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Homélie de Benoît XVI : Messe au Parc San Giuliano de Venise
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Le 08 mai 2011 -
(E.S.M.)
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Trois cent mille fidèles, la plupart de la région, mais aussi de Croatie,
d'Autriche et de Slovénie, se sont rassemblés dimanche pour une messe
solennelle qu'a célébrée le pape Benoît XVI dans le parc San Giuliano, de
l'autre côté de la lagune de Venise.
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Le pape Benoît XVI -
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Homélie de Benoît XVI : Messe au Parc San Giuliano de Venise
Le 08 mai 2011 - E.
S. M. -
Trois cent mille fidèles, la plupart de la région, mais aussi de Croatie,
d'Autriche et de Slovénie, se sont rassemblés dimanche pour une messe
solennelle qu'a célébrée le pape Benoît XVI dans le parc San Giuliano, de
l'autre côté de la lagune de Venise. Deux fois plus que prévu, selon les
organisateurs.
Dans les titres de la presse italienne, on lit déjà: "Le Saint-Père a invité
chacun à ne pas craindre les étrangers, ceux qui viennent de loin".
Il n'est pas question ici d'occulter ou de détourner les propos du Pape:
commentant l'Evangile du jour sur la rencontre d'Emmaüs, le Saint-Père a dit
très précisément (et je trouve que c'est différent): "Le problème du mal, de
la douleur et de la souffrance, le problème de l'injustice et de
l'oppression, la peur des autres, des étrangers et des lointains qui
arrivent sur nos terres et semblent attenter à ce que nous sommes, portent
les chrétiens d'aujourd'hui à dire avec tristesse: nous espérions que le
Seigneur nous délivrerait du mal, de la douleur, de la souffrance, de la
peur, de l'injustice".
Pour ce que j'ai compris, ces propos ne sont pas politiques.
Et les medias qui vont annoncer triomphalement que le Pape a demandé
d'accueillir les immigrés (en réalité, c'est bien plus subtil que cela) se
garderont bien de répéter qu'il a dit aussi avec force "Je vous encourage à
ne jamais céder aux tentations de la culture hédoniste et à l'appel du
consumérisme matérialiste"
Chers frères et sœurs!
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui et de célébrer avec vous
et pour vous cette Eucharistie solennelle. Il est significatif que le lieu
choisi pour cette liturgie soit le Parc de San Giuliano: un endroit où en
général, on ne célébre pas des rites religieux, mais des événements
culturels et musicaux.
Aujourd'hui, cet espace accueille Jésus ressuscité, réellement présent dans
sa Parole, dans l'assemblée du Peuple de Dieu avec ses pasteurs, et, de
manière éminente, dans le Sacrement de son Corps et son Sang.
A vous, vénérés Frères dans l'épiscopat, ainsi qu'aux prêtres et aux
diacres, à tous, religieux et laïcs, j'adresse mes salutations les plus
cordiales, avec une pensée particulière pour les malades et les infirmes ici
présents, accompagnés par l'UNITALSI.
Je vous remercie de votre accueil chaleureux! Je salue avec affection le
Patriarche, le Cardinal Angelo Scola, que je remercie pour les paroles
touchantes qu'il m'a adressées au début de la messe. J'adresse une pensée
déférente au maire, au ministre pour le Patrimoine et la culture
représentant le gouvernement, au ministre du Travail et des Affaires
sociales et aux autorités civiles et militaires, qui, par leur présence, ont
honoré notre rencontre. Un grand merci à tous ceux qui ont généreusement
offert leur collaboration à la préparation et au déroulement de ma visite
pastorale. Merci!
L'Evangile du Troisième dimanche de Pâques - que nous venons d'entendre -
présente l'épisode des disciples d'Emmaüs (cf. Lc
24,13-35), une histoire qui ne cesse de nous stupéfier et de nous
émouvoir. Cet épisode montre les conséquences que Jésus ressuscité opère
chez les deux disciples: conversion du désespoir à l'espoir, conversion de
la tristesse à la joie, et même conversion à la vie communautaire. Parfois,
quand on parle de conversion, on pense seulement à son aspect pénible, de
détachement et de renoncement. Au lieu de cela, la conversion chrétienne est
avant tout une source de joie, d'espérance et d'amour. Elle est toujours
l'œuvre du Christ ressuscité, Seigneur de la vie, qui nous a obtenu cette
grâce à travers sa passion et nous la communique par la force de sa
résurrection.
Chers frères et sœurs! Je suis venu parmi vous comme Evêque de Rome et
continuateur du ministère de Pierre, pour vous confirmer dans la fidélité à
l'Evangile et dans la communion. Je suis venu pour partager avec les évêques
et les prêtres l'anxiété de l'annonce missionnaire, qui doit nous engager
tous dans un service sérieux et bien coordonné à la cause du Royaume de
Dieu.
Vous, ici aujourd'hui, représentez les Communautés ecclésiales nées de
l'Église Mère d'Aquilée. Comme par le passé, lorsque ces Eglises se
distinguaient par leur zèle apostolique et leur dynamisme pastoral,
aujourd'hui aussi, il faut promouvoir et défendre avec courage la vérité et
l'unité de la foi. Il faut rendre compte de l'espérance chrétienne à l'homme
moderne, souvent submergé par de vastes et inquiétantes problématiques qui
mettent en crise les fondements mêmes de son être et de son activité.
Vous vivez dans un contexte dans lequel le christianisme se présente comme
la foi qui a accompagné, au cours des siècles, le chemin de nombreuses
personnes, y compris à travers les persécutions et les épreuves très dures.
De cette fois, une expression éloquente est constituée par les nombreux
témoignages éparpillés un peu partout: les églises, les œuvres d'art, les
hôpitaux, les bibliothèques, les écoles; l'environnement même de votre
ville, comme des campagnes et des montagnes, est constellé de références au
Christ.
Et pourtant, aujourd'hui, cette appartenance au Christ risque de se vider de
sa vérité et de ses contenus les plus profonds; elle risque de devenir un
horizon qui, seulement superficiellement - et dans les aspects plutôt
sociaux et culturels - englobe la vie ; elle risque d'être réduite à un
christianisme dans lequel l'expérience de la foi en Jésus crucifié et
ressuscité n'illumine pas le chemin de l'existence, comme nous l'avons
entendu dans l'Evangile d'aujourd'hui à propos des deux disciples d'Emmaüs
qui, après la crucifixion de Jésus, retournèrent chez eux entourés par le
doute, la tristesse et la déception.
Cette attitude tend malheureusement à se répandre aussi dans votre terre:
ceci advient quand les disciples d'aujourd'hui s'éloignent de la Jérusalem
du Crucifié et Ressuscité, ne croyant plus en la puissance et en la présence
vivante du Seigneur. Le problème du mal, de la douleur et de la souffrance,
le problème de l'injustice et de l'oppression, la peur des autres, des
étrangers et des lointains qui arrivent sur nos terres et semblent attenter
à ce que nous sommes, portent les chrétiens d'aujourd'hui à dire avec
tristesse: nous espérions que le Seigneur nous délivrerait du mal, de la
douleur, de la souffrance, de la peur, de l'injustice.
Il est nécessaire, alors, pour chacun de nous, comme cela est arrivé aux
deux disciples d'Emmaüs, d'être enseignés par Jésus: d'abord, en écoutant et
aimant la Parole de Dieu, lue à la lumière du mystère pascal, afin qu'elle
réchauffe nos cœurs et éclaire nos esprits, et nous aide à interpréter les
événements de la vie et à leur donner un sens.
Ensuite, nous devons nous asseoir à la table avec le Seigneur, devenir ses
hôtes, afin que sa présence humble dans le Sacrement de son Corps et son
Sang, nous restitue le regard de la foi, pour regarder tout et tout le monde
à travers les yeux de Dieu, à la lumière de son amour.
Rester avec Jésus qui est resté avec nous, assimiler son style de vie
offerte, choisir avec lui la logique de la communion entre nous, de la
solidarité et du partage. L'Eucharistie est l'expression ultime du don que
Jésus fait de lui-même, et c'est une invitation constante à vivre notre
existence dans la logique de l'Eucharistie, comme un don à Dieu et aux
autres.
L'Evangile dit aussi que les deux disciples, ayant reconnu Jésus après qu'il
eût rompu du pain, "partirent aussitôt et retournèrent à Jérusalem"
(Luc 24:33). Ils ressentent le besoin de retourner à Jérusalem et
de raconter l'expérience extraordinaire qu'ils ont vécue: la rencontre avec
le Seigneur ressuscité. Il y a un grand effort à faire pour que chaque
chrétien, ici dans le Nord-Est, comme partout dans le monde, devienne un
témoin, prêt à proclamer avec vigueur et joie l'événement de la mort et de
la résurrection du Christ.
Je sais avec quel soin, comme Eglise de Trivénétie , vous cherchez à
comprendre les raisons du cœur de l'homme moderne et comment, en vous
référant aux anciennes traditions chrétiennes, vous vous souciez de retracer
les lignes directrices du programme de la nouvelle évangélisation, en
considérant avec attention les nombreux défis du temps présent et en
repensant l'avenir de cette région. Je désire, par ma présence, soutenir
votre œuvre et inspirer en chacun la confiance dans le programme pastoral
intense lancé par vos pasteurs, dans l'espoir d'un engagement fructueux de
tous les membres de la communauté ecclésiale.
Même un peuple traditionnellement catholique peut, toutefois, ressentir de
façon négative, ou assimiler presque inconsciemment, les répercussions d'une
culture qui finit par insinuer une façon de penser dans laquelle est
ouvertement rejeté, ou subrepticement caché, le message de l'Evangile. Je
sais ce qu'a été et ce que continue d'être la hauteur de votre engagement à
défendre les valeurs éternelles de la foi chrétienne.
Je vous encourage à ne jamais céder aux tentations de la culture hédoniste
et à l'appel du consumérisme matérialiste. Accueillez l'invitation de
l'Apôtre Pierre, dans la deuxième lecture d'aujourd'hui, à vous comporter "avec
la crainte de Dieu au moment où vous vivez ici comme des étrangers"
(1 Pierre 1:17); j'invite à ce qu'il se concrétise
dans une vie intensément vécue par les chemins de notre monde, conscients de
l'objectif à atteindre: l'unité avec Dieu dans le Christ crucifié et
ressuscité. En effet, notre foi et notre espérance sont adressées à Dieu
(cf. 1 P 1:21): adressées à Dieu parce qu'elles
sont enracinées en lui, fondées dans son amour et sa fidélité.
Des siècles passés, vos Eglises ont une riche tradition de sainteté et de
service généreux envers les autres, grâce au travail de prêtres zélés et de
religieux à la vie active et contemplative. Si nous voulons nous mettre à
l'écoute de leur enseignement spirituel, il ne nous est pas difficile de
reconnaître l'appel personnel et unique qu'ils nous adressent: Soyez saints!
Mettez le Christ au centre de votre vie! Construisez sur lui l'édifice de
votre existence. En Jésus, vous trouverez la force de vous ouvrir aux autres
et de faire de vous-mêmes, en suivant son exemple, un don à l'humanité tout
entière.
Autour d'Aquilée se trouvèrent réunies des populations de langues et de
cultures différentes, rendues convergentes non seulement par des exigences
politiques, mais surtout par la foi dans le Christ et par la civilisation
inspirée par l'enseignement évangélique, la civilisation de l'amour. Les
Eglises générées par Aquilée sont appelées désormais à renforcer cette
antique unité spirituelle, en particulier à la lumière de l'immigration et
de la nouvelle situation géopolitique en cours. La foi chrétienne peut
certainement contribuer à la réalité d'un tel programme, qui vise au
développement complet et harmonieux de l'homme et de la société dans
laquelle il vit.
Ma présence parmi vous veut être aussi un soutien appuyé aux efforts
déployés pour promouvoir la solidarité entre vos diocèse du Nord-Est. Elle
veut être aussi un encouragement pour toutes les initiatives visant à
surmonter les divisions qui pourraient compromettre les aspirations
concrètes de justice et de paix.
Tel est, frères, mon espoir, telle est la prière que j'adresse à Dieu pour
vous tous, en invoquant l'intercession céleste de la Vierge Marie et de
nombreux saints et bienheureux, parmi lesquels je tiens à rappeler saint Pie
X et le Bienheureux Jean XXIII mais aussi le Vénérable Giuseppe Toniolo,
dont la béatification est imminente. Ces témoins lumineux de l'Evangile sont
la plus grande richesse de votre terre: Suivez leur exemple et leurs
enseignements, en les conjuguant avec les besoins actuels.
Ayez confiance: Le Seigneur ressuscité marche avec vous, hier, aujourd'hui
et éternellement.
Amen!
Texte original du
discours du Saint Père
►
Italien
► Regina Cæli de Benoît XVI dans le parc Giuliano à Venise
Sources :Benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.05.2011 - T/Benoît XVI
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