que se préparait déjà le drame
de la passion et de la résurrection du Seigneur.
L’Europe est débitrice du Moyen-Orient. Non seulement une multitude des
éléments fondamentaux de notre culture provient de cette région, mais
également les premiers missionnaires de notre continent sont arrivés de
cette région. Avec gratitude, nous conservons le souvenir de l’événement
raconté dans les Actes des Apôtres: “Or, pendant la nuit, Paul eut une
vision: un Macédonien était là, debout, qui lui adressait cette prière:
‘Passe en Macédoine, viens à notre secours!’. Aussitôt après cette vision,
nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, persuadés que Dieu nous appelait
à y porter la Bonne Nouvelle” (Ac 16,9-10). Cela a été une décision
providentielle du Saint-Père Benoit XVI que de consacrer toute une année à
Saint Paul, apôtre des nations, dont la ferveur et la sagesse sont d’une
extrême actualité pour la nouvelle évangélisation.
À ce propos, je dois rappeler notre pèlerinage épiscopal européen à Tarse,
ville de Saint Paul, mais je dois aussi réitérer l’expression de douleur
profonde et de solidarité des Évêques européens, que nous avons manifestée à
l’occasion de la mort violente de Son Excellence Mgr Luigi Padovese, ancien
président de la Conférence Épiscopale de la Turquie.
En pensant au Moyen-Orient, nous européens, nous devons faire notre examen
de conscience. Est-ce que le message de l’Évangile est encore vivant parmi
nous, cette bonne nouvelle que nous avons reçue des apôtres? Ou est-ce que
l’on ne voit plus dans notre vie cette lumière et cet enthousiasme qui
proviennent de la foi en Christ?
De nos jours, lorsque des réfugiés et des émigrants chrétiens arrivent en
Europe en provenance des différents Pays du Moyen-Orient, quelle est notre
réaction? Sommes-nous assez attentifs aux causes qui contraignent des
milliers, pour ne pas dire des millions, de chrétiens à laisser la terre où
habitaient leurs ancêtres depuis presque deux mille ans? Est-ce que c’est
vrai que notre comportement est responsable aussi de ce qui arrive? Nous
sommes confrontés à un grand défi. Nous devons examiner la nature et les
effets des changements en Europe et dans le monde occidental. Savons-nous
exprimer d’une manière efficace notre soutien aux chrétiens du Moyen-Orient?
Les facteurs principaux de la vie publique européenne sont-ils encore
sensibles aux valeurs humaines éclairées par le christianisme? Ou
sommes-nous plutôt indifférents et méfiants envers ce précieux héritage qui
fait partie de nous? Héritage sans lequel l’Europe n’existerait même pas du
point de vue culturel.
Les chrétiens qui arrivent du Moyen-Orient frappent à la porte de nos cœurs
et réveillent notre conscience chrétienne.
Comment accueillons-nous ces frères et sœurs? Comment contribuons-nous au
fait que leur antique héritage - aussi ecclésiastique - soit conservé pour
l’avenir?
Le thème de ce Synode est “L’Église catholique au Moyen-Orient: communion et
témoignage”. Dans les Actes des Apôtres nous lisons en effet que la
multitude des croyants avait “un seul cœur et une seule âme” (Ac
4,32). Une telle communion existe aussi dans l’Église aujourd’hui, mieux
même, la communion des saints est un article de notre profession de foi. Une
telle communion essentielle doit être - comme l’Église elle-même - en même
temps visible et invisible; elle doit agir dans le monde de la grâce, mais
aussi de la société. Les catholiques d’Europe prient, travaillent,
s’efforcent et combattent afin d’être également présents et efficaces dans
la société visible. Malgré toutes les tristesses, toutes les désillusions,
toutes les expériences négatives, et parfois également les discriminations
et les pressions qui frappent les chrétiens voulant suivre leur conscience,
nous ne cessons pas d’espérer que l’Europe aussi puisse retrouver sa propre
identité enracinée profondément dans la culture de la vie, de l’espérance et
de l’amour. Plus nous sommes conscients de notre vocation chrétienne dans la
société, plus nous serons aussi capable de montrer et d’irradier la force de
l’Évangile qui est puissant et qui peut transformer la société humaine de
notre siècle. Fidèles à l’enseignement du Concile Vatican II, manifesté tout
spécialement dans la Constitution pastorale Gaudium et Spes, nous devons
suivre l’invitation de l’Église : “Ceux qui sont, ou peuvent devenir,
capables d’exercer l’art très difficile, mais aussi très noble de la
politique, doivent s’y préparer ; qu’ils s’y livrent avec zèle, sans se
soucier de leur intérêt personnel ni des avantages matériels. Ils lutteront
avec intégrité et prudence contre l’injustice et l’oppression, contre
l’absolutisme et l’intolérance, qu’elles soient le fait d’un homme ou d’un
parti politique ; et ils se dévoueront au bien de tous avec sincérité et
droiture, bien plus, avec l’amour et le courage requis par la vie politique.
(GS 75f)
“Médecin, guéris-toi toi-même.”(Lc 4,23) - écrit Saint Luc, “le cher
médecin” (Col 4,14). Nous devons donc nous guérir - nous, chrétiens d’Europe
- avec l’aide de l’Esprit-Saint afin que nous puissions refléter la lumière
du Christ, reçue de l’Orient, et restituer le don obtenu au travers de notre
courageux témoignage.
En ce sens, je demande la bénédiction de Dieu sur le présent Synode et sur
tous les chrétiens du Moyen-Orient. “Stellas Orientis”, étoile de l’Orient,
priez pour nous!
Pour l’Océanie: S. Exc. Mgr John Atcherley DEW,
Archevêque de Wellington, Président de la "Federation of Catholic Bishops'
Conferences of Oceania" (F.C.B.C.O.) (NOUVELLE-ZÉLANDE)
Géographiquement, l’Océanie ne pourrait pas être plus éloignée du
Moyen-Orient, et pourtant les liens entre nos deux régions sont forts.
Je représente la Fédération des Évêques catholiques d’Océanie: l’Australie
(32 diocèses), la Papouasie-Nouvelle-Guinée (22), la Nouvelle-Zélande (6),
la Conférence Épiscopale du Pacifique regroupant 17 diocèses et territoires
ecclésiastiques. Dans son ensemble, une communauté diversifiée et éparpillée
d’environ 6 millions de Catholiques, des petites “îles d’humanité”
(Radcliffe) dans l’immensité de l’Océan Pacifique qui recouvre un tiers de
la surface du monde.
En novembre 1998, tous les évêques d’Océanie se sont réunis ici pour le
Synode sur l’Océanie. Nous avons dû relever le défi afin de “suivre le
chemin de Jésus Christ, proclamer sa vérité et vivre sa vie”. Il s’agit
d’une communio de foi et de charité qui nous lie avec les Églises du
Moyen-Orient; nous avons été conduits à apprécier la riche diversité que les
membres de ces Églises apportent à l’Océanie. Nous reconnaissons leur
vulnérabilité par le fait de vivre comme des Églises minoritaires, et nous
avons “le souci d’apprécier, de comprendre et de promouvoir les traditions,
la liturgie, la discipline et la théologie des Églises orientales
catholiques.” (EIO 12)
Hormis les 5 millions de Catholiques australiens, il y a un petit nombre de
Catholiques, toutefois significatif, qui appartiennent aux Églises
catholiques d’Orient. En Australie, les deux plus grandes Églises
catholiques orientales sont les Maronites et les Melkites, chacune d’elle
étant organisée en diocèse (éparchie), avec un évêque (éparque) qui est
membre de la Conférence épiscopale d’Australie et qui vient de temps en
temps à la réunion de la Conférence de Nouvelle-Zélande. De la même façon
que ces Églises catholiques d’Orient, il y a également les Églises
catholiques Chaldéenne, Syrienne, Syro-Malabare et Copte.
Les Éparchies maronite, melkite et chaldéenne s’étendent jusqu’en
Nouvelle-Zélande, offrant également des services pastoraux et liturgiques à
leurs communautés.
Le vaste Moyen-Orient est présent en Océanie à travers les migrants et les
réfugiés qui ont construit leurs maisons dans la région: les zones de
peuplement des Juifs européens des premiers jours en Australie et en
Nouvelle-Zélande, et aussi bien les réfugiés d’Allemagne des années 1930, et
des survivants de la Shoah; les Libanais, les Palestiniens et les Égyptiens;
les Irakiens, aussi bien chrétiens que musulmans, et encore plus récemment,
les réfugiés kurdes en provenance d’Iraq, d’Iran et de Turquie.
Nos liens historiques sont profondément marqués par la guerre et la paix.
- Les troupes d’Australie et de Nouvelle-Zélande (ANZACS) se sont entraînées
en Égypte durant les premières années de la Grande Guerre (1914-1918);
malheureusement, la génération suivante fut à nouveau de retour dans le
désert d’Égypte dans les années 1940 de la seconde guerre mondiale.
- Les forces fidjiennes de maintien de la paix ont servi sous les Nations
Unies aussi bien au Liban qu’au Sinaï.
Ces liens sont cimentés aujourd’hui à travers la présence de nombreux
pèlerins d’Océanie qui visitent la Terre Sainte; à travers la nouvelle
implantation de réfugiés, les programmes d’aide au développement de la part
de “Caritas Internationalis”, la présence d’ordres religieux internationaux
qui se consacrent au travail d’éducation ou le soutien aux lieux saints.
Réponses au Document de travail
Il y a deux thèmes du Document de travail face auxquels je voudrais réagir à
partir des expériences de l’Océanie:
1. La communion et le témoignage. Le Document
de travail a d’une nouvelle manière soumis à notre attention, les défis
auxquels doivent faire face les Chrétiens au Moyen-Orient: la complexité des
conflits politiques, les questions de la liberté de conscience et de
religion, la vie quotidienne en tant que minorité dans des communautés
majoritairement islamiques ou juives, ainsi que le constant mouvement des
populations par l’émigration et l’immigration. Nous sommes éloignés, mais
nous sommes conscients que nous sommes liés à tous les Chrétiens du
Moyen-Orient par le baptême identique, la tradition ecclésiale, la foi en
Jésus-Christ et l’engagement à sa mission. Nous voudrions assurer nos frères
et soeurs du Moyen-Orient que nous apprécions cette communion et que, vu
qu’ils souffrent, nous nous engageons à nous faire solidaires, et nous les
soutiendrons par la prière et par une assistance pratique dans les défis
auxquels ils font face quotidiennement.
2. Un engagement pour des relations dans la foi
Les Églises en Océanie sont des novices dans ce domaine; nous avons bien
plus à apprendre de l’engagement permanent des Églises du Moyen-Orient
envers le dialogue avec les fois abrahamiques. Nous reconnaissons la
complexité du contexte historique et culturel dans lequel ce dialogue est
accompli avec les signes d’espérance du processus de paix, ainsi que les pas
en arrière en raison de l’incompréhension, la persécution et la trahison.
L’introduction du Document de travail parle de la nécessité des Chrétiens de
bien connaître leurs voisins juifs et musulmans s’ils veulent collaborer
avec eux dans les domaines de la religion, de l’interaction sociale et de la
culture, pour le bien de la société. Ces efforts ont été entrepris en
Australie et en Nouvelle-Zélande en se rappelant l’exigence que la religion
devienne la base de la paix et qu’il y est une promotion des valeurs
spirituelles et matérielles des peuples
Pour l’Amérique Latine: S. Exc. Mgr Raymundo DAMASCENO
ASSIS, Archevêque d'Aparecida, Président du Conseil épiscopal
latino-américain (C.E.L.AM.) (BRÉSIL)
En premier lieu, je voudrais remercier le Saint-Père Benoît XVI de m’avoir
nommé pour participer, en qualité de Président du Conseil épiscopal
latino-américain et des Caraïbes, à ce Synode des Églises pèlerines dans les
pays du Moyen-Orient. Un grand merci, Saint-Père, pour cette nomination qui
m’honore et me réjouit et qui constitue un signe de déférence de Votre
Sainteté envers l’Église en Amérique latine.
Les Églises sœurs du Moyen-Orient ont constitué le berceau de l’Église de
Jésus Christ et le premier lieu de son expansion et, plus encore, le lieu
privilégié de la manifestation de la “plénitude des temps” dans la personne
du Seigneur Jésus.
En participant à ce Synode pour le Moyen-Orient, je tiens à reconnaître avec
gratitude l’immense richesse que nous avons reçue de vous. Avant tout, les
livres sacrés de la Bible qui nourrissent notre rencontre avec le Seigneur
et qui nous illuminent dans toutes les décisions que nous devons prendre
pour notre vie pastorale et ecclésiale. Quant à la Tradition vivante et aux
Conciles, par leur réception dynamique, ils permettent à nos Églises, avec
leurs richesses uniques et différentes, de faire partager à nos peuples la
vie de Jésus Christ; sans oublier la riche Pneumatologie des Églises
orientales.
Votre multiculturalisme fondateur est un fait à partir de la première
expansion ecclésiale. Au fil du temps, il a certainement subi de nombreuses
adaptations, des déséquilibres numériques et socio-politiques, et des
corrections. Aujourd’hui aussi, dans notre monde mondialisé et marqué par de
nombreuses tensions, c’est quelque chose que nous vivons jour après jour, et
à ce propos, nous pouvons apprendre beaucoup des histoires et des
difficultés actuelles de ces Églises.
La question de la laïcité des gouvernements qui guident nos peuples est,
dans de nombreux cas, devenue discriminatoire tant du fait d’intransigeances
idéologiques que, comme pour certains d’entre vous, du fait d’une imposition
théocratique, une “islamisation” de la sphère publique. C’est un défi que
nous partageons avec vous et qui exige que nous luttions pour une liberté
religieuse authentique au sein de l’espace public. Nous devons tenir compte
de ce fait également dans la catéchèse afin de former des chrétiens et des
citoyens bien conscients de leurs droits et de leurs devoirs. Le Saint-Père
Benoît XVI, lors de sa visite en France (2008), a repris le concept précieux
de “laïcité positive”.
De cette situation naît un défi dont nous avons pris nouvellement
conscience. Il s’agit de la formation des laïcs de nos Églises. Lors de
notre dernière Conférence générale d’Amérique latine et des Caraïbes (en
2007), qui a eu lieu à Aparecida, au Brésil, il a été remarqué que cette
formation doit commencer par une profonde rencontre personnelle avec Jésus
Christ qui marque et perdure comme expérience constante dans la vie de
chacun, ainsi que par une formation adaptée, bâtie sur le roc de la Parole
de Dieu, face à la nouvelle situation culturelle que nous vivons. Ceci doit
permettre la présence de laïcs au sein des nouveaux aréopages et dans les
missions du service public.
En mentionnant les disciples laïcs, on ne peut oublier l’importance énorme
de la famille pour la formation aux valeurs humaines et chrétiennes. Toutes
les familles souffrent actuellement d’un conflit générationnel causé par la
vitesse à laquelle tout change aujourd’hui. Or, cela ne doit pas inhiber sa
force éducative. En ce qui concerne certains aspects de la famille, nous
pouvons être d’accords avec les croyants musulmans, et nous l’avons vu à
l’occasion de votes dans le cadre d’organismes internationaux. Il existe
cependant d’autres aspects relatifs au concept concret de famille qui nous
éloignent des musulmans, par exemple le rôle de la femme au sein de la
famille et de la société.
Former des laïcs pour le temps présent ne dispense pas, bien au contraire,
exige que l’on forme également des prêtres qui se rendent compte de la
grande nécessité d’une profonde “conversion personnelle et pastorale” pour
faire de leurs paroisses et de leur apostolat des lieux et des ministères
d’animation missionnaire à la manière des premières communautés chrétiennes.
Il est nécessaire de passer d’une pastorale de conservation à une pastorale
animée par l’esprit missionnaire. Lors de la Conférence générale d’Aparecida,
le Saint-Père a affirmé qu’être “disciples et missionnaires de Jésus Christ”
sont les deux faces d’une même médaille. Il n’y a pas de disciple qui ne
soit missionnaire et il n’y a pas de missionnaire qui ne soit disciple.
Cette“conversion” nécessaire aura également de fortes conséquences sur la
pastorale des vocations. Le jeune d’aujourd’hui cherche à se donner avec
générosité au Dieu de la Vie mais il recule lorsqu’il perçoit seulement les
efforts de préservation et ne découvre pas la nouveauté transformante de
l’Évangile dans sa propre histoire présente. La pastorale des vocations doit
aider les jeunes à découvrir Jésus comme “Voie, Vérité et Vie” et leur
indiquer les différents chemins pour suivre Jésus, en mettant en avant la
vocation au sacerdoce ministériel et à la vie consacrée.
Dans nos pays latino-américains et des Caraïbes, nous avons de nombreux
immigrés venant du Moyen-Orient - de première et de deuxième génération -
qui sont pour la plupart des chrétiens. Nombre d’entre eux sont entrés dans
l’Église latine et il existe de petits groupes qui disposent de leurs
propres éparchies. Nous souhaitons que l’on croisse encore davantage dans la
conscience de notre commune foi catholique et que l’on s’approche plus
encore d’une action missionnaire conjointe. En ce moment, nous promouvons
dans toutes nos Églises ce que l’on appelle la “Mission continentale”, fruit
de la Conférence générale d’Aparecida. Pouvoir être unis dans ces efforts
d’évangélisation serait un magnifique témoignage. Enfin, nous voulons
partager avec vous la préoccupation pour le conflit israélo-palestinien. En
cela aussi, nous sommes en communion avec le Saint-Père dans ses efforts
visant à trouver une solution au conflit. Que soit rétablie la paix entre
ces deux peuples sur la terre de Jésus!
Nous demandons au Seigneur Jésus, par l’intercession de la Très Sainte
Vierge Marie, Reine des Apôtres, qu’il répande sur cette Assemblée son
Esprit qui renouvelle toute chose.
INTERVENTIONS EN SALLE (DÉBUT)
Sont ensuite intervenus les Pères suivants:
- S. Exc. Mgr Elias CHACOUR, Archevêque d'Akka, Saint-Jean-d'Acre, Tolémaïde
des Grecs-Melkites (ISRAËL)
- S. Exc. Mgr Boutros MARAYATI, Archevêque d'Alep des Arméniens (SYRIE)
- S. Exc. Mgr Kyrillos WILLIAM, Évêque d'Assiout, Lycopolis des Coptes
(RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
- S. Exc. Mgr Botros FAHIM AWAD HANNA, Évêque titulaire de Maréotes, Évêque
de Curie d'Alexandrie des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
- S. Exc. Mgr Youhannes ZAKARIA, Évêque de Louxor, Thèbes des Coptes
(RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:
- S. Exc. Mgr Elias CHACOUR, Archevêque d'Akka,
Saint-Jean-d'Acre, Tolémaïde des Grecs-Melkites (ISRAËL)
Ils décidèrent de survivre et de poursuivre leur mission spéciale, en
suivant les ordres de leur compatriote, du Galiléen, de Jésus de Nazareth.
Mon compatriote, mon champion et mon paroissien.
Lc 24, 45-49; Ac 1, 4-5 et spécialement Mc 16, 15: “Ne crains pas petit
troupeau” Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la
création”. Depuis lors, mes ancêtres commencèrent à répandre alentour et
partout les nouvelles passionnantes concernant une tombe vide et un homme
ressuscité. Nous n’avons jamais cessé de prêcher cette nouvelle
passionnante. C’est pourquoi Pierre et Paul ont été sacrifiés et tués ici à
Rome.
Au cours des vingt derniers siècles, nos chrétiens de Terre Sainte étaient
comme des condamnés et des privilégiés devant partager l’oppression, la
persécution et la souffrance avec le Christ. Il est ressuscité mais Sa croix
est encore haute dans notre ciel. Notre Chrétienté pend encore de cette
terrible croix. Ils vivent encore sous la menace quotidienne d’autorités qui
continuent de rêver le transfert de notre minorité loin de leurs terres, de
leurs maisons, de leur patrie ancestrale. Si ce n’était pas pour Lui, la
croix aurait été damnée et haïe.
Des siècles se sont écoulés, chargés de nos souffrances et de nos
persécutions.
Mais aujourd’hui, notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI, a appelé l’Église
catholique et tous les chrétiens de bonne volonté à détourner leur regard et
à revenir vers le reste de la famille du Christ. Nous sommes venus ici pour
tous vous inviter à reconsidérer vos priorités concernant la Terre Sainte et
ses habitants. Il est certain que les sanctuaires et les Lieux Saints sont
importants. Les Frères franciscains ont été des gardiens enthousiastes et
loyaux et des protecteurs des Lieux Saints.
En tant qu’archevêque de la plus grande Église catholique de Terre Sainte,
l’Église catholique melkite, je vous invite avec insistance et j’implore le
Saint-Père d’accorder encore plus d’attention aux Pierres vivantes de la
Terre Sainte. Une fois de plus, l’attention est accordée malgré notre manque
de mérite et injustement, et nous pourrions faire renaître le sourire de
l’espérance sur les visages de nos enfants. Nous pouvons dès lors avoir les
instruments et les moyens de le faire. Nous sommes en Galilée depuis des
temps immémoriaux. Maintenant nous sommes en Israël. Nous voulons demeurer
là où nous sommes, nous avons plus besoin de votre amitié que de votre
argent.
- S. Exc. Mgr Boutros MARAYATI, Archevêque d'Alep des
Arméniens (SYRIE)
Le mouvement oecuménique traverse une véritable crise: en sont la preuve,
les situations difficiles que les Églises du Conseil du Moyen-Orient doivent
affronter aujourd’hui, alors que ce dernier fut pourtant en première ligne
dans le travail oecuménique dans nos pays. Aujourd’hui, nous espérons que la
crise soit une phase transitoire du progrès initial pour l’ouverture d’une
nouvelle page du travail oecuménique, passant d’un style bureaucratique,
d’un développement des projets et de l’administration financière, à
l’encouragement d’un esprit de fraternité, de dialogue et de communion entre
les Églises.
Dans toutes ses pages, le Document de travail contient un aspect oecuménique,
puisque l’ensemble concerne les Églises au Moyen-Orient. Nous voudrions
ajouter que cette assemblée spéciale ne conservera sa dimension
authentiquement chrétienne et catholique que si elle est lue à la lumière de
nos relations avec les Églises et les autres communautés chrétiennes. Il a
été dit que “nous sommes ensemble ou ne sommes pas du tout”.
1) J’estime qu’il manque quelque chose dans les paragraphes 14 et 15. Ne
serait-il pas important de mentionner que Damas a été le lieu de la
conversion de Saint Paul, lieu duquel il est parti pour se rendre en Arabie
et puis dans toutes les nations ? Nous avons célébré l’année paulinienne
ouverte par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. À Antioche, les disciples du
Christ furent appelés chrétiens. Au nord d’Alep, la vie monastique et
religieuse fut prospère au IVème siècle. De Siméon le vieux à Saint Maron,
les sites archéologiques en témoignent encore. Ceci est un fait oecuménique
qui nous rapporte à nos racines chrétiennes communes. Nous devons le raviver
à un niveau non seulement local, mais également universel afin que ses
racines puissent soutenir notre présence chrétienne dans l’histoire.
2) Au paragraphe 25, le Document de travail affirme que “les situations dans
les divers pays du Moyen-Orient sont très différentes les unes des autres”.
Il ne s’agit pas d’un simple fait, mais d’un fait incontestable. Si nous
voulons que cette assemblée spéciale soit féconde, nous devons penser à une
conférence spéciale pour chaque pays, ayant un aspect oecuménique dans le
cadre de laquelle discuter des questions selon les situations locales.
Indubitablement, les défis sont les mêmes, mais chaque pays a une situation.
3) Les défis mentionnés dan le Document de travail, en particulier celui de
l’émigration (paragraphes 43-48), constituent une grave préoccupation pour
nous comme ils le sont pour les autres Églises et communautés chrétiennes
locales. Il s’agit d’une véritable sollicitude oecuménique. De là,
l’obligation de se demander: existe-t-il un plan pour évacuer les chrétiens
d’Orient? Au cours des cents dernières années, l’émigration ou la
déportation violente ont continué à se vérifier en Orient. En 1915, des
centaines de milliers de chrétiens arméniens ont été déportés avec force de
leurs pays et ont été victimes du premier génocide du XXème siècle perpétré
par les Ottomans. Parmi ces martyrs se trouvaient l’évêque Ignatius Maloyan.
La même chose est arrivée parmi les Chaldéens et les Syriens. De nombreux
chrétiens ont été éloignés de leurs villages et de leurs villes. Ces actes
se sont poursuivis au travers des événements de Palestine, de la guerre
civile au Liban, de la révolution islamique en Iran, de l’invasion de
l’Iraq. Les chrétiens sont martyrisés et contraints à émigrer, contraints à
partir de toutes les Églises sans distinction aucune. Peut-être
attendons-nous le jour où le monde comme spectateur et les Églises
occidentales indifférentes observeront sans broncher la “mort des Chrétiens
d’Orient”?
Malgré les crises et les difficultés qui se présentent à notre vie
chrétienne et à nos relations oecuméniques, nous continuons à “croire,
espérant contre toute espérance” (cf. Rm 4,18).
- S. Exc. Mgr Kyrillos WILLIAM, Évêque d'Assiout,
Lycopolis des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
La liturgie, d’après l’Instrumentum Laboris, est un aspect profondément
enraciné dans la culture orientale, ainsi on ne peut pas diminuer de sa
force pour préserver aujourd’hui la vivacité de la foi. L’histoire nous
affirme que dans nos pays du Moyen-Orient la liturgie fut toujours une école
pour l’éducation de la foi et la morale chrétienne surtout auprès de nos
populations simples et en majorité analphabètes, grâce aux nombreuses
lectures bibliques (6 lectures quotidiennes dans notre liturgie copte, qui
s’ajoutent aux jours de fêtes et de certaines célébrations), et aux prières
composées de citations bibliques juxtaposées.
C’est pourquoi nous devons la préserver avec révérence d’après le texte du
droit canonique oriental (cf. canon 39 du CCEO).
Dans la constitution Sacrosanctum Concilium, paragraphe 4, Vatican II
affirme l’égalité de tous les rites en ce qui concerne les droits et la
dignité. Dans le décret conciliaire Orientalium Ecclesiarum, les pères du
Concile affirment une estime particulière au patrimoine des Églises
Orientales, et soulignent les bienfaits de celles-ci envers l’Église
Universelle, en citant la lettre apostolique “Orientalium Ecclesiarum” de
Léon XIII du 30/11/1894.
Le décret conciliaire sur les Églises Orientales Catholiques exorte en outre
tous les occidentaux qui sont en contact avec ces Églises, à s’appliquer a
connaître, et à respecter les liturgies orientales, et il se réfère au Motu
Proprio “Orientis Catholici” de Benoit XV du 15/10/1917 et à l’Encyclique
“Rerum Orientalium” de Pie XI du 8/9/1926.
Le Canon 41 du CCEO confirme ceci et leur exige de connaître avec exactitude
et de pratiquer ces liturgies.
Or nous constatons que pas mal de religieux latins traduisent en arabe la
liturgie latine et la célèbrent pour nos fidèles orientaux les aidant ainsi
à se détacher de leurs églises et à affaiblir leur appartenance à celles-ci.
En ce qui concerne la langue liturgique (Instrumentum Laboris 72), nous
n’avons pas attendu Vatican II pour traduire nos textes liturgiques dans les
langues courantes du peuple. Depuis les origines, notre liturgie copte fut
célébrée dans les divers dialectes en Haute-Égypte, et dans les grandes
villes en grec, langue de la culture et de la vie quotidienne. À partir du
Xe siècle, nous trouvons tout en arabe. Un facteur qui a aidé à préserver la
foi, et si nous comparons avec d’autres pays voisins comme l’Afrique du
Nord, nous constatons qu’au bout de quelques siècles le christianisme,
fleurissant au début, est disparu; car on leur a imposé une liturgie
étrangère dans une langue peu connue.
J’ai une explication à demander et un voeu à souhaiter: dans un pays comme
le notre, l’Égypte, où tous (catholiques, non catholiques, même les non
chrétiens) sont des coptes, à quoi sert la célébration de la liturgie latine
en langue arabe? S’il y a des latins, il est de leur droit de célébrer les
messes latines, mais dans une autre langue que l’arabe, car ceci attire nos
fidèles et aide à leur dispersion.
- S. Exc. Mgr Botros FAHIM AWAD HANNA, Évêque
titulaire de Maréotes, Évêque de Curie d'Alexandrie des Coptes (RÉPUBLIQUE
ARABE D'ÉGYPTE)
Avec un choix particulier de Dieu, l’Écriture Sainte est née sur notre terre
d’Orient, portant en soi les caractéristiques de notre culture. Par un
semblable choix, le Verbe Divin s’est incarné et a partagé notre réalité en
Orient. Il s’est livré à la mort, sur la Croix, pour le salut de tous.
La première annonce de l’Évangile est partie depuis l’Orient. Nos Églises
continuent dans la fidélité le témoignage de l’Évangile, avec l’aide de
Dieu, de toute l’Église catholique et de tous les hommes de bonne volonté,
en donnant au monde et à l’Église des témoins fidèles à leur foi, à la
Parole, à la justice et à l’amour fraternel. Ainsi la Parole de Dieu sera
toujours le guide de notre engagement missionnaire.
La Parole de Dieu a toujours nourri les peuples d’Orient et ils ont ainsi
produit de riches traditions bibliques, liturgiques, théologiques et
spirituelles.
La source de la Parole de Dieu est encore jaillissante, mais la soif d’Elle
est encore grande dans nos terres. C’est pourquoi nous avons besoin d’autres
spécialistes, de centres, de communautés pastorales pour étudier, méditer,
vivre et diffuser la culture biblique dans notre réalité afin que la Parole
soit le fondement de toute éducation, de tout enseignement et de tout
dialogue pour construire la civilisation de l’Évangile et de l’amour pour le
bien de tous.
- S. Exc. Mgr Youhannes ZAKARIA, Évêque de Louxor,
Thèbes des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D'ÉGYPTE)
Mon compte-rendu se concentre sur le renouvellement des activités
missionnaires des Églises orientales vu que le Document de travail n’a pas
traité de manière suffisante ce sujet.
Depuis le début de l’histoire de l’Église, les fidèles d’Orient ont été
caractérisés par leur zèle missionnaire et par l’enthousiasme qu’ils mettent
à réaliser le mandat du Seigneur qui demande la prédication de l’Évangile
dans le monde entier.
La faiblesse et la division de l’Empire romain, la violence des conflits
nationaux, l’adversité des discussions dogmatiques entre les chrétiens, les
divisions de l’Église et, par la suite, les dominations arabe et islamique
sur le Moyen-Orient, ont affaibli les Églises orientales et ont conditionné
leur présence en Orient. Tout ceci a provoqué la fin de l’enthousiasme
missionnaire et a réduit l’élan évangélique, ainsi que le remarque le numéro
20 du Document de travail.
Bien que l’Église au Moyen-Orient constitue actuellement une minorité qui
vit au milieu d’une majorité non chrétienne et soit en train de combattre
contre le danger de son propre déclin, et soit en train de lutter pour
conserver la foi chrétienne dans les coeurs de ses fidèles, cette Église ne
doit avoir ni peur ni honte et ne doit pas hésiter à obéir au mandat du
Seigneur qui lui demande de continuer la prédication de l’Évangile.
En partant de ce Synode, je demande à nos Églises orientales de renouveler
leur enthousiasme missionnaire et leur activité de prédication. Elles
doivent, en outre, promouvoir la formation de tous leurs enfants afin qu’ils
redécouvrent leur vocation missionnaire et les encouragent à consacrer leur
vie avec enthousiasme pour annoncer l’Évangile, participant ainsi avec les
enfants de l’Église universelle, et spécialement ceux de l’Église
occidentale, au service de la prédication de la Parole de Dieu dans le monde
entier.
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.10.2010 -
T/Synode
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