Jean Paul II et Benoît XVI ont
proposé "l'Église du peuple" italienne comme modèle |
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Rome, le 11 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- La hiérarchie de l’Église leur porte en revanche une attention
constante et toute particulière. Jean-Paul II et Benoît XVI, mais aussi
le cardinal Camillo Ruini – président de la conférence des évêques
d’Italie de 1991 à 2007 – sont allés jusqu’à proposer "l’Église de
peuple" italienne comme modèle pour les autres pays.
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Peu pratiquants et peu virtuoses. Mais ce sont eux qui forment "L'Église du
peuple"
Le 11 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Les catholiques ordinaires forment la majorité en Italie mais, jusqu'à
présent, on ne leur avait pas porté l'attention nécessaire. Aujourd'hui, ils
gouvernent le pays. Pour l'Église, ils représentent une opportunité et un
défi. Une analyse exclusive du professeur Pietro De Marco
par Sandro Magister
Au cours de la
messe qu’il a célébrée dimanche dernier à Cagliari, en
Sardaigne, Benoît XVI a fait appel dans son homélie à "une nouvelle
génération de laïcs chrétiens engagés", capables d’agir "avec compétence et
rigueur morale" dans les domaines du travail, de l’économie et de la
politique.
Le pape n’a rien ajouté d’autre. Mais ces paroles sont parvenues à des
oreilles déjà attentives. En Italie la polémique sur le rôle des catholiques
dans la politique dure en effet depuis longtemps.
Elle a pris de l’ampleur suite aux élections générales du printemps dernier.
Un journal d’opinion proche des positions de l’Église, "Il Foglio", dirigé
par Giuliano Ferrara, a lancé l’idée qu’avec la victoire de Silvio
Berlusconi, les catholiques en tant que tels ont pratiquement disparu du
gouvernement du pays.
Dans le nouveau gouvernement, en effet, on ne trouve pas de catholiques
formés dans les écoles politiques des associations confessionnelles. Des
épigones de l’Action Catholique ou du grand parti catholique qu’a été la
Démocratie Chrétienne ne survivent pratiquement plus guère que dans les
partis d’opposition.
Toutefois le gouvernement actuel comporte lui aussi un très grand nombre de
catholiques, tout comme l’électorat modéré-conservateur qui lui a donné la
victoire. Mais il s’agit de catholiques ordinaires, sans étiquette, dont
beaucoup arrivent sur la scène politique pour la première fois.
Les catholiques ordinaires – pratiquants occasionnels et observateurs
irréguliers des préceptes moraux mais toujours liés à l’Église – constituent
la grande majorité des catholiques italiens. Ce sont eux qui constituent
cette "Église du peuple" qui distingue l’Italie de beaucoup d’autres pays
d’Europe, et qui la rapproche davantage, par certains aspects religieux, aux
États-Unis.
En 2001, Arturo Parisi – professeur de sociologie à l’université de Bologne
et analyste subtil du catholicisme italien, élu de gauche au parlement dans
les années 90 et ministre de la défense pendant deux ans – a été le premier
à percevoir la nouveauté que constituait l’entrée en politique de ces
catholiques qu’il qualifiait d’"irréguliers". Et de mettre en garde les
catholiques reconnus, dont il faisait lui-même partie, leur disant de ne pas
devenir les victimes du "syndrome du fils fidèle, celui qui est resté à la
maison, dans la parabole de l’enfant prodigue", avec "ce sentiment de
supériorité intellectuelle et morale qui nous caractérise souvent".
Toujours en 2001, un autre sociologue des religions, Luca Diotallevi, a
analysé en profondeur, dans un de ses ouvrages, cette exception italienne,
en la comparant à d’autres pays: "Il rompicapo della secolarizzazione
italiana. Caso italiano, teorie americane e revisione del paradigma della
secolarizzazione [Le casse-tête de la sécularisation italienne. Le cas
italien, les théories américaines et la révision du paradigme de la
sécularisation]".
Néanmoins, à quelques exceptions près, les catholiques ordinaires sont
encore négligés dans les analyses et les débats.
La hiérarchie de l’Église leur porte en revanche une attention constante et
toute particulière. Jean-Paul II et Benoît XVI, mais aussi le cardinal
Camillo Ruini – président de la conférence des évêques d’Italie de 1991 à
2007 – sont allés jusqu’à proposer "l’Église de peuple"
italienne comme
modèle pour les autres pays.
Sur le plan politique, l’attention portée par la hiérarchie de l’Église aux
catholiques ordinaires a produit en Italie un événement mémorable: la
victoire de la défense de la vie dès la conception au référendum de 2005.
Dans un essai publié cette année dans "Polis", le professeur Diotallevi a
montré à quel point le résultat de ce référendum a été influencé par
l’identification catholique d’une grande partie de la population italienne
et par l’influence exercée par la hiérarchie sur leur choix.
Bref, les catholiques ordinaires sont d’une extraordinaire importance dans
le "cas italien". Leur position centrale oblige à revoir les schémas
analytiques habituels. Avec des résultats inédits et surprenants.
C’est ce que fait ci-dessous le professeur Pietro De Marco, professeur de
sociologie des religions à l’université de Florence et à la Faculté de
Théologie d’Italie Centrale, dans cette note rédigée pour www.chiesa :
A propos des catholiques "disparus de la politique"
par Pietro De Marco
1. Les catholiques ont disparu en tant que tels de la vie publique et
politique italienne : ce diagnostic est simplement un malentendu. Ou un
cauchemar, né de l’autoréférentialité étroite de certains catholiques, qui
se croient encore les seuls politiques catholiques légitimes. C’est le
contraire qui est vrai: aujourd’hui des catholiques, élus par un grand
nombre d’électeurs catholiques, gouvernent l’Italie sans être appuyés par un
parti chrétien ou avoir été formés dans des associations confessionnelles.
C’est là une nouveauté relative en Italie et en Europe. Regardons-y de plus
près.
Il manque à l’actuelle discussion à propos des catholiques un élément-clé :
la sociologie des religions. Pas les sondages socio-démographiques, mais la
sociologie en tant que telle.
La sociologie des religions italienne compte parmi les meilleures du monde,
par la connaissance du sujet, la finesse des méthodes, la qualité des
résultats et l’intelligence des personnes. Mais, dans le débat politique,
c’est comme si elle n’existait pas. Pour deux raisons, à mon avis.
La première est qu’en Italie la sociologie des religions est surtout
destinée à définir et analyser les croyances et les pratiques – c’est en
effet sa force aujourd’hui –, mais que le commanditaire et destinataire de
ses connaissances est un petit sous-groupe du monde catholique et
ecclésiastique.
La seconde raison découle da la première : les connaissances socio-religieuses – dans le parcours qui va du sociologue au clergé ou aux
laïcs qualifiés et réciproquement – sont utilisées par des élites qui lisent
les données avec un pessimisme de minoritaires ou un paternalisme de
pasteurs. Cette lecture semble concentrée sur les phénomènes de baisse ou de
reprise de la pratique religieuse élevée, celle des pratiquants assidus, et
n’accorder presque aucune réflexion, au-delà des données statistiques, aux
formes moins assidues et marginales de la croyance et de la pratique
catholiques.
Dans cette utilisation sélective des données, on dirait que la religion
"modale" (formule que Roberto Cipriani applique
aux très nombreux
pratiquants occasionnels et peu croyants) est celle d’hommes et de femmes
qui sont, au point de vue spirituel, éthique, rituel, "quelque chose de
moins" que ceux qui rentrent dans le modèle virtuose. En tant que tels, les
croyants "modaux" sont vus comme extérieurs au corps social catholique.
En somme, après des décennies de critiques contre une sociologie des
religions qui aurait été un outil pour l’institution préconciliaire, on a
affaire, aujourd’hui, à une sociologie des religions valable, certes, mais
utilisée seulement par une minorité catholique faite de sociologues, de
responsables de la pastorale, de quelques évêques et journalistes. Une
minorité ecclésiale qui pilote depuis longtemps – sans l’aide des faits – le
déclin attendu de l’Église catholique, déclin sécularisant dont elle attend
depuis des décennies la régénération du christianisme ou de la religion. Une
telle lecture des données intéresse rarement l’opinion publique, sauf
lorsqu’on indique épisodiquement combien de personnes sont d’accord avec le
magistère de l’Église à propos de telle ou telle question de bioéthique.
2. Tant qu’en Italie, la classe politique catholique démocrate-chrétienne et
ex-démocrate-chrétienne, aujourd’hui située à gauche, appartenait au noyau
virtuose de la religion d’une Église "orientée et réfléchie", pour utiliser
la formule d’un sociologue, ou, en langage plus courant, aux croyants et
pratiquants assidus, la catégorie "homme politique catholique" semblait
claire et rassurante, y compris pour l’observateur.
Mais aujourd’hui les catholiques actifs en politique et dans les
gouvernements italiens sont en général des pratiquants ordinaires, non le
résultat de parcours virtuoses. Leur religion est souvent "modale", ils se
disent "assez d’accord" dans les réponses aux questionnaires, leur pratique
religieuse est "presque régulière". Ce sont aussi des catholiques qui se
disent parfois "éloignés et mal à l’aise".
Une sociologie des religions émancipée de l’élan prophétique du concile - au
moins la plus affinée, celle qui connaît la variété et la complexité de l’Église
de Rome - devrait aussi considérer ces catholiques non "virtuoses", "presque
réguliers", parfois un peu "à ma façon", comme des catholiques complets, à
qui il faudrait consacrer des analyses adaptées, et non comme des
demi-catholiques, signe catastrophique de la sécularisation qui progresse.
Le sociologue n’a pas à trier le troupeau catholique selon des modèles
internes d’excellence. Et quelle excellence, d’ailleurs ? Celle du solidaire
ou celle du mystique ? Celle du communautariste liturgique ou celle du
missionnaire charismatique ? Par exemple, le sociologue ne peut pas hésiter à
définir comme catholique un "ritualisme" qui subsiste à cause d’une solide
tradition familiale ou du souvenir chéri d’une maman avec qui on allait à l’Église.
Il laissera un prêtre dire – pas sous l’inspiration du Saint-Esprit, à mon
avis – que si on va à la messe "par tradition", il vaut mieux ne pas y
aller.
Le raisonnement catholique minoritaire est fondé sur une interprétation
vieillie des symptômes : quand on a affirmé que les catholiques peu assidus
ou "modaux" sont des masses en train de s’éloigner de l’Église et de sa
discipline, on conclut que cela n’a plus de sens de les appeler catholiques
ou de les considérer comme politiquement significatifs en tant que
catholiques.
Mais, depuis vingt ans, les enquêtes menées en Italie invalident la
prévision d’un abandon progressif de l’Église catholique, dont les formes
faibles de croyance et d’appartenance seraient des phases ou des symptômes.
La composition plurielle, le manque d’homogénéité et les différences entre
croyants – qui inquiètent à juste titre ceux qui ont charge d’âmes – sont
stables depuis des années, pour ne pas dire structurels. Ils montrent la
complexité catholique, celle de l’exception italienne brillamment analysée
par Luca Diotallevi. Une complexité catholique qui, au delà des différences
de formes et d’intensité religieuse, juge néanmoins significatives la
tradition et l’appartenance catholique, avec les personnes et institutions
qui les représentent et les transmettent.
Ce n’est qu’ainsi que le profil catholique qui englobe plus de 80% de la
population italienne devient significatif y compris pour l’analyste de la
société civile. Autrement dit, la variété des options religieuses correspond
à la possibilité moderne de se différencier d’autres personnes et d’autres
modèles. Mais ce type de différenciation ne correspond pas à une dérive
individualiste postchrétienne. Si les religiosités que certains sociologues
appellent "à ma façon" ont des caractères récurrents et reconnaissables,
cela implique que chaque "à ma façon" parcoure des chemins invariables et
peu nombreux, dont on peut définir les modèles. Et une partie au moins de
ces modèles de religiosité faiblement conformes peut être considérée comme
un effet – certains diraient un succès – de l'action antiséculariste de l’Église.
3. Maintenant, le nouveau bloc électoral qui forme la majorité et le
gouvernement en Italie paraît justement constitué en majorité de catholiques
"modaux", ceux qui ne se mettent pas aux premiers rangs à l’église,
n’agissent pas dans les conseils paroissiaux, ne lisent pas d’ouvrages de
théologie, mais croient à la morale catholique même s’ils la pratiquent avec
difficulté, inscrivent leurs enfants à l’heure de religion à l’école
(les
catholiques progressistes ne le font pas) et n’aiment pas que les
catéchistes disent que le diable n’existe pas et le péché non plus.
Il y a chez ces catholiques peu assidus un attachement au noyau
institutionnel et dogmatique catholique, peut-être hérité du catéchisme,
qu’on ne trouve pas chez les catholiques "qualifiés" malgré leur culture
religieuse plus vaste. A mon avis, parmi les hommes politiques qui
gouvernent l’Italie aujourd’hui, il y a peu d’athées reconnus à la
Piergiorgio Odifreddi ou de sceptiques anticatholiques à la Corrado Augias.
Au point de vue socio-religieux, l’actuelle classe gouvernante est
catholique selon la réalité composite de "l’Église du peuple" italienne.
Elle est catholique parce qu’elle est en accord avec l’essentiel de la
vision catholique du monde. Par lui-même cet accord ne rend pas les gens
virtuoses. Chaque croyant, surtout s’il est humble, sait qu’il est pécheur
et n’a pas de garantie de salut personnel, sinon par la miséricorde de Dieu
et la médiation de l’Église. Il n’est pas assez savant pour penser, comme le
théologien "moderne" Vito Mancuso, que le Christ est une intensification de
l’énergie de la vie universelle qui nous remplit tous et nous sauvera tous à
la fin. Les catholiques plus âgés se souviennent d’avoir lu quelque chose de
ce genre dans les romans du moderniste Antonio Fogazzaro.
Ainsi, s’il faut que les prêtres rappellent les catholiques à la fidélité et
à la plénitude d’amour, il est moins nécessaire que des hommes politiques
catholiques "virtuoses" se présentent en modèles de laïcité authentique, de
vraie culture sociale catholique et autres. Moins les catholiques sont
"virtuoses" (heureuse catégorie créée par Max Weber), plus ils sont
conscients de leurs limites, plus ils ont besoin de l’Église et le savent.
Il ne peut en être autrement. C’est ainsi depuis l’origine.
Aujourd’hui, un simple examen des positions personnelles des ministres et
des cadres du gouvernement actuel permet de trouver parmi eux une majorité
de catholiques, éventuellement répartie entre les différents types que,
depuis des années, les sociologues proposent pour percevoir la
différenciation au sein et aux marges de "L’Église du peuple" qui constitue
l'exception italienne.
4. Donc l'automatisme qui, en Italie, amène à confondre les catholiques avec
les héritiers de la Démocratie Chrétienne, ou plutôt avec les membres
d’organisations très différentes les unes des autres comme l'Action
Catholique, Communion et Libération, l'Opus Dei, les volontariats et le
syndicalisme chrétien, implique un risque d’aveuglement dans le diagnostic
de l’actualité.
Dans le domaine de l’analyse politique, nous ne devons pas oublier ce que
nous savons dans le domaine socio-religieux. Les catholiques ne sont pas
seulement, ou surtout, les "virtuoses", mais
toute la constellation des croyants. Dans le domaine de la politique publique, le raisonnement de
Giulio Tremonti, ministre du Trésor, sur la nécessité d’un ordre chrétien au
cœur de l'Occident est-il moins significativement catholique que celui d’un
"virtuose" qui aime, lui, l'invisibilité de la "différence chrétienne"?
L’enthousiasme d’un pratiquant de Lombardie pris entre son travail et ses
craintes pour sa sécurité est-il moins catholique que celui d’un homme ou
d’une femme qui se consacrent à leur paroisse, peut-être dans la perspective
eschatologiste de la "Lettre à Diognète" ? Ces questions sont paradoxales
mais, me semble-t-il, très sérieuses.
La forme "virtuose" développée dans le catholicisme politique italien sous
le nom d’"action catholique" a été la création nécessaire, mais contingente,
d’une Église confrontée au XIXe siècle au défi des nouveaux états libéraux
et des nouvelles religions civiles laïcistes. Mais aujourd’hui
l'affaiblissement du caractère impératif des états oblige à reconnaître et
valoriser ceux qui sont catholiques sans faire partie de cet ancien grand
mouvement. C’est justement la manière de gouverner adoptée par la présidence
de la Conférence des Évêques d’Italie au cours des vingt dernières années.
La CEI du cardinal Camillo Ruini a aussi agi en sachant que ce modèle
"virtuose" de militantisme catholique avait été imprégné de spiritualismes
et d’utopies qui l'avaient poussé à l'auto-anéantissement, surtout après les
années Soixante, et qu’il alimentait souvent l'opposition interne aux deux
derniers pontificats. C’est aussi pour cela que les papes et la CEI se sont
tournés et se tournent vers le "peuple chrétien" plutôt que vers les
"virtuoses", malgré toutes les fragilités et les accommodements quotidiens
du chrétien ordinaire.
5. On peut donc dire que la base électorale modérée-conservatrice et
l'actuel gouvernement italien sont catholiques, même si c’est dans un sens
radicalement différent par rapport à la longue histoire passée de la
Démocratie Chrétienne.
C’est pourquoi l’Église est désavantagée, en ce qui concerne sa présence et
son rôle de conseil quant aux principes fondamentaux chrétiens et humains,
parce qu’elle ne dispose plus de l’ancien relais constitué par des laïcs
formés pour cela. Mais elle a l’avantage de s’adresser, en Italie, à une
société qui est encore de sensibilité chrétienne et à des cadres de
gouvernement qui ne sont pas hostiles ou étrangers à l’Église comme le sont
les cultures politiques marxistes et laïques radicales que la tradition
catholique "virtuose" a souvent reconnues dignes de gouverner.
Aujourd’hui le Prince n’est plus chrétien au sens des sociétés d’Ancien
Régime, mais il n’est pas non plus antichrétien. Et ce ne sont pas les
catholiques modernisants qui imposeront presque seuls, aujourd’hui, la
fiction d’une sphère publique neutre en matière de laïcité. Ce n’est pas un
hasard si, aujourd’hui, les catholiques "virtuoses" laïco-démocrates sont
justement les moins capables de donner une orientation chrétienne à l'action
politique, en Italie et en Europe. Pendant la période conciliaire ils
avaient trop compté, pour assurer la légitimité des chrétiens à exister, sur
une interpénétration entre christianisme et modernité qui idéalisait le
Moderne comme nouveau christianisme transfiguré et accompli.
Dans un contexte religieux et civil comme celui de l’Italie, l’Église
enseignante est appelée à agir politiquement comme dans la situation
paradoxale d’un nouveau christianisme post-séculier. Elle ne devra pas agir
par l’intermédiaire de mouvements "virtuoses" mis à l’œuvre au temps du
libéralisme et des totalitarismes (des mouvements qui se sont ensuite
opposés à la hiérarchie sur le terrain théologico-politique), mais sur un
terrain global de propositions, de négociations, de consultations, et même
de commandement nécessaire. Je dis global parce que, sans cette ampleur qui
permet de toucher tout le monde, l’influence catholique sur l'homme
ordinaire (c’est-à-dire, bien souvent, le catholique ordinaire) restera
limitée aux sentiments de solidarité des petites communautés que sont les
paroisses et les organisations et l’Église enseignante ne réussira pas à
formuler des positions rationnelles à la hauteur du bien commun. Elle risque
d’obtenir aujourd’hui, dans la sphère publique, moins que l’"action
catholique" dans la période précédente.
Résumons-nous. Primo : l'image d’un parlement et d’un gouvernement "sans
catholiques", et donc d’une Église sans représentants politiques, repose sur
un diagnostic erroné. Secondo : l’intelligentsia catholique à racines
post-conciliaires et démocrates-chrétiennes est largement absorbée par la
constellation des gauches laïques radicales, avec des formes différenciées
de culture d’opposition. Tertio : la hiérarchie et les catholiques qui font
entendre la voix de l’Église doivent redéfinir les canaux et codes d’une
communication politique qui touche tout le peuple chrétien. Et ce avec une
classe gouvernementale "catholique" mais pas d’"action catholique".
L’homélie prononcée par Benoît XVI le 7 septembre 2008 à Cagliari, où il a
fait appel à une "nouvelle génération" d’hommes politiques catholiques
►
Homélie
du Saint-Père
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
►
Benoît XVI à Cagliari en Sardaigne - le 07
septembre 2008
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Sources : La chiesa.it
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité) - 11.09.2008 -
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