Homélie du pape Benoît XVI à Terreiro
do Paço de Lisbonne |
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Le 11 mai 2010
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(E.S.M.)
- En fin d'après-midi, le pape Benoît XVI a célébré la messe sur
la place du
Terreiro do Paço,
à Lisbonne.
Voici l'homélie
que le
Saint-Père a
prononcée devant
près de 200.000
fidèles.
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Le pape Benoît XVI
Homélie du pape Benoît XVI à Terreiro
do Paço de Lisbonne
Le 11 mai 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- A 17 h 30 hier, le Pape a gagné en voiture panoramique la Place du Palais,
où le Maire de Lisbonne lui a remis les clefs de la ville avant la
célébration de la messe en présence de 200.000 personnes. A l'homélie, il a
rappelé que d'ici sont parties des générations et des générations de
chrétiens vers les quatre coins du monde.
Terreiro do Paço de Lisbonne
Mardi 11 mai 2010
Chers Frères et Sœurs,
Chers jeunes amis!
« Allez donc ! de toutes les nations faites des disciples, […] apprenez-leur
à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec
vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20). Ces paroles du
Christ ressuscité revêtent une signification particulière en cette ville de
Lisbonne, d’où sont parties en grand nombre des générations et des
générations de chrétiens – évêques, prêtres, personnes consacrées et laïcs,
hommes et femmes, jeunes et moins jeunes –, obéissant à l’appel du Seigneur
et armés simplement de cette certitude qu’il leur a laissée : « Moi, je suis
avec vous tous les jours ». La place que le Portugal s’est acquise parmi les
nations pour le service offert à la diffusion de la foi est glorieuse : dans
les cinq parties du monde, il y a des Églises locales qui ont tiré leur
origine de l’action missionnaire portugaise.
Dans le passé, votre départ à la recherche des autres peuples n’a ni empêché
ni détruit les liens avec ce que vous étiez et croyiez, au contraire, avec
sagesse chrétienne, vous avez réussi à transplanter expériences et
particularités, en vous ouvrant à la contribution des autres pour être
vous-mêmes, dans une apparente faiblesse qui est une force. Aujourd’hui, en
participant à l’édification de la Communauté européenne, vous apportez la
contribution de votre identité culturelle et religieuse. En effet, de même
que Jésus Christ s’est joint aux disciples sur la route d’Emmaüs, de même
marche-t-il aussi avec nous selon sa promesse : « Je suis avec vous tous les
jours jusqu’à la fin du monde ». Même si elle est différente de celle des
Apôtres, nous avons nous aussi une expérience vraie et personnelle du
Seigneur ressuscité. La distance des siècles est dépassée et le Ressuscité
se présente vivant et agissant, par notre intermédiaire, dans l’aujourd’hui
de l’Église et du monde. C’est cela notre grande joie. Dans le fleuve vivant
de la Tradition ecclésiale, le Christ ne se trouve pas à deux mille ans de
distance, mais il est réellement présent parmi nous et il nous offre la
Vérité, il nous donne la lumière qui nous fait vivre et trouver le chemin
vers l’avenir.
Présent dans sa Parole, dans l’assemblée du peuple de Dieu avec ses Pasteurs
et, de façon éminente, dans le sacrement de son Corps et de son Sang, Jésus
est ici avec nous. Je salue Monsieur le Cardinal Patriarche de Lisbonne, que
je remercie pour les paroles affectueuses qu’il m’a adressées, au
commencement de la célébration, au nom de sa communauté qui m’accueille et
que je porte dans mon cœur avec ses presque deux millions de fils et de
filles ; à vous tous ici présents – bien-aimés Frères dans l’épiscopat et
dans le sacerdoce, chères personnes consacrées et laïcs engagés, chères
familles et jeunes, baptisés et catéchumènes – j’adresse mon salut fraternel
et amical, que j’étends à tous ceux qui se trouvent unis à nous par la radio
et la télévision. Je remercie vivement Monsieur le Président de la
République pour sa présence ainsi que les autres Autorités, en particulier
Monsieur le Maire de Lisbonne, qui m’a courtoisement remis les clés de la
ville.
Lisbonne mon amie, port et abri de tant d’espérances qui t’étaient confiées
par celui qui partait et que désirait celui qui te rendait visite,
j’aimerais aujourd’hui me servir de ces clés que tu m’a remises pour que tu
puisses fonder tes espérances humaines sur l’Espérance divine. Dans la
lecture qui vient d’être proclamée, tirée de la Première Lettre de saint
Pierre, nous avons entendu : « Voici que je pose en Sion une pierre
angulaire, choisie, précieuse, et celui qui se confie en elle ne sera pas
déçu ». Et l’Apôtre explique : Approchez-vous du Seigneur, il est « la
pierre vivante, rejetée par les hommes, mais que Dieu a choisie parce qu’il
en connaît la valeur » (1 P 2, 6.4.). Frères et sœurs, celui qui croit en
Jésus ne sera pas déçu : il est la Parole de Dieu, qui ne se trompe pas et
ne peut pas nous tromper. Parole confirmée par une « foule immense, que nul
ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues
» contemplée par l’auteur de l’Apocalypse « en vêtements blancs, avec des
palmes à la main » (Ap 7, 9). Dans cette foule immense il n’y a pas
seulement les saints Verissimo, Maxima et Julia, martyrisés ici pendant la
persécution de Dioclétien, ou saint Vincent, diacre et martyr, patron
principal du Patriarcat ; saint Antoine et saint Jean de Brito qui sont
partis d’ici pour semer le bon grain de Dieu auprès d’autres terres et
d’autres peuples, ou saint Nuno de Santa María que, depuis un peu plus d’un
an, j’ai inscrit au livre des Saints. Mais elle est formée des « serviteurs
de notre Dieu » de tous les temps et de tous les lieux, sur le front
desquels a été tracé le signe de la croix avec « le sceau du Dieu vivant » (Ap
7, 2) : l’Esprit Saint. Il s’agit du rite initial accompli sur chacun de
nous dans le sacrement du Baptême, par lequel l’Église conduit les ‘saints’
à la lumière.
Nous savons que des enfants récalcitrants et même rebelles ne lui manquent
pas, mais c’est dans les Saints que l’Église reconnaît ses propres traits
caractéristiques et c’est vraiment en eux qu’elle savoure sa joie la plus
profonde. Ce qui les unit tous, c’est la volonté d’incarner l’Évangile dans
leur propre existence, mus par l’Esprit-Saint, âme éternelle du Peuple de
Dieu. Fixant son regard sur ses saints, cette Église locale a justement
conclu qu’aujourd’hui la priorité pastorale est de faire de chaque chrétien
une présence rayonnante de la perspective évangélique au milieu du monde,
dans la famille, dans la culture, dans l’économie, dans la politique.
Souvent nous nous préoccupons fébrilement des conséquences sociales,
culturelles et politiques de la foi, escomptant que cette foi existe, ce qui
malheureusement s’avère de jour en jour moins réaliste. On a peut-être mis
une confiance excessive dans les structures et dans les programmes
ecclésiaux, dans la distribution des responsabilités et des fonctions ; mais
qu’arrivera-t-il si le sel s’affadit ?
Pour que cela n’arrive pas, il faut de nouveau annoncer avec vigueur et joie
l’événement de la mort et de la résurrection du Christ, cœur du
christianisme, fondement et soutien de notre foi, levier puissant de nos
certitudes, vent impétueux qui balaie toute peur et toute indécision, tout
doute et tout calcul humain. La résurrection du Christ nous assure qu’aucune
puissance adverse ne pourra jamais détruire l’Église. Par conséquent notre
foi a un fondement, mais il faut que cette foi devienne vie en chacun de
nous. Il y a donc un vaste effort capillaire à accomplir afin que tout
chrétien se transforme en témoin capable de rendre compte à tous et toujours
de l’espérance qui l’anime (cf. 1 P 3, 15) : seul le Christ peut satisfaire
pleinement les profondes aspirations de tout cœur humain et répondre à ses
interrogations les plus inquiètes sur la souffrance, l’injustice et le mal,
sur la mort et sur la vie dans l’Au-delà.
Chers Frères et jeunes amis, le Christ est toujours avec nous et il marche
toujours avec son Église, il l’accompagne et la garde, comme il nous l’a dit
: « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).
Ne doutez jamais de sa présence ! Cherchez toujours le Seigneur Jésus,
grandissez dans l’amitié avec lui, recevez-le dans la communion. Apprenez à
écouter sa parole et aussi à le reconnaître dans les pauvres. Vivez votre
existence avec joie et enthousiasme, sûrs de sa présence et de son amitié
gratuite, généreuse, fidèle jusqu’à la mort de la croix. Témoignez à tous la
joie de sa présence forte et douce, en commençant par ceux qui ont votre
âge. Dites-leur qu’il est beau d’être l’ami de Jésus et qu’il vaut la peine
de le suivre. Par votre enthousiasme montrez que, parmi tant de modes de vie
que le monde aujourd’hui semble nous offrir – tous apparemment du même
niveau –, l’unique dans lequel se trouve le vrai sens de la vie et donc la
joie véritable et durable est de suivre Jésus.
Cherchez chaque jour la protection de Marie, Mère du Seigneur et miroir de
toute sainteté. Elle, la toute Sainte, vous aidera à être de fidèles
disciples de son Fils Jésus Christ.
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la vidéo
►
Messe en direct de la
place du palais à Lisbonne
► Message de Benoît XVI pour le 50e anniversaire de la fondation du sanctuaire du Christ Roi d'Almada

Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.05.2010 -
T/Benoît XVI
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