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19 Avril 2005
 

L’impossible négationnisme

 

Le 11 février 2009  - (E.S.M.) - Après Jean-Paul II, Benoît XVI n’a jamais cessé de dire sa solidarité avec les juifs. Lui qui, à peine élu pape, a suspendu la béatification du père Léon Dehon à cause de ses écrits antisémites, voit dans la mémoire de la Shoah l’occasion d’une réflexion sur « la puissance du mal lorsqu’il s’empare du cœur de l’homme ».

Jean-Dominique Durand Professeur d’Histoire contemporaine, Université de Lyon 3
Consulteur du Conseil pontifical de la Culture 

L’impossible négationnisme

Le 11 février 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Par Jean-Dominique Durand, professeur d’Histoire contemporaine, à l’Université de Lyon 3, et consulteur du Conseil pontifical de la Culture.

L’Europe et le monde chrétien ne pourront jamais aborder la Shoah comme un événement quelconque de son histoire, parce que, pensée, préparée et mise en œuvre dans un pays, sur un continent aux racines chrétiennes, qui se pensait comme chrétien, se trouve au cœur de son histoire. L’Europe et le monde chrétien ne pourront jamais oublier ni banaliser, parce que, comme l’a dit Jean-Paul II en mars 2005 à l’occasion du 60° anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau « personne n’a le droit de passer avec indifférence devant la tragédie de la Shoah. Cette tentative de destruction systématique de tout le peuple juif reste comme une ombre sur l’Europe et sur le monde entier ; c’est un crime qui marque pour toujours l’histoire de l’humanité ». Reprenant une idée déjà exprimée depuis sa visite à la synagogue de Rome en 1986, il insiste sur l’impossibilité pour l’Église de ne pas s’interroger simultanément sur la nature de la Shoah et sur le fait qu’elle ait eu lieu en Europe, dans des pays d’antique civilisation chrétienne : l’Église ne peut échapper à un douloureux et nécessaire examen de conscience sur la relation entre le génocide perpétré par les nazis et l’attitude, au fil des siècles, des chrétiens envers les juifs.

Comme l’a noté Bernard Delpal qui travaille en historien sur le rapport des Églises à la mémoire de la Shoah, pour recevoir ce message pontifical, l’Église a dû parcourir un chemin long et difficile. Il commence, au lendemain de la guerre, par les appels d’intellectuels catholiques (Maritain, Claudel, Mauriac) et juifs (Jules Isaac) au Saint-Siège et aux épiscopats nationaux pour qu’ils sortent du silence qui a prévalu pendant les hostilités, et s’interrogent sur les terribles responsabilités de l’enseignement du mépris dans le déroulement de la « Catastrophe ».

Le tournant se produit vraiment avec la déclaration Nostra Aetate de Vatican II. Ce texte fit l’objet d’un combat acharné de la part de la minorité conduite par Mgr Lefebvre : les intégristes ne se trompaient : le rapport avec le judaïsme était bien la question centrale. Ce texte n’aborde pas la Shoah, mais, comme l’a écrit Denis Pelletier dans La Croix (3 février), il rompt avec « une rhétorique antisémite », et il enclenche un processus radical sous le pontificat de Jean-Paul II. Le pape demande pardon à Dieu et aux juifs à Jérusalem en 2000, et fait de la repentance un élément central de l’année jubilaire pour permettre à l’Église de franchir le seuil du nouveau millénaire en ayant confessé ses erreurs et péchés. Parmi ceux-ci, l’antisémitisme est à éradiquer absolument. L’Église met ainsi un terme au silence qui a longtemps retardé la connaissance de la Shoah et de son sens profond pour le monde juif. La repentance assumée à l’aube du IIIème millénaire contribue à placer la Shoah au cœur de l’histoire contemporaine, et bouleverse les relations entre catholicisme et judaïsme, rassuré par la volonté catholique affirmée par le pape et par tant d’évêques, et notamment par l’épiscopat français, de combattre toute forme d’antisémitisme, d’antijudaïsme ou de négationnisme. Après Jean-Paul II, Benoît XVI n’a jamais cessé de dire sa solidarité avec les juifs. Lui qui, à peine élu pape, a suspendu la béatification du père Léon Dehon à cause de ses écrits antisémites, voit dans la mémoire de la Shoah l’occasion d’une réflexion sur « la puissance du mal lorsqu’il s’empare du cœur de l’homme ».

Après tant d’initiatives, et avec le souvenir des conséquences d’un antisémitisme trop facilement et complaisamment camouflé en antijudaïsme religieux, l’antisémitisme chrétien, si évidemment opposé à l’enseignement du Christ, semblait appartenir au passé, il paraissait impossible, tout comme le négationnisme. On pouvait penser que « les assassins de la mémoire », selon la belle expression de Pierre Vidal-Naquet, se recrutaient dans des milieux marginaux, liés aux extrêmes (de droite et de gauche). Le choc est donc rude. Les déclarations d’un évêque et de quelques prêtres, fussent-ils intégristes, qui se disent nourris de l’Évangile, montrent la permanence dans le catholicisme, malgré la terrible leçon de l’histoire, malgré les claires prises de position des papes, d’un antisémitisme militant qui n’hésite pas à s’appuyer sur les mensonges odieux du négationnisme, dans un mépris absolu pour les témoins comme pour les recherches historiques. L’antisémitisme reprend de la vigueur dans toute la société comme le montrent bien des épisodes récents, il est vivant, il se diffuse comme une mauvaise herbe qui semble résister à tous les désherbants et revient toujours.

Pour les chrétiens, la responsabilité est grande : Toute faiblesse ici est incompatible avec la nature même de l’Église aussi bien qu’avec la mémoire de la Shoah et l’héritage du Concile et du pontificat de Jean-Paul II.

Jean-Dominique Durand
Professeur d’Histoire contemporaine, Université de Lyon 3
Consulteur du Conseil pontifical de la Culture

 

Sources : lyon.catholique

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 11.02.2009 - T/Eglise

 

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