L’amour pour la divine Présence du
Christ Ressuscité dans l’Eucharistie |
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Le 08 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- "Le moment est venu de sortir de l’équivoque et d’« appeler un chat un
chat » car, si les malaises ne sont pas clairs, les traitements ne
peuvent pas être identifiés et donc on ne pourra pas bâtir une façon
véritablement catholique et assurément moderne de former le futur clergé
du monde",
Intervention de S.E.R. Mgr. Mauro Piacenza,
Archevêque titulaire de Vittoriana :
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Je vous
donnerai des pasteurs selon mon coeur... (Jérémie 3,15) -
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L’amour pour la divine Présence du Christ Ressuscité dans l’Eucharistie
Quinze ans après
Pastores Dabo Vobis
Défis actuels à la formation sacerdotale
Nature et mission du sacerdoce ministériel
Intervention de S.E.R. Mgr. Mauro Piacenza,
Archevêque titulaire de Vittoriana,
Secrétaire de la Congrégation pour le Clergé
Éminence et Excellences Révérendissimes,
Rév.me Recteur,
Chers Confrères vénérés,
Je suis très heureux d’être ici, parmi vous, pour ouvrir les travaux de
ces journées sacerdotales, organisées à partir de la Pastores dabo
vobis (25 mars 1992).
L’Exhortation Apostolique post-synodale du Serviteur de Dieu Jean Paul
II représente, après les Décrets du Concile Vatican II, Optatam
totius et Presbiterorum ordinis, le point de repère le plus
éloquent et immédiat, aussi bien pour la formation sacerdotale actuelle
que pour une lecture et une interprétation correctes de ces deux grands
textes conciliaires.
Ma tâche de Secrétaire de la Congrégation pour le Clergé me conduit,
chaque jour, à porter un regard, tendanciellement universel et
certainement passionné, sur la situation du Clergé de par le monde. Je
peux donc constater le dévouement, l’œuvre de témoignage et la
générosité du ministère pastoral que vivent fidèlement les Prêtres.
Parallèlement, la situation actuelle alimente toutefois un certain
nombre de préoccupations et, dans certaines régions notamment, elle
requiert une connaissance approfondie, afin de pourvoir être
efficacement surmontée.
Dans l’après-midi et dans les jours à venir, dans le respect de la
quadripartition désormais classique indiquée par la
Pastores Dabo Vobis, vous aborderez le sujet de la formation
sacerdotale, en l’analysant du point de vue humain, spirituel,
intellectuel et pastoral. Par mes propos, je désire donc mettre en
exergue les fondements de la vocation sacerdotale, sa nature profonde,
voulue par Jésus Christ même et accueillie par deux mille ans de
Tradition ecclésiale, ainsi que sur le ministère des Prêtres.
J’insisterai notamment sur le chemin de véritable sanctification que le
service à Dieu et aux hommes, authentiquement vécu, nous mène à
parcourir.
1. Fondements et nature de la vocation
sacerdotale
L’Exhortation Apostolique Pastores dabo vobis, au n. 42, reconnaît la
racine de la vocation sacerdotale dans le dialogue entre Jésus et Pierre
(cf. Jn 21); « Se former au
sacerdoce signifie s'entraîner à donner une réponse personnelle à la
question fondamentale du Christ : "M'aimes-tu ?" La
réponse, pour le futur prêtre, ne peut être que le don total de sa vie
».
Une telle localisation théologique et spirituelle comporte, à mon sens,
une grande quantité de conséquences importantes que nous analyserons
attentivement.
Avant cela, je désire faire une prémisse d’ordre méthodologique et
sémantique, concernant l’utilisation du mot « vocation ». Mon impression
est que désormais, l’on utilise trop souvent ce terme pour indiquer,
plus qu’un appel spécifique du Seigneur, un choix de vie que les hommes
réalisent de manière autonome ; la conséquence étant que toute
profession, travail, condition ou état de vie devient une vocation
présumée !
Pour paraphraser une affirmation théologique du Card. Cottier, selon
laquelle « si tout est grâce, rien n’est grâce », nous pourrions
dire que « si tout est vocation, rien n’est vocation! ». Présenter toute
chose comme étant une « vocation » sans opérer les distinctions
nécessaires, entraîne le risque de causer un grave aplatissement, un
horizontalisme artificiel et une « normalisation » de la vocation, qui
ne serait autre que le résultat découlant d’un simple choix humain.
S’il est vrai qu’il est bon, ou même juste, de parler, par exemple, de «
vocation universelle à la sainteté », ou de « vocation à la vie », force
nous est de reconnaître que ces langages appartiennent au schéma
théologique et moral dont P. Haring est l’un des plus grands points de
référence, qui a interprété le rapport du salut selon le binôme « Dieu
appelle – l’homme répond ». Nous ne pouvons ignorer les mérites d’une
telle approche, mais il nous faut également en évaluer les limites. En
effet, si elle n’est pas dûment comprise, elle risque de ne pas prendre
en compte, comme il le faut, la réalité dramatique du péché des
origines, en « péchant » à son tour d’un certain optimisme et irénisme
anthropologique.
Je suis personnellement convaincu de la possibilité, ou mieux de la
nécessité, de recommencer à faire la différence très nette entre la «
vocation naturelle » et la «
vocation supranaturelle » en réservant, à
cette dernière seulement, et très précisément, la signification
authentique de la vocation. En ce sens, par exemple, le mariage est, et
continue d’être, une merveilleuse réalité vers laquelle tout homme,
orienté de façon saine, est naturellement conduit. Ainsi, le fait de
parler de « vocation » matrimoniale n’a pas véritablement de sens, à
moins que l’on n’explique clairement qu’il ne s’agit pas vraiment d’une
« vocation » mais plutôt d’une « inclination naturelle ».
Successivement, ce sera le mariage chrétien sacramentel qui pourra être
décrit avec des « accents vocationnels », car l’institut naturel a été
élevé, par Notre Seigneur, à la dignité de sacrement
(cf.
Catéchisme de l'Église catholique n. 1601).
Il va de soi cependant, que tous les exercices de l’esprit humain ne
peuvent certainement pas être considérés comme ayant une origine
supranaturelle : il est facile d’imaginer ce qui arriverait si toute «
inclination » des hommes était canonisée comme ayant une soi-disant «
vocation » divine. Il est clair qu’une telle approche n’est pas en
mesure de surmonter l’impact de la vérification avec la réalité et,
notamment, celui du drame universel du péché, dont il n’est jamais
envisageable d’attribuer à Dieu la responsabilité.
Ainsi, lorsque l’on parle de « vocation », il est nécessaire de
récupérer le véritable sens des termes : il faut reconnaître que, sans
aucun doute, le fait de devenir chrétiens est déjà une incontestable
vocation supranaturelle ; mais cela n’empêche que ce mot doive rester
propre à celles qui, classiquement, ont toujours été considérées comme
étant des vocations (sacerdotales, à la vie
consacrée).
S’il est vrai que l’on ne naît pas chrétiens –sauf, dans un certain
sens, culturellement- mais on le devient, par le biais de la rencontre
avec Jésus Christ, qui donne à la vie un nouvel horizon
(cf. Benoît XVI,
Deus Caritas est, 1),
il est également vrai et indéniable que la vocation sacerdotale n’est
pas un choix humain, mais c’est un appel divin. C’est l’entrée
supranaturelle de Dieu dans l’existence humaine ! Un Dieu qui invite à
Le suivre radicalement, totalement, en renonçant à tout ce qui
humainement est même bon et juste, afin d’être, pour Lui et pour le
monde, la « terre promise » à la tribu de Lévi qui, pour le culte du
Seigneur, ne possédait pas de terre en ce monde. Rappelons donc le
Psaume : « L’Éternel est ma part d’héritage et
mon calice »
(Psaume 16,5).
Cette tentative de récupération sémantique du terme « vocation »
entraîne des conséquences méthodologiques énormes, notamment en ce qui
concerne le discernement vocationnel : si la vocation est un évènement
supranaturel, le discernement doit être mené avec des méthodes
supranaturelles. Par ailleurs, discerner la vocation en faisant appel
uniquement aux techniques psychologiques par exemple, serait une
violence à l’objet, qui impose, ex natura sui, la méthode de la
connaissance.
La psychologie est une méthode naturelle et, par là même, inadéquate
pour discerner la vocation supranaturelle. Les sciences humaines peuvent
également apparaître extrêmement utiles pour « travailler sur l’humain »
qui doit supporter la grâce supranaturelle de la vocation, mais elles ne
peuvent en aucun cas devenir le critère principal du discernement
vocationnel.
De plus, il faut garder à l’esprit que le Seigneur
accorde, à ceux qu’Il appelle, la grâce d’un extraordinaire «
épanouissement humain » : l’humanité,
touchée par la grâce de la vocation supranaturelle au sacerdoce et, de
manière plus générale, à la virginité pour le Royaume des cieux,
s’épanouit tel que jamais on n’aurait pu l’imaginer et, comme le montre
l’expérience de la Congrégation, si elle abandonne le chemin de la
vocation, elle se fane soudainement.
La vocation sacerdotale est, donc, un évènement supranaturel de Grâce,
une intervention libre et souveraine du Seigneur qui « appelle à lui
ceux qu'il voulait. Ils vinrent à lui, et il en institua Douze pour être
ses compagnons et pour les envoyer prêcher.. »
(Mc 3,13; cf. Pastores dabo Vobis n. 65).
A cet évènement supranaturel répond la liberté humaine, en adhérant à la
volonté divine et en s’y conformant petit à petit.
Pour revenir, dans la prémisse de ces propos, à Pastores dabo vobis
42, nous pourrions dire que, à la base de la vocation sacerdotale se
trouve le rapport d’amour intense, passionné, envoûtant, exclusif et
totalisant entre le Christ Seigneur et l’être appelé. Sans cette
expérience « irrésistible » qui change et, d’une certaine façon,
bouleverse la vie, il n’y a pas de vocation authentique, pas de
véritable compréhension de l’action puissante de Dieu, dans l’histoire
de chacun.
Cet amour qui a, bien entendu, des origines divines, implique vraiment
le cœur de l’homme, l’intelligence, la volonté et l’affectivité de
l’être appelé car, en vertu de la profonde unité de l’homme, toutes les
dimensions du je apparaissent comme « ravies » et profondément modelées
par l’appel du Seigneur.
Cet amour pour le Seigneur, unique véritable fondement de la Vocation,
se traduit par un aspect qui aujourd’hui n’est malheureusement pas
suffisamment mis en exergue, mais qui est absolument central dans la vie
du Prêtre et, avant cela, du séminariste : l’amour
pour la divine Présence du Christ Ressuscité dans l’Eucharistie.
A mon sens, l’adoration eucharistique devrait devenir une pratique
quotidienne et prolongée, de sorte à caractériser aussi bien la
formation initiale que la formation permanente. Combien, ô combien de
choses mûrissent sous le Soleil eucharistique. Et si la peau bronze
lorsqu’elle est exposée aux rayons du soleil astronomique, quel
processus de croissance, de « christification » pourra se réaliser sous
les rayons du Soleil eucharistique ? La vocation naît, grandit, se
développe, reste fidèle et féconde, uniquement dans le rapport intense
avec le Christ.
De l’Adoration à la Présence réelle, l’intelligence doit comprendre que
c’est Jésus de Nazareth, Seigneur et Christ, la seule vérité, la vérité
totale, l’unique irremplaçable Sauveur ! Autrement, comment serait-il
possible d’acculturer chrétiennement le futur Prêtre ? Comment pourrait
s’alimenter l’engagement missionnaire qui doit jaillir comme un fleuve
impétueux ?
Certainement, la promotion des valeurs humaines et un sentiment
générique de solidarité ne constituent pas des raisons suffisantes pour
donner sa vie, dans le martyre quotidien de la virginité, de
l’obéissance et du service et – si appelés à le faire- du martyre du
témoignage jusqu’à l’effusion du sang. On ne donne pas sa vie pour une
idée ou pour une « valeur » ! On offre sa vie pour une Personne ! Une
Personne que l’on connaît, que l’on aime et qui nous aime : voilà le
rapport avec le Christ, même de l’intelligence et de la véritable
formation intellectuelle.
De l’Adoration à la Présence réelle, le cœur doit percevoir
l’exclusivité de l’amour. Un amour qui embrase tout, en nous et autour
de nous ! La vraie racine du célibat sacré se trouve en cet amour. Loin
d’être une simple règle disciplinaire, comme certains voudraient le
faire croire, le célibat sacré ou mieux la virginité pour le royaume des
cieux, est la traduction existentielle de l’Apostolica vivendi
forma qui, comme le fit Jésus lui-même, pose Dieu à la première et
unique place, même au niveau des sentiments. La « loi » n’est donc
qu’une simple conséquence logique.
De l’Adoration à la Présence réelle l’on comprend même le sens profond
de la discipline ecclésiastique, c'est-à-dire le fait d’être des
disciples du Christ, dans l’Église. La discipline ecclésiastique, si
souvent blâmée, n’est autre que l’essence du disciple ! Il est donc
urgent que nous en récupérions les racines faites d’amour pour le Christ
et pour les âmes, en raison de Lui.
L’Adoration de la Présence réelle est la vraie et, au fond, l’unique «
école de la joie ». En Jésus Christ, même le sacrifice est joie, car
c’est la participation au grand dessein du salut, voulu par le Père pour
le salut des hommes.
En ce sens, la pénitence est récupérée dans sa valeur supranaturelle, en
devenant une véritable vertu, dans le cadre de cette tradition, qui
n’est jamais banale, chargée d’amour et de tendresse envers le Seigneur,
faite d’attentions continues envers Lui, de cette permanente memoria
Crucis qui caractérise la vie des Saints et des Mystiques, jusqu’à
la juste récupération des « fioretti », c’est-à-dire de ces
actions continuelles de mémoire et d’offrande qui remplissent totalement
la journée de Jésus Christ et de sa Présence. Encore faut-il être
humble, simple et plein d’enfance spirituelle.
Seulement en adoptant cette approche, même dans le cadre de la formation
au séminaire et de la formation permanente, il est possible de
comprendre, dans sa propre chair, ce qu’est l’appartenance au Corps
Mystique et l’action in Persona Christi, en participant également
à travers ses propres souffrances, au mystère de la substitution
vicaire, que le Prêtre est appelé à vivre en soi même au quotidien.
Un prêtre qui possède cette conscience de la Présence réelle du Christ
sera un homme de Dieu, chaste, obéissant, complètement détaché de
soi-même et donc libre !
L’obéissance, au sein de l’Église, est certainement un conseil
évangélique, une vertu morale, mais c’est surtout une présentation
renouvelée en permanence du Christ même, « obéissant jusqu'à la mort,
même jusqu'à la mort de la Croix »
(cf. Phil. 2,8). C’est une
présentation renouvelée de cet amour qui est rédemption et jaillit de
l’arbre de la Croix, qui est obéissance et cette obéissance est amour,
c’est de l’amour pur !
C’est à ces conditions seulement qu’il est possible d’éduquer au
véritable sens de l’Église, à l’amour envers la Sainte Mère qui nous a
tous engendrés et qui engendre, dans la foi et dans le saint sacerdoce
catholique.
Pendant trop longtemps et en trop de lieux, l’on a permis au monde
d’éduquer les séminaristes ; on les a laissés, abandonnés à l’osmose
avec le climat diffus dans une société relativiste, hédoniste,
narcissique et, en fin de comptes, anticatholique !
C’est ainsi que l’on a permis au monde de conditionner la pensées des
séminaristes, leurs dires, leur propension à critiquer et à juger la
Mère, c’est-à-dire l’Église, leur tendance à céder à des catégories
historiques et politiques, imposées par l’herméneutique de la «
discontinuité », au sein de l’unique sujet ecclésial. Enfin, même
s’habiller, chanter, montrer une sorte d’irresponsable tendance à «
sexualiser », avec une utilisation immature et superficielle de la
gestualité : autant d’aspects mutés du monde ! Nous ne sommes pas sans
savoir que l’esprit du monde et l’Esprit de Dieu sont en opposition.
Nous savons également que le lieu théologique n’est pas le monde, mais
l’Église, présence du Christ dans le monde.
En quoi certains séminaristes diffèrent des jeunes sécularisés de leur
âge ?
Il s’est crée, non pas une hérésie qui aurait
provoqué une réaction immédiate du Corps ecclésial, mais un climat
général, comme une brume qui envahit toute chose et nous rend incapables
de voir et de distinguer clairement le bien du mal, le vrai du faux, la
vertu du vice.
Nous pourrions trouver une analogie pour comprendre ce qui s’est passé,
au niveau philosophique puis divulgateur, avec le terme « moderne » :
dans le langage commun, une réalité est bonne si elle est moderne. Peu
importe de savoir si elle est vraie ou fausse, si elle influence la
véritable promotion de l’homme ou si elle lui crée un dommage ; on ne se
pose aucune question à cet égard. Il suffit qu’elle soit « moderne »
pour trouver la sympathie et même l’accueil dans les esprits et dans les
cœurs, et donc dans les mœurs.
Il arrive parfois la même chose dans certains milieux ecclésiaux : il
suffit d’utiliser les locutions désormais célèbres telles que : « après
le Concile » ou « selon l’esprit du Concile » pour que personne n’ose
pas même aller vérifier si cette noble Assise de Pères fit véritablement
certaines affirmations.
Il suffit de penser à certains “mots clef” dont l’utilisation, parfois,
tend à humilier et donc à perdre d’excellentes vocations : « il est trop
rigide », « trop attaché à la forme », « il n’est pas ouvert à la
diversité », « il est trop convaincu », « il n’a pas de doutes », « il
n’a pas élaboré critiquement la foi », « il brise la communion »
etcetera.
Le moment est venu de sortir de l’équivoque
et d’« appeler un chat un chat » car, si les malaises ne sont pas
clairs, les traitements ne peuvent pas être identifiés et donc on ne
pourra pas bâtir une façon véritablement catholique et assurément
moderne de former le futur clergé du monde.
2. Le ministère, chemin de sanctification
A la lumière de tout ce que nous venons d’aborder, nous pouvons donc
comprendre la façon dont le mystère doit être présenté, accueilli et
vécu. Maintes fois, comme dans l’encyclique Deus caritas est, le
Saint Père Benoît XVI a très clairement insisté sur l’urgence d’aller
au-delà de toute réduction fonctionnelle et activiste de l’action
ecclésiale et, notamment, du ministère sacerdotal.
La spécificité de la vocation sacerdotale, essentielle et irremplaçable
pour la vie et pour l’identité même de l’Église – et cela doit être
réaffirmé face aux nombreux attentats à l’identité et au ministère
pastoral des presbytères qui s’en suit – pose, comme conséquence
logique, la spécificité du parcours de sanctification que, par le biais
de l’exercice du ministère, chaque prêtre est appelé à accomplir.
Même en ce sens, nous redécouvrons la centralité de l’Eucharistie :
source et apogée de tout le ministère sacerdotal ; elle est également le
centre propulseur de la vie morale et de la sanctification du Clergé.
Célébrons-la donc avec toute la stupeur
reconnaissante de l’enfant, avec la conscience profonde d’un mystique,
avec la préparation soigneuse d’un amoureux, dans le silence orant de
celui qui est conscient de se trouver au service de Dieu, en
désirant presque disparaître, car « Il faut qu'il croisse, et que je
diminue »
(cf. Jn 3,30).
En outre, le ministère ne doit pas se différencier
de la vie du prêtre qui, dans toutes les activités qu’il déroule, doit
toujours maintenir un style sacerdotal, comme s’il était toujours sur la
prédelle de l’autel : dans le traitement réservé aux autres, dans le
langage, dans sa propre manière de se vêtir, qui exprime une façon de
penser et d’agir spécifiques, dans ses actions qui doivent toujours se
baser sur l’approche du Bon Pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis,
qui n’est jamais un simple administrateur ou, pire encore, un mercenaire
en mesure de ramener les brebis au bercail de la Sainte Église.
Ce trait humain ne découle pas d’un effort improvisé mais de la
conscience, dûment éduquée, d’être, par la pure grâce et miséricorde
divine, un alter Christus qui parcourt les chemins du monde.
Voilà le véritable Prêtre, et voilà la vraie pastoralité !
Ne pas céder aux modes et aux goûts des temps et des hommes, ne pas les
seconder notamment dans le péché, personnel et social, mais prendre soin
de ses brebis, surtout de celles qui se sont égarées ou qui sont
malades, en partant du désir ardent que tous puissent connaître le
Christ, seul et véritable Sauveur de l’histoire et de l’homme, et que,
parallèlement, les frontières visibles de l’Église puissent s’élargir
jusqu’aux limites extrêmes du monde.
Tous les hommes sont “ordonnés pour appartenir au bercail du Christ”. Le
prêtre devient saint en oeuvrant dans cette direction, en vivant, en
souffrant, en offrant afin que tous ceux qui lui ont été confiés et
qu’il rencontre, par le biais de son ministère et du traitement qu’il
réserve aux autres, puissent vivre une véritable expérience du Christ.
Un tel prêtre ne peut pas se réfugier dans la solitude ou dans
l’isolement, il ne peut pas penser que l’âge canonique de la retraite
coïncide avec le moment où il faut arrêter d’œuvrer pour le bien des
âmes.
Le sacerdoce, même sacramentairement, modifie ontologiquement l’identité
de celui qui l’a reçu. Voilà pourquoi on est des prêtres à jamais, même
après la mort !
Aucun ministère, pas même le plus théologiquement qualifié, à condition
qu’il s’agisse d’une saine théologie, ne pourra jamais remplacer le
prêtre.
Éduquons donc à cette conscience ! Renouvelons notre appartenance au
Christ et l’amour inlassable pour l’Eucharistie, que nous avons reçu la
grâce de pouvoir célébrer.
Aimons le confessionnal, comme lieu, comme service, comme identification
avec le Christ miséricordieux, livreur de l’amour trinitaire.
Que la Bienheureuse Vierge Marie, mère de tous les prêtres, protège
notre chemin de sanctification, renforce notre conscience d’être
également ses enfants et, avec sa toute-puissance implorante,
puisse-t-elle offrir à l’Église une nouvelle grande saison
d’épanouissement vocationnel et de prêtres saints.
Il me semble que le ciel, en ce sens, reluit.
Merci.
S.E.R. Mgr. Mauro Piacenza
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Sources : www.vatican.va/71108
-
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
08.12.2008 -
T/Vie sacerdotale
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