Benoît XVI: Entrer en profondeur dans le mystère de l’Incarnation
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La fête de l’Immaculée Conception de Marie permet d’entrer en profondeur dans le mystère de l’Incarnation, fait observer le pape Benoît XVI au cours de sa salutation en français qui concluait le résumé de sa catéchèse du mercredi, 7 décembre 2005, pour les francophones.
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Rome, décembre 2005: « Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, disait le pape. Que la Vierge Marie, dont nous fêtons, le 8 décembre,
l’Immaculée Conception
, demeure à vos côtés pour vous faire entrer toujours plus en profondeur dans le mystère de l’Incarnation ».
Le pape a célébré la messe à Saint-Pierre, à 9 h 30, en ce 40e anniversaire de la clôture du concile Vatican II.
A 16 h, ils se rendra place d’Espagne, où, traditionnellement chaque 8 décembre, les Romains viennent fleurir la statue de la Vierge Marie.
CHAPELLE PAPALE POUR LE
40 ANNIVERSAIRE DE LA CLÔTURE DU CONCILE VATICAN II
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Solennité de l'Immaculée Conception
Jeudi 8 décembre 2005
Chers frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs,
Il y a quarante ans, le 8 décembre 1965, sur l'esplanade de la Basilique
Saint-Pierre, le Pape Paul VI concluait solennellement le Concile Vatican II. Il
avait été inauguré, selon la volonté de Jean XXIII, le 11 octobre 1962, qui
était alors la fête de la Maternité de Marie, et il fut conclu le jour de
l'Immaculée. Un cadre marial entoure le Concile. En réalité, il s'agit de
beaucoup plus qu'un cadre: c'est une orientation de tout son chemin. Il nous
renvoie, comme il renvoyait alors les Pères du Concile, à l'image de la Vierge à
l'écoute, qui vit dans la Parole de Dieu, qui conserve dans son coeur les
paroles qui viennent de Dieu et, les rassemblant comme dans une mosaïque,
apprend à les comprendre (cf. Lc 2, 19.51); il nous renvoie à la grande Croyante
qui, pleine de confiance, se remet entre les mains de Dieu, s'abandonnant à sa
volonté; il nous renvoie à l'humble Mère qui, lorsque la mission de son Fils
l'exige, s'efface et, dans le même temps, à la femme courageuse qui, alors que
les disciples s'enfuient, demeure au pied de la croix. Paul VI, dans son
discours à l'occasion de la promulgation de la Constitution, conciliaire sur l'Eglise,
avait qualifié Marie de "tutrix huius Concilii" - "protectrice de ce Concile"
(cf. Oecumenicum Concilium Vaticanum II, Constitutiones Decreta
Declarationes, Cité du Vatican 1966, p. 983) et, à travers une
allusion au récit de la Pentecôte rapporté par Luc (Ac 1,
12-14), il avait dit que les Pères s'étaient réunis dans la salle du
Concile "cum Maria, Matre Iesu" et que, également en son nom, ils en seraient à
présent sortis (p. 985).
Dans ma mémoire demeure inscrit de manière indélébile le moment où, en entendant
ses paroles: "Mariam Sanctissimam declaramus Matrem Ecclesiae" - "Nous
déclarons la Très Sainte Vierge Marie Mère de l'Église", les Pères se levèrent
spontanément de leurs chaises et applaudirent debout, rendant hommage à la Mère
de Dieu, à notre Mère, à la Mère de l'Église. De fait, à travers ce titre, le
Pape résumait la doctrine mariale du Concile et donnait la clef pour sa
compréhension. Marie n'a pas seulement un rapport singulier avec le Christ, le
Fils de Dieu qui, comme homme, a voulu devenir son fils. Étant totalement unie
au Christ, elle nous appartient également totalement. Oui, nous pouvons dire que
Marie est proche de nous comme aucun autre être humain, car le Christ est homme
pour les hommes et tout son être est une "présence pour nous". Le Christ, disent
les Pères, en tant que Tête, est inséparable de son Corps qui est l'Eglise,
formant avec celle-ci, pour ainsi dire, un unique sujet vivant. La Mère du Chef
est également la Mère de toute l'Église; elle est, pour ainsi dire, totalement
expropriée d'elle-même; elle s'est entièrement donnée au Christ et, avec Lui,
elle nous est donnée en don à tous. En effet, plus la personne humaine se donne,
plus elle se trouve elle-même.
Le Concile entendait nous dire cela: Marie est tellement liée au grand mystère
de l'Église qu'elle et l'Église sont inséparables, tout comme sont inséparables
le Christ et elle. Marie reflète l'Église, elle l'anticipe dans sa personne, et,
dans tous les épisodes douloureux qui frappent l'Église qui souffre et qui
oeuvre, elle reste toujours l'étoile du salut. C'est elle qui est son centre
véritable en qui nous avons confiance, même si bien souvent, ce qui est autour
pèse sur notre âme. Le Pape Paul VI, dans le contexte de la promulgation de la
Constitution sur l'Église, a mis tout cela en lumière à travers un nouveau titre
profondément enraciné dans la Tradition, précisément dans l'intention
d'illuminer la structure intérieure de l'enseignement sur l'Église développé au
cours du Concile. Le Concile Vatican II devait s'exprimer sur les composantes
institutionnelles de l'Église: sur les Évêques et sur le Pontife, sur les
prêtres, les laïcs et les religieux dans leur communion et dans leurs relations;
il devait décrire l'Église en chemin, "qui enferme des pécheurs dans son propre
sein, et est donc à la fois sainte et appelée à se purifier..."
(Lumen
Gentium, n. 8). Mais cet aspect "pétrinien" de l'Église est
inclue dans l'aspect "marial". En Marie, l'Immaculée, nous rencontrons l'essence
de l'Église d'une manière qui n'est pas déformée. Nous devons apprendre d'elle à
devenir nous-mêmes des "âmes ecclésiales", comme s'exprimaient les Pères, pour
pouvoir nous aussi, selon la parole de saint Paul, nous présenter "immaculés"
devant le Seigneur, tels qu'Il nous a voulus dès le commencement
(Col 1, 321; Ep 1, 4).
Mais à présent nous devons nous demander: Qu'est-ce que signifie "Marie
l'Immaculée"? Ce titre a-t-il quelque chose à nous dire? La liturgie
d'aujourd'hui éclaire pour nous le contenu de cette parole à travers deux
grandes images. Il y a tout d'abord le récit merveilleux de l'annonce à Marie,
la Vierge de Nazareth, de la venue du Messie. Le salut de l'Ange est tissé de
fils de l'Ancien Testament, en particulier du prophète Sophonie. Celui-ci fait
voir que Marie, l'humble femme de province qui est issue d'une lignée
sacerdotale et qui porte en elle le grand patrimoine sacerdotal d'Israël, est
"le saint reste" d'Israël auquel les prophètes, au cours de toutes les périodes
de douleurs et de ténèbres, ont fait référence. En elle est présente la
véritable Sion, celle qui est pure, la demeure vivante de Dieu. En elle demeure
le Seigneur, en elle il trouve le lieu de Son repos. Elle est la maison vivante
de Dieu, qui n'habite pas dans des édifices de pierre, mais dans le coeur de
l'homme vivant. Elle est le germe qui, dans la sombre nuit d'hiver de
l'histoire, jaillit du tronc abattu de David. En elle s'accomplit la parole du
Psaume: "La terre a donné son fruit" (67, 7).
Elle est le surgeon, duquel dérive l'arbre de la rédemption et des rachetés.
Dieu n'a pas essuyé un échec, comme il pouvait sembler au début de l'histoire
avec Adam et Eve, ou bien au cours de l'exil à Babylone, et comme il semblait à
nouveau à l'époque de Marie, quand Israël était devenu un peuple sans importance
dans une région occupée, avec bien peu de signes reconnaissables de sa sainteté.
Dieu n'a pas failli. Dans l'humilité de la maison de Nazareth vit l'Israël
saint, le reste pur. Dieu a sauvé et sauve son peuple. Du tronc abattu ressurgit
à nouveau son histoire, devenant une nouvelle force vive qui oriente et envahit
le monde. Marie est l'Israël saint; elle dit "oui" au Seigneur, se met
pleinement à sa disposition et devient ainsi le temple vivant de Dieu.
La deuxième image est beaucoup plus difficile et obscure. Cette métaphore, tirée
du Livre de la Genèse, nous parle à partir d'une grande distance historique, et
ne peut être éclaircie qu'avec beaucoup de peine; ce n'est qu'au cours de
l'histoire qu'il a été possible de développer une compréhension plus profonde de
ce qui y est référé. Il est prédit qu'au cours de toute l'histoire, la lutte
entre l'homme et le serpent se poursuivra, c'est-à-dire entre l'homme et les
puissances du mal et de la mort. Cependant, il est également préannoncé que "la
lignée" de la femme vaincra un jour et écrasera la tête du serpent, de la mort;
il est préannoncé que la lignée de la femme - et en elle la femme et la mère
elle-même - vaincra et qu'ainsi, à travers l'homme, Dieu vaincra. Si nous nous
mettons à l'écoute de ce texte avec l'Eglise croyante et en prière, alors nous
pouvons commencer à comprendre ce qu'est le péché originel, le péché
héréditaire, et aussi ce que signifie être sauvegardé de ce péché héréditaire,
ce qu'est la rédemption.
Quelle est la situation qui nous est présentée dans cette page? L'homme n'a pas
confiance en Dieu. Tenté par les paroles du serpent, il nourrit le soupçon que
Dieu, en fin de compte, ôte quelque chose à sa vie, que Dieu est un concurrent
qui limite notre liberté et que nous ne serons pleinement des êtres humains que
lorsque nous l'aurons mis de côté; en somme, que ce n'est que de cette façon que
nous pouvons réaliser en plénitude notre liberté. L'homme vit avec le soupçon
que l'amour de Dieu crée une dépendance et qu'il lui est nécessaire de se
débarasser de cette dépendance pour être pleinement lui-même. L'homme ne veut
pas recevoir de Dieu son existence et la plénitude de sa vie. Il veut puiser
lui-même à l'arbre de la connaissance le pouvoir de façonner le monde, de se
transformer en un dieu en s'élevant à Son niveau, et de vaincre avec ses propres
forces la mort et les ténèbres. Il ne veut pas compter sur l'amour qui ne lui
semble pas fiable; il compte uniquement sur la connaissance, dans la mesure où
celle-ci confère le pouvoir. Plutôt que sur l'amour, il mise sur le pouvoir,
avec lequel il veut prendre en main de manière autonome sa propre vie. Et en
agissant ainsi, il se fie au mensonge plutôt qu'à la vérité et cela fait sombrer
sa vie dans le vide, dans la mort. L'amour n'est pas une dépendance, mais un don
qui nous fait vivre. La liberté d'un être humain est la liberté d'un être limité
et elle est donc elle-même limitée. Nous ne pouvons la posséder que comme
liberté partagée, dans la communion des libertés: ce n'est que si nous vivons
d'une juste manière, l'un avec l'autre et l'un pour l'autre, que la liberté peut
se développer. Nous vivons d'une juste manière, si nous vivons selon la vérité
de notre être, c'est-à-dire selon la volonté de Dieu. Car la volonté de Dieu ne
constitue pas pour l'homme une loi imposée de l'extérieur qui le force, mais la
mesure intrinsèque de sa nature, une mesure qui est inscrite en lui et fait de
lui l'image de Dieu, et donc une créature libre. Si nous vivons contre l'amour
et contre la vérité - contre Dieu -, alors nous nous détruisons réciproquement
et nous détruisons le monde. Alors nous ne trouvons pas la vie, mais nous
faisons le jeu de la mort. Tout cela est raconté à travers des images
immortelles dans l'histoire de la chute originelle et de l'homme chassé du
Paradis terrestre.
Chers frères et soeurs! Si nous réfléchissons sincèrement sur nous et sur notre
sur histoire, nous constatons qu'à travers ce récit est non seulement décrite
l'histoire du début, mais l'histoire de tous les temps, et que nous portons tous
en nous une goutte du venin de cette façon de penser illustrée par les images du
Livre de la Genèse. Cette goutte de venin, nous l'appelons péché originel.
Précisément en la fête de l'Immaculée Conception apparaît en nous le soupçon
qu'une personne qui ne pèche pas du tout est au fond ennuyeuse; que quelque
chose manque à sa vie: la dimension dramatique du fait d'être autonomes; qu'être
véritablement hommes comprenne également la liberté de dire non, de descendre au
fond des ténèbres du péché et de vouloir agir tout seuls; que ce n'est qu'alors
que l'on peut exploiter totalement toute l'ampleur et la profondeur du fait
d'être des hommes, d'être véritablement nous-mêmes; que nous devons mettre cette
liberté à l'épreuve, également contre Dieu, pour devenir en réalité pleinement
nous-mêmes. En un mot, nous pensons au fond que le mal est bon, que nous avons
au moins un peu besoin de celui-ci pour faire l'expérience de la plénitude de
l'être. Nous pensons que Méphistophélès - le tentateur - a raison lorsqu'il dit
être la force "qui veut toujours le mal et qui accomplit toujours le bien"
(J.W. v. Goethe, Faust I, 3). Nous pensons que traiter
un peu avec le mal, se réserver un peu de liberté contre Dieu est au fond un
bien, et peut-être même nécessaire.
Cependant, en regardant le monde autour de nous, nous pouvons voir qu'il n'en
est pas ainsi, c'est-à-dire que le mal empoisonne toujours, il n'élève pas
l'homme, mais l'abaisse et l'humilie, il ne le rend pas plus grand, plus pur et
plus riche, mais il lui cause du mal et le fait devenir plus petit. C'est plutôt
cela que nous devons apprendre le jour de l'Immaculée: l'homme qui s'abandonne
totalement entre les mains de Dieu ne devient pas une marionnette de Dieu, une
personne consentante ennuyeuse; il ne perd pas sa liberté. Seul l'homme qui se
remet totalement à Dieu trouve la liberté véritable, l'ampleur vaste et créative
de la liberté du bien. L'homme qui se tourne vers Dieu ne devient pas plus
petit, mais plus grand, car grâce à Dieu et avec Lui, il devient grand, il
devient divin, il devient vraiment lui-même. L'homme qui se remet entre les
mains de Dieu ne s'éloigne pas des autres en se retirant dans sa rédemption en
privé; au contraire, ce n'est qu'alors que son coeur s'éveille vraiment et qu'il
devient une personne sensible et donc bienveillante et ouverte.
Plus l'homme est proche de Dieu et plus il est proche des hommes. Nous le voyons
en Marie. Le fait qu'elle soit totalement auprès de Dieu est la raison pour
laquelle elle est également si proche de tous les hommes. C'est pourquoi elle
peut être la Mère de toute consolation et de toute aide, une Mère à laquelle
devant chaque nécessité quiconque peut oser s'adresser dans sa propre faiblesse
et dans son propre péché, car elle comprend tout et elle est pour tous la force
ouverte de la bonté créatrice. C'est en Elle que Dieu imprime son image, l'image
de Celui qui suit la brebis égarée jusque dans les montagnes et parmi les épines
et les ronces des péchés de ce monde, se laissant blesser par la couronne
d'épine de ces péchés, pour prendre la brebis sur ses épaules et la ramener à la
maison. En tant que Mère compatissante, Marie est la figure anticipée et le
portrait permanent de son Fils. Nous voyons ainsi que même l'image de la Vierge
des Douleurs, de la Mère qui partage la souffrance et l'amour, est une véritable
image de l'Immaculée. Son coeur, grâce au fait d'être et de ressentir avec Dieu,
s'est agrandi. En Elle, la bonté de Dieu s'est beaucoup approchée et s'approche
beaucoup de nous. Ainsi Marie se trouve devant nous comme signe de réconfort,
d'encouragement, d'espérance. Elle s'adresse à nous en disant: "Aie le courage
d'oser avec Dieu! Essaye! N'aie pas peur de Lui! Aie le courage de risquer avec
la foi! Aie le courage de risquer avec la bonté! Aie le courage de risquer avec
le coeur pur! Engage-toi avec Dieu, tu verras alors que c'est précisément grâce
à cela que ta vie deviendra vaste et lumineuse, non pas ennuyeuse, mais pleine
de surprises infinies, car la bonté infinie de Dieu ne se tarit jamais!"
En ce jour de fête, nous voulons rendre grâce au Seigneur pour le grand signe de
sa bonté qu'il nous a donné en Marie, sa Mère et Mère de l'Eglise. Nous voulons
le prier de placer Marie sur notre chemin comme une lumière qui nous aide à
devenir nous aussi lumière et à porter cette lumière dans les nuits de
l'histoire. Amen.
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Le dogme de l'Immaculée Conception, selon lequel la Vierge Marie a été conçue sans péché, a été proclamé en 1854, sous le pontificat de Pie IX.
NDLR: Votre information c'est aussi un retour en arrière.
On sait que le XVIII siècle jeta l’Europe dans un grand chaos. En France on assiste à la destruction des cathédrales, des églises et des couvents. Partout, écrit Châteaubriand, on peut apercevoir les ruines des églises et des couvents; les hommes, d’une certaine manière, se divertissaient à se promener sur de telles ruines. Tout l’épiscopat, ajoute Montalembert, se trouve en persécution, les prêtres sont envoyés à la guillotine ou exilés, les fidèles sont déjà depuis longtemps condamnés à choisir entre la mort ou l’apostasie apparente.
Dans les autres états la situation n’en est pas moins défavorable. En Autriche Joseph II fait fermer 200 couvents, envoie en exil 20,000 religieux, revendique pour soi le droit d’expliquer les encycliques pontificales, de critiquer les lettres et les ordonnances des évêques pour ce qui concerne le culte liturgique, etc. En Espagne, Charles III en une seule fois envoie en exil 6,000 Jésuites, «pour de motifs que sa Majesté tient cachés dans son auguste cœur». Les catholiques et tous les autres approuvent de telles décisions. — En Allemagne, en Italie, les petits princes se font un honneur de suivre ces grands, et eux aussi défendre à leurs propres sujets tout lien avec Rome.
Bref, le déisme et l’athéisme cherchent à convaincre les hommes que la religion est une folie, une erreur, qui se base sur l’ignorance et sur la superstition. La foi diminue et les bonnes mœurs s’en vont.
Le règne de l’Antéchrist du XVIII siècle mûrissait déjà depuis longtemps, tandis que les hommes pressentaient qu’un tel règne serait anéanti par l’Immaculée Vierge… (Ils ) commencèrent à soulever de plus en plus leurs regards vers l’Auxiliatrice de tous les chrétiens.
L’épilogue de semblables événements il faut le chercher dans la vie du grand Pape exilé Pie IX.
Pie IX forcé de s’exiler
La maçonnerie avait finalement réussi à chasser le Pape de la Ville Éternelle, siège séculaire du Vicaire du Christ. Le 24 novembre 1848, portant le Très Saint Sacrement sur son cœur, Pie IX fuyait de Rome pour sauver sa vie dans l’exil et ne pas priver l’Église de son Chef. A Rome la révolution chantait victoire : on proclama la république, le gouvernement fut confié à un triumvirat. Le peuple est l’unique maître , hurlait la foule devenue féroce. La rapine, le meurtre, la malhonnêteté — telles sont les notes caractéristiques de ces jours.
Tandis que le Pape exilé observait de la forteresse de Gaète cette terrible situation, le Cardinal Lambruschini se présenta à lui en disant : «Saint Père, Votre sainteté n’assainira de nouveau le monde qu’en déclarant l’Immaculée Conception de Marie dogme de foi. Cette définition doctrinale rétablira le sens des vérités chrétiennes et retirera les esprits des déviations naturalistes dans lesquelles ils se sont acheminés». Ces idées étaient depuis longtemps dans le cœur du Saint Père. Et le 2 février 1849, de Gaète il adresse aux évêques catholiques la lettre encyclique «Ubi Primum», dans laquelle il ordonne que partout on élève de ferventes prières et que l’on prépare ce qui est nécessaire pour la solennelle définition de l’Immaculée Conception de Marie.
Ce qui suivit est connu de tous. Plus de 500 évêques, cardinaux, patriarches répondirent au Saint Père qu’ils attendaient avec anxiété le jour de la définition dogmatique de l’Immaculée. L’épiscopat répondit : «Parle, oh! Pierre, par la bouche de Dieu, et nous écouterons humblement». Où est le Pape là est l’Église et la forteresse de Gaète devint une nouvelle Rome chrétienne, et la voix qui en était partie se propagea partout avec la rapidité de la foudre. Des millions de cœurs s’unirent en prière et s’adressèrent à l’Immaculée pour sauver le Pape exilé, pour anéantir les phalanges des ennemis de l’Église.
Retour du Pape à Rome
Le 12 avril 1850 Pie IX retourna à Rome. Aux salves s’unissait la jubilation de la population qui criait ses vivats. Le Capitole, la Coupole de Saint Pierre et toute la ville était plongée dans une mer de lumière. Les citoyens s’étaient bientôt aperçus qu’avec le Pape, tout principe d’autorité s’était éloigné de Rome, tout ce qu’il y a de beau et de bon, et que sans le Pape il n’y a pas de vie; par la suite ils répudièrent les voies de la révolution et retournèrent sous la protection de l’autorité. Dans les autres états européens également disparurent les insurrections et les révolutions. Ce changement subit Pie IX l’attribua à Celle qu’il avait appelée en aide dans la forteresse de Gaète; et se convainquit que le dogme de l’Immaculée Conception était ce remède que Dieu avait ordonné pour notre époque.
Le dogme de l’Immaculée Conception
Et finalement le 8 décembre 1854, à la présence de 200 évêques, lui-même dans la basilique Saint-Pierre posait sur le chef de Marie la couronne sans tache, définissait le dogme catholique «ad exaltationem fidei catholicae, et christianae religionis augmentum» (
Ineffabilis Deus
). En cette Bulle le Pape exprime son espérance qu’avec la toute puissante intercession de la bienheureuse Vierge, la Sainte Mère l’Église triomphe de toutes les difficultés, de toutes les erreurs, qu’elle devienne de jour en jour plus forte et qu’elle croisse constamment parmi tous les peuples et en tous les lieux. Et ainsi le chef de la chrétienté synthétise et commente définitivement ces espérances traditionnelles et déclare qu’elles se réaliseront.
L’Église a reconnu à plusieurs reprises que les prévisions, les espérances de Pie IX et des pieux fidèles au sujet d’une rénovation de la société humaine par l’intercession de la Vierge Immaculée, ont été réalisées au moins en partie….
La condamnation du rationalisme moderne
Le rationalisme théologique, philosophique, politique et social est la créature du protestantisme. La déification de l’intellect humain est le principe fondamental du rationalisme. La négation du péché originel, du dogme de la Rédemption et de la vie éternelle sont les conséquences logiques de ce système terrible, et celles-ci depuis le XVI siècle sont utilisées par les sectes modernes dans la lutte contre l’Église. On devait condamner à tout prix ces hérésies pernicieuses. L’état d’âme de toute l’humanité était si enfiévré, l’affaiblissement de la charité chrétienne était si universel, qu’il aurait été presque inutile de répéter les anciennes définitions sur le péché originel et sur la rédemption divine. Il fallait un remède adapté à l’attiédissement général des esprits de cette époque, on sentait le besoin d’un remède qui puisse non seulement illuminer l’intelligence, mais aussi réchauffer le cœur et le pousser à la vie spirituelle.
L’Église ne pouvait pas choisir un moyen plus efficace pour obtenir ce but désiré, si ce n’est qu’en proposant aux fidèles l’objet du
culte dogmatique de la Vierge Immaculée;
l’objet qui plaît tant à leur dévotion, et qui est tout à la fois une expression officielle des vérités catholiques qui s’opposent directement aux hérésies et aux erreurs du rationalisme et du semi-rationalisme.
Et de fait, qui ne voit les conséquences logiques et sublimes du dogme de l’Immaculée Conception? Si Marie a été préservée en vertu d’un privilège particulier, il faut reconnaître que la descendance d’Adam n’est ni pure ni sainte dans son origine; l’humanité est pécheresse et a besoin d’un sauveur; si la Bienheureuse Vierge fut préservée du péché originel seulement parce qu’elle devait être la Mère de Dieu, alors son Fils n’est pas un simple philosophe humanitaire : il est une personnalité historique. Si Marie fut préservée du péché originel par l’œuvre du Rédempteur de l’humanité déchue, alors la mission de Jésus ne fut pas terrestre, ne fut pas seulement sociale, mais fut une mission surnaturelle, céleste, c’est-à-dire la libération de l’homme du péché, de la mort spirituelle, de l’esclavage du diable.
La grâce du Christ n’est pas seulement une illumination ou une culture, mais une religion, une vie surnaturelle, une filiation divine. Si le genre humain avec le péché d’Adam, dont seule Marie fut préservée, a perdu la justice originelle, alors toutes les actions qui en dérivent pur supprimer en nous la concupiscence et pour réformer les passions rebelles, c’est-à-dire la prière, la pénitence, le jeûne, tout cela n’est pas une folie médiévale, n’est pas un hypermysticisme; tout cela est bon, est sain, puisque avec de tels moyens nous devons atteindre le but de notre vie… Finalement si l’homme a péché, il n’est pas indépendant par nature : il doit obéir à quelque loi supérieure, et c’est pourquoi l’affirmation de la liberté absolue, de la souveraineté de l’homme, de l’indépendance de la pensée et de l’action est fausse.
…Nous considérons que ces vérités se trouvent dans le dogme de l’Immaculée Conception non seulement sous une forme abstraite, mais qu’elles sont aussi concrétisées dans le culte, qu’elles s’identifient avec la dévotion des fidèles…
Le 25 mars 1858. Lourdes: Bernadette raconte : "
ELLE LEVA LES YEUX AU CIEL, JOIGNANT EN SIGNE DE PRIÈRE SES MAINS QUI ÉTAIENT TENDUES ET OUVERTES VERS LA TERRE, ET ME DIT:
QUE SOY ERA IMMACULADA COUNCEPCIOU.
"
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 08.12.2005
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