Jean Vanier : J’aime Benoît XVI, son
humilité, son courage, son acuité intellectuelle |
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Le 08 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Jean Vanier, fondateur de l’Arche aime Benoît XVI car il est le
successeur de Pierre, le vicaire de Jésus qui lui a donné la
mission d’être le berger des bergers et il le dit.
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Jean Vanier, fondateur
de l’Arche
Jean Vanier : J’aime Benoît XVI, son
humilité, son courage, son acuité intellectuelle
Le 08 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Alors que l’Église traverse une crise aux multiples symptômes, « La Croix
» donne la parole chaque jour à une personnalité qui témoigne de ses raisons
d’espérer
Lettres aux catholiques troublés Jean Vanier, fondateur de l’Arche
J’aime Benoît XVI car il est le successeur de Pierre, le vicaire de Jésus
qui lui a donné la mission d’être le berger des bergers. J’aime son
humilité, son courage, son acuité intellectuelle. Je l’aime aussi parce
qu’il est attaqué en ce moment, avec parfois de la hargne ; j’aime être
alors à ses côtés.
J’aime sa recherche d’unité avec les évêques intégristes, en levant
l’excommunication sans les intégrer dans l’Église tout de suite. J’aime
aussi son désir d’unité avec les Églises orthodoxes, anglicanes et
protestantes. Avec ces évêques intégristes, il a utilisé un geste
exceptionnel – peut-être faudrait-il trouver d’autres gestes innovateurs
pour l’unité avec les autres Églises, en particulier orthodoxes.
J’aime aussi son audace, sa force et son courage dans ses
discours en
Afrique. Ils m’ont profondément touché et révélé une véritable vision pour
ce continent. Pour ce qui est du préservatif, le successeur de Pierre ne
peut que défendre la famille. La stabilité d’une société provient en
particulier de deux éléments : la qualité de la vie familiale, la qualité
avec laquelle une société lutte contre la corruption et s’engage envers les
personnes les plus pauvres.
Une Église qui sans cesse s’engage aux côtés des pauvres
Une société ne peut devenir humaine que si l’écart entre les riches et les
pauvres s’amenuise. C’est vrai au sein d’un pays comme entre les pays, dans
la grande famille humaine. Il n’y a pas de paix sans justice, pas de paix
sans recherche d’une harmonie entre les nations. Il ne peut y avoir de paix
que si les nantis acceptent de perdre des privilèges et le monopole du
savoir et des richesses humaines. Ces nantis sont appelés à rechercher le
vrai bien des êtres humains dans des relations humaines avec une vraie
fraternité, basée sur l’égalité des droits et dans le désir d’une vraie
liberté : celle de ne pas être gouverné par la peur de perdre.
J’aime l’Église de Jésus, j’aime l’Église de saint Jean disant que si
quelqu’un voit un frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, il
n’a pas Dieu en lui (1 Jn 3, 17). J’aime l’Église de saint Jacques, qui a
été blessé et en colère à cause de l’écart entre riches et pauvres dans
l’assemblée des chrétiens (Jc 2). J’aime l’Église du diacre saint Laurent,
qui a montré aux autorités romaines les mendiants, les SDF, les malades
comme étant la richesse de l’Église et qui pour cela a été mis à mort.
J’aime l’Église de saint Vincent de Paul, qui parle de ses maîtres « les
pauvres ». J’ai beaucoup apprécié les encycliques des papes Jean XXIII, Paul
VI, Jean-Paul II et Benoît XVI qui rappellent et répètent la nécessité non
seulement de s’engager auprès des plus pauvres, mais de vivre avec eux.
Il est vrai que les tensions en Occident viennent en partie de l’écart entre
les principes et la réalité des personnes. Tensions augmentées par la façon
dont les médias montrent une Église fermée, coupée de la réalité,
s’abreuvant à des dogmes et à des principes plus ou moins inacceptables pour
l’esprit moderne.
Ils cachent souvent la réalité d’une Église qui sans cesse voudrait annoncer
une bonne nouvelle aux pauvres et s’engage à leurs côtés. Je connais tant de
prêtres qui s’engagent auprès des pauvres et font l’œuvre de Jésus. Je sais
le soutien discret et aimant des papes, des évêques et des prêtres vis-à-vis
de l’Arche, de Foi et Lumière et de tant d’autres communautés et mouvements
engagés auprès des plus démunis.
Un tiraillement au cœur de notre vie à l'Arche
L’écart entre les principes et la réalité des personnes a été dénoncé par le
cardinal Tomas Spidlik comme une des plus grandes questions déchirant
l’Occident. À Assise, en janvier 2005, ce théologien jésuite disait : «
Certains sont pour les principes, d’autres pour les personnes. Nous nous
sentons obligés de choisir et nous rejetons l’autre partie : les uns
refusent tout repère commun et ecclésial, les autres ne laissent aucune
place à l’expérience personnelle qui n’a qu’à tenir dans les normes. De là
viennent de grandes tensions en nous, des conflits entre nous, des
excommunications mutuelles. L’unité n’y gagne pas. »
Ce tiraillement est au cœur de notre vie à l’Arche. Nous vivons avec des
hommes et des femmes qui sont parfois très éloignés de l’Église, et toujours
en marge de la société venant de familles souvent très pauvres
culturellement. Beaucoup sont perturbés sur le plan de l’agressivité et de
la sexualité. Notre rôle est de les accueillir et de les accompagner avec
compétence et compassion, dans leurs cris, leurs confusions et leurs
souffrances. Il s’agit d’essayer d’aider chacun à faire un petit pas pour
devenir un peu plus humain, plus paisible et plus heureux. Pour certains,
c’est un long chemin. L’autre jour, on m’a parlé d’une jeune fille dans un
hôpital psychiatrique ; chaque fois qu’elle fuguait, elle revenait enceinte.
Que faire ? comment faire ? Évidemment, elle avait un grand besoin d’aide
sur le plan médical, psychologique, humain et spirituel.
Le cardinal Spidlik dit aussi qu’une des façons de réduire cette tension
entre principes et personnes est la formation de bons accompagnateurs
(qu’il
appelle père ou mère spirituels) comprenant les questions des personnes,
leur désarroi, et les aidant à faire un pas vers la lumière des principes.
Il note qu’il y a très peu de tels accompagnateurs disposés à faire cette
œuvre de compétence, d’intelligence et d’unité.
Ne faut-il pas aussi qu’il y ait de plus en plus de communautés et de
mouvements qui cherchent à vivre non seulement les principes moraux, mais
les principes annoncés dans l’Évangile, les Béatitudes ? Les personnes
pauvres nous montrent un chemin de vérité et d’unité, surtout quand on vit
avec elles. Certes, en ce moment, il y a des turbulences dans l’Église.
Chaque crise est un appel et une occasion pour mieux se situer dans son
chemin de communion avec Jésus et avec les plus pauvres et démunis, et avec
le pape et les évêques.

Sources : la-Croix
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.04.09 -
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