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Trois semaines sans « voir » le pape François
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Le 11 mars 2025 -
E.S.M.
- Il y a vingt ans, la Curie romaine s'est
retrouvée unie sous la direction douce et ferme du
cardinal doyen Joseph Ratzinger : une démonstration
éloquente d'unité et de solidité. En 2025, cependant, la question se pose : qui prend les décisions
pendant que le pape est à Gemelli ?
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Hôpital Gemelli -
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Trois semaines sans « voir » le pape François : aucun signe d'unité au sein
de l'Église 20 ans après le précédent de la mort de Wojtyla
De Francesco Antonio Grana
sur Il Fatto Quotidiano lu sur
belgicatho
Le 11 mars 2025 -
E.S.M. -
Le troupeau est dispersé. Vingt jours se sont écoulés depuis que le
pape François a été admis à la Policlinico Gemelli le 14 février
pour une pneumonie bilatérale. La Curie romaine est visiblement
confuse et mal informée, entre les bulletins médicaux qui
rapportent, comme il est naturel en pareil cas, des nouvelles
fluctuantes sur l'auguste infirme, bien que le pronostic soit
toujours resté réservé, donc avec un clair danger de mort, et les
rumeurs alarmantes qui s'intensifient de jour en jour. Depuis le 24
février, tous les soirs à 21 heures, à l'initiative de la
Secrétairerie d'État, les cardinaux résidant à Rome se réunissent
sur la place Saint-Pierre, avec des milliers de fidèles, pour
réciter le chapelet pour la santé du Pape. C'est une occasion très
utile pour les cardinaux et les évêques de se voir, une fois par
jour, et d'échanger un regard inquiet et confus et un mot sur ce qui
se passe à peu de distance du Vatican, au dixième étage de l'hôpital
Gemelli.
Depuis vingt jours, il n'y a ni photo ni audio (si ! voir
ici) du pontife le plus médiatique de l'histoire de l'Église de Rome.
Il y a même ceux qui l'ont laissé pour mort il y a quelque temps,
convaincus que le Vatican attend on ne sait quoi pour l'annoncer
officiellement. Comme si le vicaire du Christ sur terre était
comparable au roi d'Angleterre ou à une célébrité de Hollywood.
Désacralisation d'une papauté qui voulait simplement incarner le
quotidien, la plus grande réforme bergoglienne. Difficile à
reproduire car intimement lié à l'homme devenu pape en 2013. C'est
une question de style.
Mais la centralisation de François entraîne désormais une longue
période de perplexité chez ceux qui, en l'absence du pontife,
devraient prendre avec confiance les rênes de la Curie romaine et
guider leurs frères dispersés. Un peu comme ce qui s'est passé après
l'arrestation et la mort de Jésus, lorsque saint Pierre, le premier
pape, a renié trois fois le Maître et que le troupeau des dix autres
disciples (Judas Iscariote s'était pendu après avoir trahi Jésus)
s'est dispersé. La peur avait soudain détruit l'unité de ce groupe
de croyants apparemment compact.
Il y a vingt ans, le 2 avril 2005, l'Eglise de Rome vivait une page
douloureuse : la mort de Saint Jean Paul II, un père plus qu'un
Pape. Vingt-sept ans de pontificat, depuis le 16 octobre 1978, dans
un monde profondément changé sous son règne. Mais à cette époque, la
Curie romaine s'est retrouvée unie sous la direction douce et ferme
du cardinal doyen Joseph Ratzinger, devenu,
le 19 avril 2005, Benoît
XVI, successeur de Wojtyla. L'Église a donné au monde une
démonstration éloquente et crédible de son unité et de sa solidité :
le plus beau témoignage de l'héritage du pape polonais. Pas de
divisions en courants, pas de polémiques sur la gestion économique
du Saint-Siège, pas de récriminations sur la répartition des postes
de pouvoir, pas de luttes pour prendre la relève dans la salle de
contrôle, mais une maturité pour affronter une épreuve très
difficile : donner au monde le successeur de saint Jean-Paul II.
En 2025, cependant, la question se pose : qui prend les décisions
pendant que le pape est à Gemelli ? Le gouvernement de l'Église,
comme on le sait, reste fermement entre les mains de François, mais
il est évident que Bergoglio ne peut pas décider qui doit
communiquer son état, ce qui doit être communiqué et qui doit
gouverner au moins l'administration ordinaire de la Curie romaine.
Le sentiment est que nous avançons par inertie, tant que la poussée
propulsive le permettra et que les décisions prises, pour être mises
en œuvre, n'auront pas besoin de la confirmation de l'autorité
suprême, une expression curiale pour indiquer le plus haut sommet du
gouvernement ecclésial.
Au sein de la Curie romaine, il y a ceux qui continuent à animer le
débat sur la démission, ceux qui soutiennent fermement que l'on est
évêque de Rome jusqu'à la fin de sa vie, mais aussi ceux qui,
désormais découragés, attendent tristement que quelqu'un, dans la
sacristie de Saint-Pierre, appuie sur le bouton M12 du panneau qui
active la sonnerie des cloches. C'est un code éloquent car chaque
touche correspond à un mode de sonnerie différent : un tendu, pour
les jours de fête, et un martelé, pour les jours de deuil. Mais peu
de gens savent quel son correspond à M12. Il s'agit de l'annonce des
funérailles du pape. Une touche que personne, pas même les ennemis
de Bergoglio, ne veut voir enfoncée.
Le pape François : Une voix qui vient de
son lit de malade
Le premier « signe de vie » du pape François depuis son entrée à
l'hôpital le 14 février est apparu la semaine dernière, sous la
forme d'un message audio enregistré, diffusé aux fidèles rassemblés
sur la place Saint-Pierre dans la soirée du jeudi 6 mars, avant le
chapelet nocturne pour sa santé.
Aucune photo du pape à l'hôpital n'a été diffusée, et le pape n'a
jamais été vu. L'accès à sa chambre est restreint et très peu de
personnes sont autorisées à le rencontrer.
Le message du pape François a été très court, prononcé dans sa
langue maternelle, l'espagnol, d'une voix fatiguée et usée par la
maladie. Au-delà des mots de remerciement, le message témoigne de
deux choses : Le Pape François n'est vraiment pas bien, et le Pape
François n'a absolument pas l'intention de se retirer. En fait, tout
indique qu'il nourrit le désir de revenir sur scène en tant que
protagoniste.
En ces jours d'hospitalisation, le pape François n'a jamais
formellement cessé de travailler. Le pape François n'a jamais
vraiment délégué non plus. Il a toujours pris personnellement les
décisions qu'il considérait comme les plus importantes, et il n'a
jamais vraiment créé d'équipe autour de lui. Les secrétaires
particuliers ont souvent changé, de même que ceux qui constituent la
« vraie » cour papale, une série de personnages qui gravitent autour
du pape François et qui, parfois, orientent ses choix.
Maintenant que le pape est à l'hôpital, ce vide autour de lui se
fait sentir. Le pape François a voulu être un homme seul aux
commandes, sans autre intermédiaire entre lui et les décisions.
Faire entendre sa voix reflète donc plus que tout la volonté précise
du pape de rester sur place. Fatiguée et presque sans force, la voix
du Pape dit à tous qu'il est vrai que le Pape ne reviendra
certainement pas à sa vie d'avant, mais qu'il veut revenir. C'était
aussi un message à ceux qui spéculaient sur son éventuelle
renonciation à la papauté. Le pape François ne renoncera pas à sa
charge. Il veut rester jusqu'à la dernière minute.
Ensuite, il y a d'autres circonstances à prendre en compte.
Le pape François n'a jamais donné de cadre juridique à la figure du
pape émérite au cours de ces douze années, bien que Benoît XVI ait
vécu pendant près de dix ans au Vatican avec ce titre. Le pape n'a
même pas donné de cadre juridique à la question d'un éventuel « pape
empêché ». En bref, que se passerait-il si le pape, au cours de ses
séjours à l'hôpital, se trouvait dans un état physique si invalidant
qu'il ne pourrait plus gouverner ?
Il n'existe pas de règles dans l'Église qui définissent cette
éventualité, mais un groupe d'universitaires internationaux, dirigé
par le professeur Geraldina Boni, a lancé le « Progetto Canonico
Sede Romana », une plateforme pour discuter des propositions
législatives possibles à la fois pour définir la figure du pape
émérite et pour donner certaines règles dans le cas où le siège du
pape est entravé.
Il est toutefois peu probable que le pape François s'attaque à ce
vide juridique. Il ne l'a pas fait en neuf ans de cohabitation avec
le pape émérite et il est peu probable qu'il le fasse maintenant. De
même, il semble peu probable que le pape François modifie les règles
du conclave, ce que beaucoup redoutent. Le pape ne les a pas
modifiées depuis douze ans et il sait qu'un changement maintenant
reviendrait à montrer à l'opinion publique qu'il veut contrôler son
élection. Il pourrait décider de ne pas s'en préoccuper.
Mais le pape François est très sensible à l'image qu'il donnera à la
postérité.
Malgré les bulletins médicaux encourageants, il semble également que
nous manquions de temps pour une véritable réforme structurelle sur
des questions aussi importantes. Lorsque Benoît XVI a décidé de
modifier les normes du Conclave pour lui permettre de commencer
avant même les quinze jours requis à partir du début de la sede
vacante, il n'a pas été en mesure de procéder à une réforme
structurelle. Il a fait un motu proprio, avec de légères
modifications, surtout cérémonielles.
Le pape François a légiféré au moyen du motu proprio plus que tout
autre pape dans l'histoire récente. Il pourrait également suivre
cette voie dans le cas présent. Il semble toutefois peu probable
qu'il utilise le peu d'énergie dont il dispose actuellement pour
entamer une réforme qui n'aura peut-être même pas d'effets concrets.
Le pape François a déjà élargi la participation au conclave,
dépassant le plafond de 120 cardinaux établi par Paul VI et créant
des cardinaux de toutes les parties du monde, comme si toutes les
parties du monde devaient être représentées dans le collège des
cardinaux et ensuite dans le choix du nouveau pape. Le pape François
a dérogé aux règles pour élargir la base électorale sans les
changer. Il peut faire de même tant qu'il est en vie.
Si le pape gouverne et veut continuer à gouverner, pourquoi toutes
ces rumeurs sur sa démission ?
Parce que, comme toujours à la fin d'un pontificat, les choses
commencent à être redéfinies. Les cardinaux, en parlant de sa
démission, ont également fait part de leur vision de l'Église.
Certains sujets, avec le prochain pontificat, sont destinés à
prendre de l'ampleur, d'autres sont destinés à connaître un regain
d'intérêt.
La synodalité, par exemple, sera bientôt mise de côté. On reviendra
probablement à l'idée d'une présence vivante dans la société, une
Église qui sait aussi être un « guerrier culturel » pour
rétablir les vérités de la foi. Une main sera tendue aux fidèles de
la messe traditionnelle, que ce pontificat a pratiquement exilés.
Il ne s'agira pas d'une révolution ou d'une restauration. Ce sera la
recherche d'un équilibre là où les blessures ont été dures et
difficiles à guérir. Les rumeurs et les spéculations nous le disent.
Le fait que le pape François ait accepté d'envoyer un message audio
nous indique que le pape ne veut pas abandonner. Étrange situation
que celle dans laquelle se trouve l'Église aujourd'hui.
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Sources
: belgicatho
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.03.2025
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