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Benoît XVI, pape émérite, parole à la défense
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Le 11 mars 2013 -
(E.S.M.)
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S'il est vrai qu'avec sa démission, Benoît XVI a perdu toute
espèce de juridiction, cela ne signifie pas que ce faisant, il est
redevenu un simple fidèle ou, si l'on veut, un simple évêque à la
retraite.
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Le pape Benoît XVI et
Mgr Georg Gaenswein
Benoît XVI, pape émérite, parole à la défense
Le 11 mars 2013 - E.
S. M. -
Sandro Magister (vaticaniste exceptionnel, c'est une litote, mais trop
soucieux de montrer qu'il est le meilleur, et surtout très "impliqué"!) a
intitulé son
dernier billet: "Avis de danger: une Église à deux papes".
Avec, pour sous titre: Le conclave imminent va élire le nouveau
pontife. Mais il ne lèvera pas les inconnues concernant le rôle du "pape
émérite". Un grand canoniste montre les risques de cette appellation. Et des
autres équivoques qui l'entourent.
J'avoue que les subtilités juridiques autour de la renonciation de
Benoît XVI m'intéressaient médiocrement, d'autant plus que je n'y connais
pas grand chose.
Mais il semble que c'est important, et dans ce cas, il est bon qu'un
spécialiste réponde, ne serait-ce que pour désamorcer les rumeurs avec des
arguments crédibles. D'autant plus que le spécialiste n'est pas forcément un
"benoitphile" inconditionnel comme moi!
Pape émérite? par le Père Scalese
Après vingt mois de léthargie, le 'Querciolino' errant (qui depuis trois ans
est devenu presque sédentaire) fait entendre à nouveau (une seule fois ou de
façon plus assidue?) sa voix. Mais comment donc, direz-vous? Si aucun des
nombreux événements advenus en presque deux ans ne l'a tiré de son sommeil,
pourquoi réapparaît-il?
Nous vivons un moment véritablement historique, avec la renonciation de
Benoît XVI au Pontificat, et maintenant avec les mécanismes qui se sont mis
en branle pour l'élection du nouveau pape. On a beaucoup écrit au cours du
dernier mois à propos de ces événements: beaucoup de choses intéressantes,
d'autres moins. Dans tous les cas, il y a eu, et il continue d'y avoir, un
débat animé. Quel besoin, alors, d'ajouter une autre voix au chœur déjà si
nombreux qui s'exhibe ces jours-ci?
Si je parle, ce n'est que pour ajouter quelques réflexions qui, je pense,
n'ont pas encore été faites. Le problème que je voudrais aborder est de
savoir si la renonciation faite par Benoît XVI - certainement une nouveauté,
unique dans l'histoire de l'Église (les cas précédents, comme cela a été
noté par des voix autorisées, ne peuvent en aucune façon être comparés avec
le cas présent) - est un acte «révolutionnaire», un changement radical, une
rupture avec la tradition de l'Église, ou si c'est plutôt quelque chose qui
se situe, en dépit de la nouveauté objective, en continuité avec le passé,
quelque chose qui a toujours été possible, bien que presque jamais arrivé
jusqu'à présent .
Bien sûr, on pourra discuter de l'opportunité d'un geste comme celui de
Benoît XVI: chacun de nous voit les choses de son point de vue, et donc est
amené à exprimer une opinion si oui ou non il était opportun de renoncer à
la papauté. Il faudra toutefois admettre qu'en se plaçant à ce niveau, on
trouvera des raisons sans fin soit en faveur, soit contre la renonciation.
Je vais me limiter à deux arguments, tous deux valides, qui peuvent
justifier l'opportunité ou la non-opportunité du renoncement. Parmi les
nombreuses raisons qui ont été apportés pour justifier l'acte de Benoît XVI,
le plus intéressant, dans sa banalité, me semble être celui du cardinal
Georges Cottier (et aussi Herranz?), « Aujourd'hui, nous vivons longtemps
... La vigueur et la lucidité, cependant, ne sont plus là ». Au
contraire, la difficulté la plus sérieuse contre la renonciation me semble
être le risque de relativisme inhérent à la démission d'un pape. Toutefois,
il faut bien comprendre que si nous continuons dans cette voie, il y aura
toujours de nombreux arguments pour et d'innombrables arguments contre la
renonciation, sans jamais trouver l'argument qui permet de trancher. Nous
devons donc nous résigner et accepter, dans le respect absolu, le choix fait
devant Dieu, par Benoît XVI. Aucun de nous ne peut violer la conscience d'un
homme, d'autant plus s'il s'agit de la conscience du pape. Il est totalement
déplacé de porter des jugements sur son geste, d'autant plus les jugements
les plus extrêmes, tant positifs («Un geste courageux») que négatifs («Un
acte de lâcheté!»).
Cependant, si du niveau de l'opportunité on passe à celui de la légitimité,
il me semble que le discours change complètement. Si nous nous demandons si
ce qui s'est passé est légitime, c'est-à-dire juridiquement possible, je
pense qu'il ne devrait y avoir aucun doute: c'est totalement (je souligne «
totalement », voulant inclure aussi les détails) et pleinement
légitime. La possibilité de renoncement est fournie par Canon. 332 § 2:
«Dans le cas où le Pontife Romain renonce à son Office, il est nécessaire
pour la validité que la démission soit faite librement et dûment manifestée,
il n'est pas nécessaire qu'elle soit acceptée par quelqu'un». Rappelons-nous
que cette possibilité n'est pas limité en aucune façon: ne sont même pas
mentionnés, comme dans d'autres cas, des « motifs graves ». Les
seules conditions prévues pour la validité de la renonciation sont sa pleine
liberté et sa manifestation (des conditions qui, dans ce cas, ont été
pleinement respectées.) Cela devrait nous rassurer et nous libérer
complètement du soupçon que, avec le conclave à venir, on pourrait procéder
à l'élection d'un « anti-pape ».
Si la légitimité juridique de la renonciation, il n'y a aucun doute, vu
qu'elle est expressément prévue par le droit canonique, peut-on en dire
autant des décisions prises concernant les implications pratiques de la
renonciation, implications non prévues par le droit, s'agissant d'une
situation totalement nouvelle? Je fais allusion au fait que Benoît XVI a
décidé de continuer à utiliser ce nom, de prendre pour lui-même le titre
inédit de « Pape émérite » ou « Pontife romain émérite », de
conserver le titre de «Sa Sainteté» et de continuer à porter la soutane
blanche. Bien que sur ces aspects, il n'existe aucun point de référence
objectif, il me semble que, même dans ces cas, on ait agi dans la plus
complète correction juridique.
La question centrale est celle de ce titre de «Pape émérite», contesté par
certains avec la motivation surprenante ... qu'il ne peut exister aucun Pape
émérite: ou bien on est Pape, ou bien on ne l'est pas. En effet. Mais un
pape émérite n'est plus pape. Il n'est qu'un pape ... émérite. Que signifie
« émérite »? Le canon 185 l'explique: «A celui qui perd son office en
raison de l'âge ou de la démission acceptée, peut être conféré le titre
d'émérite». A noter: nous ne parlons pas des évêques (auxquels se réfère le
canon 402), mais de la «perte d'un office ecclésiastique», de n'importe quel
office ecclésiastique. Le pontificat suprême est-il ou n'est-il pas un
office ecclésiastique? Si. Benoît XVI, avec sa démission, a-t-il, ou
n'a-t-il pas perdu son Office? Si. Peut-il oui ou non prendre le titre de «
Pape émérite »? Conformément au canon 185, on pourrait dire, oui. Ce
titre ne signifie pas que Benoît XVI est encore pape, seulement qu'il a été
pape (et cela, personne ne peut le nier).
Il a été fait une analogie avec les évêques, et il a été dit que l'évêque
émérite continue d'être évêque. Bien sûr, mais son titre n'est pas
simplement «évêque émérite», mais évêque émérite d'un siège déterminé:
«L'évêque, dont la démission de son office a été acceptée, détient le titre
de émérite du diocèse» (can. 402 § 1). L'adjectif «émérite» ne se réfère pas
spécifiquement à «évêque», mais à l'office que cet évêque avait d'être
pasteur d'un diocèse particulier.
Quelqu'un (par exemple, le père Gianfranco Ghirlanda, sur Civiltà Cattolica)
avait suggéré d'adopter, en fait, le titre d' «Evêque émérite de Rome». Avec
tout le respect dû à ceux qui ont soutenu cette thèse, je demande: quel est
le titre de l'évêque de Rome? «Pape». Si, donc, on peut dire (et
certainement on peut le dire) «Evêque émérite de Rome», pourquoi ne
pourrait-on pas dire «Pape émérite»? A plus forte raison, on pourra
utiliser l'expression «Pontife romain émérite» (notons qu'il n'a jamais été
question de «Souverain Pontife émérite»), puisque Romanus Pontifex
n'est rien de plus que le correspondantlatin d'«évêque de Rome» .
Mais je soupçonne que, derrière cette querelle canonique, se cache une
vision théologique erronée du ministère pétrinien. On croit comprendre que,
selon certains, le Successeur de Pierre a un double office, celui d'Évêque
de Rome et celui de pape, entendant ce terme comme synonyme de «pasteur
suprême de l'Église universelle», comme si l'on pouvait exercer seulement un
de ces deux offices séparément de l'autre. C'est tout simplement absurde.
C'est l'évêque de Rome qui, en tant que tel, doit exercer le primat sur
l'Église tout entière. Le terme «Pape» n'indique pas un office en plus de
celui d'évêque de Rome, mais est tout simplement le titre de l'Évêque de
Rome.
Quelqu'un a contesté également le maintien du nom «Benoît XVI», faisant
valoir qu'il faudrait à nouveau appeler Benoît XVI «Le cardinal Ratzinger»,
supposant qu'un pape qui a démissionné redevient cardinal. Et où est-ce
écrit? Il est vrai qu'historiquement, c'est déjà arrivé, mais cela ne
signifie pas que cela doit être fait automatiquement. Le cardinal Ratzinger,
devenu Pape, a cessé d'être un membre du Sacré Collège; pour y revenir, il
devrait à nouveau être fait Cardinal par son successeur, mais cela me
semblerait quelque chose de complètement hors de propos. Je ne vois pas où
est le scandale si, une fois renoncé à son office, Benoît XVI conserve le
nom assumé le jour de l'élection au Pontificat. Un roi, quand il a abdiqué,
ne conserve-t-il pas le nom qu'il avait lorsqu'il régnait?
Le reste (le titre de «Sa Sainteté», l'habit blanc) vient tout seul. Il est
normal que ceux qui ont bénéficié d'un certain titre, le conservent même
après la perte de l'office. Dans mon ordre religieux, le Supérieur général a
le droit d'être appelé «Révérendissime», un titre qu'il conserve le reste de
ses jours, même après la fin de son mandat. Du reste, nous avons commencé à
appeler «Votre Sainteté», même certains Patriarches orientaux
non-catholiques; et nous ne devrions pas appeler «Sainteté» le pape émérite?
Sur la soutane blanche, je ne pense pas qu'il puisse y avoir de problème:
Moi aussi, quand j'étais en mission, je l'utilisais (et je continue de
l'utiliser sur la photo sur ce blog, car c'est une expérience qui a marqué
ma vie). En fait, je ne verrais rien d'étrange (bien que je ne pense pas que
cela se produira) si Benoît XVI assistait, en habit de chœur, à une
célébration du nouveau Pape, comme cela se passe normalement dans les
diocèses avec les évêques émérites.
Je voudrais terminer par une réflexion.
Je pense que la renonciation de Benoît XVI à la papauté nous oblige à un
approfondissement du rôle du pape. Lui-même nous aide à le faire. Dans la
dernière audience générale, il a déclaré: « Le "toujours" est aussi un
"pour toujours" - il n'y a plus de retour vers le privé. Ma décision de
renoncer à l'exercice du ministère actif, ne révoque pas cela. Je ne
retourne pas à la vie privée, à une vie de voyages, réunions, réceptions,
conférences, etc. Je n'abandonne pas la croix, mais je reste de façon
nouvelle auprès du Seigneur crucifié. Je ne porte plus le pouvoir d'office
pour le gouvernement de l'Eglise, mais au service de la prière je reste,
pour ainsi dire, dans la cour de Saint-Pierre» (Audience
Générale de Benoît XVI, immense émotion ! - 27.02.2013).
S'il est vrai qu'avec sa démission, Benoît XVI a perdu toute espèce de
juridiction, cela ne signifie pas que ce faisant, il est redevenu un simple
fidèle ou, si l'on veut, un simple évêque à la retraite. On doit comprendre
que le ministère pétrinien ne se réduit pas à l'exercice de l'autorité, mais
a une dimension spirituelle (le «Service de la Prière»), qui se poursuit
au-delà de la renonciation: c'est ce que Benoît XVI veut exprimer par sa
retraite en clôture, avec son «gravir la montagne» pour prier pour l'Eglise.
L'Eglise on la sert, oui, en la gouvernant, mais aussi, et peut-être
surtout, en priant pour elle. L'endroit-même , qu'il a choisi pour offrir ce
service («la cour de Saint-Pierre»), indique la continuité entre l'avant et
l'après la renonciation. Peut-être le titre de «Pape émérite» veut-il aussi
exprimer cette continuité.
Sources : Benoit-et-moi
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.03.2013 - T/Benoît XVI
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