Homélie de Benoît XVI : Fête du Baptême du Seigneur

Le 12 janvier 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - A 10h dimanche matin, en la Chapelle Sixtine, le Pape Benoît XVI a présidé la messe en la Fête du baptême du Seigneur au cours de laquelle il a été administré le sacrement du baptême à 13 jeunes enfants. Avec cette fête du baptême se conclut le temps de Noël.

Texte intégral de l'homélie du Saint-Père

Chers frères et soeurs !

Les mots que l'évangéliste Marc rapporte au début de son Évangile : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j'ai mis tout mon amour » (1.11) nous introduisent dans le coeur de la fête du Baptême du Seigneur de ce jour, avec laquelle se conclut le temps de Noël. Le cycle de la solennité de Noël nous fait méditer sur la naissance de Jésus annoncée par les anges entourés de la splendeur lumineuse de Dieu ; le temps de Noël nous parle de l'étoile qui guide les Mages depuis l'Orient jusqu'à la maison de Bethléem, et il nous invite à regarder le ciel qui s'ouvre sur le Jourdain tandis que résonne la voix de Dieu. Ce sont tous des signes à travers lesquels le Seigneur ne se lasse pas de nous répéter : « Oui, Je suis ici. Je vous connais. Je vous aime. Il y a une route qui va de moi à vous. Et il y a une route qui va de vous à moi ». Le Créateur a assumé en Jésus les dimensions d'un enfant, d'un être humain comme nous, pour pouvoir se faire voir et toucher. En même temps, en se faisant tout petit, Dieu a fait resplendir la lumière de sa grandeur. Parce que, précisément en s'abaissant jusqu'à l'impuissance sans défense de l'amour, Il montre au contraire ce qu'est la véritable grandeur, ce qu'être Dieu veut dire.

Le sens de Noël, et plus généralement le sens de l'année liturgique, est vraiment celui de nous approcher de ces signes divins, pour les reconnaître imprimés dans les évènements de tous les jours, afin que notre coeur s'ouvre à l'amour de Dieu. Et si Noël et l'Épiphanie servent surtout à nous rendre capables de voir, à nous ouvrir les yeux et le coeur au mystère d'un Dieu qui vient demeurer avec nous, la fête du baptême de Jésus nous introduit, pourrions-nous dire, à la quotidienneté d'un rapport personnel avec Lui. En effet, par l'immersion dans les eaux du Jourdain, Jésus s'est uni à nous. Le Baptême est pour ainsi dire le pont qu'Il a construit entre lui et nous, le chemin par lequel il se rend accessible à nous ; il est l'arc-en-ciel divin sur notre vie, la promesse du grand oui de Dieu, la porte de l'espoir et, en même temps, le signe qui nous indique le chemin à parcourir de manière active et joyeuse pour le rencontrer et nous sentir aimés de lui.

Chers amis, je suis vraiment heureux que cette année encore, en ce jour de fête, me soit donnée l'opportunité de baptiser des enfants. L' « amour » de Dieu se pose aujourd'hui sur eux. Depuis que le Fils unique du Père s'est fait baptiser, le ciel s’est réellement ouvert et continue à s'ouvrir, et nous pouvons confier toute nouvelle vie qui éclôt aux mains de Celui qui est plus puissant que les pouvoirs obscurs du mal. Cela en effet comporte le Baptême : nous rendons à Dieu ce qui est venu de lui. L'enfant n'est pas la propriété des parents, mais il est confié par le Créateur à leur responsabilité, librement et de manière toujours renouvelée, afin qu'ils l'aident à être un enfant libre de Dieu. Ce n'est que si les parents mûrissent cette conscience qu'ils réussissent à trouver le juste équilibre entre la prétention à pouvoir disposer de leurs enfants comme s'ils étaient une possession privée, les modelant sur la base de leurs idées et désirs, et l'attitude libertaire qui s'exprime en les laissant grandir en pleine autonomie, satisfaisant tous leurs désir et aspirations, considérant cela comme le moyen juste de cultiver leur personnalité. Si, par ce sacrement, le nouveau-baptisé devient enfant adoptif de Dieu, objet de son amour infini qui le protège et le défend des forces obscures du malin, il faut lui enseigner à reconnaître Dieu comme son Père et à savoir s'en remettre à Lui avec une attitude filiale. Et par conséquent, lorsque, selon la tradition chrétienne comme nous le faisons aujourd'hui, on baptise les enfants en les introduisant dans la lumière de Dieu et de ses enseignements, on ne leur fait pas violence, mais on leur offre la richesse de la vie divine dans laquelle s'enracine la véritable liberté qui est celle des enfants de Dieu ; une liberté qui devra être éduquée et formée avec la maturité des années, une liberté qui devra être éduquée et formée au fil des années, pour devenir capable de choix personnels responsables.

Chers parents, chers parrains et marraines, je vous salue tous avec affection et je m'unis à votre joie pour ces petits qui aujourd'hui renaissent à la vie éternelle. Soyez conscients du don reçu et ne cessez pas de remercier le Seigneur qui, par le sacrement de ce jour, introduit vos enfants dans une nouvelle famille, plus grande et stable, plus ouverte et plus nombreuse que la vôtre : je me réfère à la famille des croyants, à l'Église, une famille qui a Dieu pour Père et dans laquelle tous se reconnaissent frères en Jésus Christ. Confiez donc, aujourd'hui vos enfants à la bonté de Dieu, qui est puissance de lumière et d'amour; et eux aussi, parmi les difficultés de la vie, ils ne se sentiront jamais abandonnés, s'ils restent unis à Lui. Préoccupez-vous par conséquent de les éduquer dans la foi, de leur enseigner à prier et à grandir comme le faisait Jésus et avec son aide, « en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (cf Lc 2.52).

Revenant à présent au passage de l'Évangile, cherchons à comprendre encore plus ce qui se produit aujourd'hui ici. Saint Marc raconte que, tandis que Jean Baptiste prêche sur les rives du fleuve Jourdain, proclamant l'urgence de la conversion en vue de la venue maintenant proche du Messie, voilà que Jésus, mêlé aux gens, se présente pour être baptisé. Celui de Jean est certainement un baptême de pénitence, bien différent du sacrement que Jésus instituera. Dans ce moment, toutefois, on entrevoit déjà la mission du Rédempteur puisque, lorsqu'il sort de l'eau, une voix résonne du ciel et l'Esprit Saint descend sur lui (cf Mc 1.10) : le Père céleste le proclame son fils de prédilection et en atteste publiquement la mission salvifique universelle, qu'il accomplira pleinement par sa mort en croix et sa résurrection. Seulement alors, par le sacrifice pascal, la rémission des péchés sera rendue universelle et totale. Par le Baptême, nous ne nous plongeons pas simplement dans les eaux du Jourdain pour proclamer notre engagement de conversion, mais le sang rédempteur du Christ qui nous purifie et nous sauve, se répand sur nous. C'est le Fils bien-aimé du Père, dans lequel Il a placé son amour, qui rachète la dignité et la joie de nous appeler et d'être réellement des « fils » de Dieu.

Dans quelques instants, nous revivrons ce mystère évoqué par la solennité de ce jour ; les signes et les symboles du sacrement du Baptême nous aideront à comprendre ce que le Seigneur accomplit dans le coeur de nos petits, en les rendant « siens » pour toujours, demeure choisie par son Esprit et « pierres vivantes » pour la construction de l'édifice spirituel qu'est l'Église. Que la Vierge Marie, Mère de Jésus, Fils aimé de Dieu, veille sur eux et sur leurs familles, les accompagne toujours, afin qu'ils puissent réaliser jusqu'au bout le projet de salut qui s'accomplit dans leurs vies avec le Baptême. Et nous, chers frères et soeurs, accompagnons les par notre prière ; prions pour les parents, les parrains et les marraines et pour leurs familles, afin qu'ils les aident à grandir dans la foi ; prions pour tous ceux ici présents afin qu’en participant avec ferveur à cette célébration, nous renouvelons les promesses de notre Baptême et rendions grâce au Seigneur pour sa constante assistance. Amen !

Texte original de l'homélie du Saint Père ► Italien

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Sources : www.vatican.va - (© traduction E.S.M..)
© Copyright 2008 du texte original - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 12.01.2009 - T/Benoît XVI

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