Jean-Paul II et le défi missionnaire du
Troisième Millénaire : L'Asie |
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Rome, le 10 décembre 2007 -
(E.S.M.) - L'Asie, avec ses communautés
catholiques qui, souvent n'arrivent même pas à représenter 1% de la
population, est pour beaucoup, «la périphérie» de l'Eglise. Pour
Jean-Paul II, en revanche, elle représentait le défi le plus important
pour l'Eglise du Troisième Millénaire.
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Le pape Jean Paul II en Asie
Jean-Paul II et le défi missionnaire du Troisième Millénaire : L'Asie
L'Asie, avec ses communautés catholiques qui, souvent n'arrivent même pas à
représenter 1% de la population, est pour beaucoup, «la périphérie» de l'Eglise.
Pour Jean-Paul II, en revanche, elle représentait le défi le plus important
pour l'Eglise du Troisième Millénaire. Le RP Angelo Campagnoli,
missionnaire du PIME depuis 47 ans et se trouvant en Thaïlande depuis 1972,
où il «enseigna le thaï» à Jean-Paul II, raconte sa singulière expérience...
«Dans l'Eglise, Sacrement universel du Salut, Institut pontifical des
Missions Etrangères, ainsi que cela est explicité dans l'article 1 de ses
Constitutions - reconnaît comme fin propre l'activité missionnaire et en
particulier l'évangélisation des peuples et des groupes n'étant pas encore
chrétiens».
Père Angelo, que signifie être missionnaire?
Etre missionnaire,
tout d'abord, c'est avoir compris quelque chose de sa vocation chrétienne.
Le Concile Vatican II a été clair: on ne peut être chrétien si on ne sent le
besoin de partager avec d'autres sa foi au Christ, unique Sauveur. « Annoncer
l'Evangile en effet n'est pas pour moi un titre de gloire; c'est une
nécessité qui m'incombe... » (1 Cor 9, 16-17). Nous proposons, la foi ne peut
être imposée à personne. Aujourd'hui,
on ne peut plus faire de mission sans dialogue. Je me réfère au dialogue de
la vie, de la rencontre, non pas à celui à caractère formel.
Quelles sont les différences les plus significatives entre la mission du
passé et celle du temps présent?
Aujourd'hui, l'idée de «conquête» n'existe plus. Les commissions créées en
1600 ont été abolies après le Concile Vatican II. Le monde, désormais, est
divisé en diocèses et la mission est confiée au clergé local, aux évêques,
et non plus aux différents instituts. Aujourd'hui, se rencontrent moins de
difficultés à caractère pratique, mais non moins de caractère psychologique,
culturel et spirituel. L'insertion dans une autre culture, en effet,
nécessite une «déculturation», c'est-à-dire la mise de côté de tout ce qui
n'est pas essentiel en
vue de la communication de l'Evangile, comme certains modes erronés de
l'interpréter et de le vivre, par exemple. Après la déculturation, il est
possible de réaliser une acculturation, en cherchant de reconnaître la
présence de Dieu là où elle se manifeste en des termes qui nous sont
inconnus. Seulement dans un dernier temps, il est possible de tenter d'inculturer
le message évangélique du salut.
Comment sont accueillis les missionnaires en Thaïlande?
Les traditions religieuses, liées à la culture et à la politique du pays,
font du christianisme une religion étrangère. Ceux qui le connaissent, nous
accueillent comme pères dans la foi; les autres reconnaissent l'engagement
social, éducatif et en matière d'assistance. Les fonctionnaires du
gouvernement manifestent eux aussi de l'estime à notre égard en nous
accordant des permis de résidence. Voici quelques
temps, une catégorie de missionnaires était sous la protection du
sous-ministère de la religion en tant qu'«aide à la moralité du peuple».
Nous sommes acceptés pour ce que nous faisons d'utile ou dans une
indifférence tolérante.
Dans le but d'approcher le Christ aux cultures de l'Asie., Jean-Paul II a
appris des phrases en hindi, en philippin, en chinois et, grâce à votre
aide, mon Père, en thaïlandais...
En vue de son voyage pastoral en
Thaïlande, Jean-Paul II me demanda de lui enseigner quelques phrases dans la
langue locale afin de sympathiser avec les gens. «Saint Père - lui
recommandai-je - à la phrase "le Pape aime la Thaïlande", il y a le risque
qu'en revanche de «Muang thai» (Thaïlande) il vous échappe «Man thai»
(«patate morte»)...»
Le 10 mai 1984, au stade de Bangkok, lieu de la Messe
dédiée à la paix dans
le monde, face à 50.000 fidèles, le Pape commença par une expression en thaï
équivalent à «Loué soit Jésus Christ» pour continuer avec la fameuse phrase
«Le Pape aime la Thaïlande» mais qui résonna plus comme «patate morte»! Il
se corrigea immédiatement et l'Asie de la componction et du ritualisme, du
détachement et du silence fit écrouler le stade par ses cris de joie.
Jean-Paul II se montra vivement intéressé à connaître votre expérience
missionnaire en Thaïlande. De quoi vous rappelez-vous de ce colloque avec
lui?
Le Pape me demanda ce que je faisais avec les Thaï et combien j'en
avais converti en 12-13 ans de présence. J'étais indécis: 7 ou 8. «Et les
zéros?» me lança-t-il. «Non, il n'y en a pas». «Mais qu'est-ce que tu fais
là!?!» fut la réponse d'une logique terrible. Je fus touché au vif et je lui
décrivis ma vie parmi
les gens, impossibles à convertir selon les paramètres officiels, parce que
le bouddhisme forme un tout unique avec la culture, la tradition, les fêtes,
le style ordinaire de la vie. Le Pape était à la fois diverti et préoccupé.
Alors, je lui demandai: « J'ai tout raté? S'ils ne se convertissent pas, je
dois m'en aller ». Et lui, frappant du poing sur la table répondit: «Non, pas
du tout! Continue à faire ce que tu fais même s'il n'y a pas de conversions
et fait en sorte que d'autres fassent comme toi, parce que cela est une
vraie mission ». Entendre prononcer ces paroles par le Pape a été le plus
grand encouragement de ma vie. Je ne pouvais pas en attendre de meilleur si
ce n'est dans le cas d'une apparition directe de Jésus-Christ.
Habitée par deux tiers de la population mondiale, avec 50% déjeunes, l'Asie
est le continent de l'avenir. Père Angelo, en 1972, vous avez été chargé par
l'Evêque de Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, de diriger I'école
«Anges gardiens» dans la petite ville de Phrae. L'école «Anges gardiens» a
été, pendant 25 ans, l'objet principal de mon activité et de la
collaboration de nombreux amis italiens: plus de 2.000 élèves, dont la
majeure partie bouddhistes, quelques hindous et musulmans. Les catholiques
n'arrivaient pas à 50. A mes amis thaï, je déclarai que notre école retenait
tout homme image de Dieu et que chaque individu était un être unique et
irremplaçable, ayant des caractéristiques propres qui en font un «moi»
exclusif. Eduquer signifiait donc, pour moi, découvrir et réaliser ce «moi»
exclusif, n'ayant jamais existé auparavant. Cette affirmation démentait leur
théorie de la réincarnation mais, dans la pratique, affirmait et
garantissait le plus grand respect, de notre part, de la dignité de leurs
enfants, nos élèves. C'est ainsi que nous avons conquis leur estime et leur
confiance. L'école «Anges gardiens», en effet, est confiée, désormais depuis
quatre ans, à un prêtre et à des sœurs «thaï», selon le style du PIME qui,
une fois les infrastructures suffisantes et la gestion devenue autonome,
cède le tout à l'Eglise locale.
Père Angelo, vous étiez présent également avec les premiers secours post
tsunami à Phuket. Le recueil de fonds promu en faveur de la Thaïlande, avec
une donation totale de 150.000 € apporté à la reconstruction de maisons,
d'écoles et de petits commerces...
Les œuvres ont été seulement une conséquence de l'annonce du message du
salut.
Comment réagissez-vous face aux inévitables difficultés de la mission?
Je me mets en prière devant le tabernacle, seul, le soir si possible et je
Lui dis: «Mon vieux, je ne l'ai pas inventé moi, la mission... C'est Toi qui
as dit: « Allez et annoncez l'Evangile à toutes les créatures »
(Me 16, 15).
Ici nous avons des problèmes. S'ils ne T'intéressent pas, je ne peux rien y
faire... » Le lendemain matin, parfois, je trouve la solution ou j'essaie
d'accepter le problème comme faisant partie intégrante de la mission. Et il
est bien de se rappeler ce qui est écrit dans la
Redemptoris Missio par
Jean-Paul II: « Nous ne sommes pas les acteurs de la mission mais l'acteur de
la mission est Jésus- Christ et son Esprit ».
Jean-Paul II, premier Pape à canoniser des martyrs asiatiques, en 1983,
béatifia le premier missionnaire martyr du PIME, Giovanni Mazzucconi. Quelle est la
relation entre la mission et le martyr?
Le bienheureux Giovanni Mazzucconi, avant de partir pour l'Océanie, écrivit
une prière comme acte de don total, jusqu'au martyr. Il priait ainsi:
«Bienheureux le jour où il me sera donné de souffrir beaucoup pour une cause
aussi sainte... mais bien plus heureux encore le jour où je serais trouvé
digne de répandre mon sang pour elle...». Tout missionnaire du PIME récite
cette prière quand il reçoit le crucifix, avant de partir. Elle se veut être
notre programme de vie. En 1960, avant de partir pour la Birmanie, j'ai eu
la grâce de la lire, au nom de tous, en présence de Mgr Civelli, l'Evêque
chassé de Chine. Le martyr est le témoignage suprême, le plus grand que Dieu
puisse demander. Si le missionnaire l'excluait, il ne pourrait être tel. La
prière de Jean-Paul II dans son Exhortation apostolique
Ecclesia in Asia révèle le lien profond entre mission et martyr: « Le sang des martyrs de
l'Asie soit, aujourd'hui et à tout jamais, semence de la vie nouvelle pour
l'Eglise dans tous les coins du Continent ».
Le 21 octobre, s'est tenue la Journée missionnaire mondiale 2007 qui a pour
thème: « Toutes les Eglises pour le monde entier
» ... Pour lire le message du saint Père
Benoît XVI à cette occasion ►
Message
Il s'agit d'une invitation lancée aux Eglises locales de tous les Continents
afin qu'elles prennent conscience de la nécessité de relancer l'action
missionnaire face aux multiples et graves défis de notre temps. L'annonce de
l'Evangile continue à revêtir les caractères de l'actualité et de l'urgence.
Domitia Caramazza
Sources: Totus Tuus
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.12.2007 - BENOÎT XVI
- Jean Paul II |