Mgr Rey dénonce la culture de mort et
le lynchage du Pape Benoît XVI |
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Le 09 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Le lundi 6 avril 2009, Mgr Dominique Rey a présidé la messe
Chrismale en la cathédrale Notre Dame de la Seds à Toulon.
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Mgr Dominique Rey
Mgr Rey dénonce la culture de mort et
le lynchage du Pape Benoît XVI
Le 09 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le lundi 6 avril 2009, monseigneur Dominique Rey a présidé la messe
Chrismale en la cathédrale Notre Dame de la Seds à Toulon.
Plus de 200 prêtres et diacres étaient présents entourés de très nombreux
fidèles, religieux et religieuses. Rentrant de l’Assemblée plénière des
évêques de France qui vient de se tenir à Lourdes pour sa session de
printemps, monseigneur Rey a prononcé une homélie très en lien avec
l’actualité de notre Eglise. Fait rare qu’il convient de souligner,
l’homélie s’est achevée par un tonnerre d’applaudissements.
Monseigneur Guy Gaucher, évêque auxiliaire émérite de Bayeux Lisieux était
présent puisqu’il prêchait une retraite pour les séminaristes
Homélie de Mgr Rey lors de la messe chrismale :
Relecture des événements médiatiques
La tempête médiatique que l’Eglise a traversée depuis quelques semaines,
nous invite ce soir à faire une relecture spirituelle et ecclésiale de ces
événements, à la lumière du mystère pascal que nous allons célébrer tout au
cours de cette semaine.
J’ai reçu beaucoup de courriers. Les uns exaspérés, scandalisés,
vindicatifs…devant l’attitude du Pape, ou de tel évêque, bien sûr sans que
l’accusateur ait pris le soin de remonter à la source de l’information pour
rechercher l’exactitude du propos et la vérité des faits, otage qu’il était
de la vague émotionnelle ou des slogans… D’autres manifestaient leur soutien
indéfectible au St Père, en sachant qu’à travers sa personne, on s’en
prenait à l’Eglise tout entière puisque le successeur de Pierre est le
garant de sa communion et de son Magistère.
Sans doute, ceux-là percevaient-ils, qu’au-delà des maladresses réelles de
communication interne et externe, la bourrasque relevait d’autres enjeux,
sur le fond et sur la forme.
D’abord sur le fond
L’indignation médiatique s’est imposée à propos des questions éthiques :
aujourd’hui, c’est la question de l’avortement, l’utilisation du
préservatif. Hier, c’était la question de l’euthanasie ou du statut de
l’embryon, demain, ce sera le mariage homosexuel et l’homo-parentalité.
On baptise facilement l’évolution des mœurs du nom de « progrès », et le
législateur est convoqué à la cérémonie du baptême pour enregistrer
officiellement l’adoption des nouveaux modes de vie.
A la remorque des groupes de pression, au départ très minoritaires, et par
électoralisme, le politique sanctionne la « dérive morale des continents »
comme inéluctables. Elle se contente d’enregistrer l’évolution des mœurs…
Lorsqu’il s’agit de l’avenir de la planète, de la disparition de la faune et
de la flore, des gaz à effet de serre, le Grenelle de l’environnement adopte
prudemment des mesures disciplinaires et contraignantes. En ce qui concerne
l’éthique et la vie humaine, les repères font défaut. La reconnaissance par
la loi des situations particulières prend le pas sur toute approche globale
qui serait portée par une anthropologie commune.
La mission prophétique de l’Eglise
L’Eglise elle, ne se détermine pas à partir des sondages et du changement du
climat idéologique. Elle a pour boussole l’Evangile. Elle met le cap vers un
Royaume où l’homme a été libéré par le Christ du mensonge et de l’idolâtrie.
Il y a été rendu à sa dignité originelle et à sa vocation filiale. Par la
voix du successeur de Pierre, qui se trouve placé à la proue du navire,
l’Eglise désigne de loin, à travers les tempêtes et les péripéties de
l’histoire, le port où Dieu nous attend.
Elle manquerait à sa mission prophétique, si sa voix se taisait par
timidité, par lâcheté ou par compromission. Sa vocation, c’est la fidélité à
son Epoux, le Christ, à sa présence en elle, à son enseignement, par sa
parole.
Oui, l’Eglise ne peut que protester lorsqu’offense est faite à la vie
humaine dès sa conception, dans le sein de sa mère. Elle proteste pour ces
220 000 avortements pratiqués chaque année en France, et qui tendent peu à
peu à devenir un moyen contraceptif. Elle proteste en pensant à
l’aveuglement de ceux qui les pratiquent, au déchirement de celles qui les
subissent, et qu’elle se doit d’accompagner parce qu’elle est mère, elle
aussi. L’Eglise prie pour ceux que l’on a empêché de vivre pour mille
raisons qui ne se justifieront jamais, malgré la légalité des actes, de leur
légitimité morale.
L’Eglise proteste encore quand elle s’inscrit en faux lorsqu’on promeut des
modèles de famille qui privent l’enfant de la référence paternelle ou
maternelle, indispensable à sa croissance humaine.
Face à la propagation du Sida, tout en prenant en compte les besoins de
précautions, l’Eglise fait appel en premier lieu à la responsabilité dévolue
à chacun d’inscrire la relation affective et sexuelle à l’intérieur d’un
projet de vie stable et par une promesse dans la donation de soi, que Dieu
vient bénir. Les actes que pose l’Eglise accompagnent son enseignement. En
Afrique elle est la première ONG à œuvrer pour accueillir, soigner,
accompagner les populations séropositives dans des dispensaires ou hôpitaux,
et à rappeler dans ses écoles, avant les mesures prophylactiques à prendre,
surtout à éduquer à la dignité de la sexualité, au sens de la maîtrise de
soi et au respect du corps.
Un évêque camerounais de passage dans le Var [Ndlr : Mgr Christophe Zoa du
diocèse de Sangmélima], et qui venait d’accompagner le Saint Père dans son
récent voyage en Afrique, était outré par les commentaires suffisants des
soi-disants experts. « N’y-aurait-il pas du racisme lorsqu’on veut
imposer aux Africains l’usage du préservatif comme si nous sommes jugés
incapables de modifier nos modes de relations affectives ? » Et l’évêque
d’ajouter : « Cette infantilisation culpabilisante est insupportable.
Elle relève d’une forme de néo colonialisme ».
Il y a peu, l’Eglise dénonçait - non pas l’acharnement thérapeutique-, mais
l’euthanasie lorsque la prétention eugénique d’une société, décide qui doit
vivre et qui doit mourir.
Elle s’insurge aussi contre la manipulation de l’embryon humain, traité
comme un matériau de laboratoire, du corps humain considéré comme une boîte
à outils.
La protestation de l’Eglise touche en réalité la transgression des interdits
fondamentaux qui structurent toute vie en société : le refus du meurtre,
alors que l’atteinte à la vie est légalisée dès le sein de la mère ; la
différentiation sexuelle homme/femme alors qu’elle est niée par la promotion
de nouveaux modèles de sexualité et la confusion des genres (le culturel
n’assumant plus le biologique) ; la prohibition de l’inceste qui est
contournée par la revendication d’engendrer pour autrui, avec la
possibilité, par exemple, de devenir mère porteuse de sa petite fille.
La dictature de la pensée unique
Sur la forme
Un célèbre publicitaire m’avait confié : « La forme, c’est le fond qui
remonte à la surface ».
C’est à l’aune de cet adage que j’interprète la virulence des commentaires
qui se sont exprimés vis-à-vis de Benoît XVI.
La violence insidieuse, banalisée, faite à la personne humaine en violant
les interdits constitutifs de son humanité, enfante la brutalité vis-à-vis
de quiconque oserait les dénoncer. Oui, Benoît XVI, dans la fidélité à
l’enseignement de l’Eglise, a osé braver la dictature de la pensée unique !
La tolérance revendiquée si souvent…a alors fait place à l’incantation
autiste, sans qu’on ait pris le temps de comprendre les faits, de croiser
l’information, de relire les déclarations du pape. L’aveuglement émotionnel
est devenu inquisition véhémente et lynchage, condamnant quelqu’un (le pape)
de façon caricaturale pour des idées qui ne sont pas les siennes, pour des
actes qu’il n’a pas commis, des propos qu’il n’a pas tenus. La curée
médiatique s’est faite sous impunité garantie.
Beaucoup de chrétiens n’ont pu que se sentir blessés par de tels outrages,
par le cynisme de certains représentants de la nation qui complaisamment,
ont sali l’image du Saint-Père.
Je souhaite qu’au cours de cette semaine sainte, nous puissions
particulièrement prier à son intention dans toutes nos communautés
chrétiennes, et plus particulièrement le Vendredi Saint. Nous le ferons ici
dans le centre ville de Toulon, par une procession publique et solennelle.
Le Chemin de Croix partira à 12h de l’église St Louis jusqu’à la cathédrale.
Venez nombreux !
En ce temps liturgique, comment ne pas associer, sans spiritualiser à
l’excès, ces vociférations médiatiques aux cris de la foule en furie qui
s’en prenait au Christ sur la route du Golgotha ? A un moment ou à un autre
de notre itinéraire spirituel, ou de la marche de l’Eglise, notre route
croise, comme Simon de Cyrène, Celui qui est chargé d’une croix trop lourde
à porter. L’Evangile n’est pas plus facile à vivre ni à proclamer
aujourd’hui qu’il y a quelques siècles.
Avoir le courage de la vérité
Et pourtant, en son temps, Jésus fut maître en communication. Le Verbe de
Dieu savait parfaitement user de la parole humaine. Les évangiles sont une
leçon de rhétorique. Néanmoins, Luc note soigneusement que la première
prédication à Nazareth se conclut par un échec évident. Je le cite : « Ils
se levèrent, le jetèrent hors de la ville pour le précipiter en bas ».
La semaine passée, l’évangile de Jean rapportait qu’après avoir annoncé aux
siens son unité avec le Père, les auditeurs « à nouveau, ramassèrent des
pierres pour le lapider ».
« Le langage de la Croix est folie pour ceux qui se perdent. Mais pour ceux
qui sont en train d’être sauvés, pour nous, il est puissance de Dieu », dira
l’apôtre Paul aux chrétiens de Corinthe (1 Cor, 18 et s)
Cette sainte Croix que nous allons baiser de nos lèvres, dans quelques
jours, nous convoque à la suite du Christ qui l’a embrassée, à avoir le
courage de la vérité. Le courage de la proclamer. Le courage de l’enseigner,
à temps et à contretemps. C’est ce qu’on attend du prêtre dans la
responsabilité pastorale que l’évêque lui confie. C’est ce qu’on attend du
fidèle laïc en raison de l’engagement baptismal au cœur du monde.
Mais cette parole n’est audible et crédible que si nos propres vies font la
preuve de sa fécondité.
Les soubresauts médiatiques de ces derniers jours nous invitent à ne pas
nous dérober à la responsabilité prophétique que l’Eglise doit assumer face
aux défis anthropologiques et éthiques des temps à venir. Nos silences
seraient complices des dérives possibles.
Cette responsabilité est en premier lieu éthique.
Face à la crise économique et financière sans précédent et à
l’émergence des nouvelles pauvretés et des clivages grandissants entre
riches et pauvres qu’elle provoque, face au chômage et à l’endettement de
beaucoup, face aux menaces écologiques et environnementales qui pèsent sur
la planète…, les appels répétés à une « moralisation » de la vie publique,
dans la gestion des ressources naturelles et financières, et dans le
management des décideurs et des institutions, rejoignent les protestations
de l’Eglise en faveur d’une « écologie de l’homme » (Benoît XVI), en faveur
d’une éthique de la vie humaine, pour en décliner la grammaire et la
syntaxe.
Sauver la planète : oui
Sauver l’économie : oui
Mais d’abord sauver l’homme de lui-même. Le
sauver de la tentation de Babel. Dans un monde globalisé, de plus en plus
interconnecté et interactif, il s’agit de préserver son unicité, sa
singularité, sa liberté intérieure, sauver sa raison. Bref, honorer son
humanité.
Cette indignation que l’Eglise, comme autorité morale, porte seule, n’est
pas un retour en arrière. Malgré les accusations de ses contradicteurs, elle
ne vire pas au conservatisme en marchant à rebours de l’histoire. Bien au
contraire, elle énonce audacieusement les conditions d’un avenir possible.
Elle confesse une espérance en faisant mémoire de son origine. Elle porte à
notre monde l’exigence que son futur soit aussi une promesse. Elle conteste
ses leurres. Parce qu’elle est uniquement attachée au Christ, qui lui confie
ses paroles de salut, l’Eglise est libre de tout autre intérêt ou calcul. Et
cette liberté la situe en posture critique, décalée et dissidente par
rapport au conformisme qui fait le lit du totalitarisme.
Deuxième responsabilité de l’Eglise : communionnelle
Le pape l’a magnifiquement signifiée aux évêques du monde entier par la
lettre qui fait suite et explique la levée de l’excommunication des évêques
lefèbvristes.
L’Eglise, sacrement universel du salut, doit fournir le signe de cette
communion de l’intérieur d’elle-même, et dans la relecture lucide de sa
propre histoire. Cette communion est la tâche quotidienne du pasteur. Sa
joie et sa souffrance. Il l’exerce au prix de sa vie et de sa prière. Chaque
eucharistie nous rappelle que cette communion ne relève pas d’abord d’un art
de la médiation sociale ou de l’arbitrage affectif, mais qu’elle se noue au
pied de la Croix, dans l’engagement sacerdotal à suivre le Maître jusqu’au
bout, dans l’exercice de la miséricorde.
C’est ce que le Pape a redit avec tellement de justesse dans son dernier
courrier. Par un curieux retournement de l’histoire, un nouvel intégrisme
pointe le nez lorsqu’on refuse que l’Eglise tende la main à ceux qui se sont
éloignés, en les enfermant dans leur étiquette et dans leur passé. Benoît
XVI a été explicite : « Pouvons-nous les exclure, comme représentant un
groupe social marginal, de la recherche de la réconciliation et de l’unité ?
» Ni le négationnisme affiché par Mgr Williamson, ni le pharisianisme de
ceux qui s’arrogent le monopole de l’interprétation de Vatican II, ne
parviendront à altérer cette communion ecclésiale qui s’enracine dans la vie
trinitaire, se déploie en premier lieu dans la famille, et puis s’incarne
dans chaque communauté chrétienne.
Chers Frères dans le sacerdoce, dans cette crise aux multiples visages que
traverse notre société, l’Eglise nous convoque à être promoteur de cette
communion. Face à la poussée des individualismes, de l’anonymat et du
protectionnisme, la diaconie du Christ et de l’Eglise (que nous célébrons
cette année dans notre diocèse) fait de nous des serviteurs, humbles et
joyeux, d’une fraternité nouvelle, où l’on découvre peu à peu que le vrai
bonheur c’est faire celui des autres, pour devenir ainsi « une oasis
d’espérance pour notre prochain » (Benoît XVI)
+ Dominique Rey
6 avril 2009
Cathédrale Notre Dame de la Seds

Sources : www.diocese-frejus-toulon.com
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.04.09 -
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