Chemin de croix présidé par Benoît
XVI au Colysée :
méditations |
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Le 10 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a cette année confié la
rédaction des méditations à l'archevêque indien Mgr Thomas Menamparampil, archevêque de
Guwahati, en Assam.
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Chemin de croix au Colysée : méditations
Le 10 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Tandis qu'à Rome, le pape Benoît XVI a cette année confié la rédaction des
méditations à l'archevêque indien Mgr Thomas Menamparampil, archevêque de
Guwahati, en Assam.
Prière prononcée par Benoit XVI, à l'occasion du
Chemin de Croix au Colisée
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.
Chers frères et sœurs, nous sommes venus ici chanter ensemble un «hymne
d'espérance». Nous voulons nous dire à nous-mêmes que tout n'est pas perdu
dans les moments difficiles. Lorsque les mauvaises nouvelles se succèdent,
nous sommes opprimés par l'angoisse. Lorsque le malheur nous frappe de plus
près, nous nous décourageons. Lorsqu'une catastrophe fait de nous ses
victimes, la confiance en nous même est entièrement ébranlée et notre foi
est mise à dure épreuve. Mais tout n'est pas encore perdu. Comme Job, nous
sommes à la recherche d'un sens (cf. Jb 1, 13-2, 10).
Dans cet effort, nous avons un exemple: « Abraham crut, espérant contre
toute espérance » (Rm 4, 18). En vérité,
dans les temps difficiles, nous ne voyons aucune raison pour croire et
espérer. Et pourtant, nous croyons. Et pourtant, nous croyons. Et pourtant,
nous espérons. Cela peut arriver dans la vie de chacun de nous. Cela a lieu
dans le contexte social plus large.
Avec le psalmiste, nous nous demandons: « Pourquoi te désoler, ô mon âme, et
gémir sur moi? Espère en Dieu » (Ps 42, 6). Nous renouvelons et nous
renforçons notre foi et nous continuons à avoir confiance dans le Seigneur.
Car il sauve ceux qui ont perdu toute espérance (cf. Ps
34, 19). Et cette espérance à la fin ne déçoit pas
(cf. Rm 5, 5).
C'est véritablement dans le Christ que nous comprenons la pleine
signification de la souffrance. Au cours de cette méditation, tandis que
nous contemplerons avec angoisse l'aspect douloureux de la souffrance de
Jésus, nous porterons également notre attention sur sa valeur rédemptrice.
Le projet de Dieu était que le « Messie devait souffrir »
(Ac 3, 18; 26, 23) et que ces souffrances devaient
être pour nous (cf. 1 P 2, 21). La conscience
de cela nous remplit d'une vive espérance (cf. 1 P 1, 3).
C'est cette espérance qui nous maintient heureux et constants dans la
tribulation (cf. Rm 12, 12).
Un chemin de foi et d'espérance est un long chemin spirituel, attentif au
plus profond dessein de Dieu dans les processus cosmiques et dans les
événements de l'histoire humaine. Etant donné que sous la superficie de
catastrophes naturelles, de guerres, de révolutions et de conflits en tout
genre, il y a une présence silencieuse, il y a une action divine précise. Il
demeure caché dans le monde, dans la société, dans l'univers. La science et
la technologie révèlent les merveilles de sa grandeur et de son amour: «
Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende; mais sur toute la
terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde »
(Ps 19, 3). Il respire l'espérance.
Il révèle ses desseins à travers sa «Parole», montrant la façon dont il
puise le bien du mal tant dans les petits événements de nos vies
personnelles, que dans les grands événements de l'histoire humaine. Sa
«Parole» fait connaître « la glorieuse richesse » du dessein de Dieu,
qui dit qu'il nous libère de nos péchés et que le Christ est au milieu de
vous, lui, l'espérance de la gloire (Col 1, 27).
Puisse ce message d'espérance retentir de Hoang-Ho jusqu'au Colorado, de
l'Himalaya aux Alpes et aux Andes, du Mississipi au Brahmaputra. Il dit: «
Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur »
(Ps 30, 25).
Prière
PREMIERE STATION
Jésus à l'agonie dans le Jardin des Oliviers
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Luc, 22, 41-44
Puis Jésus s'écarta à la distance d'un jet de pierre
environ. Se mettant à genoux, il priait: « Père, si tu veux, éloigne de
moi cette coupe; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais
la tienne ». Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Dans l'angoisse, Jésus priait avec plus d'insistance; et sa sueur devint
comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu'à terre.
Méditation
Jésus était à l'agonie. La douleur et l'angoisse s'abattirent sur lui. Le
péché de toute l'humanité l'opprimait de ton son poids. Mais plus sa douleur
était grande, plus sa prière était intense.
La douleur est toujours pour nous un défi. Nous nous sentons seuls
abandonnés. Nous oublions de prier et nous nous écroulons. Certains vont
même jusqu'à s'ôter la vie. Mais si nous nous tournons vers Dieu, nous
devenons spirituellement forts et nous nous rapprochons de nos frères en
difficulté (cf. 1 Tm 5, 10).
Jésus continue de souffrir à travers ses disciples persécutés. Le Pape
Benoît XVI dit qu'à notre époque aussi, les martyrs « ne font pas défaut
pas à l'Eglise » (
Sacramentum caritatis, n. 85). Le Christ est à l'agonie parmi
nous et à notre époque.
Nous prions pour ceux qui souffrent. Le mystère de la souffrance chrétienne
a une valeur la rédemptrice. Puissent les persécutions, que subissent les
croyants, compléter en eux le souffrances du Christ, qui apportent le salut
(cf. Col 1, 24)
Prière
Seigneur Jésus, fais que nous puissions comprendre plus profondément le
grand «mystère du mal» et dans quelle mesure nous y avons contribué. Puisque
la souffrance est entrée dans la vie humaine à travers le péché, ton plan a
prévu que l'humanité fût sauvée du péché à travers la souffrance. Que ne se
perdent aucune des petites contrariétés, humiliations et frustrations que
nous subissons dans nos vies quotidiennes ni aucun des grands malheurs qui
nous frappent de manière inattendue. Unies aux tiennes, puissent les
tribulations que nous supportons, accueillies par toi, produire de
l'espérance (cf. Rm 5, 4).
Seigneur, enseigne-nous à être emplis de compassion non seulement avec ceux
qui ont faim, qui ont soif, avec les malades ou ceux qui se trouvent dans un
état de besoin particulier, mais aussi envers ceux qui sont enclins à être
malpolis, polémiques ou offensants. De cette manière, puisque tu nous as
réconfortés dans toutes nos difficultés, puissions-nous nous aussi «
réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous
recevons nous-mêmes de Dieu » (2 Co 1, 4).
Pater noster...
Stabat mater dolorosa
Debout, la Mère douloureuse
iuxta crucem lacrimosa,
près de la Croix était en larmes
dum pendebat Filius.
devant son Fils suspendu.
DEUXIEME STATION
Jésus est trahi par Judas et retient la violence de
Pierre
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Luc, 22, 47-50
De l'Evangile selon saint Matthieu 26, 52.56
Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le
nommé Judas, l'un des Douze, marchait à leur tête. Il s'approcha de Jésus
pour l'embrasser. Jésus lui dit: «Judas, c'est par un baiser que tu livres
le Fils de l'homme?». Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient
Jésus lui dirent: «Seigneur, faut-il frapper avec l'épée?». L'un d'eux
frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l'oreille droite.
Jésus lui dit: «Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l'épée périront
par l'épée».
Alors les disciples l'abandonnèrent tous et s'enfuirent.
Méditation
C'est un ami proche qui trahit Jésus, et par un baiser qui plus est. La
manière dont Jésus a affronté la violence contient un message pour notre
époque. La violence est suicidaire - dit-il à Pierre - et on ne l'emporte
pas sur elle par une autre violence, mais par une énergie spirituelle
supérieure, qui s'étend aux autres sous forme d'amour qui guérit. Jésus
touche le serviteur du souverain prêtre et le guérit. L'homme violent peut
avoir besoin aujourd'hui aussi d'un geste qui guérit, né d'un amour qui
transcende les questions immédiates.
A une époque de conflit entre personnes, groupes ethniques et religieux,
nations, intérêts économiques et politiques, Jésus dit que le conflit et la
violence ne sont pas la réponse, mais c'est l'amour, la persuasion et la
réconciliation. Même lorsqu'il nous semble ne pas parvenir à de tels
efforts, nous plantons quoi qu'il en soit des semences de paix, qui
porteront du fruit en leur temps. La justesse de notre cause est notre
force.
Prière
Seigneur Jésus, tu nous considères comme tes amis, et pourtant nous relevons
des traces d'infidélité en nous-mêmes. Nous reconnaissons nos
transgressions. Nous sommes parfois présomptueux et trop sûrs de nous-mêmes.
Nous tombons. Ne permets pas que l'avarice, la concupiscence ou l'orgueil
nous surprennent. Avec quelle légèreté nous recherchons des satisfactions
éphémères et des idées sans fondements! Fais que nous ne soyons pas «secoués
et menés à la dérive par tous les courants d'idées, mais qu'en vivant dans
la vérité de l'amour, nous grandissions dans le Christ pour nous élever en
tout jusqu'à lui, car il est la Tête» (Ep 4, 14-15).
Puisse la vérité et la sincérité des intentions être notre force. Réprime,
Seigneur, notre impétuosité dans des situations de violence, comme tu as
réprimé le caractère impulsif de Pierre. Garde-nous sereins dans l'esprit
face à l'opposition et à des traitements injustes (cf. Jc
5, 10-11a). Persuade-nous qu'«une aimable réponse apaise la
fureur» (Pr 15, 1) dans nos familles et que la
«bonté» unie à la «sagesse» apporte la sérénité dans la société
(cf. Pr 31, 26).
« Seigneur fais de moi un instrument de ta paix ».
Pater noster...
Cuius animam gementem,
Dans son âme qui gémissait,
contristatam et dolentem
toute brisée, endolorie,
pertransivit gladius.
le glaive était enfoncé.
TROISIEME STATION
Jésus est condamné par le Sanhédrin
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Matthieu, 26, 62-66
Alors le grand prêtre se leva et lui dit: «Tu ne
réponds rien à tous ces témoignages portés contre toi?». Mais Jésus gardait
le silence. Le grand prêtre lui dit: «Je t'adjure, par le Dieu vivant, de
nous dire si tu es le Messie, le Fils de Dieu». Jésus lui répond: «C'est toi
qui l'as dit; mais en tout cas, je vous le déclare: désormais vous verrez le
Fils de l'homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées
du ciel».
Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant: «Il a blasphémé!
Pourquoi nous faut-il encore des témoins? Vous venez d'entendre le
blasphème! Quel est votre avis?». Ils répondirent: «Il mérite la mort».
Méditation
Sur toutes les terres, il y a eu des personnes innocentes qui ont souffert,
des personnes qui sont mortes en combattant pour la liberté, l'égalité ou la
justice. Ceux qui luttent en faveur des «enfants de Dieu» promeuvent l'œuvre
de Dieu lui-même. Car il défend les droits des faibles et des opprimés
(cf. Is 1, 17). Quiconque collabore à cette œuvre
dans l'esprit de Jésus apporte l'espérance aux opprimés et offre un message
de justice à celui qui accomplit le mal.
La manière de Jésus de combattre pour la justice n'est pas de susciter la
colère collective des personnes contre l'opposant, ce qui a pour conséquence
de les pousser à des formes de plus grande injustice. Au contraire, elle est
de défier l'ennemi avec la justesse de notre propre cause et de susciter la
bonne volonté de l'opposant de manière telle qu'il renonce à l'injustice par
la persuasion et la conversion du cœur. Le Mahatma Gandhi a apporté dans la
vie publique cet enseignement de Jésus sur la non-violence avec un étonnant
succès.
Prière
Seigneur, nous jugeons souvent les autres hâtivement, indifférents à la
réalité des faits et insensibles aux sentiments des personnes! Nous mettons
en acte des stratagèmes d'autojustification et nous essayons d'expliquer la
manière irresponsable dont nous nous sommes comportés avec «l'autre».
Pardonne-nous!
Lorsque nous sommes mal jugés et injustement traités, donne-nous, Seigneur,
la paix intérieure et la confiance que ton Fils a manifestées devant
l'injustice. Préserve-nous d'une réponse agressive qui irait contre ton
Esprit. Au contraire, aide-nous à apporter ta puissante Parole dans des
situations de tension et de crainte, afin que puisse se révéler son pouvoir
dynamique dans l'histoire.
« C'est dans sa volonté que notre paix habite »
(Dante Alighieri, La Divine Comédie, Paradis, Chant III, v. 85).
Pater noster...
O quam tristis et afflicta
Qu'elle était triste et affligée,
fuit illa benedicta
la Mère entre toutes bénie,
mater Unigeniti!
la Mère du Fils Unique!
QUATRIEME STATION
Jésus est renié par Pierre
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Luc, 22, 54-62
Ils se saisirent de Jésus pour l'emmener et ils le
firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin. Ils
avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s'étaient tous assis là.
Pierre était parmi eux. Une servante le vit assis près du feu; elle le
dévisagea et dit: «Celui-là aussi était avec lui». Mais il nia: «Femme, je
ne le connais pas». Peu après, un autre dit en le voyant: «Toi aussi, tu en
fais partie». Pierre répondit: «Non, je n'en suis pas». Environ une heure
plus tard, un autre insistait: «C'est sûr: celui-là était avec lui, et
d'ailleurs il est Galiléen». Pierre répondit: «Je ne vois pas ce que tu veux
dire». Et à l'instant même, comme il parlait encore, un coq chanta. Le
Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre; et Pierre se rappela la
parole que le Seigneur lui avait dite: «Avant que le coq chante aujourd'hui,
tu m'auras renié trois fois». Il sortit et pleura amèrement.
Méditation
Pierre affirmait qu'il était fort, mais il s'est écroulé devant une jeune
servante. La faiblesse humaine nous prend par surprise et nous tombons.
Voilà pourquoi Jésus nous demande de veiller et de prier
(cf. Mt 26, 41). Et il nous exhorte à renoncer à nous-mêmes et à
nous approcher de Dieu.
A l'intérieur de nous, il y a un «moi» rebelle. Nous sommes souvent
intérieurement divisés (cf. Jc 4, 8) mais nous
ne parvenons pas à reconnaître cette incohérence intérieure. Pierre la
reconnut lorsque ses yeux rencontrèrent les yeux de Jésus, et alors il
pleura. Plus tard, Thomas, rencontrant le Seigneur ressuscité, se rendit
compte de son infidélité et il crut. Paul, à la lumière du Christ, se rendit
compte de la contradiction intérieure et il la surmonta avec son aide
(cf. Rm 7, 14-25), jusqu'à parvenir enfin à la découverte: «
Je vis, mais ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi »
(Ga 2, 20).
Prière
Seigneur, avec quelle facilité nous tolérons une divergence toujours plus
grande entre ce que nous prétendons être et ce que nous sommes réellement!
Trop souvent, nous ne parvenons pas à mettre en œuvre nos propres décisions
et pas même à honorer parfois les promesses les plus solennelles! Par
conséquent, nous sommes souvent hésitants au moment de prendre un engagement
définitif même avec toi.
Nous confessons que nous ne sommes pas parvenus à apporter dans notre vie
cette discipline intérieure, que l'on attend de toute personne adulte et qui
est nécessaire au succès de tout projet humain. Accorde la fermeté à notre
détermination intérieure. Aide-nous à conduire à une heureuse conclusion
toute œuvre de bien commencée. Rends-nous capables d'être «debout, comme des
gens parfaits et pleinement accordés à la volonté de Dieu»
(Col 4, 12).
Pater noster...
Quæ mærebat et dolebat
Qu'elle avait mal, qu'elle souffrait
pia mater, cum videbat la tendre
la Mère, en contemplant
Nati pœnas incliti.
Son divin Fils tourmenté!
CINQUIEME STATION
Jésus est jugé par Pilate
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Luc, 23, 22-25
Pour la troisième fois, il leur dit: «Quel mal a donc
fait cet homme? Je n'ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je
vais donc le faire châtier, puis le relâcher». Mais eux insistaient à grands
cris, réclamant qu'il soit crucifié; et leurs cris s'amplifiaient. Alors
Pilate décida de satisfaire leur demande. Il relâcha le prisonnier condamné
pour émeute et pour meurtre, celui qu'ils réclamaient, et il livra Jésus à
leur bon plaisir.
Méditation
Ce n'était pas la justesse d'une question qui importait à Pilate, mais ses
intérêts professionnels. Une telle attitude ne l'aida pas dans ce cas, ni
dans sa carrière successive. Il était si différent de Jésus, que la
rectitude intérieure rendait courageux. Et Pilate n'était pas non plus
intéressé par la vérité. Il s'éloigne de Jésus en s'exclamant: «
Qu'est-ce que la vérité? » (Jn 18, 38). Une
telle indifférence à l'égard de la vérité n'est pas rare aujourd'hui. Les
personnes se préoccupent souvent de ce qui procure une satisfaction
immédiate. On se contente de réponses superficielles. On prend des décisions
non pas sur la base de principes d'intégrité, mais de considérations
opportunistes. En ne choisissant pas d'options moralement responsables, on
porte atteinte aux intérêts vitaux de la personne humaine et de la famille
humaine. Prions afin que les «conceptions spirituelles et éthiques»,
contenues dans la Parole de Dieu, inspirent les normes de vie de la société
à notre époque (cf. XIIe Assemblée générale ordinaire du synode des évêques,
Message au Peuple de Dieu, 24 octobre 2008, n.15).
Prière
Seigneur, donne-nous le courage de prendre des décisions responsables
lorsque nous rendons un service public. Diffuse la probité dans la vie
publique et aide-nous à « conserver la foi et la conscience droite »
(cf. 1 Tm 1, 19).
Seigneur, tu es la source de toute Vérité. Guide-nous dans notre recherche
de réponses ultimes. Fais que, laissant derrière nous les explications
partielles et incomplètes, nous puissions rechercher ce qui est en
permanence vrai, beau et bon. Seigneur, arme-nous de courage devant «la
fronde et les flèches de la fortune outrageante» (William Shakespeare,
Hamlet, iii, 1). Lorsque les ombres s'intensifient sur les chemins escarpés
de la vie, et que descend la nuit obscure, rends-nous capables d'écouter
l'enseignement de l'apôtre Paul: « Veillez, tenez bon dans la foi, soyez
des hommes, soyez forts » (1 Co 16, 13).
Pater noster...
Quis est homo qui non fleret,
Quel est celui qui sans pleurer
matrem Christi si vederet
pourrait voir la Mère du Christ
in tanto supplicio?
dans un supplice pareil?
SIXIEME STATION
Jésus est flagellé et couronné d'épines
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Matthieu, 27, 26-30
Pilate leur relâcha donc Barabbas; quant à Jésus, il
le fit flageller, et le leur livra pour qu'il soit crucifié. Alors les
soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire et rassemblèrent
autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le
couvrirent d'un manteau rouge. Puis, avec des épines, ils tressèrent une
couronne, et la posèrent sur sa tête; ils lui mirent un roseau dans la main
droite et, pour se moquer de lui, ils s'agenouillaient en lui disant:
«Salut, roi des Juifs!». Et, crachant sur lui, ils prirent le roseau, et ils
le frappaient à la tête.
Méditation
L'inhumanité atteint de nouveaux sommets. Jésus est flagellé et couronné
d'épines. L'histoire est pleine de haine et de guerre. Aujourd'hui aussi,
nous sommes témoins de violences au-delà de ce qui est crédible: meurtres,
violences sur les femmes et les enfants, prises d'otages, extorsions,
conflits ethniques, violences urbaines, tortures physiques et mentales,
violations des droits humains.
Jésus continue de souffrir lorsque les croyants sont persécutés, lorsque la
justice est administrée de façon déformée dans les tribunaux, lorsque la
corruption est enracinée, les structures injustes écrasent les pauvres, les
minorités sont opprimées, les réfugiés et les migrants maltraités. Jésus est
dépouillé de ses vêtements lorsque la personne humaine est déshonorée sur
les écrans, lorsque les femmes sont contraintes à s'humilier, lorsque les
enfants des quartiers pauvres errent dans les rues, ramassant les ordures.
Qui sont les coupables? Ne montrons pas du doigt les autres, car nous aussi,
nous avons pu avoir une part de responsabilité dans ces formes d'inhumanité.
Prière
Seigneur Jésus, nous savons que tu souffres lorsque nous sommes une cause de
souffrance les uns pour les autres et que nous demeurons indifférents. Ton
cœur a été touché par la compassion lorsque tu as vu les foules «fatiguées
et abattues, comme des brebis sans berger» (Mt 9, 36). Donne-moi des
yeux qui reconnaissent les besoins des pauvres et un cœur qui se prodigue
par amour. « Donne-moi la force de rendre mon cœur fécond dans le service
» (Rabindranath Tagore, Gitanjali, 36).
Surtout, fais que nous puissions partager avec le pauvre ta «parole»
d'espérance, l'assurance de ton aide. Puisse «l'amour de ta maison» brûler
en nous comme un feu (Ps 69, 10). Aide-nous à
porter le soleil vivant de ta joie dans la vie de ceux qui se traînent le
long des chemins du désespoir.
Pater noster...
Pro peccatis suæ gentis
Pour les péchés de tout son peuple
vidit Iesum in tormentis,
elle le vit dans ses tourments,
et flagellis subditum.
subissant les coups de fouet.
SEPTIEME STATION
Jésus, objet de moqueries, est emmené pour être
crucifié
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Matthieu 27, 31
Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui
enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le
crucifier.
Méditation
Jésus, au nom duquel chacun tombe à genou aux cieux et sur terre
(cf. Ph 2, 10), est l'objet de moqueries. Nous
sommes bouleversés en voyant les degrés de brutalité dans lesquels les êtres
humains peuvent sombrer. Jésus est humilié de façons nouvelles aujourd'hui
aussi: lorsque les réalités les plus sacrées et profondes de la foi sont
banalisées, lorsque l'on laisse le sens du sacré s'effriter, et que le
sentiment religieux est relégué dans les vestiges désagréables de
l'antiquité.
Dans la vie publique, tout risque d'être désacralisé: les personnes, les
lieux, les promesses, les prières, les pratiques, les paroles, les textes
sacrés, les formules religieuses, les symboles, les cérémonies. Notre vie
sociale devient toujours plus sécularisée. Le sacré est effacé. La vie
religieuse devient timide. Ainsi, nous voyons que les questions les plus
importantes se situent parmi les inepties et les banalités glorifiées. Les
valeurs et les normes, qui maintenaient ensemble les sociétés et guidaient
les personnes vers les idéaux les plus élevés, sont raillés et jetés à la
mer. Jésus continue à être ridiculisé!
Prière
Nous avons la foi, Seigneur, mais pas assez. Aide notre incrédulité
(cf. Mc 9, 24). Fais que nous ne mettions jamais en doute ou que
nous ne nous moquions pas avec cynisme des aspects les plus sérieux de la
vie. Accorde-nous de ne pas perdre notre chemin dans le désert de l'absence
de Dieu. Rends-nous en mesure de te percevoir dans la brise légère, de te
voir aux angles des rues, de t'aimer dans l'enfant qui n'est pas encore né.
Dieu, fais-nous comprendre que sur le Thabor ou sur le Calvaire, ton Fils
est le Seigneur. Avec ses habits resplendissants ou dépouillés de ses
vêtements, il est le Sauveur du monde (cf. Jn 4, 42).
Rends-nous attentifs à ses présences silencieuses: dans sa «Parole», dans
les tabernacles, les sanctuaires, les lieux humbles, les personnes simples,
la vie des pauvres, le rire des enfants, les pins qui murmurent, les
collines qui ondulent, la plus petite cellule vivante, l'atome le plus petit
et les galaxies lointaines.
Fais que nous puissions le regarder avec stupeur tandis qu'il marche sur les
eaux du Rhin, du Nil et du Tanganica.
Pater noster...
Quis non posset contristari
Qui pourraitsans souffrir comme elle
Christi matrem contemplari
contempler la Mère du Christ
dolentem cum Filio?
douloureuse avec son Fils?
HUITIEME STATION
Jésus est aidé par Simon de Cyrène à porter la Croix
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum
De l'Evangile selon saint Luc, 23, 26
Pendant qu'ils l'emmenaient, ils prirent un certain
Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix
pour qu'il la porte derrière Jésus.
Méditation
Chez Simon de Cyrène, nous voyons le prototype du disciple fidèle qui prend
la croix sur lui et suit le Christ (cf. Mt 10, 38). Il n'est pas différent
des millions de chrétiens d'origines humbles, ayant un profond attachement
au Christ. Privés de charisme, de raffinement, mais dotés d'une foi
profonde. Des hommes et des femmes d'une telle foi continuent de croître en
terre d'Afrique et d'Asie et sur les îles lointaines. C'est parmi eux que
fleurissent les vocations.
Simon nous rappelle les petites communautés et les tribus avec leur
engagement caractéristique pour le bien commun, un profond enracinement dans
les valeurs éthiques et l'ouverture à l'Evangile. Elles méritent attention
et soin. Le Seigneur ne veut pas qu'«un seul de ces petits soit perdu»
(Mt 18, 14). Chez Simon, nous découvrons le
caractère sacré de l'ordinaire et la grandeur de ce qui semble petit. Car la
réalité la plus petite a un certain rapport mystique avec la plus grande, et
l'ordinaire avec la plus extraordinaire!
Prière
Seigneur, dans ton plan admirable, tu élèves les humbles
(cf. Lc 1, 52) et tu soutiens les pauvres. Renforce ton Eglise
dans son service aux communautés défavorisées: les moins privilégiés, les
marginalisés, les personnes vivant dans des bidonvilles, les pauvres des
zones rurales, les personnes souffrant de malnutrition, les intouchables,
les personnes handicapées, les victimes de diverses formes de dépendance.
Puisse l'exemple de ta servante, Mère Teresa de Calcutta, nous inspirer et
nous conduire à consacrer plus d'énergies et de ressources à la cause des
«plus pauvres des pauvres». Puissions-nous nous aussi écouter un jour ces
paroles de Jésus: «J'avais faim et vous m'avez donné à manger, j'avais soif
et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli;
j'étais nu et vous m'avez habillé; j'étais malade et vous m'avez visité;
j'étais en prison et vous êtes venus jusqu'à moi» (Mt 25,
35-36).
Pater noster...
Tui Nati vulnerati,
Ton enfant n'était que blessures,
tam dignati pro me pati,
lui qui daigna souffrir pour moi;
pœnas mecum divide.
donne-moi part à ses peines.
NEUVIEME STATION
Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Luc, 23, 27-28
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des
femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se
retourna et leur dit: «Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi! Pleurez
sur vous-mêmes et sur vos enfants!».
Méditation
Devant les femmes en larmes, Jésus oublie sa condition. Il ne s'occupe pas
de ses souffrances, mais de l'avenir tragique qui les attend, elles et leurs
enfants.
Les destins des sociétés sont étroitement liés au bien-être de leurs femmes.
Partout où elles ne sont pas tenues suffisamment en estime ou leur rôle est
diminué, les sociétés ne peuvent pas s'élever et atteindre leurs véritables
potentialités. De la même façon, partout où leur responsabilité envers les
nouvelles générations est négligée, ignorée ou marginalisée, l'avenir de
cette société devient incertain.
Dans de nombreuses sociétés du monde, les femmes ne bénéficient pas d'un
traitement équitable. Le Christ pleure probablement pour elles. Il existe
également des sociétés qui ne se soucient pas de leur avenir. Le Christ
pleure probablement pour leurs enfants. Partout où l'avenir est négligé, à
cause de l'utilisation excessive des ressources, de la dégradation de
l'environnement, de l'oppression des femmes, de l'abandon des valeurs
familiales, du manque de respect pour les normes éthiques, de l'abandon des
traditions religieuses, Jésus continue de dire aux personnes: «Ne pleurez
pas sur moi! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants!» (Lc
23, 28).
Prière
Seigneur, tu es le Patron de l'histoire. Pourtant, tu as voulu notre
collaboration pour accomplir tes desseins. Aide chacun à accomplir de façon
responsable son rôle dans la société: les chefs dans leurs communautés, les
parents dans leurs familles, les éducateurs et les agents de la santé dans
leur domaine de compétence, les agents de la communication dans le monde de
l'information. Suscite en nous le sens de la mission dans ce que nous
faisons, un profond sens de responsabilité les uns envers les autres, envers
la société, envers notre avenir commun et à ton égard, car tu as placé entre
nos mains les destins de nos communautés et de l'humanité elle-même.
Seigneur, ne détache pas de nous ton regard lorsque tu vois des femmes
humiliées ou lorsque ton image est défigurée dans la personne humaine;
lorsque nous interférons dans les systèmes de vie, lorsque nous
affaiblissons le pouvoir nutritif de la nature, que nous polluons les cours
d'eau, le bleu profond des mers ou les neiges du nord. Sauve-nous de
l'indifférence cruelle pour notre avenir commun et ne permets pas que nous
conduisions notre civilisation sur le sentier du déclin.
Pater noster...
Eia, mater, fons amoris,
Daigne, ô Mère, source d'amour,
me sentire vim doloris
me faire éprouver tes souffrances
fac, ut tecum lugeam.
pour que je pleure avec toi.
DIXIEME STATION
Jésus est crucifié
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Luc, 23, 33-37
De l'Evangile selon saint Matthieu , 27, 46
Lorsqu'on fut arrivé au lieu dit: le Crâne, ou
Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l'un à droite et
l'autre à gauche. Jésus disait: «Père, pardonne-leur: ils ne savent pas ce
qu'ils font». Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant: «Il en a
sauvé d'autres: qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu,
l'Elu!». Les soldats aussi se moquaient de lui. S'approchant pour lui donner
de la boisson vinaigrée, ils lui disaient: «Si tu es le roi des Juifs,
sauve-toi toi-même!».
Vers trois heures, Jésus cria d'une voix forte: «Eli, Eli, lama sabactani?»,
ce qui veut dire: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?».
Méditation
Les souffrances de Jésus atteignent leur comble. Il était resté impassible
devant Pilate. Il avait supporté les mauvais traitements des soldats
romains. Il avait gardé le contrôle de soi pendant la flagellation et le
couronnement d'épines. Jusque sur la Croix, il semblait ne pas être
bouleversé par la tempête des insultes. Il n'avait aucune parole de
lamentation, ni de désir de vengeance. Puis toutefois, à la fin, arrive le
moment où il cède. Il n'a plus la force de résister. Il se sent abandonné
même par le Père!
L'expérience nous apprend que même l'homme le plus fort peut descendre aux
abîmes du désespoir. Les frustrations s'accumulent, la colère et le
ressentiment ajoutent leurs poids. Les maladies, les mauvaises nouvelles,
les malheurs, les mauvais traitements - tout peut arriver ensemble. Cela
peut nous être arrivé à nous aussi. C'est dans ces moments-là que nous avons
besoin de nous souvenir que Jésus ne nous abandonne jamais. Il s'adressa au
Père avec un cri. Que notre cri aussi soit adressé au Père, qui vient
constamment à notre aide dans toutes nos angoisses, chaque fois que nous
l'invoquons (cf. Ps 107, 6, 13, 19, 20).
Prière
Seigneur, lorsque les nuages s'accumulent à l'horizon et que tout semble
perdu, lorsque nous ne trouvons pas d'amis qui nous soient proches et que
l'espérance nous échappe des mains, apprends-nous à avoir confiance en toi,
qui viendra assurément à notre secours (cf. Ps 25, 15). Puisse l'expérience
de la douleur et des ténèbres intérieures nous enseigner la grande vérité
qu'en toi rien n'est perdu, que même nos péchés - une fois reconnus dans le
repentir - servent un but, comme le bois mort dans le froid de l'hiver (cf.
Frère Roger de Taizé). Seigneur, tu as conçu un dessein universel derrière
les mécanismes de l'univers et le progrès de l'histoire. Ouvre nos yeux aux
rythmes et aux modèles dans les mouvements des étoiles, à l'équilibre et aux
proportions dans la structure intérieure des éléments, à l'interdépendance
et à la complémentarité dans la nature, au progrès et au but dans le cours
de l'histoire, à la correction et à la compensation dans nos histoires
personnelles. C'est cette harmonie, que tu ne cesses de recréer malgré les
douloureux déséquilibres que nous causons. En toi aussi, la perte la plus
grande est un gain. La mort du Christ en effet est le prélude à la
résurrection.
Pater noster...
Fac ut ardeat cor meum
Fais qu'en mon cœur brûle
un grand feu
in amando Christum Deum,
pour mieux aimer le Christ
mon Dieu
ut sibi complaceam.
et que je puisse lui plaire.
ONZIEME STATION
Jésus promet son Règne au bon larron
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Luc, 23, 39-43
L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait:
«N'es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même, et nous avec!» Mais l'autre lui
fit de vifs reproches: «Tu n'as donc aucune crainte de Dieu! Tu es pourtant
un condamné, toi aussi! Et puis, pour nous, c'est juste: après ce que nous
avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de
mal». Et il disait: «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer
ton Règne». Jésus lui répondit: «Amen, je te le déclare: aujourd'hui, avec
moi, tu seras dans le Paradis».
Méditation
Ce n'est pas l'éloquence qui convainc et qui convertit. Dans le cas de
Pierre, c'est un regard d'amour; dans le cas du bon larron c'est la sérénité
sans amertume pour la souffrance. La conversion s'accomplit comme un
miracle. Dieu ouvre tes yeux. Tu reconnais sa présence et son action. Tu te
rends!
Miser sur le Christ est toujours un mystère. Pourquoi fait-on un choix
définitif pour le Christ, même avec la perspective des difficultés ou de la
mort? Pourquoi les chrétiens fleurissent-ils dans les lieux de persécution?
Nous ne le saurons jamais. Mais cela arrive sans cesse. Quand une personne
qui a abandonné la foi rencontre le vrai visage du Christ, elle est
abasourdie par ce qu'elle voit réellement et comme Thomas, elle pourrait se
rendre: «Mon Seigneur et mon Dieu» (Jn 20, 28).
C'est un privilège de révéler le visage du Christ aux autres. C'est une joie
encore plus grande de le découvrir ou de le redécouvrir.
«C'est ta face Seigneur que je cherche, ne me cache pas ta face»
(Ps 27, 8).
Prière
O Seigneur aujourd'hui c'est vers toi que, en larmes, je crie: «Jésus,
souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne»
(Lc 23, 42). C'est vers ce règne que j'aspire avec confiance.
C'est la demeure d'éternité que tu as préparée pour tous ceux qui te
cherchent avec un cœur sincère. «Ce que personne n'avait vu de ses yeux ni
entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l'homme n'avait pas imaginé, ce
qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu» (1 Co 2,
9). Aide-moi Seigneur pendant que je marche avec peine vers mon
destin éternel. Dissipe l'obscurité sur mon chemin, et tiens mes yeux levés
vers le haut!
«Conduis-moi, douce lumière,
dans les ténèbres qui m'entourent
Conduis-moi!
La nuit est épaisse et je suis loin de chez moi.
Conduis-moi!
Dirige mes pas,
Je ne demande pas de voir l'horizon lointain,
un pas après l'autre, voilà qui me suffit»
(John Henry Newman, Livre de prières, sous la direction de
Vincent Ferrer Blehl, s.j., Birmingham, 1990, p. 32).
Pater noster...
Sancta mater, istud agas,
Ô sainte Mère, daigne donc
Crucifixi fige plagas
graver les plaies du Crucifié
cordi meo valide.
profondément dans mon cœur.
DOUZIEME STATION
Jésus, la Mère et le disciple qu'il aimait au pied de
la Croix
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum
De l'Evangile selon saint Jean, 19, 25-27
Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère, avec
la sœur de sa mère, Marie femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus,
voyant sa mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère:
«Femme, voici ton fils». Puis il dit au disciple: «Voici ta mère». Et à
partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
Méditation
Dans la souffrance, nous désirons ardemment la solidarité. Marie, la mère,
nous rappelle l'amour, le soutien et la solidarité de la famille, Jean la
fidélité. La cohésion de la famille, les liens au sein de la communauté, les
liens de l'amitié sont essentiels pour le développement des êtres humains.
Dans une société anonyme, ils perdent de leur vigueur. Quand ils font
défaut, notre humanité s'affaiblit.
Par ailleurs, en Marie, nous ne relevons pas le moindre signe de rancœur, ni
ni une parole d'amertume. La Vierge devient l'archétype du pardon dans la
foi et dans l'espérance. Elle nous montre le chemin vers l'avenir. Ceux qui
voudraient aussi répondre à l'injustice violente avec une «justice
violente», savent que cette réponse n'est pas la solution. Le pardon suscite
l'espérance.
Il existe aussi des offenses historiques qui peuvent blesser la mémoire des
sociétés pendant des siècles. Si nous ne transformons pas notre colère
collective en de nouvelles énergies d'amour au moyen du pardon, nous
périrons. Quand la guérison arrive grâce au pardon, nous allumons une lampe
qui annonce des possibilités nouvelles pour «la vie et la paix» de
l'humanité (cf. Ml 2, 5).
Prière
Seigneur Jésus, ta Mère se tenait silencieusement à tes côtés lors de ton
agonie. Elle, qui est restée cachée quand ils t'acclamaient comme un grand
prophète, est à côté de toi dans ton humiliation. Fais que j'aie le courage
de demeurer fidèle aussi là où ils ne te reconnaissent pas. Accorde-moi de
ne pas avoir honte d'appartenir au «petit troupeau» (Lc
12, 32).
Seigneur, fais-moi me rappeler que ceux que je considère comme mes «ennemis»
appartiennent aussi à la famille humaine. S'ils me traitent injustement,
fais que ma prière soit seulement: «Père, pardonne-leur: ils ne savent pas
ce qu'ils font» (Lc 23, 34). Il peut arriver
que dans un contexte semblable, je reconnaisse à l'improviste le vrai visage
du Christ et que je crie comme le centurion : «Vraiment, cet homme était le
Fils de Dieu!» (Mc 15, 39).
Pater noster...
Fac me tecum pie fere,
Que vraiment je pleure avec toi,
Crucifixo condolere,
qu'avec le Christ en Croix je souffre,
donec ego vixero
chacun des jours de ma vie!
TREIZIEME STATION
Jésus meurt sur la Croix
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum
De l'Evangile selon saint Luc, 23, 46
Alors, Jésus poussa un grand cri: «Père, entre tes
mains je remets mon esprit». Et après avoir dit cela, il expira.
Méditation
Jésus remet sa vie à son Père dans un abandon serein. Ce que les
persécuteurs croient être un moment d'échec est en fait un moment de
triomphe. Quand un prophète meurt pour la cause qu'il a soutenue, il donne
la preuve définitive de tout ce qu'il a dit. La mort du Christ est quelque
chose de plus. Elle porte la rédemption (cf. Ga 3, 13).
«En Lui, par son sang nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes»
(Ep 1, 7).
Pour moi, c'est avec cela que commence un chemin mystique: le Christ
m'attire plus près de Lui jusqu'à ce que je lui appartienne totalement
(cf. Jn 12, 32; Ph 3, 12-14; Ga 2, 20)
«Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon
Dieu...
Quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu?» (Ps 42,
2-3).
Prière
Seigneur Jésus, tu as été cloué sur la Croix à cause de mes péchés. Aide-moi
à acquérir une conscience plus grande de mes fautes et de l'immensité de ton
amour. «Alors que nous n'étions encore capables de rien, le Christ est mort
pour nous alors que nous étions encore pécheurs» (Rm 5,
6.8). Je te confesse mes péchés comme l'ont fait les prophètes:
«Nous avons péché,
nous avons commis l'iniquité, nous avons fait le mal,
nous avons été rebelles,
nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes préceptes!
Nous n'avons pas écouté tes serviteurs les prophètes...» (Dn
9, 5-6)
Rien en moi ne mérite ta bienveillance. Je te rends grâce pour ton
incommensurable bonté envers moi. Aide-moi à vivre pour toi, conforme ma vie
à la tienne (cf. 1 Co 11, 1), de telle sorte
que je sois uni à toi, et devienne une nouvelle créature
(cf. 2 Co 5, 17).
Le Christ avec moi, Le Christ en moi,
Le Christ derrière moi, Le Christ devant moi,
Le Christ à coté de moi, le Christ me conquiert,
Le Christ me réconforte, le Christ me guérit («Saint
Patrick's Breastplate», hymne irlandais du VIIIe siècle)
Pater noster...
Vidit suum dulcem Natum
Elle vit son enfant très cher
Morientem desolatum
mourir dans la désolation
Cum emisit spiritum
Alors qu'il rendait l'esprit!
QUATORZIEME STATION
Jésus est descendu de la Croix et mis au tombeau
Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
De l'Evangile selon saint Marc, 15, 46
Joseph d'Arimathie, acheta donc un linceul, il descendit Jésus de la Croix,
l'enveloppa dans le linceul et le déposa dans un sépulcre qui était creusé
dans le roc. Puis il roula une pierre contre l'entrée du tombeau.
Méditation
La tragédie nous fait réfléchir. Un tsunami nous rappelle ce qu'est la vie.
Hiroshima et Nagasaki demeurent des lieux de pèlerinage. Quand la mort nous
touche de près, c'est un autre monde qui nous est proche. C'est alors que
nous nous libérons des illusions et que nous avons la perception d'une
réalité plus profonde. Autrefois les personnes priaient ainsi en Inde:
«Conduis nous de l'irréel au réel, de l'obscurité à la lumière, de la mort à
l'immortalité» (Brihadaranyaka Upanishads I.III.28).
Après que Jésus eut laissé cette terre, les chrétiens ont commencé à
regarder en arrière et à comprendre sa vie et sa mission. Ils ont annoncé
son message jusqu'aux confins de la terre. Ce message, c'est Jésus Christ
lui-même, qui est «puissance de Dieu et sagesse de Dieu»
(1 Co 1, 24). Il nous dit que la réalité c'est le Christ
(cf. Col 2, 17) et notre destin définitif est de vivre avec lui
(cf. Ph 1, 23).
Prière
Seigneur Jésus, alors que nous avançons avec peine sur le chemin de la vie,
donne-nous de recevoir une lueur sur notre destin définitif. Et quand
finalement nous franchirons le dernier seuil, nous saurons que «la mort
n'existera plus, il n'y aura plus de pleurs, de cris, ni de tristesse»
(Ap 21, 4). Dieu essuiera toutes larmes de nos
yeux.
Voici la Bonne Nouvelle que nous désirons annoncer «de toute façon»
(Ph 1, 23) là où le nom du Christ n'a pas encore été annoncé (cf.
Rm 15, 20). Dans ce but, nous nous engageons totalement «travaillant jour et
nuit» (1 Ts 2, 9) jusqu'à l'épuisement
(cf. 1Co4, 12). Seigneur, apprend nous à être des messagers
efficaces de ta Bonne Nouvelle.
«Je sais, moi, que mon libérateur est vivant, et qu'à la fin il se dressera
sur la poussière des morts; avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes
yeux de chair,je verrai Dieu» (Jb 19, 25-26)
Pater noster...
Quando corpus morietur,
Au moment où mon corps mourra,
fac ut animæ donetur
fais qu'à mon âme soit donnée
paradisi gloria. Amen.
la gloire du Paradis. Amen.
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.04.09 -
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