Jean-Paul II, si proche du Saint Curé
d'Ars |
|
Cité du Vatican, le 09 avril 2008 -
(E.S.M.)
- La Miséricorde et le ministère du prêtre, commentaires du
Père Guy Bagnard,
Évêque de Belley-Ars lors du Premier Congrès Mondial de la Miséricorde
Divine à Rome. Laissez-moi terminer avec ces mots de Jean-Paul II qui
était si proche du Saint Curé d'Ars, conclut Mgr Bagnard. C'est en ces
termes qu'il s'adressait aux prêtres, lors du Jeudi Saint 1986, l'année
où il se rendit à Ars : "Le ministère de la réconciliation reste sans
doute le plus difficile et le plus délicat...
|
Mgr Guy Bagnard
Jean-Paul II, si proche du Saint Curé
d'Ars
LA MISÉRICORDE ET LE MINISTÈRE DU PRÊTRE
Père Guy Bagnard
Évêque de Belley-Ars
3 avril 2008
Eglise de San Carlo al Corso
Il suffit de parcourir quelques pages d'Évangile pour s'apercevoir dans
quelle proximité Jésus a vécu avec les malades. Lépreux, boiteux, paralysés,
aveugles, sourds-muets, tous viennent à Lui et Le sup plient de les guérir.
Ce n'est pour tant aucune de ces maladies que désignaient les célèbres
paroles
de Jésus : "Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin,
mais les malades." Le contexte où ont été prononcées ces paroles nous
apprend
que Jésus prenait alors son repas dans la maison de Matthieu qu'il venait
d'appeler à sa suite. Autour de la table se tenait un grand nombre de
publicains
réputés pour leur malhonnêteté dans l'exercice de leur profession : la
collecte des impôts. C'étaient des pécheurs publics, désignés du doigt par
l'opinion ! A l'adresse des pharisiens qui condamnaient ces fréquentations
douteuses, Jésus répond avec les paroles du prophète Osée : "C'est la
miséricorde que je veux et non les sacrifices." (Mt 9,12). A côté des
maladies du corps, Jésus souligne la présence des maladies de l'âme. Leur
guérison ne peut être obtenue que par la miséricorde. C'est pour en purifier
les hommes qu'il est venu en ce monde. Bien mieux, les maladies du corps
avaient moins de conséquences dramatiques sur la destinée humaine que les
maladies invisibles de l'âme : "Afin que vous sachiez que le Fils de l'homme
a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés, alors, lève-toi, dit
Jésus au paralysé, prends ta civière et rentre chez toi." (Mt 9,6). Jésus
indiquait que son pouvoir de guérison sur les corps annonçait un pouvoir
plus fondamental sur les âmes.
Celui qui a reçu l'ordination prolonge l'action du Christ. Parce qu'il a
donné ses lèvres, ses mains, son intelligence et son cœur au Christ, pour
continuer son œuvre de guérison, il est amené à accorder une place de choix
au ministère de la miséricorde.
* * *
Jean-Marie Vianney demeure, dans l'histoire de l'Eglise, le témoin
privilégié
de ce ministère. Dans l'exercice de sa charge de curé, au fil des années, le
temps passé au confessionnal a démesurément grandi. On estime qu'il s'y
tenait
entre 13 et 18 heures par jour, par tous les temps, aussi bien dans la
chaleur
que dans le froid. Au cours des vingt-cinq dernières années de sa vie, il
ne faisait plus que cela. "Rarement un pasteur a été à ce point conscient de
ses responsabilités, dévoré par le désir d'arracher ses fidèles à leur péché
ou
à leur tiédeur." (Jean-Paul II, Lettre aux prêtres pour le Jeudi Saint
1986).
A regarder Jean-Marie Vianney, dans l'exercice de cette pastorale de la
miséricorde,
un fait mérite d'être souligné. Il avait perçu l'immense effort qui est
requis
du pécheur pour venir chercher le pardon. Reconnaître sa maladie est
déjà une épreuve. Mais entreprendre de s'en libérer en est une autre bien
plus lourde encore. Le mouvement naturel est de remettre à plus tard. Mille
raisons surgissent pour repousser au lendemain. Le fils de la parabole a
attendu
le tout dernier moment, d'être littéralement affamé, pour se décider enfin
à reprendre le chemin du retour.
Le Curé d'Ars, qui avait une profonde connaissance du cœur humain, eut un
jour une drôle d'idée. Au risque de surprendre son entourage et de soulever
des incompréhensions, il entreprit rien moins que de faire percer une porte
dans la façade de l'église paroissiale, légèrement sur le côté ; c'était une
porte si étroite si discrète, qu'aujourd'hui encore, on ne la remarque pas.
En
la poussant, on tombait au pied d'un confessionnal, placé là tout exprès.
C'était le cinquième confessionnal qu'il avait installé dans son église. Les
quatre
autres étaient situés plus haut dans la nef ou derrière l'autel. L'avantage
de ce nouveau dispositif permettait de venir se confesser totalement
incognito
! C'était là que ceux qu'il appelait les grands pécheurs pouvaient s'ouvrir
à la
miséricorde. Insigne délicatesse de ce curé qui ressentait en lui-même ce
qu'il
en coûtait de revenir dans une église où l'on n'avait peut-être pas mis les
pieds depuis trente, quarante ou cinquante ans. Ainsi, la grâce de la
Miséricorde
était mise à la portée du plus grand nombre. A elle seule, cette invention
en dit long sur l'amour des pécheurs qui habitait le cœur de Jean-Marie
Vianney, à l'image du Père de la parabole qui attend sur le seuil et regarde
l'horizon s'il voit revenir le fils. Jean-Marie Vianney avait l'habitude de
dire :
"Ce n'est pas le pécheur qui revient vers Dieu pour lui demander pardon ;
mais c'est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à
lui."
(Nodet p. 133) C'est vers ceux qui semblaient les plus éloignés que le
cœur
du prêtre allait d'emblée en priorité. Dans ce confessionnal, disait-il,
j'ai pu
prendre les âmes au vol ! Il inscrivait dans les faits l'amour de Dieu pour
les
pécheurs.
Si la miséricorde est le remède le plus sûr pour guérir les maladies de
l'âme, il
devient indispensable de l'approcher d'aussi près que possible de celui qui
en
a besoin ! L'intense désir de l'offrir aux pécheurs a fait trouver au Curé
d'Ars
les moyens de la donner.
Sa renommée comme confesseur est liée sans aucun doute à sa sainteté
personnelle. Il n'était pas rare d'entendre les habitants d'Ars raisonner
ainsi,
comme s'exprimait l'un d'entre eux : "Nous ne valons pas mieux que les
autres,
mais nous aurions trop de honte à nous livrer à de semblables désordres
si près d'un saint" (Monnin, t. 1, p. 220). Mais outre le rayonnement de sa
sainteté, d'autres facteurs intervenaient. L'un d'entre eux semble avoir
joué un
rôle non négligeable. Le Curé d'Ars lisait dans les cœurs ; il avait comme
l'intuition
des consciences. Il est évidemment difficile de savoir ce qui se passait
exactement dans le confessionnal entre le curé et les pénitents. Il faut
donc
avancer avec prudence sur ce terrain. Mais beaucoup de témoignages
recueillis
au cours du procès de canonisation révèlent que ceux qui venaient
s'agenouiller près du curé se sentaient mis brutalement face à face avec
leur
vie. Fréquemment, le curé découvrait lui-même au pénitent l'une ou l’autre
de
ses fautes.
L'abbé Alfred Monnin, un de ses premiers biographes, cite, par exemple, le
cas de cet homme de mauvaise vie qui, atteint d'infirmités, vint à Ars
espérant
obtenir la guérison. Sur les conseils de quelques amis, il accepte de se
confesser.
Jean-Marie Vianney l'écoute en silence, puis lui demande : "Est-ce
tout ?" - "Oui", répond l'homme. "Mais, réplique le curé, vous n'avez pas
dit
que tel jour, à tel endroit, vous avez commis une très grave faute". Et le
curé
se met à lui faire l'histoire de sa vie, mieux qu'il ne l'aurait faite
lui-même. Des
cas de ce genre sont nombreux. Jean-Marie Vianney posait souvent la question
rituelle : "Depuis quand date votre dernière confession ?" Il arrivait que
le
pénitent ne se souvienne de rien ! Alors, il n'était pas rare que le Curé
réponde
lui-même : "Cela fait vingt-huit ans, mon ami, et vous n'avez pas été
communier à la suite de cette confession."
L'acuité du regard du confesseur opérait un choc puissant sur le pénitent.
Celui-
ci faisait une expérience semblable à celle de la Samaritaine de l'Évangile.
Elle avait entendu Jésus lui dire qu'elle n'avait pas de mari et Jésus lui
avait
découvert sa propre vie. Quelques instants après, elle s'adressait alors aux
gens de son village, avec une émotion à peine voilée :"Venez voir un homme
qui m'a dit tout ce que j'ai fait !" Le pénitent d'Ars n'avait pas le
sentiment
d'être accusé ou condamné, mais celui d'être regardé par Dieu lui-même
dans l'intimité de sa vie. Toute résistance, toute défense alors
s'évanouissaient.
Il s'ouvrait à la Lumière, sans chercher d'excuse, sans recourir à des
échappatoires, sans se justifier. Il se trouvait soudainement devant Dieu.
Et
Dieu venait le chercher dans les situations très concrètes de son existence
;
c'était là qu'il était rejoint et sauvé ! Sous cette lumière, il était
reconduit à la
vérité existentielle de son être et c'est pourquoi la grâce du sacrement
opérait
en profondeur à l'intime de l'âme. Il ressortait du confessionnal régénéré.
Dieu
était passé. Il avait agi ! Le pénitent avait fait l'expérience que Dieu
l'aimait tel
qu'il était. Un des premiers effets de la miséricorde est de ne plus se
dissimuler
à soi-même et d'accepter que Dieu puisse nous regarder en vérité. C'est
dans cette expérience de la lumière qui nous pénètre que l'on mesure
l'immense
bonté de Dieu et que l'on puise l'élan de repartir et de fortifier la
décision
de changer de vie !
Ainsi, dans l'exercice de ce ministère, Jean-Marie Vianney montrait que la
Miséricorde
de Dieu ne diminuait en rien l'exigence de Vérité et l'effort coûteux
qui lui est lié. Il alliait les deux dans le profond équilibre que lui
communiquait
sa sainteté. La miséricorde, il savait en parler comme nul autre : "Que Dieu
est bon, disait-il, son bon Cœur est un océan de miséricorde. Ainsi quelque
grands pécheurs que nous puissions être, ne désespérons jamais de notre
salut. Il est si facile de se sauver !" " Nos fautes sont comme des grains
de
sable à côté des miséricordes de Dieu." "Qu'est-ce que nos péchés, si nous
les comparons à la miséricorde de Dieu ! C'est une graine de navette devant
une montagne". "Dieu court après l'homme et le fait revenir."
(Abbé Toccanier,
Procès de canonisation).
A ceux qui, pourtant, se complaisaient à parler de ses sévérités, il faut
rappeler
le jugement tout simple, mais combien vrai d'un vieux paysan d'Ars qui
avait connu Jean-Marie Vianney dès son arrivée : "Il prêchait surtout sur
l'amour de Dieu, sur la présence de Notre Seigneur dans l'Eucharistie, sur
l'habitation du Saint-Esprit dans notre âme. Et quand il parlait sur le
péché,
alors il pleurait." Jean-Marie Vianney avait appris à se dégager de l'esprit jansénisant
dont il avait été marqué dans sa jeunesse et durant les premières
années de son ministère au contact de l'abbé Balley, à Écully. Il expliquait
dans ses catéchèses : "Les jansénistes ont bien encore les sacrements, mais
ils ne servent de rien car ils pensent qu'il faut être trop parfait pour les
recevoir.
L'Église ne désire que notre salut ; voilà pourquoi elle nous fait un
précepte
de recevoir les sacrements." (Monnin p. 327)
Mais, pour autant, la Miséricorde n'est pas une vertu doucereuse, qui se
contenterait
de bénir et d'absoudre, en laissant croire qu'il n'y a guère de différence
entre le bien et le mal, et qu'en conclusion, comme le dit la chanson,
"on ira tous au paradis". Jean-Marie Vianney avait un sens aigu de la
gravité
du péché ; cette conscience était, chez lui, la conséquence d'une réalité
majeure
dans sa vie spirituelle : il vivait en continuelle union avec Dieu. "Il m'a
avoué un jour, dit le Frère Athanase, qu'il perdait rarement le souvenir de
la
présence de Dieu". Et l'abbé Toccanier résume ainsi le climat de sa vie
intérieure
: "Dieu, rien que Dieu, Dieu partout, Dieu en tout, toute la vie du Curé
d'Ars est là !"
Ainsi, tout ce qui détournait de Dieu, tout ce qui l'offensait, le faisait
souffrir.
S'il avait l'amour du pécheur, il avait en même temps l'horreur du péché.
Aussi
mesurait-il sa responsabilité de curé, une responsabilité qui souvent le
tourmentait
: "Ah, si j'avais su ce que c'était qu'un prêtre, au lieu d'aller au
séminaire,
je me serais bien vite sauvé à la Trappe" (Monnin t. 2, p. 275). Il
percevait
les effets destructeurs du péché dans les cœurs avec une sorte d'angoisse
:"Le péché obscurcit la foi dans les âmes comme les brouillards épais
obscurcissent le soleil à nos yeux : nous voyons bien qu'il fait jour, mais
nous
ne pouvons distinguer le soleil." (Nodet p. 147). "Oh ! Jésus, donnez-nous
une sainte horreur de nos péchés. Faites passer dans nos cœurs une goutte
de cette amertume dont le vôtre fut inondé. Si nous ne pouvons effacer nos
péchés par l'effusion de notre sang, faites du moins que nous puissions les
pleurer." (Nodet p. 143)
Jean-Marie Vianney percevait le caractère dramatique de toute existence
humaine,
car l'homme y jouait son éternité ! Il avait "une vision pathétique du
salut" (Jean-Paul II, Ars 1986) Cette conviction était si ancrée en lui qu'elle a
imprimé
à sa vie spirituelle une orientation dont les traits les plus spectaculaires
étaient la pratique d'une ascèse rigoureuse. Ses pénitences étaient
impressionnantes
par leur ampleur et leur fréquence. Certains y ont vu une recherche
pathologique de la souffrance. Elles étaient bien plutôt l'expression d'une
vérité profonde : la volonté de se sanctifier soi-même pour sanctifier les
autres
! Renoncer à soi-même, fût-ce dans la recherche d'un bien-être légitime,
était chez lui une manière d'ouvrir plus largement à Dieu les portes de sa
vie.
Il disait : "Il n'y a qu'une manière de se donner à Dieu dans l'exercice du
renoncement
et du sacrifice : c'est de se donner tout entier, sans rien garder
pour soi. Le peu que l'on garde n'est bon qu'à embarrasser et à faire
souffrir...
Je pense souvent que je voudrais bien pouvoir me perdre et ne plus me
retrouver
qu'en Dieu." (Monnin, t. 2, p. 631). "Se donner tout entier" était inscrit
au cœur de son ministère.
Il insistait particulièrement sur le renoncement à sa volonté propre : "Nous
n'avons en propre que notre volonté ; c'est la seule chose que nous
puissions
tirer de notre fond pour en faire hommage au Bon Dieu. Aussi, assure-t-on
qu'un seul acte de renoncement à la volonté, Lui est plus agréable que
trente
jours de jeûne." (Monnin, t. 2, p. 645). Et il n'hésitait pas à donner des
exemples
très concrets : "On se prive d'une visite qui fait plaisir, on remplit une
oeuvre
de charité qui ennuie, on se couche deux minutes plus tard, on se lève
deux minutes plus tôt ; lorsque deux choses se présentent à faire, on donne
la préférence à celle qui nous plaît le moins." (Monnin, t. 2, p. 646)
Cette abnégation n'avait rien d'un repliement sur soi, ni d'une sorte d'auto-mutilation
; Jean-Marie Vianney y voyait le chemin par lequel Dieu prenait possession
de sa vie ; elle l'engageait dans la sequela Christi, Lui, le sauveur,
qui, dans son amour du Père, avait accepté de s'abaisser. Ce renoncement
n'avait rien de destructeur ; il était vivifiant parce que l'amour l'inspirait.
Engagé sur cette voie du radicalisme évangélique, il pouvait intercéder pour
son peuple en toute confiance et dans une grande authenticité intérieure.
Ainsi,
en arrivant à Ars, il n'avait eu qu'un cri, au pied du ta bernacle :"Mon
Dieu,
convertissez ma paroisse, et je suis prêt à souffrir tout ce que vous
voudrez,
tout le reste de ma vie." En engageant toute sa personne dans sa demande, il
s'associait à l’action de Dieu qui, seule, pouvait convertir le cœur de ses
paroissiens.
Il se montrait pleinement solidaire avec eux. Et c'est bien ce qui l'a
beaucoup affecté dans les dernières années de son ministère : il n'avait
plus
le temps de s'occuper d'eux.
Et c'est dans ce même esprit qu'il supportait les heures interminables de
confession.
Ce qu'il souffrait au confessionnal était offert pour la conversion de
ceux qui venaient recevoir le pardon. Certaines de ses confidences
permettent
d'entrevoir les épreuves qu'il a rencontrées : "Je sèche d'ennui sur cette
pauvre terre, disait-il à un confrère très proche ; mon âme est triste
jusqu'à la
mort. Mes oreilles n'entendent que des choses pénibles et qui me navrent le coeur. Je ne peux plus y tenir. Dites-moi, serait-ce un grand péché que de
désobéir à mon Évêque en partant d'ici discrètement ?"
(Monnin t. 2, p.
271).
"Mon Dieu, que le temps me dure avec les pécheurs ! Quand serai-je avec les
saints ! On offense tant le Bon Dieu qu'on serait tenté de demander la fin
du
monde. Quand on pense, ajoutait-il en pleurant à chaudes larmes, quand on
pense à l'ingratitude de l'homme envers le Bon Dieu, on est tenté de s'en
aller
de l'autre côté des mers pour ne pas la voir." (Monnin t. 2, p. 273-74).
Le sens qu'il donnait à ses mortifications apparaissait clairement quand il
proposait
une pénitence à ceux qui venaient d'être absous. "Je sais, dit l'abbé Toccanier, qu'il ne donnait aux pénitents que des pénitences proportionnées
à
leur faiblesse, c'est-à-dire, en général, très faibles et qu'il s'appliquait
à y suppléer
par des pénitences personnelles." Un jour que l'un d'entre eux exprimait
sa surprise devant la légèreté de ce que le curé d'Ars lui indiquait,
celui-ci lui
répondit : "Allez, allez, mon ami , je ferai le reste." Le Frère Athanase
ajoute :
« Le Saint Curé m'a dit une fois : "un pénitent me demanda pourquoi je
pleurais
en entendant sa confession - je pleure, ai-je répondu, parce que vous ne
pleurez pas !" ». Au contact des pécheurs, disent ses biographes, il était
"un
trésor de tendresse et de miséricorde".
On sait que le temps passé au confessionnal recouvrait la plus grande partie
de ses journées, mais le climat de miséricorde s'étendait, lui, à la
totalité de
son existence. C'était sa vie entière qui était devenue miséricorde. Et
c'est
pourquoi il soulignait le danger qui guettait le curé dans sa responsabilité
:
"Ce qui est un grand malheur, pour nous autres curés, c'est que l'âme
s'engourdit.
Au commencement, on était touché de l'état de ce ceux qui n'aimaient
pas Dieu ; après on dit : en voilà qui font bien leur devoir, tant mieux !
En voici qui s'éloignent des sacrements, tant pis ! Et l'on n'en fait ni
plus ni
moins." Avec le temps, en effet, l'indifférence peut l'emporter sur la
passion
de transmettre les bienfaits de la miséricorde. On fi nit par se résigner !
La préoccupation
de gagner des âmes au Christ peut même s'évanouir. Chez le
Curé d'Ars, la Passion pour ce ministère était si profonde qu'il disait :
"Je resterai
jusqu'à la fin du monde !" Quelques heures avant de mourir, il confessait
encore !
Laissez-moi terminer avec ces mots de Jean-Paul II qui était si proche du
Saint Curé d'Ars. C'est en ces termes qu'il s'adressait aux prêtres, lors du
Jeudi Saint 1986, l'année où il se rendit à Ars :
"Le ministère de la réconciliation reste sans doute le plus difficile et le
plus délicat,
le plus fatigant et le plus exigeant - surtout lorsque les prêtres sont en
petit nombre. Il suppose aussi, chez le confesseur, de grandes qualités
humaines,
par dessus tout une vie spirituelle intense et sincère ; il est nécessaire
que le prêtre recoure pour lui-même régulièrement à ce sacrement.
Soyez-en toujours convaincus, chers frères prêtres : ce ministère de la
miséricorde
est l'un des plus beaux et des plus consolants. Il vous permet d'éclairer
les consciences, de leur apporter le pardon et de leur redonner vigueur au
nom du Seigneur Jésus, d'être pour elles médecin et conseiller spirituel ;
il demeure
"la manifestation irremplaçable et le test du ministère sacerdotal." (Lettre
aux prêtres pour le Jeudi Saint 1986).
Sources : worldapostoliccongressonmercy.org
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.04.2008 -
T/Miséricorde Divine |