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19 Avril 2005
 

L'œcuménisme du pape Benoît XVI n'a pas besoin de surmédiatisation

 

Rome, le 10 juillet 2008 - (E.S.M.) - « Ce dont nous avons le plus besoin dans la communauté catholique en Russie est d’être de plus en plus conscients du don de la foi et de le vivre de façon missionnaire » - Interview de Son Exc. Mgr Paolo Pezzi, Archevêque de l’Archidiocèse de la Mère de Dieu à Moscou, par l’Agence Fides

Son Exc. Mgr Paolo Pezzi -  Pour agrandir l'image: Cliquez

Interview de son Exc. Mgr Paolo Pezzi

Son Exc. Mgr Paolo Pezzi a été nommé Archevêque de l’Archidiocèse de la Mère de Dieu à Moscou le 21 septembre 2007 et a reçu le Pallium des mains du Saint-Père Benoît XVI le jour de la solennité de Saint Pierre et Saint Paul, le 29 juin dernier. L’Agence Fides lui a posé quelques questions sur la réalité sociale et religieuse dans laquelle il évolue et sur son expérience russe.

Quelle est la réalité de l’Église et de la société que vous avez trouvée à votre arrivée en Russie ?
Le don et la responsabilité vont toujours ensemble, au moins dans ma vie, mais je crois qu’on peut le dire de tout et de tous; un don se gaspille si on n’y répond pas, qu’il s’agisse d’un talent, d’une grâce, d’une capacité d’expression que Dieu peut donner comme tempérament. Au contraire, le don fleurit- si on en savoure le goût- seulement quand on répond de ce don qui nous a été donné. Pour moi il en a été ainsi, c’est pourquoi la responsabilité que je vis, je la sens réellement, comme une grâce permanente pour ma vie. La situation que j’ai trouvée – que je connaissais en partie, mais on la regarde avec des yeux totalement différents en fonction du don et de la responsabilité que Dieu donne- quant à l’Église, est celle d’une réalité non pas grande numériquement, mais significative par sa foi.
Ce dont nous avons le plus besoin dans la communauté catholique en Russie est d’être de plus en plus conscients du don de la foi et de le vivre de façon missionnaire, d’offrir le don de la beauté de la rencontre avec le Christ à la population que nous voyons. Cela donne un regard plus pieux et plus attentif envers les personnes que l’on rencontre, sans la préoccupation de « grossir les rangs », et permet d’entrevoir avec gratitude l’Église orthodoxe et d’autres réalités qui sont présentes dans mon diocèse, par exemple certaines communautés luthériennes. Le type de réalité sociale que j’ai rencontré m’a certainement montré un facteur décisif : le besoin du Christ qu’a l’homme russe, plus ou moins consciemment crié ou demandé. C’est le besoin le plus grand, ils ont tous besoin du Christ.

Quels sont les pièges et les questions les plus importantes auxquelles les catholiques se trouvent confrontés dans un pays aussi complexe ?
Il s’agit d’être conscient de sa foi. Parmi les questions, je mettrais en première place l’éducation de la foi, pour qu’on arrive à être des hommes de foi murs, responsables, capables de répondre du bien, et du bien commun de la société dans laquelle on vit. Des hommes capables de faire jouer leur foi dans les domaines social, économique, politique, dans celui des relations. Une seconde question, non de moindre importance, est la contribution que nous pouvons donner à la reconstitution et à la consolidation de la famille. Je crois qu’un homme ne peut pas grandir de façon saine, à tous les points de vue - humain, spirituel, psychologique et physique - sans une réalité stable. Dans le cas contraire, il aura de plus grandes difficultés, qui se répercuteront dans ses relations quotidiennes, dans son vécu : en ce sens nous avons une grande contribution à offrir.
En troisième lieu il me semble important de reprendre conscience de la nécessité d’une initiative caritative, de gratuité ; le risque que nous courons est de penser à la charité comme quelque chose de ‘professionnel’, qui doit suppléer à des manques, alors que je crois que la charité est une dimension à vivre quotidiennement, qui trouve sa plénitude avant tout dans le fait de se charger des besoins des autres, du voisin à la famille que l’on rencontre, au collègue, au camarade d’école ou d’université.

Œcuménisme et dialogue interreligieux: quels poids ont-ils dans votre service pastoral ? Y a-t-il un engagement commun et concordant des deux Églises, en quel sens ? Dialoguez-vous ?
Oui, nous dialoguons, et c’est un facteur positif ; quand on dialogue, il y a toujours une possibilité de connaissance de l’autre et d’enrichissement, et surtout on ne se sent pas propriétaire, de façon idéologique, du bien, de la vérité, de la façon dont les choses doivent aller. Par conséquent je suis content que même au milieu de toutes les difficultés, et à travers ces difficultés, il y ait une position de dialogue, sans aucun doute réciproque. Dans mon service pastoral le dialogue a un poids significatif : avant tout parce que sinon tendre à l’unité, et par conséquent, d’un point de vue chrétien, tendre à la pleine communion -c’est inévitable- serait comme vivre quelque chose sans le vivre ou affirmer un principe abstrait. L’homme vit, de fait, consciemment ou inconsciemment, en tendant à l’unité. D’un point de vue chrétien cela signifie vivre avec la conscience d’être un dans le Christ, et donc de faire tout son possible pour y tendre. Si nous ne le mettons pas à la première place, si nous ne le vivons pas comme une priorité, nous pouvons dire que nous ne vivons pas le christianisme.
Que réussit-on à faire ? Si nous partons des résultats, cela semble très peu, il faut donc partir des principes. En partant des principes il est possible, et de fait c’est déjà le cas, d’agir en commun sur des aspects déterminés de l’annonce chrétienne, et donc du fait de la vivre. Par exemple, il est possible de vivre en commun la même passion pour que l’homme rencontre le Christ. Il est aussi possible de faire des gestes, d’organiser des rencontres, des moments d’annonce, en commun. Il y a ensuite des aspects de l’éducation de la personne sur lesquels nous nous rencontrons : par exemple la valeur de la famille, la nécessité de la soutenir, de l’éduquer et de lui transmettre le contenu chrétien qui la rende consistante. Enfin l’aspect socio-éducatif nous permet une action commune, mais il faut être très sincère sur les objectifs que nous voulons atteindre et sur la façon de le faire.

La récente visite de la Fédération Russe du Cardinal Kasper, Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a été un signe important: quels pistes de travail a-t-elle laissées, pour les deux Églises ? Et pour votre apostolat personnel ?

La plus grande piste de réflexion qu’elle m’a laissée, mais je crois, aussi aux milieux orthodoxes, a été de voir chez le Card. Kasper une position de réel intérêt pour l’orthodoxie, qui l’a conduit à aller voir plus dans le vif la réalité orthodoxe. Cet évènement, je l’ai ressenti comme une provocation à en faire autant, à continuer à en faire autant. Cela m’a touché que, même dans une visite à caractère privé, le cardinal ait eu la possibilité de connaître plusieurs environnements. Un second point que j’en ai retiré est que, là où c’est possible, on essaye d’avoir un contact direct avec les gens, d’entrer dans un dialogue positif avec la population : le Cardinal m’a parlé d’un intéressant dialogue avec plusieurs étudiants orthodoxes, pendant lequel il a reçu des demandes de haut niveau, d’étudiants qui réellement cherchaient à comprendre l’Église catholique.

La possibilité d’une rencontre avec le Pape Benoît XVI et Alexis II est vraiment un évènement espéré, mais le travail pour le dialogue qui est entrain de se faire est déjà grand : cette rencontre ne risque-t-elle pas de devenir ‘seulement’ un évènement éclatant ?
On est en train d’agir en ce sens, de ne pas faire de cette rencontre l’évènement médiatique du siècle, mais un moment significatif, qui soit vraiment constructif et conduise vers une pleine communion. De la rencontre du Pape Benoît XVI avec le Patriarche Alexis II, nous retirerons sûrement un élan dans cette direction. D’autre part, si cette rencontre n’était pas convenablement préparée et finissait par rendre ce chemin plus difficile, il serait alors plus juste de savoir attendre. Quand on le veut bien, on devient capable d’attendre l’autre.

Selon vous, pourrait-il être utile de partir des points communs, comme par exemple la dévotion commune à la Vierge, qui unit, entre autres, chrétiens et orthodoxes ?
Dans le rapport avec les orthodoxes, la dévotion à la Vierge est un point commun et très significatif. L’attention qu’il faut avoir, réciproque mais plus grande pour nous catholiques qui nous retrouvons en Russie, est de ne pas faire d’une forme et d’une modalité de dévotion, quelque chose qui va contre l’autre. Nous avons développé, autant en Orient qu’en Occident, des modes de dévotion profonds et enracinés, et très diversifiés ; il faut que ces modes se rencontrent à l’origine. Cela peut sembler banal, mais pour nous la représentation à travers des statues ou d’autres images est normale et fait partie de la dévotion à la Vierge.
Or cela est substantiellement absent dans l’orthodoxie, où cette dévotion s’est développée à travers la vénération de l’icône. Cela ne veut pas dire ne pas utiliser de statues ou d’icônes, mais faire en sorte que ma dévotion aille à la rencontre de la dévotion de l’autre et puisse s’y greffer. Ce qui demande l’apprentissage d’un goût et d’une passion pour la dévotion de l’autre, concernant la façon de prier et de s’adresser à la Vierge. Et il faut que quelqu’un le fasse. Il peut facilement arriver, si nous ne désirons pas apprendre cette sensibilité, qu’une chose bonne, comme s’adresser à la Vierge, puisse devenir quelque chose dont on se sert contre l’autre. Et cela est absolument mauvais.

Mgr Pezzi, vous êtes un missionnaire, vous appartenez à la Fraternité Sacerdotale Saint Charles Borromée: que veut dire être missionnaire en Russie ? Cette passion pour ces terres- Russie, Sibérie- semble être une passion qui vous accompagne depuis l’époque du Doctorat : y a-t-il une raison particulière ?
La passion missionnaire fait partie de la nature de l’Église dans son ensemble et du chrétien en tant que tel. Tout baptisé est missionnaire ; et dans la mesure où nous ne sommes pas missionnaires, nous ne vivons pas notre baptême. En ce sens la mission est le développement dans la vie du don du baptême ; nous pourrions dire que la mission est le développement de la vocation que Dieu donne à chaque homme. Je trouve très intéressant le dialogue qu’il y a entre l’idée de mission qui s’est développée dans la tradition latine, à savoir apporter à travers sa vie la beauté, la vérité, la justice, le goût de la vie, que l’on rencontre en Jésus-Christ, avec l’idée, plus typiquement orientale, que la mission coïncide avec la transfiguration de sa vie, c'est-à-dire avec la sainteté, sa propre vocation vécue. Jusqu’à devenir une attraction pour ceux que l’on rencontre, qui restent attirés par la beauté du christianisme, qui me transfigure.
Ces deux aspects d’une même route, dans ma vie je les ai assimilés, presque par osmose, ils m’ont été communiqués par mes maîtres, par ces personnes que j’ai rencontrées et qui ont fait du christianisme quelque chose de pertinent pour ma vie, de fascinant et d’intéressant. C’est pourquoi, à un certain moment de ma vie, j’ai adhéré de nouveau au Christianisme, avec cette passion : telle est l’origine de ma ‘passion’ missionnaire. La passion pour la Russie, en revanche, est presque liée au hasard : je n’avais jamais pensé, ou lu spécifiquement des livres sur la Russie. Il y a des signes dans ma vie qui m’y ont conduit : par exemple l’icône du Sauveur de Rublev, qui accompagne ma vie depuis ma nouvelle rencontre avec le Christianisme, ou la lecture d’une certaine littérature religieuse de la période soviétique, qui jeune m’avait touché par cette façon vive de vivre la foi dans des conditions difficiles. Des signes qui peut-être n’auraient eu aucune suite si je ne m’étais pas dit : ils m’ont demandé si j’étais disponible pour un besoin qui s’est créé, d’abord en Sibérie, puis en Russie européenne, de la présence d’un prêtre.
J’ai simplement dit oui, parce que dans ma vie j’ai toujours seulement dit oui, je ne sais pas faire grand-chose d’autre. La chose la plus importante est de savoir à qui l’on répond : quand on sait à qui l’on répond, en disant « oui », on ne se trompe plus. Et cela m’a rendu passionné pour la Russie, pour sa terre, son peuple, sa forme religieuse, son christianisme vécu dans l’orthodoxie, son chant, sa musique, pour la littérature de cette terre et de ce peuple.
 

Sources :  www.vatican.va (P.C.) - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 10.07.08 - T/Œcuménisme - T/International/Russie

 

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