Jean-Paul II, les jeunes et l'Église |
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Le 12 juillet 2008 -
(E.S.M.) - La vocation des jeunes à l'amour constitue,
naturellement, la réalité de leur vie la plus accessible aux adultes.
Pendant mon ministère sacerdotal, précise Jean-Paul II, je m'en suis
immédiatement rendu compte. Je sentais comme une
force intérieure qui me poussait : il faut préparer les jeunes au
mariage, il faut leur parler de l'amour.
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Jean-Paul II à la JMJ
2002 de Toronto -
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Jean-Paul II, les jeunes et l'Église
Les jeunes : une vraie raison d'espérer ?
L'analyse est complexe et les enjeux considérables.
Comment se comportent les jeunes aujourd'hui et que
cherchent-ils ? On pourrait se contenter de répondre qu'ils sont ce
que, de tout temps, les jeunes ont toujours été. Comme l'a rappelé le
Concile (Gaudium
et Spes, n° 10), il y a des constantes dans l'être humain qui
ne changent pas d'une génération à l'autre. Plus encore peut-être qu'aux
autres étapes de la vie, cette donnée se vérifie pour la jeunesse. Il faut
néanmoins reconnaître que, sous certains aspects, les jeunes d'aujourd'hui
sont nettement différents de leurs aînés. Lorsque nous étions jeunes, notre
génération s'est formée en traversant les douloureuses épreuves de la
guerre, des camps de concentration, du danger permanent. De telles
expériences ont révélé chez les jeunes d'alors — et je pense aux jeunes du
monde entier, même si j'ai particulièrement à l'esprit la jeunesse polonaise
— d'extraordinaires capacités d'héroïsme. II suffit d'évoquer l'insurrection
générale de Varsovie en 1944 : dans un élan désespéré, mes contemporains
n'hésitèrent pas à jeter leur jeune vie dans le feu du brasier. Ils
voulaient en quelque sorte montrer leur maturité face au pesant héritage
qu'ils avaient reçu. Moi aussi, précise Jean-Paul II, j'appartiens à cette
génération et je pense que l'héroïsme de mes contemporains a constitué un
élément décisif dans le discernement de ma vocation personnelle.
À l'évidence, souligne Jean-Paul II, les jeunes d'aujourd'hui grandissent
dans un contexte tout à fait différent. Ils ne portent pas les stigmates de
la seconde guerre mondiale. Beaucoup d'entre eux, de surcroît, n'ont même
pas ou peu connu les luttes contre le système communiste et l'État
totalitaire. Ils vivent dans la liberté que d'autres
ont conquise pour eux, et ils cèdent souvent
aux attraits de la société de consommation. Voilà, sommairement
esquissés, les paramètres de la situation actuelle.
Dans cette situation, rien ne permet d'affirmer de façon péremptoire que les
jeunes tournent le dos aux valeurs traditionnelles et abandonnent l'Église.
L'expérience des éducateurs et des pasteurs confirme qu'aujourd'hui comme
hier, un certain idéalisme continue de caractériser cet âge, même si cet
idéalisme a désormais tendance à se traduire sous forme de critiques, alors
qu'il s'exprimait jadis positivement par l'engagement. Les nouvelles
générations grandissent aujourd'hui dans un climat dominé par le
néo-positivisme, tandis que les traditions romantiques l'emportaient à
l'époque de ma jeunesse en Pologne. Les jeunes que je
rencontrais, juste après mon ordination, s'étaient formés dans cette
ambiance d'exaltation. Ils voyaient dans l'Église et dans l'Évangile les
repères d'où pourraient rayonner les forces intérieures qui leur
permettraient de bâtir une vie qui ait un sens. Je me souviens encore des
discussions avec ces jeunes, qui exprimaient en termes concrets ce que la
foi leur apportait.
La principale découverte que je fis à cette période de ma mission pastorale
consacrée surtout aux jeunes, fut que l'essentiel se joue souvent à la fin
de l'adolescence. Qu'est-ce que la jeunesse ?
Certainement pas une période quelconque de la vie, située entre l'enfance et
l'âge adulte ; je pense au contraire que c'est un temps privilégié que la
Providence donne à chaque être humain pour trouver sa vocation ; le temps où
chacun cherche, comme le jeune homme de l'Évangile, une réponse à ses
questions fondamentales — bien entendu sur le sens de son existence, mais
aussi, et plus concrètement, sur ce qui pourra construire sa vie au jour le
jour. Voilà ce qui distingue de tous les âges le temps de la jeunesse.
Chaque éducateur, à commencer par les parents, mais ce n'est pas moins vrai
pour les pasteurs, doit tenir compte de cette spécificité et doit s'efforcer
d'aider chaque garçon et chaque fille à l'assumer. Je dirais même plus : il
faut aimer ces caractères constitutifs de la jeunesse.
Certes, à chaque époque de sa vie, l'homme désire
affirmer sa personnalité et rencontrer l'amour. Mais au moment de sa
jeunesse, ces deux aspirations fondamentales s'expriment avec une intensité
accrue. Cependant, le désir de s'affirmer ne saurait
autoriser à légitimer tout et n'importe quoi. En fait, les jeunes ne
demandent pas que tout leur soit permis : ils sont prêts à accepter qu'on
les guide ; ils attendent qu'on leur dise "oui" ou "non". Ils se
cherchent des conseillers et ils les veulent disponibles. S'ils se
confient volontiers à des personnes qui ont de l'autorité, c'est parce
qu'ils les sentent riches de chaleur humaine et capables de les accompagner
sur la route qu'ils ont choisi de suivre.
Il est clair que le problème essentiel qu'affronté la jeunesse reste
fondamentalement celui de la personne. La jeunesse est le temps de la
personnalisation de la vie humaine. Elle est aussi la période clé la
découverte de la communion. Les jeunes, garçons et
filles, prennent progressivement conscience qu'ils devront vivre pour les
autres et avec les autres ; ils sentent bien
que leur vie n'aura de sens que dans la mesure où ils en feront le don
gratuit à leur prochain. Toutes les vocations trouvent leur origine
dans cette découverte, qu'il s'agisse des vocations sacerdotales et
religieuses ou des vocations au mariage.
La vocation des jeunes à l'amour constitue, naturellement, la réalité de
leur vie la plus accessible aux adultes. Pendant mon ministère sacerdotal,
je m'en suis immédiatement rendu compte. Je sentais
comme une force intérieure qui me poussait : il faut préparer les jeunes au
mariage, il faut leur parler de l'amour. L'amour ne s'apprend pas, et
pourtant il n'existe rien au monde qu'un jeune ait autant besoin d'apprendre
! Quand j'étais un jeune prêtre, j'ai appris à aimer l'amour humain. C'était
un des thèmes sur lesquels j'ai axé tout mon sacerdoce, mon ministère dans
la prédication, au confessionnal et à travers ce que j'écrivais. Si l'on
aime vraiment l'amour humain, on ressent le besoin urgent de s'engager de
toutes ses forces en faveur du "grand amour".
Car l'amour est grand et beau. Au fond, les jeunes cherchent toujours la
beauté dans l'amour, ils veulent que leur amour soit beau. S'ils cèdent aux
tentations, s'ils suivent des modèles de comportement qui peuvent apparaître
comme le "lieu d'achoppement du monde contemporain" (et
les modèles aberrants ne sont, hélas, que trop répandus), au fond
de leur cœur les jeunes rêvent toujours d'un amour pur et beau. Ce n'est pas
moins vrai pour les garçons que pour les filles. Et finalement ils
pressentent bien que personne ne peut, en dehors de Dieu, leur offrir un tel
amour. Alors ils sont prêts à suivre le Christ, sans se soucier des
sacrifices que ce choix peut impliquer.
Pendant ces années où j'étais jeune prêtre, je me suis fait cette haute idée
des jeunes et de la jeunesse. Par la suite, cet idéal ne m'a jamais quitté,
et c'est lui qui m'incite à rencontrer des jeunes partout où je vais. Chaque
curé de Rome sait que la visite de l'évêque de Rome dans sa paroisse doit se
terminer par une rencontre avec les jeunes. Et ce n'est pas vrai qu'à Rome :
partout où le Pape se rend, il veut voir les jeunes et
les jeunes veulent le voir. En vérité, ce n'est pas lui qu'ils
cherchent, mais le Christ, Lui qui sait « ce qu'il y a dans le cœur de
l'homme (1. Jn2,25) », surtout dans celui d'un
jeune. Seul le Christ sait répondre en vérité à ceux qui s'interrogent et
L'interrogent ! Et même si ces réponses manifestent des exigences, les
jeunes ne les esquivent pas ; au contraire, on dirait plutôt qu'ils
n'attendent que ça !
Toutes ces évocations permettent de comprendre comment sont nées les "Journées
mondiales de la jeunesse" vers
lesquelles s'envole à l'instant le pape Benoît XVI
(Australie). Les jeunes furent d'abord invités à Rome à
l'occasion de l'Année jubilaire de la Rédemption, puis pour l'Année
internationale de la jeunesse, proclamée par l'Organisation des Nations
Unies en 1985. Personne n'a inventé ces Journées. Ce
sont les jeunes eux-mêmes qui les ont créées. Ces rassemblements
correspondent à une aspiration des jeunes dans tous les pays du monde. Ces
Journées sont souvent riches en surprises pour les pasteurs et même pour les
évêques. Le nombre de jeunes présents et la façon dont se déroulent ces
Journées dépassent régulièrement toutes les prévisions et tous les espoirs.
Les jeunes, observe Jean-Paul II, nous donnent là un merveilleux témoignage
de ce qu'ils sont en réalité. Ces grands rassemblements internationaux sont
devenus un extraordinaire instrument d'évangélisation. En effet, les jeunes
sont porteurs d'un immense potentiel de bien et de créativité. Quand je les
rencontre, où que ce soit dans le monde, je suis
d'abord attentif à ce qu'ils veulent me dire sur eux, sur la société
dans laquelle ils vivent, sur leur Église. Je leur dis : « Ce n'est pas ce
que j'ai à vous dire qui compte le plus : l'important, c'est ce que vous me
direz. Vous ne me le direz pas seulement par des paroles, mais aussi par
votre présence, par vos chants, peut-être même par vos danses, par vos jeux
et vos mimes, en un mot par votre enthousiasme. »
Nous avons fondamentalement besoin de l'enthousiasme
des jeunes et de leur joie de vivre qui perpétuent la joie originelle de
Dieu lorsqu'il créa l'homme. Les jeunes ressentent en eux cette joie.
Toute joie provient de la même source, mais son expression dans la vie de
l'homme est toujours nouvelle et sans précédent. Les jeunes, relate
Jean-Paul II, ont mille et une manières d'exprimer leur joie. Il est donc
faux de prétendre que c'est le Pape qui mène les jeunes d'un pôle à l'autre
du globe terrestre pour s'imposer à eux comme leur guide. Ce sont plutôt eux
qui le mènent ! Plus j'avance en âge, plus les jeunes m'exhortent à rester
jeune. Ils me permettent de ne pas oublier ce que la vie m'a appris ma
découverte de la jeunesse et de son importance décisive dans chaque
existence humaine. Je crois que cela explique beaucoup de choses...
Le jour de l'inauguration de mon pontificat, le 22 octobre 1978, à la fin de
la liturgie, j'ai tenu à dire aux jeunes depuis la place Saint-Pierre : «
Vous êtes l'espérance de l'Église et du monde. Vous
êtes mon espérance. » Ce sont des paroles qu'il ne faut surtout pas
oublier.
Les jeunes et l'Église... Pour résumer, conclut Jean-Paul II, je tiens à
réaffirmer qu'au fond d'eux-mêmes les jeunes cherchent Dieu, ils cherchent
un sens à leur vie, ils cherchent une réponse vraie à la question : "Que
dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? (1 Luc
10,25)". Dans cette recherche, ils ne peuvent que rencontrer
l'Église. Et l'Église ne peut que rencontrer les jeunes. Il suffit que
l'Église comprenne en profondeur leurs véritables aspirations. Il faut aussi
que les jeunes fassent connaissance avec l'Église, qu'ils découvrent en elle
le Christ qui marche à travers les siècles avec chaque génération, avec
chaque être humain. Il marche avec chacun de nous comme un ami.
Quel moment plus décisif dans la vie d'un jeune que le
jour où il acquiert la certitude que Jésus est le seul Ami qui ne le décevra
jamais, le seul sur lequel il pourra toujours compter ?
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Sources : Propos recueillis par Vittorio Messori -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.07.08 -
T/Jeunes - T/JMJ |