Le cardinal Cañizares nous donne le
sens "VRAI" du Motu Proprio de Benoît XVI |
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Le 09 juin 2009 -
(E.S.M.)
- Le mouvement "Paix Liturgique" nous livre une intéressante réflexion
menée à partir d'une préface écrite par le Cardinal Cañizares Llovera,
Préfet de la Congrégation du Culte Divin, pour l'ouvrage du P. Nicola Bux
sur "La Riforma di Benedetto XVI".
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Le pape Benoît XVI et
le cardinal Cañizares
Le cardinal Cañizares nous donne le
sens "VRAI" du Motu Proprio de Benoît XVI
"Paix Liturgique" : Quelques réflexions...
Le 09 juin 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Le mouvement "Paix Liturgique" nous livre une intéressante réflexion
menée à partir d'une préface écrite par le Cardinal Cañizares Llovera,
Préfet de la Congrégation du Culte Divin, pour l'ouvrage du P. Nicola Bux
sur "La Riforma di Benedetto XVI". Voici ce qu'écrit le Cardinal
Llovera: "Si l'on croit vraiment que l'Eucharistie est "la source et la
sommet de la vie chrétienne" - comme le concile Vatican II nous le
rappelle -, nous ne pouvons pas admettre qu'elle soit célébrée d'une façon
indigne. Pour beaucoup, accepter la réforme conciliaire a signifié célébrer
une Messe qui devait être "désacralisée" d'une façon ou d'une autre.
Combien de prêtres (et de fidèles laïcs! - n.d.l.r. -)
ont été traités de "rétrogrades" ou d' "anticonciliaires" pour
le seul fait de célébrer d'une façon solennelle, pieuse, ou simplement pour
avoir respecté rigoureusement les rubriques! Il est indispensable de sortir
de cette dialectique. La réforme a été appliquée et habituellement vécue
comme un changement absolu, comme s'il fallait créer un abîme entre l'avant
et l'après Concile, dans un contexte dans lequel le terme "préconciliaire"
était utilisé comme une insulte. On observe aussi le phénomène que le Pape
note dans sa récente lettre aux évêques du 10 mars 2009: "Parfois on a
l'impression que notre société a besoin d'un groupe au moins envers lequel
elle ne doit avoir aucune tolérance, contre lequel elle puisse se déchaîner
avec haine". Pendant des années, cela a été en bonne partie le cas des
prêtres et fidèles liés à la forme de la Messe héritée des siècles, traités
maintes fois "comme des lépreux", comme l'a dit de façon frappante
celui qui était encore le Cardinal Ratzinger. Aujourd'hui, grâce au Motu
Proprio, cette situation est en train de changer notablement. Et cela ce
réalise en grande partie parce que la volonté du Pape n'a pas été uniquement
de satisfaire les fidèles de Mgr Lefebvre, ni de se limiter à répondre aux
justes désirs des fidèles qui se sentent liés, pour des motifs divers, à
l'héritage liturgique représenté par le rite romain, mais bel et bien
d'offrir à tous les fidèles la richesse de la liturgie de l'Eglise, en
permettant la découverte des trésors de son patrimoine liturgique aux
personnes qui les ignoraient encore. Combien de fois en effet le mépris
affiché pour ces trésors n'est-il dû qu'à leur méconnaissance?! A ce titre,
et considéré sous ce dernier aspect, le Motu Proprio doit être compris
au-delà de l'existence ou non de conflits. Même s'il n'existait aucun
"traditionaliste" à satisfaire, la seule découverte de ces trésors
justifierait amplement les dispositions du Pape."
Suivent les réflexions de "Paix Liturgique". Nous estimons qu'elles
devraient être plus nuancées qu'elles ne le sont, afin de ne pas trahir la
pensée du Souverain Pontife qui s'est toujours dit attaché à conduire le
réforme conciliaire jusqu'à son terme (ce que nous avait
d'ailleurs écrit à plusieurs reprises, en son temps, le Cardinal Ratzinger).
Selon "Paix Liturgique", "la raison d'être du
Motu Proprio Summorum Pontificum n'est pas de régler l'indélicatesse
existant entre Rome et la Fraternité Saint Pie X. Les deux sujets sont
indépendants l'un de l'autre. Une simple lecture du texte du Motu Proprio
suffit pour comprendre cela. En effet, les expressions utilisées dans le
Motu Proprio sont sans équivoque: "tout prêtre catholique de rite latin,
qu'il soit séculier ou religieux", "des communautés d'Instituts de
vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical ou de
droit diocésain", "les prêtres utilisant le Missel du bienheureux
Jean XXIII doivent être idoines et non empêchés par le droit" (...) La
raison d'être du Motu Proprio Summorum Pontificum n'est pas non plus de
répondre aux attentes des fidèles qui fréquentent les lieux de culte
desservis par le clergé Ecclesia Dei (c'est le Motu
Proprio de 1988 de Jean-Paul II qui leur est destiné). (...) Si
le Motu Proprio Summorum Pontificum contribue certainement aux buts décrits
ci-dessus, il faut chercher ailleurs la raison pour laquelle le Saint Père a
voulu ce texte. En effet et comme l'a affirmé de nombreuses fois le Cardinal
Dario Castrillón Hoyos, Préfet émérite de la Congrégation pour le Clergé et
Président de la Commission pontificale "Ecclesia Dei", Le motu
proprio qui rétablit l'ancienne forme liturgique dans tous ses droits a
d'abord pour but de rendre à l'Eglise un trésor de spiritualité liturgique
qui a donné tant de grâces à l'Eglise et aux chrétiens depuis plus de 15
siècles. Voilà ce que rappelle magnifiquement le Cardinal Antonio
Cañizares."
Dans ses commentaires, "Paix Liturgique" omet cependant
(volontairement?) de citer quelques propos pourtant très
éclairants du Pape Ratzinger. Il est vrai qu'ils ne vont pas totalement dans
le sens de l'analyse proposée par le mouvements attaché à la restauration ou
au maintient de la forme ancienne du rite romain. Rappels:
- Dans la préface de son livre sur "L'esprit de la liturgie", le
Cardinal Ratzinger rappelle qu'avant le Concile, la liturgie romaine avant "l'apparence
d'une fresque parfaitement préservée, mais presque entièrement recouverte de
couches successives" et souligne que pour les fidèles, cette même
liturgie "était en grande partie dissimulée sous une foule de rubriques
et de prières privées." On lit bien: avant le Concile, la liturgie de
l'Eglise était dissimulée; autrement dit, elle n'apparaissait plus
clairement aux yeux des fidèles.
- Dans la
Lettre qu'il adresse aux évêques pour expliquer le sens du Motu proprio
Summorum pontificum, Benoît XVI écrit: "(...) le nouveau Missel restera
certainement la forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison des
normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles
se trouvent les communautés de fidèles." On lit bien: il y a dans l'Eglise
des normes juridiques qui font que c'est la liturgie restaurée à la suite de
Vatican II qui est "normative". L'Eglise n'est pas une anarchie où
chacun peut célébrer la liturgie comme il veut.
- Dans "Ma vie, souvenirs", le Cardinal Ratzinger souligne une
nouvelle fois les "améliorations" et les "enrichissements"
apportés par le "nouveau missel". Améliorations et enrichissements
par rapport à quoi? Par rapport à l' "ancienne" liturgie. Cela va de soi.
- Au cours d'un discours prononcé le 24.10.1998, le Cardinal Ratzinger
déclare qu' "il faut admettre que la célébration de l'ancienne liturgie
s'était trop égarée dans le domaine de l'individualisme et du privé, et que
la communion entre prêtres et fidèles était insuffisante." Et le Préfet
de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ajoute: "J'ai un grand respect
pour nos aïeux, qui disaient durant les messes basses les "prières
pendant la messe" que leur livre de prières proposait, mais certainement
on ne peut considérer cela comme l'idéal de la célébration liturgique!"
Il est est clair que le Pape Ratzinger ne pare pas l'ancienne liturgie - la
forme "extraordinaire" du rite romain - de toutes les vertus, comme
le font certains (pas tous!) "traditionalistes"
qui, probablement connaissent tout aussi mal la forme "extraordinaire"
du rite romain que la forme "ordinaire". Ceci étant, la forme "extraordinaire"
peut, dès lors qu'elle est maintenue, célébrée, connue, étudiée... apporter
beaucoup pour la conscience liturgique des fidèles. A condition de ne pas
l'absolutiser.
Enfin, pour justifier le bien-fondé de ses demandes, le mouvement "Paix
Liturgique" croit devoir rappeler qu'un sondage CSA de novembre 2008
indiquait que 34 % des pratiquants actuels des paroisses assisteraient à la
messe traditionnelle dans leurs propres paroisses. Or on sait que ce sondage
n'est absolument pas fiable puisque la quasi totalité des fidèle ne sait pas
ce qu'il faut entendre par "messe traditionnelle": les organistes et maîtres
de chœurs - et certains prêtres - savent pertinemment qu'une messe "actuelle"
dans laquelle on introduit un peu chant grégorien passe déjà pour "traditionnelle"
aux yeux de nombreux fidèles. Pour beaucoup, les moines de Solesmes, pour ne
citer qu'eux, célèbrent "la messe traditionnelle"... alors qu'ils
n'ont toujours que suivi le Concile... à la lettre! (Proliturgia)
***
"Même s'il n'existait aucun traditionaliste à satisfaire", le Motu
Proprio Summorum Pontificum aurait toute sa place dans l'Église. C'est,
en substance, le sens de la préface que livre le Cardinal Cañizares, Préfet
de la Congrégation du Culte Divin, à l'édition espagnole du dernier ouvrage
de Nicola Bux “La Riforma di Benedetto XVI”.
Voici un extrait de cet important document.
Si l'on croit vraiment que l'Eucharistie est « la source et la sommet de
la vie chrétienne » - comme le Concile Vatican II nous le rappelle -,
nous ne pouvons pas admettre qu'elle soit célébrée d'une façon indigne. Pour
beaucoup, accepter la réforme conciliaire a signifié célébrer une Messe qui
devait être « désacralisée » d'une façon ou d'une autre. Combien de
prêtres ont été traités de « rétrogrades » ou « anticonciliaires » pour le
seul fait de célébrer d'une façon solennelle, pieuse, ou simplement pour
avoir respecté rigoureusement les rubriques ! Il est indispensable de sortir
de cette dialectique.
La réforme a été appliquée et habituellement vécue comme un changement
absolu, comme s'il fallait créer un abîme entre l'avant et l'après Concile,
dans un contexte dans lequel le terme « préconciliaire » était utilisé comme
une insulte. On observe aussi le phénomène que le Pape note dans sa récente
lettre aux évêques du 10 mars 2009 : « Parfois on a l'impression que
notre société a besoin d'un groupe au moins envers lequel elle ne doit avoir
aucune tolérance, contre lequel elle puisse se déchaîner avec haine ».
Pendant des années, cela a été en bonne partie le cas des prêtres et fidèles
liés à la forme de la Messe héritée des siècles, traités maintes fois «
comme des lépreux », comme l'a dit de façon frappante celui qui était encore
le cardinal Ratzinger.
Aujourd'hui, grâce au Motu Proprio, cette situation est en train de changer
notablement. Et cela ce réalise en grande partie parce que la volonté du
Pape n'a pas été uniquement de satisfaire les fidèles de Mgr Lefebvre, ni de
se limiter à répondre aux justes désirs des fidèles qui se sentent liés,
pour des motifs divers, à l'héritage liturgique représenté par le rite
romain, mais bel et bien d'offrir à tous les fidèles la richesse de la
liturgie de l'Église, en permettant la découverte des trésors de son
patrimoine liturgique aux personnes qui les ignoraient encore. Combien
de fois en effet le mépris affiché pour ces trésors n'est-il dû qu'à leur
méconnaissance ?!
À ce titre, et considéré sous ce dernier aspect, le Motu Proprio doit être
compris au-delà de l'existence ou non de conflits. Même s'il n'existait
aucun « traditionaliste » à satisfaire, la seule découverte de ces trésors
justifierait amplement les dispositions du Pape.
La reforma de Benedicto XVI - La liturgia entre la innovacion y la
tradicion, Nicola Bux, Ciudadela Libros, 2009 (paixliturgique)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.06.09 -
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