Benoît XVI appelle à répondre au
relativisme par une formation solide de la foi |
 |
ROME, le 12 juin 2007 -
(E.S.M.) - Hier après-midi, le
pape Benoît XVI a inauguré en la basilique St. Jean du Latran le Congrès
ecclésial de son diocèse (11-14 juin), intitulé: "Jésus est le Seigneur.
Former à la foi et au témoignage chrétien".
|
Le pape Benoît XVI au congrès
de Rome
Benoît XVI appelle à répondre au relativisme par une formation solide de la
foi
Ouverture du Congres de Rome
Hier après-midi, le pape Benoît XVI a
inauguré en la basilique St. Jean du Latran le Congrès ecclésial de son
diocèse (11-14 juin), intitulé: "Jésus est le Seigneur. Former à la foi et
au témoignage chrétien".
Le Pape a d'abord dit que la première partie du thème de ces assises en
donne le ton, car nous reconnaissons en Jésus le véritable visage de Dieu,
dont nous avons besoin pour vivre. "Éduquer à la vie et au témoignage
-a-t-il ajouté- signifie aider nos frères, nous aider les uns les autres, à
entrer dans un rapport sérieux avec le Christ et le Père".
Rappelant ensuite qu'éduquer à la foi n'est pas chose facile, le Saint Père a
évoqué la grave question éducative affligeant l'enseignement en Italie, et
"les difficultés accrues dans la transmission aux jeunes générations des
valeurs fondamentales de l'existence et du bon comportement, qui frappent
aussi la famille et les autres structures de formation".
"Il s'agit d'une crise inévitable dans une société et une culture qui cèdent
trop souvent au relativisme, qui se privent de la lumière de la vérité pour
finir par douter de la valeur de la vie, des rapports et engagements la
caractérisant".
Puis Benoît XVI a déclaré que l'éducation tend à se réduire à une certaine
capacité de faire et à flatter "le désir de bonheur des jeunes en les
couvrant d'objets de consommation gratifiants mais éphémères. Parents et
enseignants sont ainsi tentés d'abdiquer leurs responsabilités sans même
plus savoir quelle est leur mission spécifique".
 |
Dans ce contexte, "l'engagement de l'Église pour éduquer à la foi, dans le
sillage et selon l'exemple du Seigneur, est plus que jamais capitale pour
libérer la société de la crise éducative qui l'afflige". Puis le Saint-Père
a rappelé que la prière et la référence au Christ étaient décisives dans
l'accompagnement de l'éducation chrétienne. "Seul qui le connaît et l'aime,
le comprends et l'écoute" peut aider les jeunes "à se libérer de certains
préjugés et se rendre compte que la vie chrétienne est possible et
raisonnable, qu'elle est même le mode de vie le plus raisonnable". |
"Il est tout aussi évident que l'éducation chrétienne et la formation
spirituelle dans la famille est primordiale. Entre la famille église
domestique et la grande famille de l'Église doit s'accroître la
collaboration, en premier lieu dans le domaine de l'éducation des enfants".
Benoît XVI a alors rappelé que tant de familles, de paroisses, de groupes de
jeunes doivent se porter au secours de certaines familles non motivées ou
opposées à l'éducation. Il a aussi dit que l'adolescence favorise un désir
d'indépendance qui éloigne souvent l'individu de sa famille, le rend
critique envers elle. Or, "quelque soit leur fragilité, si les adolescents
se sentent respectés et leur désir de liberté pris au sérieux, ils sont
capables de répondre à des enjeux exigeants".
Ce congrès, a poursuivi le Pape, ne s'intéresse pas qu'à l'éducation de la
foi. Il s'intéresse aussi au témoignage, qui n'est pas réservé aux
formateurs des communautés, mais aux jeunes et à tous ceux qui sont formés.
"Il est donc nécessaire de convaincre les fidèles d'avoir la conviction et
la volonté de prendre part à la mission de l'Église, partout et dans tous
les contextes de vie. On ne peut garder pour soi la joie de la foi, mais la
diffuser et la transmettre. C'est par là que passe largement la nouvelle
évangélisation lancée par Jean-Paul II".
Ensuite, le Saint-Père a parlé de l'importance de l'éducation religieuse
conduite par l'École catholique, dont le travail se base sur un projet dont
l'Évangile est le cœur et qui tient compte de la personne comme du contexte
culturel. "Le but est de diffuser l'unité entre foi, culture et vie, ce qui
est l'objectif fondamental de l'éducation chrétienne".
"La mission de l'École publique peut être soutenue par des enseignants
croyants, notamment des enseignants de la religion catholique et par les
familles" chrétiennes. Une "saine laïcité de l'École, comme des autres
institutions publiques, ne signifie pas se fermer à la transcendance ou dans
une fausse neutralité devant les valeurs morales indispensables à la bonne
éducation".
"Aujourd'hui plus qu'hier -a noté Benoît XVI- formation et éducation sont
influencées par les médias imprégnés de relativisme, de consummisme ,
d'exaltation et même de profanation du corps et de la sexualité". C'est
pourquoi les chrétiens qui disent oui à l'homme que Dieu aime doivent-ils
"être attentifs à l'évolution de la société et ne pas se désintéresser des
influences touchant la formation des nouvelles générations".
Le Pape a conclu en évoquant les vocations sacerdotales, rappelant que si
ces dernières décades, le diocèse de Rome en a connu beaucoup, "les signaux
sont aujourd'hui moins favorables. J'engage -a-t-il dit- la communauté
diocésaine à renouveler sa demande au Seigneur d'envoyer des ouvriers.
Nous devons en particulier inviter à suivre Jésus, les enfants qui
manifestent l'attirance la plus forte envers lui".
Texte original du discours du Saint Père:
Italien
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
Lundi 11 juin 2007
Chers frères et sœurs,
Pour la troisième année consécutive, le Congrès de notre diocèse m'offre
l'opportunité de vous rencontrer et de m'adresser à vous tous, en abordant
le thème sur lequel l'Eglise de Rome se concentrera au cours de la prochaine
année pastorale, en étroite continuité avec le travail accompli au cours de
l'année qui se conclut. Je salue avec affection chacun de vous, Evêques,
prêtres, diacres, religieux et laïcs qui participez avec générosité à la
mission de l'Eglise. Je remercie en particulier le Cardinal-Vicaire pour les
paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous.
Le thème du Congrès est "Jésus est le Seigneur. Eduquer à la foi, à la "sequela
Christi" et au témoignage": un thème qui nous concerne tous, car chaque
disciple confesse que Jésus est le Seigneur et qu'il est appelé à croître
dans son adhésion à Lui, en donnant et en recevant une aide de la grande
compagnie de ses frères dans la foi. Le verbe "éduquer" contenu dans le
thème du Congrès, sous-entend toutefois une attention spéciale aux petits,
aux enfants et aux jeunes et souligne le devoir qui est propre avant tout à
la famille: nous demeurons ainsi à l'intérieur de ce parcours qui a
caractérisé, au cours des dernières années, la pastorale de notre diocèse.
Il est important de nous arrêter avant tout sur l'affirmation initiale, qui
confère son ton et son sens à notre Congrès: "Jésus est le Seigneur". Nous
la retrouvons déjà dans la déclaration solennelle qui conclut le discours de
Pierre lors de la Pentecôte, lorsque le premier des Apôtres a dit: "Que
toute la maison d'Israël le sache donc avec certitude: Dieu l'a fait
Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié".
(Ac 2, 36). La conclusion du grand
hymne au Christ, contenu dans la Lettre de Paul aux Philippiens, est
analogue: "Que toute langue proclame de Jésus Christ qu'il est Seigneur, à
la gloire de Dieu le Père" (2, 11).
Saint Paul encore, dans le salut final de la Première Epître aux
Corinthiens, s'exclame: "Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit
anathème! Maran atha! notre Seigneur, viens!"
(1 Co 16, 22), nous transmettant
ainsi la très antique invocation en langue araméenne de Jésus comme
Seigneur. On pourrait ajouter diverses autres citations: je pense au
douzième chapitre de l'Epître aux Corinthiens elle-même, où saint Paul dit:
"Nul ne peut dire "Jésus est Seigneur" s'il n'est avec l'Esprit Saint"
(1 Co 12, 3). Et il déclare ainsi
que telle est la confession fondamentale de l'Eglise, guidée par l'Esprit
Saint. Nous pourrions penser également au dixième chapitre de l'Epître aux
Romains, où l'Apôtre dit: "si tu affirmes de ta bouche que Jésus est
Seigneur" (Rm 10, 9), rappelant
également aux chrétiens de Rome que cette parole - "Jésus est le Seigneur" -
est la confession commune de l'Eglise, le fondement certain de toute la vie
de l'Eglise. De ces paroles s'est développée toute la confession du Credo
apostolique, du Credo de Nicée. Dans un autre passage de la Première Epître
aux Corinthiens également, Paul affirme; "Car bien qu'il y ait, soit au
ciel, soit sur la terre, de prétendus dieux - et de fait il y a quantité de
Dieu et quantité de seigneurs - pour nous en tous cas, il n'y a qu'un seul
Dieu, le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes, et un seul
Seigneur, Jésus Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes"
(1 Co 8, 5-6). Ainsi, dès le début, les disciples ont reconnu en
Jésus ressuscité celui qui est notre frère en humanité, mais qui ne fait
également qu'un en Dieu; celui qui, à travers sa venue dans le monde et dans
toute sa vie, sa mort et sa résurrection, nous a apporté Dieu, a rendu de
façon nouvelle et unique Dieu présent dans le monde, celui donc qui donne
une signification et une espérance à notre vie: en lui, en effet, nous
rencontrons le véritable visage de Dieu, ce dont nous avons réellement
besoin pour vivre.
Eduquer à la foi, à la "sequela Christi" et au témoignage signifie aider nos
frères, ou mieux, nous aider réciproquement à entrer dans un rapport vivant
avec le Christ et avec le Père. Tel est, dès le début, le devoir fondamental
de l'Eglise, en tant que communauté de croyants, de disciples et d'amis de
Jésus. L'Eglise, corps du Christ et temple de l'Esprit Saint, est la
compagnie fiable dans laquelle nous sommes engendrés et éduqués pour
devenir, dans le Christ, fils et héritiers de Dieu. En elle, nous recevons
l'Esprit "qui nous fait nous écrier: Abba! Père!"
(Rm 8, 14-17). Nous avons entendu
à présent, dans l'homélie de saint Augustin, que Dieu n'est pas loin, il est
devenu "chemin" et le "chemin" lui-même est venu à nous. Il dit: "Lève-toi,
paresseux, et commence à marcher!". Commencer à marcher signifie s'avancer
sur le "chemin" qui est Jésus lui-même, dans la compagnie des croyants; cela
veut dire marcher en nous aidant réciproquement à devenir réellement amis de
Jésus Christ et fils de Dieu.
L'expérience quotidienne nous dit - et nous le savons tous - qu'éduquer à la
foi en particulier aujourd'hui n'est pas chose facile. Aujourd'hui, en
réalité, chaque œuvre éducative semble devenir toujours plus difficile et
précaire. On parle donc d'une grande "urgence éducative", de la difficulté
croissante que l'on rencontre dans la transmission aux nouvelles générations
des valeurs fondamentales de l'existence et d'un comportement droit,
difficulté qui touche tant l'école que la famille et, peut-on dire, tout
autre organisme qui se fixe des objectifs éducatifs. Nous pouvons ajouter
qu'il s'agit d'une urgence inévitable: dans une société et dans une culture
qui, trop souvent, font du relativisme leur propre credo - le relativisme
est devenu une sorte de dogme -, dans une telle société manque la lumière de
la vérité, on considère même dangereux de parler de vérité, on considère
cela "autoritaire", et l'on finit par douter de la bonté de la vie - est-il
bon d'être un homme? Est-il bon de vivre? - et de la validité des rapports
et des engagements qui constituent la vie. Comment serait-il possible alors,
de proposer aux plus jeunes et de transmettre de génération en génération
quelque chose de valable et de sûr, des règles de vie, une signification
authentique et des objectifs convaincants pour l'existence humaine, que ce
soit en tant que personnes ou que communauté? C'est pourquoi l'éducation
tend largement à se réduire à la transmission de compétences déterminées, ou
de capacité de faire, tandis que l'on cherche à satisfaire le désir de
bonheur des nouvelles générations en les comblant d'objets de consommation
et de gratifications éphémères. Ainsi, tant les parents que les enseignants
sont facilement tentés d'abdiquer leurs devoirs d'éducation, et de ne même
plus comprendre quels sont leur rôle, ou mieux, la mission qui leur est
confiée. Mais précisément ainsi, nous n'offrons pas aux jeunes, aux
nouvelles générations, ce qui est de notre devoir de leur transmettre. Nous
sommes débiteurs à leur égard également des véritables valeurs qui donnent
leur fondement à la vie.
De toute évidence, cette situation n'est pas satisfaisante, elle ne peut
satisfaire, car elle laisse de côté l'objectif essentiel de l'éducation, qui
est l'éducation de la personne pour la rendre capable de vivre en plénitude
et d'apporter sa contribution au bien de la communauté. C'est pourquoi
s'accroît, de la part de nombreuses personnes, la demande d'une éducation
authentique et la redécouverte de la nécessité d'authentiques éducateurs.
C'est ce que demandent les parents, préoccupés et souvent angoissés pour
l'avenir de leurs enfants; c'est ce que demandent tant d'enseignants qui
vivent la triste expérience de la dégradation de leurs écoles; c'est ce que
demande la société dans son ensemble, en Italie comme dans de nombreuses
autres nations, car elle voit que sont menacées, à cause de la crise de
l'éducation, les bases mêmes de la coexistence. Dans un tel contexte,
l'engagement de l'Eglise pour éduquer à la foi, à la "sequela Christi" et au
témoignage du Seigneur Jésus, assume plus que jamais également la valeur
d'une contribution, pour faire sortir la société dans laquelle nous vivons
de la crise éducative qui la frappe, mettant un terme au manque de confiance
et à l'étrange "haine de soi" qui semble être devenue une caractéristique de
notre société.
Tout cela ne réduit toutefois pas les difficultés que nous rencontrons pour
conduire les enfants, les adolescents et les jeunes à rencontrer Jésus
Christ et à établir avec Lui un rapport durable et profond. Et pourtant, tel
est précisément le défi décisif pour l'avenir de la foi, de l'Eglise et du
christianisme et telle est donc la priorité décisive de notre travail
pastoral: rapprocher du Christ et du Père la nouvelle génération qui vit
dans un monde en grande partie éloigné de Dieu. Chers frères et sœurs, nous
devons toujours être conscients qu'une telle œuvre ne peut être réalisée
avec nos seules forces, mais seulement par la puissance de l'Esprit. La
lumière et la grâce qui viennent de Dieu et agissent dans le plus profond
des cœurs et des consciences sont nécessaires. Pour l'éducation et la
formation chrétienne, donc, la prière et notre amitié personnelle avec Jésus
sont fondamentales: seul celui qui connaît et aime Jésus peut introduire ses
frères dans une relation vitale avec Lui. Et c'est précisément soutenu par
cette nécessité que j'ai pensé qu'il serait utile d'écrire un livre qui aide
à connaître Jésus. N'oublions jamais la parole de Jésus: "Je vous appelle
amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait
connaître. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais c'est moi qui vous ai
choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que
votre fruit demeure" (Jn 15, 15-16). C'est pourquoi nos communautés pourront
travailler de manière fructueuse et éduquer à la foi et à suivre le Christ,
en étant elles mêmes d'authentiques "écoles" de prière
(cf.
Novo
Millennio ineunte, n. 33), dans
lesquelles se vit le primat de Dieu.
En outre, l'éducation, et spécialement l'éducation chrétienne, c'est-à-dire
l'éducation en vue de façonner sa propre vie sur le modèle de Dieu qui est
amour (cf. Jn 4, 8.16), a besoin de cette proximité qui est propre à
l'amour. Aujourd'hui surtout, alors que l'isolement et la solitude sont une
condition diffuse, à laquelle le bruit et le conformisme de groupe
n'apportent pas de réel remède, l'accompagnement personnel, qui donne à la
personne qui grandit la certitude d'être aimé, compris et écouté, devient
décisif. De façon concrète, cet accompagnement doit faire toucher du doigt
le fait que notre foi n'est pas quelque chose du passé, qu'elle peut être
vécue aujourd'hui et qu'en la vivant, nous trouvons réellement notre bien.
Ainsi, les enfants et les jeunes peuvent être aidés à se libérer des
préjugés diffus et peuvent se rendre compte que la façon de vivre chrétienne
est réalisable et raisonnable, et qu'elle est même de loin la plus
raisonnable. La communauté chrétienne tout entière, dans ses multiples
articulations et composantes, est interpellée par le grand devoir de
conduire les nouvelles générations à la rencontre du Christ: c'est pourquoi,
sur ce terrain, doit s'exprimer et se manifester avec une évidence
particulière notre communion avec le Seigneur et entre nous, notre
disponibilité et notre promptitude à travailler ensemble, à "former un
réseau", à réaliser avec un esprit ouvert et sincère toutes les synergies
utiles, en commençant par la contribution précieuse des hommes et des femmes
qui ont consacré leur vie à l'adoration de Dieu et à l'intercession pour
leurs frères.
Il est toutefois bien évident que dans l'éducation et dans la formation à la
foi, une mission spécifique et fondamentale et une responsabilité
primordiale reviennent à la famille. En effet, les parents sont ceux à
travers lesquels l'enfant s'ouvre à la vie, fait l'expérience première et
décisive de l'amour, d'un amour qui, en réalité, n'est pas seulement humain,
mais qui est un reflet de l'amour que Dieu a pour lui. C'est pourquoi, entre
la famille chrétienne petite "Eglise domestique" (cf.
Lumen
Gentium, n. 11) et la famille
plus large de l'Eglise doit se développer la collaboration plus étroite,
avant tout en ce qui concerne l'éducation des enfants. Tout ce qui a mûri au
cours des trois années que notre pastorale diocésaine a consacrées de façon
spécifique aux familles doit donc non seulement fructifier, mais être
ultérieurement approfondi. Par exemple, les tentatives de toucher davantage
les parents et les parrains et marraines eux-mêmes avant et après le
baptême, pour les aider à comprendre et à réaliser leur mission d'éducateurs
à la foi, ont déjà donné des résultats appréciables et méritent d'être
poursuivis et de devenir le patrimoine commun de chaque paroisse. Cela vaut
également pour la participation des familles à la catéchèse et à tout
l'itinéraire d'initiation chrétienne des enfants et des adolescents.
De nombreuses familles ne sont certainement pas préparées à un tel devoir et
ne manquent pas non plus celles qui semblent peu intéressées, voire
contraires à l'éducation chrétienne de leurs enfants: ici se font également
ressentir les conséquences de la crise de tant de mariages. On rencontre
toutefois rarement des parents totalement indifférents en ce qui concerne la
formation humaine et morale de leurs enfants, et donc réticents à se faire
aider dans une tâche éducative qu'ils ressentent comme toujours plus
difficile. Une possibilité d'engagement et de service s'ouvre donc pour nos
paroisses, aumôneries, communautés de jeunes, et surtout pour les familles
chrétiennes elles-mêmes, appelées à se faire le prochain des autres familles
pour les soutenir et les assister dans l'éducation des enfants, les aidant
ainsi à retrouver le sens et l'objectif de la vie de couple. Passons à
présent aux autres sujets de l'éducation à la foi.
Au fur et à mesure que les enfants grandissent, croît naturellement en eux
le désir d'autonomie personnelle, qui devient facilement, en particulier au
cours de l'adolescence, une prise de distance critique vis-à-vis de leur
famille. La proximité qui peut être assurée par le prêtre, par la
religieuse, par le catéchiste ou par d'autres éducateurs capables de rendre
concret pour un jeune le visage ami de l'Eglise et l'amour du Christ, se
révèle alors particulièrement importante. Pour engendrer des effets positifs
qui durent dans le temps, notre proximité doit être consciente que le
rapport éducatif est une rencontre de liberté et que l'éducation chrétienne
elle-même est une formation à la liberté authentique. Toute véritable
proposition éducative conduit en effet à une décision, tout en restant
respectueuse et pleine d'amour, et la proposition chrétienne interpelle
précisément totalement la liberté, en l'appelant à la foi et à la
conversion. Comme je l'ai dit au Congrès ecclésial de Vérone, "une éducation
véritable doit réveiller le courage des décisions définitives, qui sont
aujourd'hui considérées comme un lien qui porte atteinte à notre liberté,
mais qui en réalité sont indispensables pour croître et parvenir à quelque
chose de grand dans la vie, en particulier pour faire mûrir l'amour dans
toute sa beauté: et donc pour donner consistance et signification à la
liberté elle-même" (Discours du 19 octobre 2006). Lorsqu'ils sentent qu'ils
sont respectés et pris au sérieux en ce qui concerne leur liberté, les
adolescents et les jeunes, en dépit de leur inconstance et fragilité, sont
tout à fait disponibles à se laisser interpeller par des propositions
exigeantes: ils se sentent même attirés et souvent fascinés par elles. Ils
veulent également manifester leur générosité dans le dévouement aux grandes
valeurs qui sont éternelles et qui constituent le fondement de la vie.
L'éducateur authentique prend également au sérieux la curiosité
intellectuelle qui existe déjà chez les enfants et qui, avec les années,
revêt des formes plus conscientes. Sollicité et souvent égaré par la
multiplicité des informations et par le contraste des idées et des
interprétations qui lui sont continuellement proposées, le jeune
d'aujourd'hui conserve toutefois en lui un grand besoin de vérité: il est
donc ouvert à Jésus Christ qui, comme nous le rappelle Tertullien
(De virginibus velaudis, I, 1) "a
affirmé être la vérité, non l'habitude". Notre devoir est de tenter de
répondre à la demande de vérité en confrontant sans crainte la proposition
de la foi avec la raison de notre temps. Nous aiderons ainsi les jeunes à
élargir les horizons de leur intelligence, en s'ouvrant au mystère de Dieu,
dans lequel se trouvent le sens et la direction de l'existence, et en
surmontant les conditionnements d'une rationalité qui ne se fie que de ce
qui peut être objet d'expérience et de calcul. Il est donc très important de
développer ce que nous avons appelé l'an dernier "la pastorale de
l'intelligence".
Le travail éducatif passe à travers la liberté, mais il a également besoin
d'autorité. C'est pourquoi, en particulier lorsqu'il s'agit d'éduquer à la
foi, la figure du témoin et le rôle du témoignage sont essentiels. Le témoin
du Christ ne transmet pas simplement des informations, mais il est impliqué
personnellement par la vérité qu'il propose et à travers la cohérence de sa
vie, il devient un point de référence fiable. Cependant, il ne renvoie pas à
lui-même, mais à Quelqu'un qui est infiniment plus grand que lui, auquel il
a fait confiance, et qui a fait l'expérience de la bonté fiable.
L'authentique éducateur chrétien est donc un témoin qui trouve son modèle en
Jésus Christ, le témoin du Père qui ne disait rien de lui-même, mais qui
parlait comme le Père le lui avait enseigné
(cf. Jn 8, 28). Ce rapport avec le Christ et avec le Père est
pour chacun de nous, chers frères et sœurs, la condition fondamentale pour
être d'efficaces éducateurs à la foi.
Notre Congrès parle beaucoup, à juste titre, d'éducation non seulement à la
foi, et à l'imitation du Christ, mais également au témoignage de Jésus
Seigneur. Le témoignage actif à rendre au Christ ne concerne donc pas
seulement les prêtres, les religieux et les laïcs, qui ont dans nos
communautés des devoirs de formateurs, mais les enfants et les jeunes
eux-mêmes et tous ceux qui sont éduqués à la foi. La conscience d'être
appelés à devenir témoins du Christ n'est donc pas quelque chose qui
s'ajoute ensuite, une conséquence en quelque sorte extérieure à la formation
chrétienne, comme on l'a malheureusement souvent pensé, et comme l'on
continue de penser aujourd'hui, mais il s'agit au contraire d'une dimension
intrinsèque et essentielle de l'éducation à la foi et à la sequela Christi,
tout comme l'Eglise est missionnaire de par sa nature
(cf. Ad gentes, n. 2). Dès le
début de la formation des enfants, pour arriver, progressivement, à la
formation permanente des chrétiens adultes, il faut donc que s'enracinent
dans l'âme des croyants la volonté et la conviction de participer à la
vocation missionnaire de l'Eglise, dans toutes les situations et
circonstances de leur vie: nous ne pouvons pas, en effet, garder pour nous
la joie de la foi, nous devons la diffuser et la transmettre, et la
renforcer ainsi dans notre cœur. Si la foi devient réellement joie d'avoir
trouvé la vérité et l'amour, il est inévitable d'éprouver le désir de la
transmettre, de la communiquer aux autres. C'est par là que passe, dans une
large mesure, la nouvelle évangélisation à laquelle notre bien-aimé Pape
Jean-Paul II nous a appelés. Une expérience concrète, qui pourra faire
croître chez les jeunes des paroisses et des diverses assemblées ecclésiales
la volonté de témoigner de leur foi, est la "Mission des jeunes", que vous
projetez, après le succès de la grande "Mission dans la ville".
Dans l'éducation à la foi, un devoir très important est confié à l'école
catholique. En effet, celle-ci accomplit sa mission en se fondant sur un
projet éducatif qui place en son centre l'Evangile et qui le considère comme
un point de référence décisif pour la formation de la personne et pour toute
la proposition culturelle. Dans une collaboration convaincue avec les
familles et avec la communauté ecclésiale, l'école catholique cherche donc à
promouvoir l'unité entre la foi, la culture et la vie qui est l'objectif
fondamental de l'éducation chrétienne. Les écoles publiques également, selon
des formes et des modalités diverses, peuvent être soutenues dans leur
devoir éducatif par la présence d'enseignants croyants - en premier lieu,
mais pas exclusivement, les professeurs de religion catholique - et d'élèves
formés de façon chrétienne, ainsi que par la collaboration de nombreuses
familles et de la communauté chrétienne elle-même. La saine laïcité de
l'école, comme des autres Institutions de l'Etat n'implique pas, en effet,
une fermeture à la Transcendance et une fausse neutralité par rapport aux
valeurs morales qui sont à la base d'une authentique formation de la
personne. Un discours analogue vaut également naturellement pour les
Universités et c'est véritablement une bonne chose qu'à Rome, la pastorale
universitaire ait pu se développer dans toutes les Universités, aussi bien
parmi les professeurs que les étudiants, et que soit en cours une
collaboration féconde entre les Institutions académiques civiles et
pontificales.
Aujourd'hui, plus que par le passé, l'éducation et la formation de la
personne sont influencées par les messages et par le climat diffus qui sont
véhiculés par les moyens de communication de masse et qui s'inspirent d'une
mentalité et d'une culture caractérisées par le relativisme, le consumérisme
et par une exaltation fausse et destructrice, ou plus exactement, une
profanation du corps et de la sexualité. C'est pourquoi, précisément en
raison de ce grand "oui" que, en tant que croyants dans le Christ, nous
disons à l'homme aimé de Dieu, nous ne pouvons certainement pas nous
désintéresser de l'orientation générale de la société à laquelle nous
appartenons, des tendances qui l'animent et des influences positives ou
négatives qu'elle exerce sur la formation des nouvelles générations. La
présence même de la communauté des croyants, son engagement éducatif et
culturel, le message de foi, de confiance et d'amour dont elle est porteuse,
sont en réalité un service inestimable à l'égard du bien commun et en
particulier à l'égard des enfants et des jeunes qui se forment et se
préparent à la vie.
Chers frères et sœurs, il y a un dernier point sur lequel je voudrais
attirer votre attention: celui-ci est de la plus grande importance pour la
mission de l'Eglise et requiert notre engagement et avant tout notre prière.
Je veux parler des vocations à suivre de plus près le Seigneur Jésus dans le
sacerdoce ministériel et dans la vie consacrée. Au cours des dernières
décennies, le diocèse de Rome a reçu le don de nombreuses ordinations
sacerdotales, qui ont permis de combler les manques de la période précédente
et également de répondre aux exigences de nombreuses Eglises-sœurs qui ont
besoin de prêtres; mais les signaux les plus récents semblent moins
favorables et encouragent notre communauté diocésaine tout entière à
renouveler au Seigneur, avec humilité et confiance, la demande d'ouvriers
pour sa moisson (cf. Mt 9, 37-38; Lc 10,
2). De façon toujours délicate et respectueuse, mais également
claire et courageuse, nous devons adresser une invitation particulière aux
jeunes garçons et filles qui apparaissent le plus attirés et fascinés par
l'amitié avec Jésus, à se placer à sa suite. Dans cette perspective, le
diocèse destinera quelques nouveaux prêtres spécifiquement aux soins des
vocations, mais nous savons bien que dans ce domaine, la prière et la
qualité d'ensemble de notre témoignage chrétien, l'exemple de vie des
prêtres et des âmes consacrées, la générosité des personnes appelées et des
familles dont elles proviennent, sont décisifs.
Chers frères et sœurs, je vous confie ces réflexions comme contribution au
dialogue de ces soirées et pour le travail de la prochaine année pastorale.
Que le Seigneur nous donne toujours la joie de croire en Lui, de croître
dans son amitié, de le suivre sur le chemin de la vie, et d'en témoigner en
chaque situation, afin que nous puissions transmettre à ceux qui viendront
après nous l'immense richesse et beauté de la foi en Jésus Christ. Mon
affection et ma Bénédiction vous accompagnent dans votre travail. Merci de
votre attention!
© Copyright 2007 - Libreria Editrice
Vaticana
Sources: VIS - www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.06.2007 - BENOÎT XVI |