Benoît XVI guide cohérent sur la voie
de la rigueur et de la vérité, déclaration du P. Lombardi |
|
Rome, le 09 avril 2010 -
(E.S.M.)
-
L'éditorial lu le 9 avril sur Radio Vatican par le porte-parole du pape.
La déclaration officielle sur la pédophilie la plus importante après la
lettre de Benoît XVI aux catholiques d'Irlande
|
Le père Lombardi
Benoît XVI guide cohérent sur la voie
de la rigueur et de la vérité, déclaration du P. Lombardi
"Par amour de la vérité..."
Le 09 avril 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Le débat sur les abus sexuels, qui ne sont pas que le fait du clergé, se
poursuit entre des nouvelles et des commentaires de différentes teneurs.
Comment naviguer dans ces eaux agitées, tout en maintenant le cap, en
répondant à l’Évangile « Duc in altum », prends le large?
Tout d’abord en continuant à tendre vers la vérité et la paix pour les
victimes. Une des choses qui frappe le plus, c’est que beaucoup de blessures
intérieures remontent à la surface après de nombreuses années – voire
plusieurs décennies – mais sont à l’évidence toujours ouvertes. De
nombreuses victimes ne demandent pas de compensation financière, mais une
aide intérieure, un jugement dans leur histoire personnelle douloureuse. Il
y a encore quelque chose que nous devons vraiment comprendre.
Nous devons probablement faire une expérience profonde des événements qui
ont ainsi durement touché la vie des personnes, de l’Église et de la
société. Au niveau collectif, la haine et la violence des conflits entre les
peuples, que l’on voit difficiles à surmonter dans une véritable
réconciliation, en sont un exemple. Les abus blessent profondément au niveau
personnel. C’est pour cela que les épiscopats ont bien fait de reprendre
avec courage le développement des voies et des espaces de libre expression
des victimes et de leur écoute, sans tenir pour acquis que le problème eût
déjà été abordé et surmonté avec les centres d'écoute institués il y a
quelque temps déjà. De même, les épiscopats ou les évêques, par leurs soins
paternels, ont bien fait de porter une attention spirituelle, liturgique et
humaine aux victimes.
Apparemment, le nombre de nouvelles plaintes concernant des abus, comme
c'est le cas aux États-Unis, diminue, mais la voie de la guérison en
profondeur ne commence pour beaucoup que maintenant, tandis que pour
d’autres, elle n’a pas encore commencé. Dans le cadre de l'attention aux
victimes, le Pape a écrit être prêt à les rencontrer de nouveau, en
s’impliquant dans le chemin de toute la communauté ecclésiale. Mais c'est un
chemin qui, pour atteindre des effets encore plus profonds, doit se faire
davantage dans le respect des personnes et dans la recherche de la paix.
À côté de l'attention aux victimes, il faut ensuite continuer à mettre en
œuvre avec décision et transparence les procédures correctes du procès
canonique des coupables et de la coopération avec les autorités civiles en
ce qui concerne leurs compétences judiciaires et pénales, en tenant compte
des spécificités de leurs réglementations et des situations dans les
différents pays. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut penser restaurer
effectivement un climat de justice et la pleine confiance dans l'institution
ecclésiale. On dit que plusieurs dirigeants de communautés ou
d’institutions, par inexpérience ou manque de préparation, ne disposent pas
de ces critères qui peuvent les aider à agir avec détermination, même si
cela peut être très difficile et douloureux pour eux. Mais, alors que la loi
civile intervient au nom de règles générales, la loi canonique doit tenir
compte de la gravité morale particulière de l'abus de confiance commis par
des personnes responsables dans la communauté ecclésiale, et de la
contradiction flagrante avec la conduite dont ils devraient témoigner. En ce
sens, la transparence et la rigueur s’imposent en urgence en tant que
témoignage d’un gouvernement sage et juste dans l'Église.
À l'avenir, la formation et la sélection des candidats au sacerdoce, et plus
généralement du personnel des institutions éducatives et pastorales, sont
une condition préalable à la prévention efficace de possibles abus.
Atteindre une saine maturité de la personnalité, y compris du point de vue
de la sexualité, a toujours été un défi difficile ; il l’est aujourd'hui
encore plus, même si de meilleures connaissances psychologiques et médicales
sont une aide importante à la formation spirituelle et morale.
On a remarqué que la fréquence des abus sexuels a été plus élevée dans la
période la plus chaude de la « révolution sexuelle » des dernières
décennies. Dans la formation, il faut tenir compte de ce contexte et du
contexte plus général de la sécularisation. Il s’agit au fond de redécouvrir
et de réaffirmer le sens et l'importance de la signification de la
sexualité, de la chasteté et des relations affectives dans le monde
d'aujourd'hui, de manière très concrète et pas seulement verbale ou
abstraite. Sa violation ou sa sous-estimation peuvent être source de
désordre et de souffrance. Comme l'a observé le Pape dans sa lettre aux
Irlandais, une vie chrétienne et sacerdotale ne peut répondre aujourd’hui
aux exigences de sa vocation qu’en se nourrissant véritablement aux sources
de la foi et de l'amitié avec le Christ.
Ceux qui aiment la vérité et l’évaluation objective des problèmes sauront
chercher et trouver les informations nécessaires pour comprendre plus
globalement le problème de la pédophilie et des abus sur les mineurs à notre
époque, dans différents pays, et en comprendront ainsi l'étendue et
l'omniprésence. Ils pourront alors mieux comprendre dans quelle mesure
l'Église catholique ne partage pas seulement ses propres problèmes, dans
quelle mesure ces derniers présentent pour elle une gravité particulière et
nécessitent des interventions spécifiques, et enfin dans quelle mesure
l'expérience que l'Église accomplit dans ce domaine peut être utile pour
d'autres institutions ou pour la société tout entière.
Sur cet aspect, il semble bien que les médias n'aient pas encore assez
travaillé, surtout dans les pays où la présence de l'Église revêt une plus
grande importance, et sur laquelle les flèches de la critique sont plus
facilement pointées. Mais des documents, comme le rapport national des
États-Unis sur la maltraitance des enfants mériteraient d'être mieux connu
pour comprendre quels sont les domaines d'intervention sociale urgente et
les proportions des problèmes. Dans la seule année 2008, aux États-Unis, on
a identifié plus de 62 000 auteurs d’abus sur des enfants, tandis que le
groupe des prêtres catholiques est si faible qu'il n'est même pas pris comme
tel en considération.
L'engagement pour la protection des enfants et des jeunes est donc un
domaine immense et inépuisable de travail qui va bien au-delà du problème de
certains membres du clergé. Ceux qui y consacrent leurs forces avec
sensibilité, générosité et attention méritent gratitude, respect et
encouragement de la part de tous, en particulier des autorités de l'Église
et des civils. Leur contribution est essentielle pour la sérénité et la
crédibilité du travail d'éducation et de formation des jeunes dans l'Église
et en-dehors d’elle. Le Pape a justement eu pour eux des paroles fort
appréciables dans sa lettre pour l'Irlande, mais en pensant bien sûr à un
horizon beaucoup plus large.
Enfin, le Pape Benoît XVI, guide cohérent sur la voie de la rigueur et de la
vérité, mérite tout le respect et le soutien que lui expriment déjà de
nombreux témoignages reçus de toutes parts dans l’Église. Il est un pasteur
à la hauteur qui fait face avec droiture et certitude à cette période
difficile, où ne manquent ni les critiques ni les insinuations infondées.
On peut affirmer sans préjugé qu'il est un Pape qui a beaucoup parlé de la
Vérité de Dieu et du respect de la vérité, en en devenant un témoin
crédible. Nous l’accompagnons et nous apprenons de lui la persévérance
nécessaire pour grandir dans la vérité, la transparence, sans occulter les
graves problèmes du monde, en répondant avec patience au compte-gouttes des
« révélations » partielles ou présumées qui cherchent à diminuer sa
crédibilité et celle d'autres institutions et personnes de l’Église.
Nous avons besoin de cet amour patient et ferme de la vérité dans l’Église,
dans la société où nous vivons, dans la communication et dans l'écriture, si
nous voulons servir et ne pas tromper nos contemporains.
La lettre pastorale de Benoît XVI aux catholiques d'Irlande du 19 mars 2010 ►
"Vous
devez en répondre devant Dieu"
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.04.2010 -
T/International |