Audience Générale : Benoît XVI nous
présente Saint Pierre Damien |
|
Le 09 septembre 2009 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a évoqué aujourd'hui durant
l'audience générale saint Pierre Damien (Ravenne 1007-
Faenza 1072), un moine qui soutint ardemment la réforme de
l'Église engagée au XI siècle par la papauté.
|
Le pape Benoît XVI
Audience Générale : Benoît XVI nous
présente Saint Pierre Damien
Le 09 septembre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Benoît XVI a évoqué aujourd'hui durant
l'audience générale saint Pierre Damien (Ravenne 1007-
Faenza 1072), un moine qui soutint ardemment la réforme de
l'Église engagée au XI siècle par la papauté. Orphelin jeune, il fut adopté
par son frère aîné, qui lui assura une solide formation juridique et
littéraire. D'abord enseignant, il rédigea ensuite plusieurs ouvrages avant
d'être appelé à l'idéal monastique, devenant moine. A l'ermitage de Fonte
Avellana, dédié à la Ste. Croix, il s'intéressera au mystère chrétien par
excellence, auquel il consacrera grand part de son oeuvre. Pierre Damien
écrira que "nous devons toujours voir dans la Croix l'acte d'amour suprême
de Dieu envers l'homme, source de son salut".
Texte intégral de la catéchèse du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
Au cours des catéchèses de ces mercredis, je traite certaines grandes
figures de la vie de l'Église depuis ses origines. Je voudrais
m'arrêter aujourd'hui sur l'une des personnalités les plus significatives du
XIe siècle, saint Pierre Damien, moine, qui aimait la solitude et dans le
même temps, intrépide homme d'Église , engagé personnellement dans l'œuvre
de réforme commencée par les papes de l'époque. Il est né à Ravenne en 1007
d'une famille noble, mais pauvre. Devenu orphelin de ses deux parents, il
vécut une enfance marquée par les privations et les souffrances, même si sa
sœur Roselinda s'engagea à lui servir de mère et son grand frère Damien
l'adopta comme son enfant. C'est précisément pour cela qu'il sera appelé par
la suite Pierre de Damien, Pierre Damien. Il suivit une formation d'abord à
Faenza, puis à Parme où, à l'âge de 25 ans déjà, nous le trouvons engagé
dans l'enseignement. A côté d'une bonne compétence dans le domaine du droit,
il acquit une grande habileté et un raffinement dans l'art de composer -
l'ars scribendi - et, grâce à sa connaissance des grands classiques latins,
il devint l'« un des meilleurs latinistes de son époque, l'un des plus
grands écrivains du Moyen Age latin » (J. Leclercq,
Pierre Damien, ermite et homme d'Église , Rome, 1960, p. 172).
Il se distingua dans les genres littéraires les plus divers : des lettres
aux sermons, des hagiographies aux prières, des poèmes aux épigrammes. Sa
sensibilité pour la beauté le conduisait à la contemplation poétique du
monde. Pierre Damien concevait l'univers comme une « parabole » inépuisable
et une étendue de symboles, à partir de laquelle il interprétait la vie
intérieure et la réalité divine et surnaturelle. Dans cette perspective, aux
alentours de l'an 1034, la contemplation de l'absolu de Dieu le poussa à se
détacher progressivement du monde et de ses réalités éphémères, pour se
retirer dans le monastère de Fonte Avellana, fondé seulement quelques
décennies plus tôt, mais déjà célèbre en raison de son austérité. Pour
édifier les moines, il écrivit la Vie du fondateur, saint Romuald de
Ravenne, et s'engagea dans le même temps à en approfondir la spiritualité,
en exposant son idéal de monachisme érémitique.
Il faut immédiatement souligner un détail : l'ermitage de Fonte Avellana
était consacré à la Sainte Croix, et la Croix sera le mystère chrétien qui,
plus que tout autre, fascinera Pierre Damien. « Celui qui n'aime pas la
croix du Christ n'aime pas le Christ », affirme-t-il (Sermo,
XVIII 11, p. 117) et se qualifie comme : « Petrus crucis
Christi servorum famulus - Pierre serviteur des serviteurs de la croix du
Christ » (Ep 9, 1). Pierre Damien adresse à
la croix de très belles prières, dans lesquelles il révèle une vision de ce
mystère aux dimensions cosmiques, car il embrasse toute l'histoire du salut
: « O bienheureuse Croix - s'exclame-t-il - la foi des
patriarches, les prophéties des prophètes, le sénat des apôtres chargé de
juger, l'armée victorieuse des martyrs et les foules de tous les saints te
vénèrent, te prêchent et t'honorent » (Sermo, XVIII
14, p. 304). Chers frères et sœurs, que l'exemple de saint Pierre
Damien nous pousse nous aussi à regarder toujours la Croix comme l'acte
suprême d'amour de Dieu à l'égard de l'homme, qui nous a donné le salut.
Pour le déroulement de la vie érémitique, ce grand moine rédige une Règle
dans laquelle il souligne profondément la « rigueur de l'ermitage » :
dans le silence du cloître, le moine est appelé à passer une longue vie de
prière, diurne et nocturne, avec des jeûnes prolongés et austères ; il doit
s'exercer à une généreuse charité fraternelle et à une obéissance au prieur
toujours prête et disponible. Dans l'étude et la méditation quotidienne,
Pierre Damien découvre les significations mystiques de la Parole de Dieu,
trouvant dans celle-ci une nourriture pour sa vie spirituelle. C'est dans ce
sens qu'il qualifie la cellule de l'ermitage comme « parloir où Dieu
converse avec les hommes ». La vie érémitique est pour lui le sommet de la
vie chrétienne, elle se trouve « au sommet des états de vie », car le
moine, désormais libre des liens du monde et de son propre moi, reçoit «
les arrhes de l'Esprit Saint et son âme s'unit heureuse à l'Epoux céleste
» (Ep 18, 17 ; cf ; Ep 28, 43sq). Cela
apparaît important également pour nous aujourd'hui, même si nous ne sommes
pas des moines : savoir faire le silence en nous pour écouter la voix de
Dieu, chercher, pour ainsi dire un « parloir » où Dieu parle avec nous :
apprendre la Parole de Dieu dans la prière et dans la méditation est le
chemin de la vie.
Saint Pierre Damien, qui fut substantiellement un homme de prière, de
méditation, de contemplation, fut également un fin théologien : sa réflexion
sur différents thèmes doctrinaux le conduit à des conclusions importantes
pour la vie. Ainsi, par exemple, il expose avec clarté et vivacité la
doctrine trinitaire en utilisant déjà, dans le sillage des textes bibliques
et patristiques, les trois termes fondamentaux, qui sont ensuite devenus
déterminants également pour la philosophie de l'Occident, processio, relatio
e persona (cf. Opusc. XXXVIII : PL CXLV, 633-642 ; et
Opusc. II et III : ibid., 41sq et 58sq). Toutefois, étant donné
que l'analyse théologique du mystère le conduit à contempler la vie intime
de Dieu et le dialogue d'amour ineffable entre les trois Personnes divines,
il en tire des conclusions ascétiques pour la vie en communauté et pour les
relations entre chrétiens latins et grecs, divisés sur ce thème. La
méditation sur la figure du Christ a elle aussi des conséquences pratiques
significatives, toute l'Écriture étant axée sur Lui. Le « peuple des
juifs - note saint Pierre Damien -, à travers les pages de l'Ecriture
Sainte, a comme porté le Christ sur ses épaules » (Sermo
XLVI, 15). Le Christ, ajoute-t-il, doit donc se trouver au centre
de la vie du moine : « Que le Christ soit entendu dans notre langue, que
le Christ soit vu dans notre vie, qu'il soit perçu dans notre cœur »
(Sermo VIII, 5). L'union intime avec le Christ engage non
seulement les moines, mais tous les baptisés. Nous trouvons ici un rappel
puissant, également pour nous, à ne pas nous laisser totalement prendre par
les activités, par les problèmes et par les préoccupations de chaque jour,
en oubliant que Jésus doit vraiment être au centre de notre vie.
La communion avec le Christ crée l'unité d'amour entre les chrétiens. Dans
la lettre 28, qui est un traité d'ecclésiologie de génie, Pierre Damien
développe une profonde théologie de l'Église comme communion. «
L'Église du Christ - écrit-il - est unie dans le lien de la
charité au point que, de même qu'elle est une en plusieurs membres, elle est
tout entière mystiquement dans chacun des membres ; si bien que toute
l'Église universelle se dénomme à juste titre unique Épouse du Christ
au singulier, et chaque âme élue, par le mystère sacramentel, est considérée
comme pleinement Église ». Cela est important : non seulement l'Église
universelle tout entière est unie, mais en chacun de nous devrait être
présente l'Église dans sa totalité. Ainsi, le service de l'individu
devient « expression de l'universalité » (Ep 28,
9-23). Toutefois, l'image idéale de la « sainte Église
» illustrée par Pierre Damien ne correspond pas - il le savait bien - à la
réalité de son temps. C'est pourquoi il ne craint pas de dénoncer l'état de
corruption existant dans les monastères et parmi le clergé, en raison, avant
tout, de la pratique de laisser les autorités laïques remettre l'investiture
des charges ecclésiastiques : plusieurs évêques et abbés se comportaient en
gouverneurs de leurs propres sujets plus qu'en pasteurs des âmes. Souvent
leur vie morale laissait beaucoup à désirer. C'est pourquoi, avec une grande
douleur et tristesse, en 1057, Pierre Damien quitte le monastère et accepte,
bien qu'avec difficulté, la nomination comme cardinal évêque d'Ostie,
entrant ainsi pleinement en collaboration avec les papes dans l'entreprise
difficile de la réforme de l'Église . Il a vu que la contemplation n'était
pas suffisante et il a dû renoncer à la beauté de la contemplation pour
apporter son aide à l'œuvre de renouveau de l'Église . Il a ainsi renoncé à
la beauté de l'ermitage et avec courage il a entrepris de nombreux voyages
et missions.
Pour son amour de la vie monastique, dix ans plus tard, en 1067, il obtient
la permission de retourner à Fonte Avellana, en renonçant au diocèse
d'Ostie. Mais la tranquillité à laquelle il aspirait dure peu de temps : à
peine deux ans plus tard, il est envoyé à Francfort dans la tentative
d'éviter le divorce d'Henri IV et de sa femme Berthe ; et de nouveau deux
ans plus tard, en 1071, il se rend au Mont Cassin pour la consécration de
l'église abbatiale et au début de 1072 il va à Ravenne pour rétablir la paix
avec l'archevêque local, qui avait soutenu l'antipape en frappant la ville
d'interdiction. Pendant le voyage de retour à son ermitage, un maladie
subite le contraint à s'arrêter à Faenza dans le monastère bénédictin de «
Santa Maria Vecchia foiri porta », et il y meurt dans la nuit du 22
au 23 février 1072.
Chers frères et sœurs, c'est une grande grâce que dans la vie de l'Église
le Seigneur ait suscité une personnalité aussi exubérante, riche et complexe
que celle de saint Pierre Damien et il n'est pas commun de trouver des
œuvres de théologie et de spiritualité aussi aiguës et vives que celles de
l'ermite de Fonte Avellana. Il fut moine jusqu'au bout, avec des formes
d'austérité qui aujourd'hui pourraient presque nous sembler excessives. Mais
de cette manière, il a fait de la vie monastique un témoignage éloquent du
primat de Dieu et un rappel pour tous à cheminer vers la sainteté, libres de
tout compromis avec le mal. Il se consuma, avec une lucide cohérence et une
grande sévérité, pour la réforme de l'Église de son temps. Il donna
toutes ses énergies spirituelles et physiques au Christ et à l'Église , en
restant toujours, comme il aimait se définir, Petrus ultimus monachorum
servuus, Pierre, le dernier serviteur des moines.
(ZF09090907)
ETHIQUE ET ECONOMIE
Parmi les saluts ayant suivi la catéchèse, le Saint-Père s'est adressé aux
membres du syndicat italien de l'agriculture en congrès à Rome, les
encourageant à poursuivre sans relâche leur service social et spirituel dans
le monde agricole. Évoquant le thème des assises de la Coldiretti,
"l'éthique et l'économie aujourd'hui", il a dit son espoir qu'elles soient
l'occasion de réaffirmer les principes éthiques capables de réanimer dans
l'économie le lien entre perspectives et solidarité.
Le Saint-Père s'adresse aux pèlerins francophones
Chers frères et sœurs,
Saint Pierre Damien est né à Ravenne en 1007. Orphelin encore enfant, il put
cependant entreprendre des études de droit et de lettres où il excellait.
Sensible à la beauté et à la contemplation poétique du monde, il découvrit
la richesse de la vie intérieure et des réalités surnaturelles. Saisi par
l’absolu de Dieu, il se retira au Monastère de Fonte Avellana dédié à la
Sainte Croix. Là, il rédigea une Règle pour aider les moines à mener en
profondeur une vie de silence, de prière, et d’écoute de la Parole. Le
Mystère de la Croix illuminait sa vie : de magnifiques prières en
témoignent. Dans sa méditation de l’Écriture, il retrouvait toujours la
figure du Christ, centre de la vie du moine. Puisse Jésus être pour nous
aussi vraiment le centre de notre vie. Qu’Il nous aide à prendre du recul
par rapport à nos préoccupations quotidiennes !
Théologien éminent, Pierre Damien, à partir de sa réflexion trinitaire et
christologique enracinée dans l’Écriture, sut mettre en lumière l'Église
comme communion. À une époque où les tensions étaient nombreuses dans
l'Église, il fut nommé évêque d’Ostie et cardinal en 1057, afin de
contribuer à la réforme de l’Église. Au fond de son âme, toutefois, Pierre
Damien est toujours resté fidèle à l’idéal monastique : il est, pour nous,
un témoin éloquent de l’absolu de Dieu qui nous appelle tous à la sainteté,
libres vis-à-vis des compromissions avec le monde.
Je salue avec joie les pèlerins francophones, particulièrement les Petites
Sœurs de Jésus, ainsi que les pèlerins de Richmond, au Canada, et ceux
provenant des Diocèses de Belley-Ars et de Dijon, en France. En cette année
du sacerdoce, je vous invite à prier pour vos prêtres et à les soutenir dans
leur ministère. Que Dieu vous bénisse !
Texte original du
discours du Saint Père
►UDIENZA
GENERALE
Regarder
la vidéo en italien ou en français
Français
Sources : www.vatican.va
090909 (470)
-
E.S.M.
© Copyright du texte original : Librairie Editrice du Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.09.09 -
T/Benoît XVI |