La pastorale du mariage et de la famille en
Europe |
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Le 09 octobre 2007 -
(E.S.M.) - La pastorale
du mariage et de la famille qui se développe aujourd’hui en Europe se
veut une réponse aux profonds bouleversements qui ont marqué
l’institution familiale dans les pays européens depuis une quarantaine
d’années.
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La famille fondée sur le mariage -
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LA PASTORALE DU MARIAGE ET DE LA FAMILLE EN EUROPE
Intervention du cardinal Ricard
Assemblée plénière des Présidents des
Conférences épiscopales à Fatima, 4-5 octobre 2007
Parler de la pastorale du mariage et de la famille en Europe en 10 minutes
est une véritable gageure. Je vais essayer d’en relever le défi mais
pardonnez-moi si mon exposé vous paraît quelque peu rapide ou allusif.
1 – LES DÉFIS
La pastorale du mariage et de la famille qui se développe aujourd’hui en
Europe se veut une réponse aux profonds bouleversements qui ont marqué
l’institution familiale dans les pays européens depuis une quarantaine
d’années. En effet, la famille et le mariage sont deux aspects de
l’existence humaine qui ont été grandement fragilisés par des développements
technologiques inédits et par de profonds changements culturels.
On est ainsi passé du problème du divorce à celui des "unions
de fait", du problème de l'infertilité de certains couples à celui de
l'embryon humain traité comme matériel de laboratoire ou sélectionné selon
les attentes ou les désirs des parents, des questions tournant autour de la
pilule contraceptive dite combinée à la banalisation de la pilule abortive.
La légalisation de l'avortement s'est rapidement étendue à presque toute
l'Europe. On en est arrivé à mettre en doute le bien de la famille en
opposant à celle-ci d'autres "modèles". On plaide aujourd’hui pour la
reconnaissance de ce que les sociologues désignent comme « les différents
modèles de nuptialité. » A côté de ce qui est appelé « la famille
traditionnelle ou bourgeoise, à savoir un homme marié à une femme et tous
les deux ayant des enfants », on parle de « famille homosexuelle », de «
famille recomposée » ou de famille « monoparentale ». Certains courants
plaident très fort pour l’union ou le mariage entre personnes du même sexe
et pour la possibilité par elles d’adopter des enfants. L’approche est
subjective. On proclame très fortement qu’il ne doit pas y avoir de
discrimination entre les individus. Chacun a le droit de vivre selon ses
inclinations sexuelles. La législation, pense-t-on, doit le permettre. Il
n’y a plus pour le législateur de normes objectives, le critère de la
moralité devenant ce que la majorité d’une population affirme comme devant
s’imposer à tous dans un moment et une société donnés. Qui ne voit que cette
majorité peut changer, qu’on peut la faire bouger et que dans ce contexte,
elle reste très perméable au travail de lobbying de certains groupes de
pression qui savent particulièrement bien se servir des médias.
Les résultats de ces évolutions marquent fortement nos pays d’Europe, en
particulier de l’Europe de l’Ouest. D’où les constatations qui peuvent être
faites :
baisse du nombre de mariages et du taux de nuptialité
augmentation du nombre de jeunes qui cohabitent avant le mariage,
allongement de la durée de la cohabitation et augmentation du nombre
d’enfants nés hors mariage
fragilité croissante de la stabilité et de la fidélité des couples
acceptation et quasi-fatalisme devant le divorce
augmentation des « unions de fait » et encadrement juridique de ces unions
par l’État, introduit récemment dans plusieurs pays d’Europe (« Cohabitation
légale », « PACS », mariages entre personnes du même sexe)
dissociation entre union sexuelle et procréation
baisse de la natalité avec ses conséquences démographiques
recherche de la fabrication de l’enfant parfait
Cette évolution s’inscrit dans un processus de forte sécularisation qui a
touché un certain nombre de pays européens dont la France. Ce processus
s’est traduit par l’éloignement d’une partie de la population par rapport à
l’appartenance ecclésiale, à la foi chrétienne. Nos pays ont été marqués par
une grave crise de transmission entre les générations. Cela a affaibli une
référence aux valeurs chrétiennes et à la culture religieuse.
2 – LES RÉALISATIONS DE LA PASTORALE DU MARIAGE ET
DE LA FAMILLE EN EUROPE
La pastorale du mariage de la famille a voulu relever ces défis avec
détermination et espérance, consciente de la richesse de l’expérience
chrétienne et de la nécessité de partager à tous les hommes sa vision de la
famille et la Bonne nouvelle dont elle est porteuse.
2.1 Mettre au centre la pastorale de la famille
Rappelons tout d’abord que si la préoccupation pastorale pour la famille a
toujours marqué l’Eglise, en particulier en Europe, l’émergence d’une
pastorale spécifique pour répondre aux défis croissants touchant la famille
et la vie en Europe s’est précisée à partir du Synode des Évêques qui s’est
réuni en octobre 1980 sur « les devoirs de la famille chrétienne dans le
monde d’aujourd’hui ». Les propositions de ce synode, confiées par le pape
Jean-Paul II au Conseil pontifical pour la Famille qui venait d’être créé (9
mai 1981), ont abouti au document postsynodal
Familiaris Consortio du Jean-Paul II (22 novembre 1981) C’est cette
exhortation apostolique qui a constitué le document de base et aussi la
charte de la pastorale familiale renouvelée. Celle-ci a commencé dès lors à
se diffuser dans tous les diocèses d’Europe, avec la création de multiples
comités, commissions ou services pour la pastorale familiale établis par les
Conférences épiscopales des différents pays.
Le pape Jean-Paul II est souvent intervenu pour souligner l’importance de
cette pastorale de la famille et de la vie et la recommander comme un des
axes d’une nouvelle évangélisation. Il écrivait dans sa lettre apostolique
Novo
Millennio ineunte, 6 janvier 2001 n° 47 : « Une attention spéciale doit
être portée à la pastorale de la famille, d'autant plus nécessaire dans un
moment historique comme le nôtre, où l'on enregistre une crise diffuse et
radicale de cette institution fondamentale. Il faut faire en sorte que, par
une éducation évangélique toujours plus complète, les familles chrétiennes
donnent un exemple convaincant de la possibilité d'un mariage vécu de
manière pleinement conforme au dessein de Dieu et aux vraies exigences de la
personne humaine. »
Vu les défis qui touchent aujourd’hui le mariage, la famille et la vie en
Europe, il est décisif de donner une place centrale à la pastorale
familiale, non pas comme une des dimensions particulières de la pastorale, à
côté d’autres, mais comme un élément fondamental qui touche tous les autres
domaines de la pastorale. Pour être plus efficace, la pastorale de la
famille doit pouvoir se développer à la façon d’un réseau de relations,
associant à son travail tous les acteurs des différents domaines de la
pastorale.
On trouve cette centralité de la pastorale de la famille et de la vie dans
différents Directoires de la Pastorale Familiale, en particulier le
Direttorio di Pastorale Familiare per la Chiesa in Italia publié par la
Conférence épiscopale italienne en 1993, très complet, le Directoire de
Pastorale Familiale, publié par l’Eglise en Espagne et les différents textes
de la COMECE, en particulier le document Plaidoyer pour une stratégie
européenne pour la famille (2005) et le document de travail du secrétariat
de la COMECE. Une stratégie familiale pour l’union européenne. Encourager
l’Union à faire de la famille une priorité. (2004)
2.2 Evangéliser la réalité familiale et soutenir les
familles
La première tâche que doit se fixer une pastorale du mariage et de la
famille est d’aider les couples et les familles à s’ouvrir au don de Dieu et
accueillir la vision évangélique du couple et de la vie familiale. Les
chrétiens ont à témoigner de la réalisation d’une promesse qui donne goût à
la vie. C’est l’expérience d’être aimés personnellement par Dieu, d’être
pardonnés, d’être soutenus par la fidélité même de Dieu qui fonde l’amour
conjugal et l’amour familial. Il faut aider la famille à devenir ce qu’elle
est : une petite Eglise domestique, un lieu où on apprend à être aimé et à
aimer, à vivre la communion dans la différence, à s’initier à l’expérience
de foi avec tout ce que cela comporte.
La pastorale familiale dans la plupart des pays européens a voulu ainsi
soutenir le mariage, ceux qui s’y engagent et ceux qui le vivent. Je pense à
tout ce qui a été fait pour la préparation au mariage (Centres de
préparation au mariage), l’aide psychologique et spirituelle apportée aux
personnes mariées, le soutien par les mouvements de spiritualité, les
propositions des communautés nouvelles en direction des couples, le soutien
des veuves, des personnes séparées, des divorcés qui veulent rester fidèles
à leur conjoint, aux divorcés remariés. On a cherché à soutenir les femmes
confrontées à une décision d’avortement : soutien matériel, psychologique et
spirituel.
On assiste depuis quelques années à une redécouverte du sacrement de mariage
et à une présentation renouvelée de la Bonne nouvelle évangélique concernant
le mariage. Avec le Christ et l’aide de son Esprit, il est possible de
fonder un couple pour la vie, de tenir dans la durée, de vivre une réelle
fidélité. Le témoignage des couples eux-mêmes est dans ce domaine
irremplaçable. Cette foi et cette espérance peuvent être reçues par tous
ceux pour qui tiennent dans nos sociétés aux valeurs familiales. Ils sont
bien plus nombreux qu’on ne croit. N’oublions pas que la valeur « Famille »
reste au hit parade des valeurs plébiscitées par les français. Tous les
sondages le révèlent.
Enfin, beaucoup de paroisses constatent que devant le peu de contacts de
beaucoup de fiancés avec l’Eglise et avec la foi chrétienne (un des deux
fiancés souvent n’est pas catéchisé et parfois pas baptisé…) la préparation
au mariage peut être alors un lieu de réelle première évangélisation, un
lieu où peut être proposée une première initiation ecclésiale. Cela est
exigeant. Cela demande un plus grand investissement que de préparer
simplement une célébration. Mais l’enjeu apostolique en vaut vraiment la
peine. Ceux qui ont pris ces initiatives apostoliques nouvelles peuvent en
témoigner.
2.3 Promouvoir la place singulière du mariage et de la
famille dans notre société. Veiller au respect de la vie.
Dans notre promotion du mariage et de la famille nous ne témoignons pas
d’une vision purement confessionnelle du mariage et de la famille, d’une
vision qui ne s’adresserait qu’aux catholiques. Nous savons que nous sommes
porteurs d’une vision de la personne, du mariage et de la famille qui
s’inscrit dans le dessein de Dieu sur l’humanité et concerne tout homme.
Il est du devoir de l’Eglise et des chrétiens de se mobiliser pour
promouvoir et défendre le vrai bien de l’homme. Voici quelques insistances
soulignées par la pastorale de la famille et de la vie ces dernières années
en Europe.
le respect de la place singulière de l’institution familiale et du mariage
comme cellule première et fondamentale de la société
le refus de la relativisation de ce modèle par ceux qui prônent
l’équivalence d’autres modes de nuptialité
l’invitation à réfléchir sur la stabilité, la fidélité et les moyens à
prendre pour les vivre.
l’attention à la prise en compte du bien et des droits de l’enfant qui ont
droit à avoir un père et une mère. On parle beaucoup du droit à l’enfant et
beaucoup moins du droit de l’enfant.
le refus de la réification de l’embryon, de la banalisation sociale de
l’avortement et de l’ouverture progressive à des pratiques euthanasiques.
Il y a là, non seulement des interventions publiques à faire mais aussi
toute une longue formation des consciences à développer, à travers les âges
et les différentes situations de la vie. La pastorale de la famille doit
toujours avoir une dimension missionnaire. Il ne s’agit pas de créer entre
familles catholiques un réseau de défense qui se refermerait sur lui-même.
Certes, ces familles ont besoin de tenir, de se soutenir, dans un
environnement peu porteur pour la vie conjugale et familiale, mais elles
doivent témoigner autour d’elles de la vision de l’homme dont elles sont
porteuses et de l’amour qui les fait vivre.
Dans le livre du Deutéronome Dieu dit à son peuple par l’intermédiaire de
Moïse : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la
malédiction. Choisis donc la vie pour que vous viviez, toi et ta
descendance. » (30, 19) Toute
la pastorale de la famille et de la vie est bien là pour redire à tous :
choisis la vie, la vraie vie, celle qui ne déçoit pas.
Cardinal Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence des évêques de France
Les présidents des
Conférences épiscopales d’Europe se rencontreront à Fatima, au Portugal, du
4 au 7 octobre, à l’occasion de l’Assemblée plénière des présidents des
Conférences épiscopales d’Europe (CCEE)
►
Rencontre à Fatima des présidents des
Conférences épiscopales d’Europe
Table 2007 : ►
La
famille fondée sur le mariage
Sources: CEF
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.10.2007 - BENOÎT XVI
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