Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

LÉON XIV

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Jean Paul II et Benoît XVI ont proposé "l'Église du peuple" italienne comme modèle

 

Rome, le 11 septembre 2008  - (E.S.M.) - La hiérarchie de l’Église leur porte en revanche une attention constante et toute particulière. Jean-Paul II et Benoît XVI, mais aussi le cardinal Camillo Ruini – président de la conférence des évêques d’Italie de 1991 à 2007 – sont allés jusqu’à proposer "l’Église de peuple" italienne comme modèle pour les autres pays.

Le pape Benoît XVI - Pour agrandir l'image Cliquer

Peu pratiquants et peu virtuoses. Mais ce sont eux qui forment "L'Église du peuple"

Le 11 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Les catholiques ordinaires forment la majorité en Italie mais, jusqu'à présent, on ne leur avait pas porté l'attention nécessaire. Aujourd'hui, ils gouvernent le pays. Pour l'Église, ils représentent une opportunité et un défi. Une analyse exclusive du professeur Pietro De Marco

par Sandro Magister

Au cours de la messe qu’il a célébrée dimanche dernier à Cagliari, en Sardaigne, Benoît XVI a fait appel dans son homélie à "une nouvelle génération de laïcs chrétiens engagés", capables d’agir "avec compétence et rigueur morale" dans les domaines du travail, de l’économie et de la politique.

Le pape n’a rien ajouté d’autre. Mais ces paroles sont parvenues à des oreilles déjà attentives. En Italie la polémique sur le rôle des catholiques dans la politique dure en effet depuis longtemps.

Elle a pris de l’ampleur suite aux élections générales du printemps dernier. Un journal d’opinion proche des positions de l’Église, "Il Foglio", dirigé par Giuliano Ferrara, a lancé l’idée qu’avec la victoire de Silvio Berlusconi, les catholiques en tant que tels ont pratiquement disparu du gouvernement du pays.

Dans le nouveau gouvernement, en effet, on ne trouve pas de catholiques formés dans les écoles politiques des associations confessionnelles. Des épigones de l’Action Catholique ou du grand parti catholique qu’a été la Démocratie Chrétienne ne survivent pratiquement plus guère que dans les partis d’opposition.

Toutefois le gouvernement actuel comporte lui aussi un très grand nombre de catholiques, tout comme l’électorat modéré-conservateur qui lui a donné la victoire. Mais il s’agit de catholiques ordinaires, sans étiquette, dont beaucoup arrivent sur la scène politique pour la première fois.

Les catholiques ordinaires – pratiquants occasionnels et observateurs irréguliers des préceptes moraux mais toujours liés à l’Église – constituent la grande majorité des catholiques italiens. Ce sont eux qui constituent cette "Église du peuple" qui distingue l’Italie de beaucoup d’autres pays d’Europe, et qui la rapproche davantage, par certains aspects religieux, aux États-Unis.

En 2001, Arturo Parisi – professeur de sociologie à l’université de Bologne et analyste subtil du catholicisme italien, élu de gauche au parlement dans les années 90 et ministre de la défense pendant deux ans – a été le premier à percevoir la nouveauté que constituait l’entrée en politique de ces catholiques qu’il qualifiait d’"irréguliers". Et de mettre en garde les catholiques reconnus, dont il faisait lui-même partie, leur disant de ne pas devenir les victimes du "syndrome du fils fidèle, celui qui est resté à la maison, dans la parabole de l’enfant prodigue", avec "ce sentiment de supériorité intellectuelle et morale qui nous caractérise souvent".

Toujours en 2001, un autre sociologue des religions, Luca Diotallevi, a analysé en profondeur, dans un de ses ouvrages, cette exception italienne, en la comparant à d’autres pays: "Il rompicapo della secolarizzazione italiana. Caso italiano, teorie americane e revisione del paradigma della secolarizzazione [Le casse-tête de la sécularisation italienne. Le cas italien, les théories américaines et la révision du paradigme de la sécularisation]".

Néanmoins, à quelques exceptions près, les catholiques ordinaires sont encore négligés dans les analyses et les débats.

La hiérarchie de l’Église leur porte en revanche une attention constante et toute particulière. Jean-Paul II et Benoît XVI, mais aussi le cardinal Camillo Ruini – président de la conférence des évêques d’Italie de 1991 à 2007 – sont allés jusqu’à proposer "l’Église de peuple" italienne comme modèle pour les autres pays.

Sur le plan politique, l’attention portée par la hiérarchie de l’Église aux catholiques ordinaires a produit en Italie un événement mémorable: la victoire de la défense de la vie dès la conception au référendum de 2005.

Dans un essai publié cette année dans "Polis", le professeur Diotallevi a montré à quel point le résultat de ce référendum a été influencé par l’identification catholique d’une grande partie de la population italienne et par l’influence exercée par la hiérarchie sur leur choix.

Bref, les catholiques ordinaires sont d’une extraordinaire importance dans le "cas italien". Leur position centrale oblige à revoir les schémas analytiques habituels. Avec des résultats inédits et surprenants.

C’est ce que fait ci-dessous le professeur Pietro De Marco, professeur de sociologie des religions à l’université de Florence et à la Faculté de Théologie d’Italie Centrale, dans cette note rédigée pour www.chiesa :

A propos des catholiques "disparus de la politique"
par Pietro De Marco

1. Les catholiques ont disparu en tant que tels de la vie publique et politique italienne : ce diagnostic est simplement un malentendu. Ou un cauchemar, né de l’autoréférentialité étroite de certains catholiques, qui se croient encore les seuls politiques catholiques légitimes. C’est le contraire qui est vrai: aujourd’hui des catholiques, élus par un grand nombre d’électeurs catholiques, gouvernent l’Italie sans être appuyés par un parti chrétien ou avoir été formés dans des associations confessionnelles. C’est là une nouveauté relative en Italie et en Europe. Regardons-y de plus près.

Il manque à l’actuelle discussion à propos des catholiques un élément-clé : la sociologie des religions. Pas les sondages socio-démographiques, mais la sociologie en tant que telle.

La sociologie des religions italienne compte parmi les meilleures du monde, par la connaissance du sujet, la finesse des méthodes, la qualité des résultats et l’intelligence des personnes. Mais, dans le débat politique, c’est comme si elle n’existait pas. Pour deux raisons, à mon avis.

La première est qu’en Italie la sociologie des religions est surtout destinée à définir et analyser les croyances et les pratiques – c’est en effet sa force aujourd’hui –, mais que le commanditaire et destinataire de ses connaissances est un petit sous-groupe du monde catholique et ecclésiastique.

La seconde raison découle da la première : les connaissances socio-religieuses – dans le parcours qui va du sociologue au clergé ou aux laïcs qualifiés et réciproquement – sont utilisées par des élites qui lisent les données avec un pessimisme de minoritaires ou un paternalisme de pasteurs. Cette lecture semble concentrée sur les phénomènes de baisse ou de reprise de la pratique religieuse élevée, celle des pratiquants assidus, et n’accorder presque aucune réflexion, au-delà des données statistiques, aux formes moins assidues et marginales de la croyance et de la pratique catholiques.

Dans cette utilisation sélective des données, on dirait que la religion "modale" (formule que Roberto Cipriani applique aux très nombreux pratiquants occasionnels et peu croyants) est celle d’hommes et de femmes qui sont, au point de vue spirituel, éthique, rituel, "quelque chose de moins" que ceux qui rentrent dans le modèle virtuose. En tant que tels, les croyants "modaux" sont vus comme extérieurs au corps social catholique.

En somme, après des décennies de critiques contre une sociologie des religions qui aurait été un outil pour l’institution préconciliaire, on a affaire, aujourd’hui, à une sociologie des religions valable, certes, mais utilisée seulement par une minorité catholique faite de sociologues, de responsables de la pastorale, de quelques évêques et journalistes. Une minorité ecclésiale qui pilote depuis longtemps – sans l’aide des faits – le déclin attendu de l’Église catholique, déclin sécularisant dont elle attend depuis des décennies la régénération du christianisme ou de la religion. Une telle lecture des données intéresse rarement l’opinion publique, sauf lorsqu’on indique épisodiquement combien de personnes sont d’accord avec le magistère de l’Église à propos de telle ou telle question de bioéthique.

2. Tant qu’en Italie, la classe politique catholique démocrate-chrétienne et ex-démocrate-chrétienne, aujourd’hui située à gauche, appartenait au noyau virtuose de la religion d’une Église "orientée et réfléchie", pour utiliser la formule d’un sociologue, ou, en langage plus courant, aux croyants et pratiquants assidus, la catégorie "homme politique catholique" semblait claire et rassurante, y compris pour l’observateur.

Mais aujourd’hui les catholiques actifs en politique et dans les gouvernements italiens sont en général des pratiquants ordinaires, non le résultat de parcours virtuoses. Leur religion est souvent "modale", ils se disent "assez d’accord" dans les réponses aux questionnaires, leur pratique religieuse est "presque régulière". Ce sont aussi des catholiques qui se disent parfois "éloignés et mal à l’aise".

Une sociologie des religions émancipée de l’élan prophétique du concile - au moins la plus affinée, celle qui connaît la variété et la complexité de l’Église de Rome - devrait aussi considérer ces catholiques non "virtuoses", "presque réguliers", parfois un peu "à ma façon", comme des catholiques complets, à qui il faudrait consacrer des analyses adaptées, et non comme des demi-catholiques, signe catastrophique de la sécularisation qui progresse. Le sociologue n’a pas à trier le troupeau catholique selon des modèles internes d’excellence. Et quelle excellence, d’ailleurs ? Celle du solidaire ou celle du mystique ? Celle du communautariste liturgique ou celle du missionnaire charismatique ? Par exemple, le sociologue ne peut pas hésiter à définir comme catholique un "ritualisme" qui subsiste à cause d’une solide tradition familiale ou du souvenir chéri d’une maman avec qui on allait à l’Église. Il laissera un prêtre dire – pas sous l’inspiration du Saint-Esprit, à mon avis – que si on va à la messe "par tradition", il vaut mieux ne pas y aller.

Le raisonnement catholique minoritaire est fondé sur une interprétation vieillie des symptômes : quand on a affirmé que les catholiques peu assidus ou "modaux" sont des masses en train de s’éloigner de l’Église et de sa discipline, on conclut que cela n’a plus de sens de les appeler catholiques ou de les considérer comme politiquement significatifs en tant que catholiques.

Mais, depuis vingt ans, les enquêtes menées en Italie invalident la prévision d’un abandon progressif de l’Église catholique, dont les formes faibles de croyance et d’appartenance seraient des phases ou des symptômes. La composition plurielle, le manque d’homogénéité et les différences entre croyants – qui inquiètent à juste titre ceux qui ont charge d’âmes – sont stables depuis des années, pour ne pas dire structurels. Ils montrent la complexité catholique, celle de l’exception italienne brillamment analysée par Luca Diotallevi. Une complexité catholique qui, au delà des différences de formes et d’intensité religieuse, juge néanmoins significatives la tradition et l’appartenance catholique, avec les personnes et institutions qui les représentent et les transmettent.

Ce n’est qu’ainsi que le profil catholique qui englobe plus de 80% de la population italienne devient significatif y compris pour l’analyste de la société civile. Autrement dit, la variété des options religieuses correspond à la possibilité moderne de se différencier d’autres personnes et d’autres modèles. Mais ce type de différenciation ne correspond pas à une dérive individualiste postchrétienne. Si les religiosités que certains sociologues appellent "à ma façon" ont des caractères récurrents et reconnaissables, cela implique que chaque "à ma façon" parcoure des chemins invariables et peu nombreux, dont on peut définir les modèles. Et une partie au moins de ces modèles de religiosité faiblement conformes peut être considérée comme un effet – certains diraient un succès – de l'action antiséculariste de l’Église.

3. Maintenant, le nouveau bloc électoral qui forme la majorité et le gouvernement en Italie paraît justement constitué en majorité de catholiques "modaux", ceux qui ne se mettent pas aux premiers rangs à l’église, n’agissent pas dans les conseils paroissiaux, ne lisent pas d’ouvrages de théologie, mais croient à la morale catholique même s’ils la pratiquent avec difficulté, inscrivent leurs enfants à l’heure de religion à l’école (les catholiques progressistes ne le font pas) et n’aiment pas que les catéchistes disent que le diable n’existe pas et le péché non plus.

Il y a chez ces catholiques peu assidus un attachement au noyau institutionnel et dogmatique catholique, peut-être hérité du catéchisme, qu’on ne trouve pas chez les catholiques "qualifiés" malgré leur culture religieuse plus vaste. A mon avis, parmi les hommes politiques qui gouvernent l’Italie aujourd’hui, il y a peu d’athées reconnus à la Piergiorgio Odifreddi ou de sceptiques anticatholiques à la Corrado Augias. Au point de vue socio-religieux, l’actuelle classe gouvernante est catholique selon la réalité composite de "l’Église du peuple" italienne. Elle est catholique parce qu’elle est en accord avec l’essentiel de la vision catholique du monde. Par lui-même cet accord ne rend pas les gens virtuoses. Chaque croyant, surtout s’il est humble, sait qu’il est pécheur et n’a pas de garantie de salut personnel, sinon par la miséricorde de Dieu et la médiation de l’Église. Il n’est pas assez savant pour penser, comme le théologien "moderne" Vito Mancuso, que le Christ est une intensification de l’énergie de la vie universelle qui nous remplit tous et nous sauvera tous à la fin. Les catholiques plus âgés se souviennent d’avoir lu quelque chose de ce genre dans les romans du moderniste Antonio Fogazzaro.

Ainsi, s’il faut que les prêtres rappellent les catholiques à la fidélité et à la plénitude d’amour, il est moins nécessaire que des hommes politiques catholiques "virtuoses" se présentent en modèles de laïcité authentique, de vraie culture sociale catholique et autres. Moins les catholiques sont "virtuoses" (heureuse catégorie créée par Max Weber), plus ils sont conscients de leurs limites, plus ils ont besoin de l’Église et le savent. Il ne peut en être autrement. C’est ainsi depuis l’origine.

Aujourd’hui, un simple examen des positions personnelles des ministres et des cadres du gouvernement actuel permet de trouver parmi eux une majorité de catholiques, éventuellement répartie entre les différents types que, depuis des années, les sociologues proposent pour percevoir la différenciation au sein et aux marges de "L’Église du peuple" qui constitue l'exception italienne.

4. Donc l'automatisme qui, en Italie, amène à confondre les catholiques avec les héritiers de la Démocratie Chrétienne, ou plutôt avec les membres d’organisations très différentes les unes des autres comme l'Action Catholique, Communion et Libération, l'Opus Dei, les volontariats et le syndicalisme chrétien, implique un risque d’aveuglement dans le diagnostic de l’actualité.

Dans le domaine de l’analyse politique, nous ne devons pas oublier ce que nous savons dans le domaine socio-religieux. Les catholiques ne sont pas seulement, ou surtout, les "virtuoses", mais toute la constellation des croyants. Dans le domaine de la politique publique, le raisonnement de Giulio Tremonti, ministre du Trésor, sur la nécessité d’un ordre chrétien au cœur de l'Occident est-il moins significativement catholique que celui d’un "virtuose" qui aime, lui, l'invisibilité de la "différence chrétienne"? L’enthousiasme d’un pratiquant de Lombardie pris entre son travail et ses craintes pour sa sécurité est-il moins catholique que celui d’un homme ou d’une femme qui se consacrent à leur paroisse, peut-être dans la perspective eschatologiste de la "Lettre à Diognète" ? Ces questions sont paradoxales mais, me semble-t-il, très sérieuses.

La forme "virtuose" développée dans le catholicisme politique italien sous le nom d’"action catholique" a été la création nécessaire, mais contingente, d’une Église confrontée au XIXe siècle au défi des nouveaux états libéraux et des nouvelles religions civiles laïcistes. Mais aujourd’hui l'affaiblissement du caractère impératif des états oblige à reconnaître et valoriser ceux qui sont catholiques sans faire partie de cet ancien grand mouvement. C’est justement la manière de gouverner adoptée par la présidence de la Conférence des Évêques d’Italie au cours des vingt dernières années.

La CEI du cardinal Camillo Ruini a aussi agi en sachant que ce modèle "virtuose" de militantisme catholique avait été imprégné de spiritualismes et d’utopies qui l'avaient poussé à l'auto-anéantissement, surtout après les années Soixante, et qu’il alimentait souvent l'opposition interne aux deux derniers pontificats. C’est aussi pour cela que les papes et la CEI se sont tournés et se tournent vers le "peuple chrétien" plutôt que vers les "virtuoses", malgré toutes les fragilités et les accommodements quotidiens du chrétien ordinaire.

5. On peut donc dire que la base électorale modérée-conservatrice et l'actuel gouvernement italien sont catholiques, même si c’est dans un sens radicalement différent par rapport à la longue histoire passée de la Démocratie Chrétienne.

C’est pourquoi l’Église est désavantagée, en ce qui concerne sa présence et son rôle de conseil quant aux principes fondamentaux chrétiens et humains, parce qu’elle ne dispose plus de l’ancien relais constitué par des laïcs formés pour cela. Mais elle a l’avantage de s’adresser, en Italie, à une société qui est encore de sensibilité chrétienne et à des cadres de gouvernement qui ne sont pas hostiles ou étrangers à l’Église comme le sont les cultures politiques marxistes et laïques radicales que la tradition catholique "virtuose" a souvent reconnues dignes de gouverner.

Aujourd’hui le Prince n’est plus chrétien au sens des sociétés d’Ancien Régime, mais il n’est pas non plus antichrétien. Et ce ne sont pas les catholiques modernisants qui imposeront presque seuls, aujourd’hui, la fiction d’une sphère publique neutre en matière de laïcité. Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, les catholiques "virtuoses" laïco-démocrates sont justement les moins capables de donner une orientation chrétienne à l'action politique, en Italie et en Europe. Pendant la période conciliaire ils avaient trop compté, pour assurer la légitimité des chrétiens à exister, sur une interpénétration entre christianisme et modernité qui idéalisait le Moderne comme nouveau christianisme transfiguré et accompli.

Dans un contexte religieux et civil comme celui de l’Italie, l’Église enseignante est appelée à agir politiquement comme dans la situation paradoxale d’un nouveau christianisme post-séculier. Elle ne devra pas agir par l’intermédiaire de mouvements "virtuoses" mis à l’œuvre au temps du libéralisme et des totalitarismes (des mouvements qui se sont ensuite opposés à la hiérarchie sur le terrain théologico-politique), mais sur un terrain global de propositions, de négociations, de consultations, et même de commandement nécessaire. Je dis global parce que, sans cette ampleur qui permet de toucher tout le monde, l’influence catholique sur l'homme ordinaire (c’est-à-dire, bien souvent, le catholique ordinaire) restera limitée aux sentiments de solidarité des petites communautés que sont les paroisses et les organisations et l’Église enseignante ne réussira pas à formuler des positions rationnelles à la hauteur du bien commun. Elle risque d’obtenir aujourd’hui, dans la sphère publique, moins que l’"action catholique" dans la période précédente.

Résumons-nous. Primo : l'image d’un parlement et d’un gouvernement "sans catholiques", et donc d’une Église sans représentants politiques, repose sur un diagnostic erroné. Secondo : l’intelligentsia catholique à racines post-conciliaires et démocrates-chrétiennes est largement absorbée par la constellation des gauches laïques radicales, avec des formes différenciées de culture d’opposition. Tertio : la hiérarchie et les catholiques qui font entendre la voix de l’Église doivent redéfinir les canaux et codes d’une communication politique qui touche tout le peuple chrétien. Et ce avec une classe gouvernementale "catholique" mais pas d’"action catholique".

L’homélie prononcée par Benoît XVI le 7 septembre 2008 à Cagliari, où il a fait appel à une "nouvelle génération" d’hommes politiques catholiques  Homélie du Saint-Père

Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

Benoît XVI à Cagliari en Sardaigne - le 07 septembre 2008

Nouveau: conseils aux personnes qui désirent recevoir les actualités ou consulter le site régulièrement:  ICI


 

Sources : La chiesa.it
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M. sur Google actualité) - 11.09.2008 - T/International/Italie - T/Église

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante