Homélie du cardinal Vingt-Trois,
grotte des apparitions à Lourdes |
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Lourdes, le 09 novembre 2008 -
(E.S.M.)
- Texte de l'homélie du cardinal Vingt-Trois lors de la messe de
clôture de l'Assemblée plénière à la grotte des apparitions à Lourdes.
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Les
évêques à Lourdes
Homélie du cardinal Vingt-Trois,
grotte des apparitions à Lourdes
Les signes de la présence de Dieu
Le 09 novembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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La présence de Dieu dans l'histoire des hommes se manifeste par des signes.
Le Temple de Jérusalem était perçu en Israël comme le signe majeur de la
présence de Dieu à son peuple. La vision d'Ezéchiel déploie les effets de
cette présence de Dieu. L'eau vive qui jaillit du Temple procure « une
nourriture et un remède» (Ez 47, 12). Elle purifie et elle donne la
fécondité.
Jésus lui-même reconnaît dans cette maison de pierres la « maison de son
Père » (Jn 2, 16), le signe de la présence de Dieu, et le lieu de la prière
qui doit être respecté. Il en chasse les marchands et leurs trafics. En même
temps, il invite ses contradicteurs à passer du signe à la réalité : la
véritable présence de Dieu dans l'humanité, ce n'est pas un bâtiment de
pierres, si prestigieux soit-il. C'est le Christ lui-même qui est la réalité
de la présence de Dieu. Celui qui va susciter à Dieu des adorateurs « en
esprit et en vérité » (Jn 4, 23) comme il l'a dit à la Samaritaine.
Mais le développement de l'œuvre du Christ va plus loin encore. Après sa
résurrection, par le don de son Esprit, sa présence à l'histoire des hommes
va se poursuivre, non pas dans les bâtiments mais dans le cœur de ceux qui
croient en Lui et qui deviennent, selon la belle formule de Paul aux
Corinthiens, le temple de Dieu : « le temple de Dieu est sacré, et ce temple
c'est vous. » (1 Co 3, 17)
Les pierres vivantes du temple de Dieu
Cette nouvelle manifestation de la présence de Dieu au monde définit en même
temps notre dignité et notre mission de disciples du Christ. Baptisés dans
l'Esprit, confirmés par l'onction sainte de la confirmation, nous sommes
devenus ces « temples de Dieu » (et) l'Esprit de Dieu habite en nous. » (1 Co 3, 16). Nous sommes conformés au Christ, Prêtre, Prophète et Roi pour
témoigner de l'Alliance nouvelle et définitive scellée dans le sang de
l'Agneau. Nous devenons comme un sacrement de Dieu en ce monde. Ceci définit
la dignité des chrétiens, non pas pour qu'ils s'enorgueillissent d'un mérite
qu'ils auraient, mais pour qu'ils rendent gloire à Dieu et que leur vie soit
une continuelle action de grâce.
Cette grâce dont nous avons bénéficié en raison de l'amour surabondant de
Dieu pour les hommes, constitue, en même temps la mission qui nous est
confiée par le Christ lui-même : devenir les témoins de l'amour de Dieu pour
l'humanité entière. L'Église du Christ, édifiée sur la fondation qu'est
Jésus Christ rassemble ces pierres vivantes que nous sommes devenus en lui
(cf
1 P 1, 5). Elle est constituée par lui comme la demeure de Dieu parmi les
hommes, comme un « signe dressé au milieu des nations » (Is 11, 10) pour que
tous puissent connaître de quel amour chacun est aimé et que tous puissent
répondre à cet amour.
Nous qui sommes les pasteurs de l'Église qui est en France, nous voulons
rendre grâce avec vous pour l'œuvre que Dieu accomplit aujourd'hui par son
Église en notre pays. Nous savons tous que la fidélité à l'Évangile n'est
pas facile tous les jours. Nous savons combien nous pouvons être tentés de
croire que c'est nous qui faisons l'Église, comme si elle était une œuvre
humaine.
Mais nous savons aussi qu'une multitude d'hommes et de femmes laissent la
force de l'esprit transformer leur vie et les conduire dans la louange
rendue à Dieu et dans le service de leurs frères. Nous savons que la vigueur
de notre Église, dont nous avons encore eu un signe éclatant lors de la
récente
visite du Saint Père Benoît XVI à Paris et ici même à Lourdes, surmonte nos
faiblesses et nos timidités pour rendre palpable l'amour de Dieu dans notre
société.
Une église en mission
C'est la première mission de l'Église. C'est la nôtre, celle de chacun des
membres du corps ecclésial. Aujourd'hui, en France, être chrétien c'est
accepter de devenir un missionnaire de l'Évangile. Dans notre culture, cette
orientation missionnaire est souvent suspecte, y compris pour certains
membres de nos communautés. Elle est identifiée à une sorte de viol des
consciences dont nous nous rendrions coupables à l'égard de nos semblables,
comme si nous avions le désir et le pouvoir de les forcer à adhérer à la foi
par des moyens de pression psychologique !
Le missionnaire de la foi chrétienne ne saurait jamais être une sorte de «
rabatteur » qui attire dans son Église par tous les moyens disponibles de la
communication moderne. Telle n'est pas la mission confiée par le Christ.
Telle n'est pas la manière dont les Apôtres l'ont menée à bien. Être
missionnaire, c'est avant tout permettre à la liberté humaine de s'exercer
en lui donnant tout simplement à voir comment la puissance de Dieu peut
transformer les existences humaines. Notre premier témoignage est celui de
notre manière de vivre et de mettre en pratique la Parole de Dieu qui nous
est confiée comme un trésor. C'est la fidélité dans les engagements, la
disponibilité dans le service des autres, et surtout des plus démunis, c'est
la confiance dans la promesse de Dieu, c'est l'endurance dans les
difficultés, c'est la dignité humaine dans l'affrontement de la souffrance
et de la mort. Bref, c'est la vie confiante dans l'amour du Père qui s'est
révélée à nous.
Mais cette manière de vivre n'est pas, en elle-même, une annonce si elle
n'est pas associée clairement et directement à notre intégration dans
l'édifice ecclésial dont nous sommes les pierres vivantes. Nous devons être
toujours prêts à « rendre compte de l'espérance qui est en nous » (1 P 3,
15). Nous ne pouvons laisser croire que notre manière de vivre, dans l'amour
et de l'amour, serait seulement une sorte d'option personnelle dont les
motifs resteraient cachés et incommunicables. Elle est le fruit de la grâce
que nous avons reçue. Elle nous vient de la foi au Christ ressuscité. Nous
pouvons le dire et nous devons le dire, sans ostentation, sans artifice,
mais aussi sans honte et sans crainte.
Frères et Sœurs,
Les temps sont favorables. Les hommes qui nous entourent ont besoin de
savoir que la vie humaine n'est pas une machinerie disponible pour nos
inventions, moins encore une marchandise, et que notre avenir ne dépend pas
de la bourse. Ils ont besoin de savoir qu'ils sont appelés à une aventure
extraordinaire : l'aventure de l'amour fidèle et miséricordieux. Nous qui le
savons, nous trouvons notre joie à partager le trésor que nous avons reçu.
Et notre joie, nul ne pourra nous la ravir, Jésus lui-même l'a promis à ses
disciples :
« Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit
parfaite » (Jn 15,11)
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Assemblée plénière : Discours de clôture du cardinal André Vingt-Trois
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Sources : Église.catholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.11.2008 -
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