Assemblée des évêques de France à
Lourdes : Discours de clôture cardinal André Vingt-Trois |
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Le 08 novembre 2009 -
(E.S.M.)
- L’assemblée plénière des évêques de France prend fin ce
dimanche 8 novembre avec le discours de clôture
du cardinal Vingt-Trois et la messe concélébrée
en la basilique du Rosaire.
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Le
cardinal André Vingt-Trois
Assemblée des évêques de France à
Lourdes : Discours de clôture cardinal André Vingt-Trois
Le 08 novembre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- A l’occasion de cette assemblée plénière
de novembre 2009, les évêques ont décidé la mise en place de deux nouveaux
groupes de travail. Il s’agit d’un groupe « Environnement et écologie » et
d’un autre intitulé « Rassemblements dominicaux, défis et initiatives ».
L’assemblée plénière a élu Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, pour présider
le groupe de travail « Environnement et écologie » et Mgr Jean-Christophe Lagleize, évêque de Valence, pour la présidence du groupe de travail «
Rassemblements dominicaux ».
Au cours de cette assemblée plénière de novembre 2009, les évêques ont
procédé aux élections suivantes, pour des mandats de 3 ans :
Membre du Conseil permanent (collège des évêques de moins de 5 ans
d’ordination épiscopale) :
Mgr Jacques Blaquart, évêque auxiliaire de Bordeaux élu
Président de la Commission doctrinale
Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque d’Albi réélu pour un 2nd mandat
Membre de la Commission doctrinale
Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême réélu pour un 2nd mandat
Président du Conseil pour la solidarité
Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle réélu pour un 2nd mandat
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la
Conférence des évêques de France, a conclu ce matin les travaux de cette
assemblée plénière de novembre 2009. Celle-ci s’achèvera avec la
Messe
dominicale concélébrée par les évêques en la basilique Notre-Dame du Rosaire
en fin de matinée.
Discours de clôture du cardinal André Vingt-Trois
Hémicycle Sainte-Bernadette – Lourdes – 8 novembre 2009
Au terme de cette assemblée, nous pouvons rendre grâce à Dieu pour le
travail que nous avons accompli. Suivons l’évangile de Marc que nous avons
lu tout au long de cette année liturgique : « Les Apôtres se réunissent
auprès de Jésus et ils lui rapportèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout
ce qu’ils avaient enseigné. Et il leur dit ; ‘Venez vous-mêmes à l’écart,
dans un lieu désert et reposez-vous un peu.’. » (Marc 6, 30-31). Nous aussi
le Seigneur nous a tirés un peu à l’écart, même si ce lieu n’est pas désert,
pour que nous reprenions force et courage. Nous avons vécu avec joie ce
temps autour du Christ, réunis dans la prière et l’échange fraternel. Mais
vous savez ce qu’il en est de ce lieu désert où Jésus entraîne ses Apôtres
pour qu’ils reprennent des forces. Ils y ont été suivis par des foules
nombreuses que Jésus vit et dont il eut pitié, « parce qu’elles étaient
comme des brebis qui n’ont pas de berger. » (Marc 6, 34)
La foule des hommes et des femmes de notre temps étaient bien présents à
notre esprit, au cœur de nos débats, et notre regard de pasteurs sur ce
monde était rempli de pitié et d’amour. Nous avions aussi à accueillir la
consigne du Christ : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! »
(Marc 6, 37).
Patiemment et obstinément nous avons donc rassemblé nos « cinq pains et nos
deux poissons », nos maigres ressources pour apaiser les besoins des hommes
de ce temps, et nous espérons avec confiance que Jésus, aujourd’hui encore,
bénira nos pauvres moyens pour pourvoir à la faim des hommes.
Notre souci d’annoncer à tous la Bonne Nouvelle du Salut, nous le partageons
avec nos frères prêtres, collaborateurs quotidiens de notre ministère,
associés étroitement à notre charge d’appeler, de conduire, de fortifier et
de stimuler le peuple qui nous est confié. Avec eux, nous mesurons chaque
jour l’affaiblissement de nos moyens et l’abime qui sépare nos pauvres
ressources de ce qui serait nécessaire. Notre désir pastoral et missionnaire
est sans cesse confronté à ce écart et chacune de nos communautés
chrétiennes y est confrontée avec nous. Que pouvons-nous faire ?
Qu’allons-nous faire ?
Nous avons évoqué le temps du désert où Israël fut enfanté dans la foi par
l’épreuve de la faim et de la soif. Mais cette lecture positive de l’épreuve
est déjà un fruit de la foi, affermie par l’expérience, qui médite sur les
événements vécus. C’est l’interprétation croyante d’une situation qui n’est
pas, par elle-même génératrice du sens : la mort ne donne pas la vie, c’est
Dieu qui fait surgir sa vie dans nos épreuves. C’est pourquoi, nous aussi,
nous nous efforçons de vivre ce temps dans la confiance que, aujourd’hui
encore, Dieu conduit son peuple et ne l’abandonne pas.
Cet acte de foi et de confiance est soutenu et nourri par notre communion
avec les prêtres de nos diocèses, par leur fidélité quotidienne et leur
générosité pastorale. En cette année du prêtre, nous vivons avec eux de la
fidélité du Christ et dans la fidélité au Christ. Avec eux nous partageons
les joies et les épreuves quotidiennes du ministère. Avec eux, nous appelons
des hommes généreux pour se joindre à nous pour être les pasteurs du XXI°
siècle. C’est une belle vie de se donner totalement au Christ pour le
service de ses frères. Ensemble nous sommes soutenus et nourri par la
fidélité du peuple chrétien fondée sur le roc de la foi. Les diacres, les
religieux, les religieuses et tous les fidèles du Christ constituent
ensemble le peuple de Dieu où la foi de chacun se retrempe et se renouvelle
pour accomplir la mission. Comme aussi notre foi est ravivée et stimulée par
les attentes de tous ceux et de toutes celles avec qui nous vivons.
Laisserons-nous cette foule dans les déserts de ce monde sans lui partager
le pain de la vie ?
Pour discerner et reconnaître où et comment Dieu veut conduire nos
communautés, nous ne cherchons pas d’abord des formules toutes prêtes pour
adapter nos organisations et nos structures. Nous nous mettons ensemble à
l’écoute de ce qui peut aider nos communautés chrétiennes à reconnaître
comment vivre ce qui fait leur identité et leur mission dans les conditions
difficiles que nous connaissons. Leur identité, c’est la Parole de Dieu qui
la leur donne, c’est cette Parole partagée et annoncée qui met en œuvre la
visibilité sacramentelle de l’Église, signe et moyen de la communion dans le
Christ.
Ce long travail spirituel dans lequel nous nous sommes engagés, c’est celui
auquel nous invitons chacune de nos églises particulières pour discerner par
quels chemins Dieu nous conduit. Ce long travail est un acte de foi et il ne
peut se développer que si nous acceptons de ne pas nous laisser submerger
par les regrets de ce qui était hier une relative prospérité ou par
l’angoisse de maintenir à tout prix ce que nous avons connu : Israël ne
retrouvera pas les oignons d’Égypte et Dieu, encore une fois, nourrira son
peuple de sa manne. Dans chacun de nos diocèses, l’avenir de nos communautés
chrétiennes repose sur la détermination de tous à témoigner de l’Évangile et
à rendre visible sa puissance par la manière dont lui donnons corps à
travers nos existences. C’est bien la passion de l’Évangile qui est notre
identité et notre force.
La mission apostolique se nourrit de la vie sacramentelle dont nous sommes
avec les prêtres, les ministres et les garants. C’est notre premier objectif
: rassembler le peuple de Dieu pour que cette vie sacramentelle soit réelle
et vivante. Les lieux et les formes de ce rassemblement ne sont plus ceux
d’hier. Ils suivent l’évolution de la répartition et de la vie des hommes.
Mais, à travers ces mutations, nous recherchons toujours comment les prêtres
sont mieux engagés dans leur ministère pastoral de sanctifier et d’enseigner
leurs communautés et comment l’Église tout entière, -et pas seulement les
prêtres !-, vit dans la proximité de nos contemporains dans tous les
domaines de leur existence : travail et vie sociale, famille et réseaux
d’amitié, culture et loisirs, etc.
C’est dans cet esprit que nous poursuivrons notre travail sur Demain, la vie
de nos communautés chrétiennes. Nous le poursuivrons entre nous dans la
suite de nos assemblées, comme nous le poursuivrons dans nos diocèses avec
nos collaborateurs en y associant le mieux possible tous ceux qui sont
disposés à servir l’Évangile. Nos échanges de ces jours-ci ne nous donnent
pas des modèles transposables, mais ils nous donnent matière à réfléchir sur
chacune de nos situations.
La réflexion que nous avons engagée sur l’Enseignement Supérieur Catholique
se situe dans cette perspective d’un engagement fort de notre Église dans
l’annonce de l’Évangile. Nous avons commencé à mieux identifier les forces,
les enjeux et les défis de cette mission telle qu’elle s’est développée en
France depuis plus d’un siècle. Notre intention est de poursuivre ce
discernement pour formuler avec plus de netteté les priorités que nous,
évêques, voulons mettre en œuvre dans ce domaine et les orientations que
nous souhaitons donner à cet investissement important.
Disciples de Jésus, qui est venu se faire le prochain de l’humanité
abandonnée au bord du chemin où sa vie semble se perdre (cf. Luc 10), nous
sommes attentifs à toutes les pauvretés engendrées par une société polarisée
par la consommation et l’illusion d’une prospérité sereine. Beaucoup de nos
contemporains commencent à comprendre qu’une société plus juste et plus
respectueuse de son environnement est nécessaire. Ils comprennent aussi que
l’usage plus raisonnable des biens de ce monde appelle à une révision
courageuse de nos modes de vie. Il ne s’agit plus seulement de militer pour
des thèses vaguement écologistes. Le moment est venu de réfléchir et de
décider comment réduire la consommation toujours croissante, souvent au
détriment de pays moins développés qui subissent les dommages de notre
traitement de la nature. Les sentiments généreux doivent se concrétiser dans
des décisions pratiques chez nous. Nous espérons que le sommet de Copenhague
sera une étape importante dans ce processus.
De même l’aspiration à plus d’équité et de justice ne peut pas se contenter
d’appeler à une meilleure répartition sans tenir compte du fait que les
biens à répartir ne sont pas illimités. Plus de justice suppose que nous
ayons le courage d’appeler à des réductions dans les modes de vie. Ces défis
qui se dressent devant nos sociétés ne peuvent être affrontés dans le seul
cadre de notre situation française. Ils sont au cœur de la définition des
politiques européennes et ils marquent la responsabilité de l’Europe à
l’égard du reste du monde. Vingt ans après la chute du mur de Berlin,
l’Europe ne peut pas être seulement une machine à fabriquer de la prospérité
et se réduire à des procédés pour défendre cette prospérité contre les pays
pauvres. Elle doit être toujours plus un véritable promoteur du
développement et un authentique défenseur des Droits de l’Homme.
Les échos que nous avons perçus de la récente session des évêques pour
l’Afrique, Madagascar et les Iles nous ont permis de mieux mesurer combien
nous sommes concernés par les drames qui traversent ce continent et ces
pays, combien nous sommes appelés à reconnaître nos responsabilités et à y
faire face. Nous y sommes attendus, non pour nous servir mais pour servir un
développement intégral, respectueux des valeurs traditionnelles de
l’Afrique.
Notre espérance vient de ce que ces prises de conscience et ces aspirations
rejoignent fondamentalement ce qu’il y a de meilleur dans le cœur de
l’homme. Nous ne pouvons pas nous résoudre à croire que les formidables
capacités de l’intelligence humaine qui ont apporté au monde tant de progrès
depuis plusieurs siècles puissent être stérilisées par un aveuglement sur
les enjeux humains de notre développement et de notre technique. Nos combats
pour le respect de la personne humaine, notre engagement aux côtés des plus
vulnérables, se fortifient en constatant chaque jour combien d’hommes et de
femmes sont habités par le désir d’une vie meilleure qui ne soit pas
simplement une vie plus facile pour quelques uns en France, mais une vie
plus humaine pour tous dans le monde entier.
Avec eux, nous voulons que soit respectée et servie la dignité de chaque
personne, de sa conception à sa mort. Nous voulons que notre société
combatte les fléaux qui frappent encore tant d’hommes et de femmes, mais pas
à n’importe quel prix, ni par n’importe quels moyens. Nous voulons que les
recherches médicales et leurs applications soient davantage au service de
tous sans que l’homme devienne un instrument au profit de la recherche. Nous
voulons que la misère soit combattue, non en cachant ou en chassant ses
victimes, mais en s’attaquant aux causes de leur malheur. Nous voulons que
l’équilibre des familles soit encouragé et soutenu pour que les jeunes
trouvent leur juste place dans notre monde.
Nous repartons encore plus convaincus que la fidélité de Dieu s’exprime dans
le monde de notre temps. Elle donne à chacun et à chacune de ceux qui
s’appuient sur elle la force de se mettre avec constance et sérénité au
service de leurs frères. Ainsi nous donnons à voir quelque chose de
l’identité de l’Église et nous découvrons notre vocation et notre mission
dans les visages et les mains qui se tendent pour recevoir un signe
d’espérance. Que le Seigneur nous donne de trouver notre joie dans
l’espérance qu’il nous a donnée pour que nous la partagions.
Sources : eglise.catholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.11.2009 -
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