Benoît XVI, l’homme en blanc sur le
chemin de paix |
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Le 08 juin 2009 -
(E.S.M.)
- Déplacement à haut risque pour le pape Benoît XVI, le périple
en Terre sainte fut un véritable marathon entre Jordanie, Israël
et Palestine. Un voyage à portée religieuse mais aussi,
inévitablement, avec une dimension politique et diplomatique. L'homme
nouveau
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Le pape Benoît XVI et
Shimon Perez
Benoît XVI, l’homme en blanc sur le
chemin de paix
Le 08 juin 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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À la veille du départ de Benoît XVI au Moyen-Orient, Jean-Marie Guénois du
Figaro se demandait si le Pape ne serait pas « l’otage de la Terre sainte
».Notre confrère affirmait que le Souverain Pontife entamait « le voyage le
plus difficile de son pontificat », en ayant quatre défis à relever : un
défi spirituel et religieux mais aussi un défi symbolique. Surtout, en dépit
des commentaires visant à faire croire le contraire, il était difficile à
l’observateur de ne pas considérer un ultime défi politique et géopolitique
qu’offrait un tel déplacement. Depuis plus d’un demi-siècle en effet, tous
les yeux sont tournés sur ce morceau de terre qui domine les relations
internationales, au même titre que les relations franco-allemandes
dominaient la politique étrangère des nations au début du XXe siècle…
Une visite délicate
Naturellement, il est encore bien trop tôt pour jauger les résultats d’un
tel périple, marqué par plus de trente interventions publiques. Un record,
quand on pense aux discours du Pape aux États-Unis, en France ou même en
Afrique. Chaque mot ici devait être pesé et soupesé pour préserver des
relations somme toute fragiles, dans cette zone hautement instable où les
chrétiens ne représentent plus que 2 % de la population... Alors qu’ils
étaient 20 % dans les années 1950 ! C’est là, peut-être, la première leçon
que nous tirerons de ce voyage : l’extrême retenue du Pape dans ce contexte
à haut risque. Pris médiatiquement entre l’affaire William-on et celle de
Ratisbonne, pont aux ânes des journalistes et des petits esprits en mal de
sensation, mais dont les conséquences ont été désastreuses dans le cadre des
relations entre le Saint-Siège d’une part, les pays musulmans et Israël
d’autre part. Comme à son habitude pourtant, Benoît XVI a été d’une extrême
bienveillance à l’égard de ses hôtes, rectifiant même son ultime discours à
l’aéroport Ben Gourion quelques minutes avant son départ, au profit de
considérations sur l’antisémitisme visant à la fois les négationnistes mais
aussi l’Iran. Autorité morale, Benoît XVI a souhaité jouer un rôle
diplomatique en faveur de la paix, en dépassant les clivages religieux et
territoriaux afin de sortir de l’impasse caractérisée par cet autre mur de
la honte. Étonnant personnage tout de blanc vêtu passant d’Amman à Tel Aviv,
d’une mosquée au Mur occidental de Jérusalem, du Mont Nébo au tombeau du
Christ…
En dépit des railleries, des récriminations sur les « pas assez » ou
les « trop peu », le Pape a voulu tracer son chemin, disant la messe
là même où Jean-Paul II ne put la dire. Il existe sûrement une part de
naïveté et de crédulité conciliaires dans ce défi politique impossible,
entre Charybde et Scylla. Mais peut-il en être autrement au regard de la
force ou plutôt de la faiblesse diplomatique du Vatican? Le Pape a été dans
son rôle quand il a réclamé l’existence d’un État palestinien ou bien la
levée de l’embargo autour de la bande de Gaza. Il le fut davantage quand il
s’exprima au nom de ces chrétiens en soulignant « les difficultés, les
frustrations, les épreuves et les souffrances que tant (…) ont dû supporter
à cause des conflits qui ont affecté ces terres, sans parler des amères
expériences de déplacement auquel tant de [vos] familles ont été contraintes
».
Paradoxalement, alors que le Saint-Siège a toujours défendu l’idée d’un État
palestinien, c’est avec ce même État qu’il n’a jamais su ou pu créer une
relation diplomatique stable et constructive. C’est pourquoi le Pape a
demandé au Président Mahmoud Abbas à ce qu’une nouvelle « commission
bilatérale permanente » entre les deux parties soit restaurée, tant il
est vrai que l’islamisme nuit aux minorités chrétiennes. Cette commission,
pourtant envisagée par un accord signé au Vatican le 15 février 2000, n’a
jamais porté de fruits alors que, parallèlement, le même type d’institution
avait permis aux relations entre le Saint-Siège et Israël d’aboutir aux
Accords de 1993. Le Pape ne fut donc pas l’otage de la Terre sainte. (...) Surtout, le Saint-Père savait que, quelques jours après sa
visite, Benjamin Nétanyahou se rendrait à Washington pour rencontrer le
Président des États-Unis, Barack Obama. Plus qu’un atout, une force, puisque
la première puissance au monde, sur cette affaire palestinienne, tient à
jouer la même partition que la diplomatie pontificale.
Christophe Dickès
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Sources : L'homme nouveau
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.06.09 -
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