Conférence de presse de Benoît XVI |
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ROME, le 09 Mai 2007 -
(E.S.M.) -
A 9 h ce matin, l'avion qui mène le pape Benoît XVI au Brésil a quitté Rome à
destination de Sao Paulo, où il est attendu à 16 h 30' locales (21 h 30'
heure de Rome) après un vol de 9.477 km.
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Affiche de la Vè Conférence
des Évêques d'Amérique Latine et des Caraïbes
Conférence de presse de Benoît XVI pendant le vol papal - texte intégral en
2è partie
A 9 h l'avion papal a quitté Rome à
destination de Sao Paulo, où il est attendu à 16 h 30' locales (21 h 30'
heure de Rome) après un vol de 9.477 km. Il devait survoler l’Italie,
les eaux territoriales françaises, l’Algérie, la Mauritanie, le Sénégal et
enfin le Brésil.
Benoît XVI sera accueilli à l'aéroport Guarulhos par le Président de la
République fédérale M.Luiz Inacio Lula da Silva et recevra les
honneurs militaires, puis, après un bref discours, gagnera par hélicoptère
le Campo de Marte de la ville, où l'attendront les diverses autorités
locales desquelles Benoît XVI recevra les clefs de la ville de São Paolo des
mains du maire de cette mégalopole de 19 millions d’habitants.
A 18 h 10' locales, le Saint-Père se rendra en papamobile à l'abbaye St.
Benoît, où il résidera durant une partie du séjour. A 18h45, il saluera
brièvement la foule et donnera sa bénédiction depuis un balcon du monastère,
avant de dîner en privé et d’y passer sa première nuit sur le sol brésilien. Outre le monastère,
l'ensemble comprend un célèbre collège et la basilique de l'Assomption.
Après un moment de prière dans l'église abbatiale, le Pape saluera la foule
depuis le balcon extérieur puis donnera sa bénédiction. Pour consulter le
programme du voyage
►Benoît
XVI
Une centaine de personnes sont montées à bord du vol papal, dont quelque 70
journalistes de la presse internationale. La suite papale est pour sa part
composée des cardinaux Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du Saint-Siège,
Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques et
président de la Ve Conférence Générale du Celam et Claudio Hummes, préfet de
la Congrégation pour le clergé et archevêque émérite de São Paulo, du
cardinal portugais José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation pour les
causes des saints ainsi que de Mgr Leonardo Sandri, substitut de la
Secrétairerie d’Etat et Mgr Paul Josef Cordes, président du Conseil
pontifical Cor Unum et des deux secrétaires particuliers de Benoît XVI, Mgr
Georg Gänswein et Mgr Mietek.
Interrogé par les journalistes à bord de l'avion qui le conduisait au
Brésil, le pape Benoît XVI a évoqué la menace d'excommunication exposée par
l'Eglise mexicaine contre les politiciens ayant voté la légalisation de
l'avortement dans la capitale, Mexico.
"Cette menace n'est pas arbitraire et elle est prévue par le Code de droit
canon" qui régit l'Eglise catholique, a souligné Benoît XVI.
"Il est écrit dans le droit que le meurtre d'un enfant est incompatible avec
la communion et les évêques n'ont rien fait d'arbitraire, ils ont seulement
mis en lumière ce qui est prévu par le droit de l'Eglise", a précisé le
pape. |
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Le pape a aussi ajouté qu’à "la racine de ces
législations pro-avortement, il y a un certain égoïsme et un doute sur la
valeur de la vie et sur l’avenir". "La vie est un don, la vie n’est pas une
menace", a-t-il insisté, saluant la "grande lutte de l’Eglise pour la vie".
Ce discours n’est pas rhétorique. Le Pape ne cesse de rappeler les hommes
politiques à leur conscience et les catholiques à l’objection de conscience face aux lois sur
l’avortement, les unions homosexuelles ou l’euthanasie. Des questions qui
constituent un terrain d’action commun avec les autres confessions
chrétiennes.
En Amérique latine, l'Eglise catholique est en train de perdre des dizaines
de millions de fidèles qui rejoignent d'autres courants religieux, notamment
protestants, comme les Evangélistes ou les Pentecôtistes. Ils sont attirés
par leurs célébrations plus vivantes, le charisme de leurs dirigeants et la
relation plus intime qu'ils établissent avec leurs fidèles, à la différence
de l'Eglise catholique qui possède une structure très hiérarchisée.
"C'est notre inquiétude commune. Nous devons trouver une
réponse convaincante. Le succès de ces sectes montrent d'un côté qu'il
existe une soif de Dieu, une soif de religion et que les gens veulent être
près de Dieu", a estimé Benoît XVI.
Puis le souverain pontife a assuré que l'Amérique latine était un continent de
première importance pour l'Eglise catholique bien que les deux premières
années de son pontificat aient été essentiellement tournées vers le
Proche-Orient ou l'Afrique. "J'aime tout autant l'Amérique latine. C'est
le plus grand continent catholique et, à ce titre, il porte une
responsabilité supérieure".
Au cours de la conférence de presse qui a duré 25 minutes, le pape Benoît
XVI s'est également prononcé sur la théologie de
la libération. "Avec le changement de la
situation politique sur le continent, la situation de la théologie de la
libération" a "profondément changé". "Il est donc évident que ces fragiles
millénarismes qui promettent, à travers la révolution, même immédiate, les
conditions complètes d’une vie juste, sont erronés", a expliqué le Saint
Père. "Aujourd’hui, tout le monde sait cela". La question est plutôt pour
lui "de savoir comment l’Eglise doit être présente dans la lutte nécessaire
pour des conditions équitables de vie".
Benoît XVI a salué le travail de discernement fait par la Congrégation pour
la doctrine de la foi, qui vise à "se libérer de faux millénarismes et à se
libérer aussi d’un mélange erroné entre Eglise et politique".
"L’intervention du magistère n’a pas pour but de détruire l’engagement pour
la justice, mais de viser la voie juste dans la distinction entre
responsabilité politique et responsabilité ecclésiale", a ajouté le pape.
Benoît XVI a bien sûr évoqué le "but premier" de sa visite, ouvrir la Ve
Conférence Générale des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes. Le saint
Père souhaite que cette conférence "offre des solutions pour les grands
problèmes sociaux et politiques de l’Amérique Latine". Mais "l’Eglise ne
fait pas de politique. Nous respectons la laïcité". L’Eglise "offre et donne
les conditions dans lesquelles la solution des problèmes sociaux peut mûrir
dans une saine politique".
Enfin, le pape a relevé la coïncidence entre sa présence au sanctuaire
marial d’Aparecida, le 13 mai prochain, et l’anniversaire des apparitions de
la Vierge à Fatima au Portugal et l'a qualifié de "signe providentiel".
Texte intégral de la conférence de presse à bord de
l'avion
Foi et politique, à bord de l’avion pontifical vers Sao Paulo
14 mai 2007 - par Entretien avec Benoît XVI
Dans l’avion qui l’emmenait à São Paulo, le 9 mai, Benoît XVI s’est livré à
une conférence de presse improvisée avec les journalistes qui
l’accompagnaient. Le pape a ouvert le feu avec une brève introduction, puis
a répondu de manière simple et directe aux questions sur l’excommunication
des politiciens pro-IVG, la théologie de libération, et la béatification de
Mgr Oscar Romero. Les questions n’avaient pas été soumises à l’avance, et
l’échange a duré environ 26 minutes, principalement en italien. Voici le
texte de la retranscription du National Catholic Reporter, dont nous
proposons la traduction française.
Benoît XVI. - Bonjour à bord de cet avion ! Nous sommes maintenant au-dessus
du Sahara, en route vers le “Continent de l’espoir”. Je me rends à cette
rencontre en Amérique latine avec une grande joie, et avec un grand espoir.
Nous aurons divers moments importants, d’abord à Sao Paulo, la rencontre
avec la jeunesse, et puis la canonisation à Sao Paulo du premier saint né au
Brésil, et cela me semble aussi une manifestation importante de ce voyage.
Ce saint franciscain illustre les fruits du charisme franciscain au Brésil.
Il est connu comme le saint de la réconciliation et de la paix. Ceci me
semble aussi un signe important, une personnalité qui a su créer la paix, et
donc aussi la concordance sociale humaine.
Puis, la visite à la Ferme de l’espoir est également importante, un endroit
où les forces de guérison qui sont contenues dans la foi deviennent claires,
pour ouvrir les horizons de la vie. Tous ces problèmes de drogues naissent
d’une absence d’espoir en l’avenir. Aussi, une foi qui s’ouvre au futur sait
guérir, et cette force - la force de guérir pour donner l’espoir, et un
horizon au futur, est très importante.
En conclusion, le but premier de ce voyage est la réunion avec les évêques
du CELAM, qui sera la cinquième conférence continentale des évêques de
l’Amérique latine, dont le contenu en lui-même est principalement religieux
- pour donner la vie en Christ, et se faire des disciples du Christ.
Nous savons que chacun veut avoir la vie, mais la vie n’est pas complète si
elle ne contient pas, s’il lui manque un sens ou une orientation pour savoir
où aller. En ce sens, même si cette rencontre répond en premier lieu à la
mission religieuse de l’Église, elle porte également sur les conditions aux
nécessaires solutions aux grands problèmes sociaux et politiques de
l’Amérique latine. En tant que telle, l’Église ne fait pas de politique,
nous respectons la nature laïque (secular) de l’État. Mais nous offrons les
conditions permettant à une saine politique, et aux solutions aux problèmes
sociaux, de pouvoir mûrir.
Ainsi, nous voulons encourager les chrétiens qui sont conscients du cadeau
de la foi, la joie de la foi, qui connaissent Dieu et qui donc connaissent
également le “pourquoi” de notre vie. De cette façon, ils seront capables
d’être des témoins du Christ, et ils apprendront aussi bien les nécessaires
vertus personnelles que les vertus sociales, le sens de la légalité qui est
essentiel à la formation de la société. Nous connaissons les problèmes de
l’Amérique latine, et nous voulons mobiliser la capacité de l’Église, de sa
force morale et de ses ressources religieuses, pour répondre à sa mission
spécifique et à notre responsabilité universelle à l’égard de la personne
humaine en tant que telle, et à la société comme telle.
1/ D’O Globo, Brésil .- Sainteté, que peut faire l’Église
à propos du problème de la violence, qui, au Brésil, a pris aujourd’hui
d’énormes proportions ?
Benoît XVI. - Celui qui a la foi en Christ, celui qui a la foi dans ce Dieu
qui est réconciliation et qui, avec la croix, nous a donné le signe le plus
fort possible contre la violence, n’est pas violent et aide les autres à
surmonter la violence. Ainsi, la meilleure chose que nous pouvons faire est
d’instruire des personnes dans la foi en Christ, pour apprendre le message
de la personne du Christ, pour être en hommes de foi résistant
automatiquement à la violence, et mobilisent avec la force de la foi contre
la violence.
2/ Du Mexique. - Votre sainteté, au Brésil il y a
un projet de référendum au sujet de l’avortement. Il y a deux semaines,
Mexico décriminalisait l’avortement. Que peut faire l’Église pour s’assurer
que cette tendance ne s’étende pas à d’autres pays latino-américains ? Comme
vous le savez, l’Église a été accusée d’ingérence (interférence) au Mexique.
Soutenez-vous la position des évêques mexicains selon laquelle les
législateurs qui approuvent ces lois sont excommuniés ?
Bien, il y a une grande lutte de l’Église au nom de la vie. Vous savez que
le pape Jean Paul II a fait de cette lutte un point fondamental de son
pontificat Il a écrit une grand encyclique sur “le don de la vie”.
Naturellement, nous suivons ce message. La vie est un don, la vie n’est pas
une menace. Ceci me semble important.
Les racines de ce mensonge de ces législations, est en premier lieu dans un
certain égoïsme, et d’autre part aussi dans le doute sur le don de la vie,
sur sa beauté, et aussi bien sans le doute au sujet du futur. L’Église
répond à ces doutes, surtout en disant que la vie est belle, qu’elle n’est
pas quelque chose de douteux, que c’est un don. Même dans des circonstances
difficiles, une vie humaine est un don. Par conséquent, nous devons recréer
cette conscience de la beauté du don de la vie.
Concernant le doute au sujet du futur, évidemment il y a beaucoup de menaces
dans le monde, mais la foi nous donne la certitude que Dieu est toujours
plus puissant dans la réalité de l’histoire. Ainsi, nous pouvons donner la
vie à de nouveaux êtres humains avec confiance, et avec la connaissance que
la foi garantit la beauté de la vie. À l’avenir, nous pouvons résister à cet
égoïsme et à ces craintes qui sont aux racines de ces législations.
3/ De la TV brésilienne. - Votre sainteté, vous
avez parlé souvent du relativisme en Europe, de la pauvreté en Afrique, et
également des problèmes du Moyen-Orient. Mais l’Amérique latine est un peu
absente de vos références. Est-ce que c’est parce que ce n’est pas un vrai
souci pour vous, ou aurez-vous quelque chose de spécifique à dire à son
sujet ?
Non, j’aime beaucoup l’Amérique latine. Je l’ai visité à de nombreuses
reprises, j’y ai beaucoup d’amis. Je sais qu’elle a de grands problèmes,
mais je sais d’autre part ses grandes ressources humaines.
Bien sûr, récemment les problèmes du Moyen-Orient, de la Terre sainte, de
l’Irak etc. ont été dominants, et les ont placés en priorité. En outre, les
souffrances de l’Afrique sont considérables, comme nous le savons. Mais, je
ne pense pas moins à l’Amérique latine. J’aime l’Amérique latine. C’est le
plus grand continent catholique, et donc dans un sens, il relève de la plus
grande responsabilité du pape. Pour cette raison, je suis heureux que
finalement le moment soit arrivé d’être en Amérique latine, de confirmer
l’engagement de Paul VI et de Jean Paul II, et de poursuivre dans la même
direction.
Naturellement, d’une manière spéciale, j’ai à cœur que le plus grand
continent catholique soit également un continent exemplaire, que les grands
problèmes humains puissent y être résolus et que notre collaboration avec
les évêques, avec les prêtres, religieux et laïcs, fasse en sorte que ce
grand continent catholique soit également un continent de la vie et,
vraiment, de l’espoir. Pour moi, c’est une responsabilité primordiale.
4/ De La Repubblica, Italie. - Votre sainteté, dans
votre discours d’arrivée, vous dites que l’Église forme les chrétiens, donne
des indications morales, de sorte que les gens prennent leurs décisions
librement en conscience. Êtes-vous d’accord avec l’excommunication des
députés mexicains sur la question de l’avortement ?
Oui, cette excommunication n’est pas quelque chose d’arbitraire, mais cela
fait partie du Code [de droit canon]. Ceci est basé simplement sur le
principe que le meurtre (killing) d’un enfant humain innocent est
incompatible avec l’entrée en communion avec le corps du Christ. Ainsi, [les
évêques] n’ont rien fait de nouveau, d’étonnant ou d’arbitraire. Sous cet
éclairage, ils ont simplement annoncé publiquement ce qui est contenu dans
la loi de l’Église, et la loi de l’Église est basée sur la doctrine et la
foi de l’Église, qui exprime notre reconnaissance pour la vie, et que
l’individualité humaine, la personnalité humaine, est présente dès le
premier instant [de la vie].
5/ De Alex Springer Verlag, RFA (en allemand). - Vous
sentez-vous soutenu comme il faut par les Allemands ?
Je répondrai en italien. On me demande si je me sens suffisamment soutenu
par les Allemands, et si j’éprouve une quelconque nostalgie pour
l’Allemagne. Oui, je me sens suffisamment soutenu. Naturellement, il est
normal que dans un pays qui est à la fois protestant et catholique, et où il
y a beaucoup de personnes non-baptisées, chacun ne soit pas d’accord avec le
pape. C’est tout à fait normal. Mais j’ai également senti un grand soutien
même de la part des non-catholiques allemands. Ce soutien est beau, et il
m’aide. J’aime mon pays, mais j’aime également Rome, et maintenant je suis
un citoyen du monde. Ainsi, je suis partout chez moi. Mon pays est près de
mon cœur, comme tous les autres.
6/ De la TV RAI, Italie. - Dans votre livre Jésus
de Nazareth, vous faites référence à une crise dramatique de la foi. En
Amérique latine, ce que nous voyons n’est pas peut-être pas vraiment une
crise de la foi comme un effondrement. À la théologie de la libération s’est
substituée la théologie des sectes protestantes, qui promettent un paradis
de la foi à bon marché. L’Église catholique perd des fidèles. Comment
peut-elle refouler cette lame de fond, et enrayer cette hémorragie de
fidèles catholiques ?
C’est précisément notre souci commun durant cette cinquième conférence
générale de la CELAM. Nous voulons trouver des réponses convaincantes. Ce
succès des sectes montre, en premier lieu, qu’il y a une soif de Dieu, une
soif de religion. Les gens veulent être près de Dieu, et ils cherchent sa
proximité. Naturellement, ils espèrent également et ils attendent des
solutions à leurs problèmes quotidiens. Nous, Église catholique, devons
accepter notre responsabilité lors de cette cinquième conférence de faire
une Église plus missionnaire, plus dynamique en réponse à la soif de Dieu.
Nous devons nous rendre compte que toutes les personnes, et particulièrement
les pauvres, veulent avoir Dieu près d’eux. Nous devons également nous
rendre compte aussi qu’avec cette réponse à la soif de Dieu, nous devons
aider les gens à trouver les conditions d’une vie juste, aussi bien
micro-économiques, dans des situations très concrètes comme le font les
sectes, que macro-économiques, pensant à toutes les exigences de la justice.
7/ Du National Catholic Reporter, USA. - Votre
sainteté, il reste beaucoup de représentants de la théologie de la
libération au Brésil. Leur adresserez-vous un message spécifique ?
Je dirais que les changements de la situation politique ont également
profondément changé la situation à laquelle faisait face la théologie de la
libération. Désormais, il est évident que ces formes faciles de
millénarisme, qui ont promis, sur la base d’une révolution imminente, de
produire toutes les conditions d’une vie juste, ont été confondues.
Aujourd’hui, tout le monde le sait.
Maintenant, la question est exactement de savoir comment l’église devrait
être présente dans la lutte pour les réformes nécessaires, dans la lutte
pour des états de vie justes. Sur ce point, naturellement, les théologiens
sont divisés, comme les sociologues et la science politique. Nous, avec nos
instructions de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avons cherché à
aider le pape en donnant des éléments de discernement. L’idée était de se
libérer des formes fausses de millénarisme, et aussi d’une confusion erronée
entre l’Église et le processus politique, entre la foi et la politique.
Nous avons voulu démontrer la mission spécifique de l’Église, qui est
précisément de répondre à la soif de Dieu, et ainsi, d’une part, d’instruire
les personnes aussi bien aux vertus tant personnelles que sociales,
conditions pour guider le droit, et d’autre part indiquer les orientations
pour une politique juste - une politique que nous ne créons pas nous-mêmes,
mais dont nous devons indiquer les grands principes et la détermination des
valeurs. Nous pouvons également créer les conditions humaines, sociales et
psychologiques avec lesquelles une telle politique peut se développer.
Ainsi, il y a l’espace pour un débat légitime sur comment faire ceci, sur ce
qui est la meilleure manière de rendre effective la doctrine sociale de
l’église. Dans cet esprit, quelques théologiens de libération poursuivent
cette voie, d’autres prennent d’autres positions. Par exemple, il y a la
question des personnes indigènes, mais évidemment nous ne pouvons pas
aborder tous ces détails. De toute façon, la signification de l’intervention
du magistère n’était pas de détruire l’engagement pour la justice, mais de
le guider sur les droits chemins, y compris dans la distinction appropriée
entre responsabilité politique et responsabilité ecclésiale.
8/ De Colombie. - Vous êtes allé deux fois en Colombie en tant que cardinal,
et nous savons qu’elle reste près de votre cœur. Nous voulons savoir ce que
vous pensez de la façon dont nous pouvons aller de l’avant, particulièrement
pour faire face à la situation de conflit interne.
Naturellement, je ne suis pas un oracle qui a automatiquement la bonne
réponse. Je pense que les évêques travaillent dur pour trouver des réponses.
Je peux seulement confirmer la ligne fondamentale des évêques, qui est celle
d’une éducation forte dans la foi, qui est la meilleure garantie contre la
croissance de la violence. L’éducation des consciences est essentielle pour
sortir de cette situation.
Naturellement, des situations économiques sont également à prendre en
compte. Les petits fermiers, par exemple, dépendent d’un marché qui peut
faire de grands dommages, et ils vivent au jour le jour. Pour dénouer
l’imbrication de ces facteurs économiques, politiques et idéologiques, nous
pouvons seulement aller de l’avant avec une grande détermination, basant nos
décisions sur la foi, qui implique le respect de la légalité, l’amour et la
responsabilité des autres. Pour moi, il semble que l’éducation dans la foi
est l’éclairage le meilleur et le plus sûr, notamment pour résoudre
lentement ces problèmes très concrets.
9/ D’I-Média, France. - Votre sainteté, nous
arrivons dans le continent de l’archevêque Oscar Romero. Beaucoup parlent de
son procès de béatification. Pouvez-vous nous dire où nous sommes ? Est-il
prêt pour la béatification ? Comment voyez-vous cette figure ?
Je n’ai pas les dernières informations de la congrégation compétente. Je
sais qu’il y a beaucoup de questions en suspens à travers ce procès. Je sais
que sa cause avance très bien. L’évêque de Terni, Mgr Paglia, a écrit une
biographie très importante, qui clarifie beaucoup de points qui étaient en
discussion. Mgr Romero était certainement un grand témoin de la foi. Il
était un homme de grande vertu chrétienne, qui s’était dévoué à la paix et
contre la dictature. Il a été tué au cours de la consécration, c’était donc
une mort véritablement incroyable, un témoignage de la foi. Le problème est
que quelques factions politiques ont voulu s’approprier Romero pour
eux-mêmes, comme une bannière, injustement. Comme [Mgr Paglia] le montre
très bien, la figure [de Mgr Romero] lui-même nous libère de ces tentatives
injustes. Cet évêque, en tant que personne, mérite la béatification, je n’ai
aucun doute. Mais nous devons regarder le contexte, et j’attends ce que la
congrégation me dira.
10/ Du Brésil (en portugais). - Quel est votre
compréhension de la culture du Brésil, de sa formation, et de son rapport
avec la politique ?
Je ne suis pas suffisamment bien informé pour répondre dans le détail, et je
ne veux pas entrer dans la politique. Autant que le permet mon approche
personnelle du Brésil, c’est le plus grand pays d’Amérique latine, qui
s’étire le long de l’Amazone jusqu’à l’Argentine, et qui inclut tant de
cultures indigènes. J’ai entendu dire que plus de 80 langues y sont parlées,
etc. Il y a également une présence forte d’Afro-Américains, d’Afro-Brésiliens.
Il est fascinant de voir comment ces personnes se sont constituées,
également comment la foi catholique est née ici dans le temps, avec beaucoup
de difficultés. Nous savons qu’à la fin du XVIIIe siècle, l’Église a été
persécutée par les forces libérales. De mon point de vue, il est important
de suivre ces peuples chrétiens-catholiques d’Amérique latine. Je ne suis
pas un spécialiste, mais c’est ici qu’une partie importante, une partie
fondamentale, du futur de l’Église catholique se décidera, cela me semble
évident. Je veux approfondir toujours plus ma conscience de ce monde.
10/ De la radio catholique au Portugal. - Votre sainteté, je viens du
Portugal. Les Portugais suivent et prient pour ce voyage, qui coïncide avec
le 13 mai, le quatre-vingt-dixième anniversaire des apparitions de Fatima.
Voulez-vous nous proposer un mot au sujet de cette coïncidence, ainsi que
pour les Portugais ?
Oui, parce que pour moi c’est vraiment un signe de la Providence que ma
visite à Aparecida, le grand sanctuaire marial du Brésil, coïncide avec le
quatre-vingt-dixième anniversaire des apparitions de la Madone de Fatima. De
cette façon, nous voyons que la même mère, cette mère de Dieu et mère de l’Église,
notre mère, est présente aux divers continents, qu’elle montre elle-même
qu’elle est mère des divers continents, toujours de la même manière mais
avec une proximité pour chaque personne. Pour moi, c’est très beau. C’est
toujours la mère de Dieu, toujours Marie, mais dans un certain sens, elle
est “inculturée”, avec son visage spécifique partout où elle est - à
Aparecida, à Fatima, à Lourdes, dans tous pays de la Terre. Ainsi, elle se
révèle en tant que mère qui est près de chacun, et chacun peut venir près
d’elle comme une autre mère à travers son amour maternel. Ce lien que la
Madone crée parmi les continents, parmi les cultures, parce qu’elle est près
de chaque culture qu’elle unit toutes, me semble important - cette
spécificité des cultures, qui ont leur richesse, mais menant à la communion
dans l’unique famille de Dieu.
11/ Du Brésil (en portugais). - Beaucoup de
Brésiliens ne veulent pas nécessairement entendre le message de l’église.
Que pouvez-vous faire à ce sujet ?
Ce n’est pas un problème spécifique du Brésil. Dans chaque partie du monde,
il y a un bon nombre de gens qui ne veulent pas écouter. Nous espérons qu’au
moins, ils entendent, de sorte que s’ils entendent, ils puissent également
répondre. Nous cherchons également à convaincre ceux qui ne veulent pas
nécessairement nous entendre. Naturellement, même Notre Seigneur ne pouvait
pas réussir à obtenir de chacun qu’il l’écoute. Nous n’espérons pas qu’à
n’importe quel moment nous pourrons persuader tout le monde. Mais
j’essayerai, avec l’aide de mes collaborateurs, de parler au Brésil à cette
occasion avec l’espoir que beaucoup de gens voudront écouter, et que
beaucoup puissent être convaincus que c’est le chemin à prendre.
Naturellement, je laisserai ouverte, au niveau du détail, la possibilité
[que s’expriment] beaucoup d’options et d’avis différents.
© Transcription en anglais
du National Catholic Reporter, traduction française Libertepolitique.com.
Comme c'est la tradition, le pape Benoît XVI envoie aux chefs d'états des
pays qu'il survole, un télégramme. Voici ceux que le Vatican publie en
français:
SON EXCELLENCE MONSIEUR JACQUES CHIRAC
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
PARIS
SURVOLANT LE TERRITOIRE DE LA FRANCE EN ME RENDANT AU BRÉSIL, JE SALUE VOTRE
EXCELLENCE, FORMANT POUR ELLE MES VŒUX LES PLUS FERVENTS (.) JE DEMANDE AU
SEIGNEUR D’ACCOMPAGNER LE PEUPLE DE FRANCE, POUR QUE CHACUN PUISSE
BÉNÉFICIER DES RICHESSES DE LA NATION, DANS UNE SOLIDARITÉ RENOUVELÉE (.) DE
GRAND CŒUR, J’INVOQUE SUR VOTRE EXCELLENCE ET SUR TOUS SES COMPATRIOTES
L’ABONDANCE DES BÉNÉDICTIONS DIVINES
BENEDICTUS PP. XVI
SON EXCELLENCE MONSIEUR ABDELAZIZ BOUTEFLIKA
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE
ALGER
SURVOLANT LE TERRITOIRE ALGÉRIEN ALORS QUE JE ME RENDS AU BRÉSIL, JE SALUE
VOTRE EXCELLENCE ET TOUS SES COMPATRIOTES(.) JE FORME DES VŒUX FERVENTS POUR
LE PAYS ET POUR TOUS LES ALGÉRIENS, DEMANDANT AU TRÈS-HAUT DE LES
ACCOMPAGNER DANS LEUR VIE QUOTIDIENNE ET DANS LE DÉVELOPPEMENT SOLIDAIRE DE
LA NATION
BENEDICTUS PP. XVI
SON EXCELLENCE MONSIEUR OULD CHEIKH ABDALLAHI
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE
NOUAKCHOTT
SURVOLANT LE TERRITOIRE DE LA MAURITANIE ALORS QUE JE ME RENDS AU BRÉSIL, JE
SALUE VOTRE EXCELLENCE ET TOUS SES COMPATRIOTES (.) AU MOMENT OÙ VOTRE
EXCELLENCE VIENT DE PRENDRE EN CHARGE LES DESTINÉES DE LA MAURITANIE, JE
FORME DES VŒUX FERVENTS POUR LE PAYS ET POUR TOUS SES HABITANTS, DEMANDANT
AU TRÈS-HAUT DE LES ACCOMPAGNER DANS LEUR VIE QUOTIDIENNE ET DANS LE
DÉVELOPPEMENT SOLIDAIRE ET FRATERNEL DE LA NATION
BENEDICTUS PP. XVI
SON EXCELLENCE MONSIEUR ABDOULAYE WADE
PRÉSIDENT DU SÉNÉGAL
DAKAR
SURVOLANT LE TERRITOIRE DU SÉNÉGAL ALORS QUE JE ME RENDS AU BRÉSIL, JE SALUE
VOTRE EXCELLENCE ET TOUS SES COMPATRIOTES (.) JE FORME DES VŒUX FERVENTS
POUR LE PAYS ET POUR TOUS LES SÉNÉGALAIS, DEMANDANT AU TRÈS-HAUT DE LES
ACCOMPAGNER DANS LEUR VIE QUOTIDIENNE ET DANS LE DÉVELOPPEMENT SOLIDAIRE ET
FRATERNEL DE LA NATION
BENEDICTUS PP. XVI
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vatican
La Vème Conférence du CELAM
Avec le thème:
"Disciples et missionnaires de Jésus Christ afin qu'en lui nos peuples aient
la vie - ‘Je suis le chemin, la vérité et la vie' (Jn, 14,6)",
la 5ème Conférence des Évêques d'Amérique Latine et des Caraïbes, qui se
déroulera du 13 au 31 mai 2007 au Sanctuaire de Aparecida (Brésil), est un
événement ecclésial très important pour ces Églises locales.
La présence du Pape Benoît XVI à son ouverture est la preuve de l'importance
de cette rencontre dans la vie de l'Église, car elle se situe dans une
trajectoire qui part de la naissance du CELAM jusqu'à nos jours, en passant
par le Concile Vatican II, Medellín, Puebla et Santo Domingo.
Nous espérons qu'Aparecida puisse confirmer et renforcer le chemin d'une
Église pèlerine, faite de communautés vivantes, engagée en faveur de la vie
et de la promotion de la Justice et de la Paix et toujours plus
missionnaire.
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Benoît XVI au Brésil: du 09 au 14 mai 2007
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ici
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.05.2007 - BENOÎT XVI
- Brésil |