 |
Benoît XVI: texte intégral du discours à Mariensäule
|
Rome, le MARDI 12 SEPTEMBRE 2005 - Le Vatican vient de publier le
discours intégral des paroles que le pape Benoît XVI a prononcées le
samedi 09.09.2006 lors de la cérémonie devant la statue de la
Vierge.
|
|
La statue de la Vierge - Marienplatz
DISCOURS DU
PAPE BENOÎT XVI
DEVANT LA
STATUE DE LA VIERGE
Madame le Chancelier et Monsieur le Ministre-Président, Chers Messieurs
les Cardinaux, Chers frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Mesdames et Messieurs, Chers frères et soeurs!
C'est pour moi un motif d'émotion particulière de me trouver à nouveau sur
cette très belle place au pied de la Mariensäule - un lieu, comme il a été
dit, qui a déjà été, à deux autres occasions, le témoin de tournants
décisifs dans ma vie - tenu à rappeler Benoît XVI. Ici, il y a trente ans,
comme on l'a dit, les fidèles m'accueillirent avec une grande cordialité, et
je confiai alors à la Vierge le chemin que j'allais devoir parcourir, car le
passage de la chaire universitaire à la charge d'Archevêque de Munich et
Freising était un saut énorme, et c'est seulement grâce à une telle
protection et grâce à l'amour perceptible des habitants de Munich et de la
Bavière que je pouvais oser assumer un tel ministère, en succédant au
Cardinal Döpfner. Puis, à nouveau, en 1982: c'est ici que j'ai fais
mes adieux; l'Archevêque de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de
l'époque, Mgr Hamer, devenu Cardinal par la suite, était alors présent et il
déclara: "Les habitants de Munich sont comme les Napolitains, ils
veulent toucher l'Archevêque et ils l'aiment". Il s'est véritablement
émerveillé de voir ici à Munich autant de cordialité, de pouvoir reconnaître
le coeur bavarois dans ce lieu, où je me suis à nouveau placé entre les
mains de la Vierge.
Illustre et cher Monsieur le Ministre-Président, je vous remercie pour
l'hommage de bienvenue que vous m'avez adressé au nom du gouvernement et du
peuple bavarois. Je remercie de tout coeur également mon cher successeur
comme Pasteur de l'archidiocèse de Munich et Freising, Monsieur le Cardinal
Friedrich Wetter, des paroles chaleureuses avec lesquelles vous m'avez
salué. Je salue Madame le Chancelier, Angela Merkel, et toutes les
personnalités politiques, civiles et militaires qui ont souhaité participer
à cette rencontre de bienvenue et de prière. Je désire réserver un salut
particulier aux prêtres, notamment à ceux avec lesquels, en tant que
prêtres, puis Evêque, j'ai pu collaborer dans mon diocèse d'origine, Munich
et Freising. Mais vous tous, chers compatriotes réunis sur cette place, je
voudrais vous saluer avec une grande cordialité et beaucoup de gratitude. Je
vous remercie de votre chaleureux accueil bavarois, et je remercie, comme je
l'ai déjà fait à l'aéroport, tous ceux qui ont collaboré à la préparation de
la visite et qui se prodiguent à présent afin que tout puisse se dérouler au
mieux.
Peut-être, confie Benoît XVI, me permettrez-vous de revenir à cette
occasion sur une pensée que, dans mes brèves mémoires, j'ai développé lors
de ma nomination comme Archevêque de Munich et Freising. Je devais devenir
successeur de saint Corbinien et je le suis devenu. Dans sa légende, j'ai
été fasciné dès mon enfance par l'histoire selon laquelle un ours aurait
dévoré l'animal de selle du saint, au cours de son voyage dans les Alpes.
Corbinien le blâma âprement et, en guise de punition, il chargea tout son
bagage sur son dos afin qu'il le portât jusqu'à Rome. Ainsi l'ours, chargé
du fardeau du saint, dut marcher jusqu'à Rome, et ce n'est qu'une fois
arrivé que Corbinien le laissa libre de s'en aller.
Lorsqu'en 1977, je me trouvai face au choix difficile d'accepter ou non la
nomination d'Archevêque de Munich et Freising qui allait m'arracher à mon
activité universitaire habituelle en me menant vers de nouvelles tâches et
de nouvelles responsabilités, je réfléchis longuement. Et c'est précisément
à cette occasion que je me souvins de cet ours et de l'interprétation des
versets 22 et 23 du Psaume 72 [73] que saint Augustin, dans une situation
très semblable à la mienne, lors de son ordination sacerdotale et
épiscopale, a développée puis, ensuite, exprimée dans ses sermons sur les
Psaumes. Dans ce Psaume, le psalmiste se demande pourquoi, souvent, aux
méchants de ce monde les choses réussissent si bien et pourquoi, en
revanche, à un grand nombre de personnes bonnes, les choses vont si mal.
Alors le Psalmiste dit: j'étais stupide de voir les choses ainsi;
devant toi j'étais comme une brute, une bête, mais ensuite, je
suis entré dans le sanctuaire et j'ai compris que c'est précisément dans mes
difficultés que j'étais très proche de toi et que tu étais toujours avec
moi. Augustin, avec amour, a souvent repris ce Psaume et, en voyant dans
l'expression "devant toi j'étais comme une brute" (iumentum en latin) une
référence à l'animal de trait qui était alors utilisé en Afrique du Nord
pour travailler la terre, il s'est reconnu lui-même dans ce "iumentum" en
bête de trait de Dieu, il s'est vu, précise Benoît XVI, comme un homme
pliant sous le poids de sa charge, la "sarcina episcopalis". Il avait choisi
la vie de l'homme d'étude et, comme il le dit par la suite, Dieu l'avait
appelé à faire "l'animal de trait", le brave boeuf qui tire la charrue dans
le champ de Dieu, qui fait le travail difficile qui lui est assigné. Mais il
reconnaît ensuite: comme l'animal de trait est très proche du paysan,
sous la direction duquel il travaille, ainsi suis-je moi aussi très proche
de Dieu, parce que de cette façon, je le sers directement pour l'édification
de son Royaume, pour la construction de l'Eglise.
Sur le fond de cette pensée de l'Evêque d'Hippone, l'ours de saint Corbinien
m'encourage toujours à nouveau à accomplir mon service avec joie et
confiance - que ce soit il y a trente ans ou à présent dans ma nouvelle
charge, assure Benoît XVI - en prononçant jour après jour mon "oui" à Dieu:
je suis devenu pour toi comme une bête de somme, mais c'est précisément
ainsi que "je reste près de toi" (Ps 72[73], 23). L'ours de saint Corbinien,
arrivé à Rome, fut rendu à la liberté. Dans mon cas, le "Maître" en a décidé
autrement. Je me trouve donc à nouveau au pied de la Mariensäule pour
implorer l'intercession et la Bénédiction de la Mère de Dieu, non seulement
pour la Ville de Munich et pour la Bavière bien-aimée, mais aussi pour l'Eglise
universelle et pour tous les hommes de bonne volonté.
Benoît XVI: texte intégral du discours à Mariensäule - 12.09.2006
Sources: Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde - 12.09.2006 - BENOÎT XVI |