Prendre un nouveau départ, note Benoît XVI,
pour mener une autre vie |
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Rome, le 09 septembre 2007 -
(E.S.M.) -
Le baptême auquel le Baptiste appelle se distingue des ablutions
religieuses habituelles. Il ne peut être répété et doit être
l'accomplissement concret d'une conversion qui redéfinit pour toujours
la vie entière.
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Manuscrits de Qumran -
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Prendre un nouveau départ, note Benoît XVI, pour mener une autre vie
Premier chapitre - Le Baptême de Jésus
(p. 29 à 44)
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: 1) Israël vit une fois de plus l'obscurité de Dieu :
Benoît XVI
2) Le Baptême pour mener une autre vie
(suite)
Des mouvements, des espoirs et des attentes antagonistes dominent le climat
religieux et politique. À peu près à l'époque de la naissance de Jésus,
Judas le Galiléen a appelé à une révolte qui fut réprimée dans le sang par
les Romains. Son parti, celui des zélotes, qui continuait à exister, ne
refuse ni la terreur ni la violence pour restaurer la liberté d'Israël.
Benoît XVI nous dit qu'il
n'est pas exclu que l'un ou l'autre parmi les douze apôtres, Simon le zélote
et peut-être aussi Judas Iscariote, ait été partisan de ce mouvement.
Les
pharisiens, que nous rencontrons fréquemment dans les Évangiles, tentent de
leur côté de mener une vie d'observance stricte des préceptes de la Torah et
de se soustraire à la culture unifiée hellénistique et romaine, qui
s'imposait quasiment d'elle-même sur le territoire de l'Empire romain et
menaçait d'aligner Israël sur le mode de vie des peuples païens du reste du
monde. Les sadducéens, qui font majoritairement partie de l'aristocratie et
de la classe sacerdotale, s'efforcent de vivre un judaïsme éclairé, conforme
au modèle spirituel de l'époque, et partant, de s'adapter à la domination
romaine. Ils disparaîtront après la destruction de Jérusalem
(70 ap. J.-C.), alors que le mode
de vie adopté par les pharisiens trouvera une incarnation durable dans le
judaïsme imprégné par la Mishna et le Talmud. Même si, dans les Évangiles,
d'âpres oppositions mettent aux prises Jésus et les pharisiens, et même si
sa mort en croix est en totale opposition avec le programme des zélotes,
nous ne devons pas oublier, rappelle Benoît XVI, que les gens qui sont allés vers le Christ
provenaient d'horizons très divers et que la communauté chrétienne primitive
comprenait aussi beaucoup de prêtres et d'anciens pharisiens.
Le hasard d'une découverte archéologique dans les années qui ont suivi la
Seconde Guerre mondiale a permis de réaliser des fouilles à Qumran et de
mettre au jour des textes qui, d'après certains spécialistes, sont reliés à
un mouvement plus large, les esséniens, connus jusqu'alors seulement d'après
des sources littéraires. Ce groupe s'était détourné du Temple d'Hérode et de
son culte pour créer des communautés monastiques dans le désert de Judée,
mais aussi des communautés de familles obéissant à des règles fondées sur la
religion. Ils ont également laissé une littérature très riche et instauré
des rites originaux comprenant notamment des ablutions liturgiques et des
prières dites en commun. Nous sommes touchés par le sérieux et la foi dont
témoignent ces écrits. Il semble, signale
Benoît XVI, que Jean le Baptiste, mais aussi peut-être
Jésus et sa famille étaient proches de cette communauté. En tout état de
cause, les manuscrits de Qumran présentent de multiples analogies avec le
message chrétien. Il n'est pas exclu que Jean le Baptiste ait vécu un
certain temps au sein de cette communauté et qu'il lui doive une bonne
partie de sa formation religieuse.
Il n'empêche que l'apparition du Baptiste demeure quelque chose de
radicalement nouveau. Le baptême auquel il appelle se distingue des
ablutions religieuses habituelles. Il ne peut être répété et doit être
l'accomplissement concret d'une conversion qui redéfinit pour toujours la
vie entière. Il est lié à un appel enflammé pour un nouveau mode de pensée
et d'action, lié surtout à l'annonce du jugement de Dieu et à la venue d'un
plus grand qui viendra après Jean. Le quatrième Évangile nous dit que cet
être plus grand auquel il doit préparer la voie, le Baptiste « ne le
connaissait pas » (cf. Jn 1, 30-33).
Mais il sait que son rôle est de préparer la voie à cet Autre mystérieux et
que toute sa mission est centrée sur lui.
Dans les quatre Évangiles cette mission spécifique est décrite par une
citation d'Isaïe : « Une voix proclame : "Préparez à travers le désert le
chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour
notre Dieu" » (Is 40, 3). Marc
ajoute encore des éléments associant Malachie 3, 1 et Exode 23, 20, que nous
trouvons dans un autre contexte également chez Matthieu
(11, 10) et chez Luc
(1, 76 ; 7, 27) : « Voici que
j'envoie mon messager en avant de toi, pour préparer la route »
(Mc 1,2). Dans tous ces textes de
l'Ancien Testament, il est question d'une intervention salvifique de Dieu,
qui sort de son silence pour juger et sauver. C'est à lui qu'il faut ouvrir
la porte, c'est pour lui qu'il faut préparer le chemin. La prédication du
Baptiste donne une actualité à ces paroles d'espérance très anciennes : de
grandes choses s'annoncent.
Benoît XVI note qu'il nous est permis d'imaginer l'impression extraordinaire que devaient
nécessairement susciter la figure et le message du Baptiste dans
l'atmosphère bouillonnante de la Jérusalem d'alors. Enfin un prophète
réapparaissait, et sa vie elle-même était un témoignage.
Enfin s'annonçait
une nouvelle intervention de Dieu dans l'histoire. Jean baptise avec l'eau,
mais un plus grand que lui, qui baptisera avec l'Esprit-Saint et le feu, est
déjà sur le seuil. Ainsi nous n'avons nullement besoin de considérer que
l'indication donnée par Marc est une exagération : « Toute la Judée, tout
Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du
Jourdain, en reconnaissant leurs péchés »
(Mc 1, 5). La confession — la
reconnaissance — des péchés appartient au baptême de Jean. Le judaïsme de
l'époque connaissait plutôt des confessions formelles et générales, mais il
n'ignorait pas la confession tout à fait personnelle, dans laquelle il faut
énumérer un par un les actes fautifs
(J. Gnilka, Das Matthâusevangelium, I, p. 68, voir bibliograp
p. 397). Dans cet exercice, il s'agit
réellement de surmonter son existence antérieure peccamineuse, de prendre un
nouveau départ pour mener une autre vie.
C'est ce que signifie le processus du baptême. On y trouve d'un côté une
symbolique de la mort : le flot qui anéantit et détruit. Aux yeux de la
pensée antique, l'océan était une menace permanente pour le cosmos, pour la
terre, le flot originaire capable d'ensevelir toute vie. Par le biais de
l'immersion, le fleuve intègre cette symbolique. Mais le cours d'eau est
aussi symbole de vie. Les grands fleuves de la région — le Nil, l'Euphrate,
le Tigre — sont des grands dispensateurs de vie. De même le Jourdain est
source de vie pour sa région jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit de purifier,
de libérer l'homme de la boue du passé, qui pèse sur la vie et qui la
défigure ; il s'agit d'un nouveau commencement, à savoir d'une mort et d'une
résurrection, il s'agit de repartir à zéro pour mener une vie nouvelle. On
pourrait donc dire, indique Benoît XVI, qu'il s'agit de renaître. Tout cela sera explicitement
développé plus tard dans la théologie du baptême chrétien, mais les germes
en sont déjà posés dans la descente dans les eaux du Jourdain et la remontée
sur la rive. (à
suivre)
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"Jésus de Nazareth"
Sources:
www.vatican.va
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E.S.M.
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un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.09.2007 - BENOÎT XVI |