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Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid
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Le 10 juillet 2011 -
(E.S.M.)
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Il y aura une nouveauté au programme des prochaines Journées Mondiales de la
Jeunesse: le pape administrera le sacrement du pardon. Avec le Fils de Dieu
"descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché"
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Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid
par Sandro Magister
Le 10 juillet 2011 - E.
S. M. -
Ce n’est pas Benoît XVI qui a inventé les Journées
Mondiales de la Jeunesse, mais son prédécesseur.
Toutefois le pape Joseph Ratzinger y a introduit deux nouveautés très
remarquables.
La première à Cologne, pendant l’été 2005. Au moment culminant de la veillée
nocturne, il s’était agenouillé devant l’hostie consacrée. Longuement et en
silence. Des centaines de milliers de jeunes avaient été touchés par ce
geste d’adoration.
Depuis ce jour, avec le pape Benoît XVI, l'adoration eucharistique
silencieuse est devenue une constante des Journées Mondiales de la Jeunesse,
mais également d’autres rassemblements de masse tels que, par exemple, la
veillée à Hyde Park, à Londres, le 18 septembre 2010.
La seconde nouveauté, elle, aura lieu à Madrid, le matin du 20 août
prochain, dans le parc du Buen Retiro. Au cours de la 26me Journée Mondiale
de la Jeunesse qui se dérouleront dans la capitale de l’Espagne, le pape
administrera le sacrement de confession en public, pendant une heure, avant
de célébrer la messe à la cathédrale.
Pour être tout à fait exact, les confessions font partie du programme des
Journées Mondiales de la Jeunesse depuis celles de Rome en 2000, qui avaient
vu le Circo Massimo devenir pendant plusieurs heures le plus grand
confessionnal à ciel ouvert ayant existé de mémoire d’homme.
Mais jamais, jusqu’à présent, le pape n’avait confessé en personne des
jeunes, pendant une Journée Mondiale de la Jeunesse.
Jean-Paul II avait l’habitude de prendre place pendant quelques heures dans
le confessionnal de la basilique Saint-Pierre une fois par an, le mercredi
saint.
Benoît XVI n’a réitéré ce geste que deux fois jusqu’à présent, lors de deux
célébrations pénitentielles avec les jeunes du diocèse de Rome, à la
basilique Saint-Pierre, le jeudi avant le dimanche des Rameaux, le 29 mars
2007 et le 13 mars 2008.
Mais le sacrement de confession est indiscutablement au cœur de sa
pastorale.
Il en a parlé à maintes reprises. Surtout aux prêtres. À l’occasion de
l'Année Sacerdotale qu’il avait proclamée pour 2009-2010, il leur avait
proposé comme modèle le Curé d'Ars, un saint qui passait chaque jour une
dizaine d’heures dans son confessionnal pour entendre les pénitents qui
venaient à lui, humble curé de campagne, de la France entière.
Pour ne citer que deux de ses rappels à ce sujet, Benoît XVI a consacré au
sacrement de confession la totalité du discours qu’il a adressé à la
Pénitencerie Apostolique le 11 mars 2010 :
►"Chers
amis..."
Et dernièrement, il a commencé son homélie pour la fête des saints Pierre et
Paul de cette année, qui coïncidait avec le soixantième anniversaire de son
ordination sacerdotale, justement en parlant du sacrement du pardon :
"Chers frères et sœurs, « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis !»
(cf. Jn 15, 15). À soixante années du jour de mon ordination sacerdotale,
j’entends encore résonner en moi ces paroles de Jésus, que notre grand
archevêque, le cardinal Faulhaber, nous adressa à nous, les nouveaux
prêtres, d’une voix désormais un peu faible et cependant ferme, à la fin de
la cérémonie d’ordination. Selon le déroulement liturgique de l’époque,
cette acclamation signifiait alors aux nouveaux prêtres l’attribution
explicite du mandat pour remettre les péchés. «Non plus serviteurs, mais
amis» : je savais et j’avais conscience qu’à ce moment précis, ce n’était
pas seulement une parole rituelle, ni une simple citation de la Sainte
Écriture. J’avais conscience qu’à ce moment-là, le Seigneur Lui-même me
l’adressait de façon toute personnelle. Dans le baptême et dans la
confirmation, Il nous avait déjà attirés vers Lui, Il nous avait déjà
accueillis dans la famille de Dieu. Mais ce qui arrivait à ce moment-là
était quelque chose de plus encore. Il m’appelle ami. Il m’accueille dans le
cercle de ceux auxquels il s’était adressé au Cénacle. Dans le cercle de
ceux qu’Il connaît d’une façon toute particulière et qui sont ainsi amenés à
Le connaître de façon particulière. Il me donne la faculté, qui fait presque
peur, de faire ce que Lui seul, le Fils de Dieu, peut dire et faire
légitimement : Moi, je te pardonne tes péchés. Il veut que moi – par son
mandat – je puisse prononcer avec son « Je » une parole qui n’est pas
seulement une parole mais plus encore une action qui produit un changement
au plus profond de l’être. Je sais que, derrière cette parole, il y a sa
Passion à cause de nous et pour nous. Je sais que le pardon a son prix :
dans sa Passion, Lui-même est descendu dans la profondeur obscure et sale de
notre péché. Il est descendu dans la nuit de notre faute et c’est seulement
ainsi qu’elle peut être transformée. Et par le mandat de pardonner, Il me
permet de jeter un regard sur l’abîme de l’homme et sur la grandeur de sa
souffrance pour nous les hommes, qui me laisse deviner la grandeur de son
amour. Il me dit : « Non plus serviteurs, mais amis ». Il me confie les
paroles de la Consécration eucharistique. Il m’estime capable d’annoncer sa
Parole, de l’expliquer de façon juste et de la porter aux hommes
d’aujourd’hui. Il s’en remet à moi. «Vous n’êtes plus serviteurs mais amis»
: c’est une affirmation qui donne une grande joie intérieure et qui, en même
temps, dans sa grandeur, peut faire frémir au long des décennies, avec
toutes les expériences de notre faiblesse et de son inépuisable bonté".
[...]
Jusqu’à présent l'intensité avec laquelle Benoît XVI cherche à amener une
renaissance de la confession n’a pas entraîné une mise en pratique sensible
de ses appels par les évêques et les prêtres.
Les médias, eux aussi, passent largement ce sujet sous silence.
Le geste public que Benoît XVI accomplira à Madrid, le 20 août prochain –
confesser quelques jeunes pendant une Journée Mondiale de la Jeunesse –
va-t-il attirer l'attention sur ce déficit crucial de la pratique chrétienne
d’aujourd’hui ?
Le texte intégral de l'homélie prononcée par Benoît XVI le 29 juin 2011,
fête des saints Pierre et Paul
►
"Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis..."
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.07.2011 -
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