Peter Seewald se fâche contre les 144
théologiens allemands |
 |
Le 10 février 2011
-
(E.S.M.)
- Dans une interview à un site catholique autrichien, le journaliste allemand Peter Seewald devenu célèbre pour ses entretiens avec le pape Benoît XVI, donne libre cours à sa colère contre le mémorandum des théologiens germanophones.
|
Peter Seewald
Peter Seewald se fâche contre les 144
théologiens allemands
Celui qui sème le vent récolte la tempête
Le 10 février 2011 - E.
S. M. -
Dans
Lumière du monde , son dernier livre d’entretien avec Benoît XVI, ses
questions et certaines de ses digressions avaient attiré l’attention des
commentateurs. S’en dégageait en effet une vision du monde assez pessimiste
et un jugement très sévère sur l’état culturel et idéologique de l’Occident.
Le manifeste
Kirche 2011 signé par près de 200 théologiens allemands et appelant à un
« indispensable renouveau » pour l’Eglise catholique n’avait évidemment rien
pour plaire à notre ardent défenseur de la papauté.
Le site autrichien catholique
kath.net a donc eu la bonne idée d’aller
interviewer notre homme, désormais paré d’une certaine proximité symbolique
avec le pape - proximité qui ne revêt cependant aucun caractère officiel -
afin qu’il réagisse à ce document. Le résultat est impressionnant. Peter Seewald se livre en effet à une attaque en règle et ne recule devant aucune
invective.
Dans un entretien avec KATHNET, le journaliste et biographe du pape Peter
Seewald a qualifié l'Appel "Eglise 2011" des 143 théologiens catholiques de
rébellion par des gens déjà en maison de retraite! Et affirmé qu'ils ont
posé un défi aux évêques allemands. Il note également que le Pape a toujours
été bien conscient que les pires attaques contre l'Eglise venaient de
l'intérieur-même de l'Eglise.
Il s'agit d'une rébellion de la part des gens qui devraient tous être
maintenant en maison de retraite.
- M. Seewald, que pensez-vous de la question du célibat soulevée dans
l'appel des théologiens?
- Nous nous efforçons tous de suivre le juste chemin. L'Eglise ne peut
rester telle qu'elle est. Mais cela a à voir avec la purification, avec une
renaissance des valeurs, avec le fait de présenter un profil plus clair de
l'Église dans le monde moderne, et, finalement, de rendre plus clair le
message du Christ. Mais l'Appel conduit dans la direction opposée.
- Comment et pourquoi?
- Il s'agit d'une action concertée des forces néo-libérales, à l'oeuvre pour
forcer une déconstruction qui priverait l'Eglise catholique de son essence
même, et donc de son esprit et sa force. En fin de compte, ils veulent voir
une Eglise mondiale, dans laquelle ni Dieu ni l'Évangile n'est la mesure de
toutes choses, mais plutôt les membres autonomes de la communauté, dirigés
par les grands prêtres du Zeitgeist.
Comme dit saint Paul, "Les temps viendront où les hommes ne supporteront
plus la saine doctrine mais, suivant leurs propres désirs et leur insatiable
curiosité, accumuleront les professeurs, cesseront d'écouter la vérité et
seront détournées vers les mythes" (2 Tm 4, 3-4).
- Les promoteurs de l'Appel disent qu'ils ont touché un nerf sensible ...
- On peut dire ça - un nerf chez les millions de fidèles catholiques qui
sont malades et fatigués d'une discussion que nous avons tolérée avec
patience pendant d'innombrables années! Pleins de larmes de crocodile, ils
affirment qu'ils veulent diriger l'Église hors d'une obssession d'elle-même
qui la paralyse. Complètement idiot!
Ce sont toujours les mêmes groupuscules dont l'auto-absorption est devenu
une manie qui, depuis plus de 25 ans, ont empêché l'Eglise en Allemagne
d'affronter convenablement ses problèmes. Et je suis toujours étonné par la
malhonnêteté de leur présentation, par leurs arguments biaisés, par l'excès
de démagogie démontré dans cet appel.
Mais cette campagne pourrait aussi avoir pour effet de mobiliser et
conforter les fidèles, d'une façon que les initiateurs n'attendaient pas.
- Qui est derrière tout cela?
- Ce n'est certes pas un soulèvement par des jeunes! Il s'agit d'une
rébellion de la part des gens qui devraient tous être maintenant en maison
de retraite. L'établissement théologique s'est associé avec quelques hommes
politiques comme Althaus et Schavan [ministres allemands], avec un homme
comme Norbert Lammert [président du Parlement allemand, qui le mois dernier,
avec un groupe d'hommes politiques catholiques a appelé publiquement les
évêques allemands à travailler pour l'abolition du célibat des prêtres, afin
de remédier à la pénurie de prêtres ] - qui a invité le pape à Berlin, à ce
qu'il semble uniquement pour avoir une chance de lui "rabattre la mitre sur
ses oreilles"! Quel tour minable!
Ne pas oublier tous ceux qui ont perdu leur habilitation à enseigner la
théologie catholique parce que jour et nuit, ils n'ont perdu aucune occasion
de représenter le Fils de Dieu comme rien de plus qu'un Robin des Bois.
Ce sont vraiment des marchandises périmées. Ils ne mènent pas à l'avenir
parce qu'ils n'ont pas d'avenir. Ils voudraient être de nouveau verts, mais
ils ne pourront jamais refleurir. Ils peuvent rassembler derrière eux
quelques fonctionnaires, mais ils pourront jamais remuer d'enthousiasme des
foules, et probablement aucun jeune. Mais comme les branches pourries, ils
peuvent toujours faire du mal en frappant quelqu'un quand ils tombent de
l'arbre.
- Vous êtes très remonté sur ce sujet ...
- Parce que c'est un comportement indigne. Et c'est terriblement triste,
quand le Cardinal Lehmann va jusqu'à attaquer le vaillant Cardinal (Walter)
Brandmueller [ancien président de l'Académie pontificale des sciences
historiques, qui a étét fait cardinal en Novembre dernier] pour avoir écrit
une défense du célibat en réponse à la demande formulée par des politiciens
allemands, disant que lui (Lehman) en était "honteux" pour lui. [affirmant,
en effet, que Brandmueller avait offensé les politiciens qui s'étaient
contentés de dire ce qu'ils pensaient.]
C'est un défi pour chaque théologien catholique qui compte toujours
fermement sur la position de l'Église pour sa profession. C'est aussi un
défi pour les journalistes qui croient en la vérité et la justice, de le
démontrer maintenant. Le bon côté de tout cela, c'est que certains sont
justement en train de le faire.
Par-dessus tout, les évêques allemands sont mis au défi. Ils doivent
indiquer clairement: L'Eglise n'est pas là où les anti-papistes sont, dans
les médias. Elle n'est pas là où sont les stratèges politiques.
L'Église là où les gens prient, Là où est Marie, où est Pierre, où est
Jésus, qui disait: "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon
Eglise." Il n'a pas dit qu'il construisait sur du sable.
- Que dit le Pape de tout cela?
- Nous pouvons très bien l'imaginer! Mais il a toujours su que les pire
attaques contre l'Eglise venaient de l'intérieur de l'Église elle-même. En
Janvier 2009, il y a eu l'épisode avec les évêques lefebvristes. En Janvier
2010, la divulgation des abus terribles commis par des prêtres dans les
écoles allemandes. Et en Janvier 2011, nous avons cette offensive réchauffée
de la part de théologiens, contre les caractéristiques essentielles de
l'Église, avec l'intention de la blesser au cœur.
Bien sûr, les critiques du célibat sacerdotal, ne sont pas tous
nécessairement des ennemis de l'église. Le célibat sacerdotal n'est pas un
dogme, mais aucune autre règle n'a été si fortement mise à l'épreuve. Comme
jeune professeur, le Pape lui-même le regardait avec un œil critique. Dans
les trois livres d'entretiens que nous avons faits ensemble, nous avons
parlé de cette question en détail (ndt: à creuser...).
Il n'a pas fait un enjeu majeur de son pontificat pour l'Église universelle
d'en décider! il a plutôt donné un grand nombre d'arguments convaincants
pour le célibat sacerdotal. Ses adversaires le savent, et c'est cela qui les
met le plus en colère.
- Alors faut-il cesser de débattre de cette question?
- Non, mais pas tout le temps et pas à chaque occasion! Peut-être
faudrait-il le ressortir encore dans dix ans. Mais pour l'instant, la
question est close. Point. Et cela signifie qu'il faut l'accepter. Pour le
bien de l'Eglise, pour le bien de tous.
Nous ne pouvons pas répéter répéter éternellement la même question à
laquelle il a déjà été répondu, comme un malade d'Altzheimer auquel on a
déjà répondu. C'est comme si les membres des partis politiques persistaient
à poser une question que le parti a déjà tranchée.
Celui qui s'oppose obstinément au célibat sacerdotal promeut la rupture. Il
met délibérément en danger l'unité de l'Eglise pour une cause qui manque à
la fois de justification convaincante et du soutien de la majorité.
Il n'y aura pas d'adoucissement de la part de ce pape, qui a dit que "Le
célibat est un grand signe de la foi, de la présence de Dieu dans ce monde."
Il serait complètement absurde de renoncer à ce signe dans un monde éloigné
de Dieu, et qui a tellement besoin de tels signes.
Sources :Benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.02.2011 - T/Eglise
|