A quel jeu joue le Cardinal
Schönborn, un proche de Benoît XVI ? |
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Le 09 mai 2010
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(E.S.M.)
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Ce qui est le plus gênant, c'est qu'on le présente systématiquement comme un
"proche de Benoît XVI" , au prétexte qu'il fait partie du cercle des
anciens étudiants du Professeur Ratzinger, la Ratzinger Schulkreis.
Mais l'est-il vraiment, voilà qui est de plus en plus douteux?
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Le pape Benoît XVI et
le Cardinal Schönborn
A quel jeu joue le Cardinal
Schönborn, un proche de Benoît XVI ?
Le 09 mai 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Il s'en prend au Cardinal Sodano, et, dans un hors-sujet total, s'exprime
sur des sujets de société. Créerait-il la zizanie au sein de l'Eglise, à un
moment où elle n'en a vraiment pas besoin? Et une analyse d'Andrea Tornielli.
Depuis plusieurs jours , je gardais "sous le coude" un article reproduit par
Rafaella, écrit par un journaliste italien (Francesco Peloso, Il Secolo XIX
du 5 mai) que les commentaires du site de mon amie recommandaient de prendre
avec des pincettes, l'auteur ayant l'habitude de faire ce que font en
général les journalistes: rechercher la petite phrase, et opposer untel à
untel.
En plus, il ne citait pas ses sources, et la position des guillemets
rendaient ses citations incertaines.
Le titre annonçait:
« Diritti delle vittime violati »
Da Vienna attacco a Sodano
Il cardinale Schoenborn "apre" anche alle coppie gay e ai divorziati
Selon l'article, donc, le Cardinal Schönborn, peut-être dans le but
d'exonérer le Saint-Père, s'exprimait en termes peu amènes sur la Curie, et
s'en prenait au cardinal Sodano qui, on s'en souvient, s'adressant
directement au Pape, après la terrible Semaine Sainte, et juste avant la
messe de Pâques, lui avait dit ces mots superbes "Dolce Cristo in Terra,
siamo con te", avant de lui donner une accolade qui n'était pas de pure
convention.
Des paroles justes et nécessaires, qui à ce moment, j'en suis certaine,
venaient du cœur.
Et le lendemain, dans l'Osservatore Romano, le Cardinal Sodano
remettait ça (!), comparant les attaques contre Benoît XVI à celles contre
Pie XII, pour son comportement durant le second conflit mondial. Des propos
qui avaient soulevé le mécontentement de la communauté juive, par la voix de
Renzo Gattegna, président de l'Unione delle Communità Ebraicche Italiane,
dénonçant immédiatement les "parallèles historiques périlleux"....
Dans l'article cité, l'aristocrate autrichien et prince de l'Eglise parle de
"grave violation des droits des victimes" à propos des paroles de
soutien au Pape du doyen des cardinaux, qui avait qualifié de «
chiacchiericcio » les polémiques autour des scandales de pédophilie dans
l'Eglise: ce qui, dans le contexte où la phrase a été prononcée, relève de
la pure mauvaise foi.
Car le mot « chiacchiericcio » ne s'appliquait évidemment pas aux
actes des pédophiles déguisés en prêtres, mais aux vilaines polémiques des
media.
Et il est étrange, pour un homme qui prétend avoir avec Benoît XVI une
relation filiale, de s'en prendre à un confrère qui, au moment où c'était
nécessaire, a donné au Pape un beau témoignage de communion ecclésiale,
justement à cause de cela.
Sans doute sollicité par le journaliste qui l'interrogeait
(mais le cardinal Schönborn n'est pas une oie blanche, et sait parfaitement
utiliser les medias, on voit mal comment il aurait été "piégé"),
il aurait du même coup réclamé une réflexion sur le célibat sacerdotal, la
communion aux divorcés remariés, et les unions gays. Ce n'était quand même
pas le moment!
Lire ici l'interview en VO, au
Wiener Zeitung.
Certes, nous ne savons pas tout, y compris du rôle du Cardinal Sodano - qui
malgré tout, le jour de Pâques, a été impeccable - et tant mieux, car cela
ne nous regarde pas. Il est permis de supposer qu'il n'est que du menu
fretin, et que ce n'est pas lui qui est visé ici, mais Jean-Paul II.
On pourrait aussi penser que le cardinal Schönborn voulait protéger le
Saint-Père Benoît XVI, dans une sombre histoire ayant trait à son
prédécesseur, le Cardinal Groër , accusé d'actes de pédophilie .
Mais on n'en finit pas de relever les étranges prises de position de
l'archevêque de Vienne, dont la loyauté envers le Pape (et pas seulement: il
me revient le souvenir d'une exposition pornographique, au musée diocésain
de Vienne, en 2008) est de plus en plus sujette à caution.
Christophe Schönborn est-il simplement un homme de consensus (ainsi qu'il a
été décrit lorsqu'il a pris la succession difficile du Card. Groër), une
sorte de "populiste", désireux de se faire bien voir de tout le monde?
Ici, on voit bien que Schönborn représente une ligne profane (mais
transparence n'est pas vérité, et a peu à voir avec l'Evangile), opposée à
la ligne ecclésiale, se donnant ainsi - il ne peut l'ignorer - une grande
visibilité médiatique: mais comme le dit justement Andrea Tornielli:
tolérance zéro et ouverture [sont les] mots d'ordre qui semblent avoir
remplacé ceux, plus chrétiens, de péché et de miséricorde.
Ce qui est le plus gênant, c'est qu'on le présente systématiquement comme un
"proche de Benoît XVI" , au prétexte qu'il fait partie du cercle des
anciens étudiants du Professeur Ratzinger, la Ratzinger Schulkreis.
Mais l'est-il vraiment, voilà qui est de plus en plus douteux?
Certains évoquent comme excuse qu'un fils peut parfois être en désaccord
avec son père.
Oui, certes.
Mais est-ce le moment? Quand le Père est attaqué, la famille se resserre, et
ne cherche pas d'autres sujets de dissenssion.
Et peut-on imaginer le cardinal Ratzinger, qui lui, était vraiment "un
proche de Jean Paul II", se répandant dans la presse il y a une dizaine
d'années, pour dire qu'il réclamait une réforme de la Curie, car tout allait
de travers dans la gouvernance de l'Eglise - ce qui était sans doute en
partie le cas?
L'analyse de Tornielli
Les déclarations de l'archevêque de Vienne et ses implications
Commentaire d'Andrea Tornielli
L'impression est qu'on s'approche d'une épreuve de force et que les
pressions des médias mettent à rude épreuve les nerfs de plus d'un, dans les
hautes sphères ecclésiastiques.
Les mots avec lesquels le cardinal-archevêque de Vienne a ouvertement et
durement critiqué l'actuel doyen du Collège des Cardinaux, l'ancien
secrétaire d'Etat Angelo Sodano, représentent un précédent absolument
inédit.
Schönborn, en fait, a dit bien autre chose aux journalistes: il a dit que la
réforme de la Curie romaine était « urgente » (ndt: et s'il laissait
le Pape en juger?), il a déclaré que les homosexuels qui vivent une relation
stable devraient être considérés davantage, il a dit que l'Eglise devrait
revoir ses positions sur l'exclusion des divorcés remariés de la communion.
La faille qui représente un point de non retour est toutefois l'attaque
directe et nominale à Sodano.
Les accusations de l'archevêque de Vienne font écho aux déclarations faites
ces dernières semaines par l'ancien préfet de la Congrégation pour le
Clergé, le Cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, lequel, après la
republication d'une lettre écrite par lui, en soutien à un évêque français
qui en 2001 avait refusé de dénoncer un prêtre pédophile "en série", a
révélé avoir été soutenu dans cette initiative de Jean-Paul II. "Après
consultation avec le Pape et lui avoir montré la lettre, je l'ai envoyée à
l'évêque, pour le féliciter d'être un père modèle qui ne dénonce pas ses
enfants à la police", dit Castrillón.
Des déclarations du prélat colombien, et de celles, plus récentes, du
cardinal viennois, émerge une fois de plus l'existence d'un problème en
suspens au cours de la dernière décennie du pontificat de Jean-Paul II , et
la façon dont la Curie romaine - à commencer par ses dirigeants - traitaient
les cas d'abus sexuels.
Plus que l'affaire Groër, le cas le plus troublant, à en mesurer les
implications, est celui du Père Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires
du Christ, qui, grâce aux couvertures dont il jouissait "au-delà du Tibre"
a réussi à faire en sorte que pendant six ans au moins, les accusations
circonstanciées contre lui, par d'ancien séminaristes dont il avait abusé,
avaient été considérées comme des calomnies, malgré la dénonciation
canonique précise présentée à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Les attaques directes et nominales comme celle de Schönborn, les remises en
question qui de la bouche même des princes de l'Eglise ne sont plus masquées
par la diplomatie - denrée, à vrai dire de plus en plus rares, même au
Vatican d'aujourd'hui - sont éloquentes, pour voir à quel point la
température est élevée et combien il est illusoire de croire que la crise
est désormais finie.
Tel semble être le message implicite des déclarations de l'archevêque de
Vienne, acteur de plus en plus présent, en particulier dans les médias:
tolérance zéro et ouverture - mots d'ordre qui semblent parfois avoir
remplacé ceux, plus chrétiens, de péché et de miséricorde - devraient
s'appliquer à tous, y compris au-delà du Tibre.
Tandis que l'insistance avec laquelle est décrite l'approche différente
suivie durant ces années par le cardinal Ratzinger, certainement peu enclin
à regarder ces affaires avec indulgence et décidé à les poursuivre de façon
adéquate, risque de voir - conséquence imprévue et involontaire - une ombre
s'étendre sur une grande partie de la Curie wojtylienne, une ombre qui
finira par effleurer le Pontife polonais.
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.05.2010 -
T/Eglise
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