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Benoît XVI confie à deux jeunes Libanais la rédaction des textes du chemin de croix

Le 08 février 2013 - (E.S.M.) - Les effets de la guerre civile qui a lieu dans le pays voisin, la Syrie. Et les raisons pour lesquelles le pape a confié à deux jeunes Libanais la rédaction des textes destinés au prochain chemin de croix qui aura lieu au Colisée.

Benoît XVI confie à deux jeunes Libanais la rédaction des textes du chemin de croix

Chrétiens et musulmans au Liban. Une enquête par Sandro Magister

Le 08 février 2013 - E. S. M. - Le fait a été confirmé officiellement il y a quelques jours : Benoît XVI a confié "à deux jeunes Libanais" la rédaction des textes destinés au chemin de croix qui aura lieu au Colisée le prochain vendredi saint. Méditations du Chemin de Croix

Les deux jeunes gens écriront les méditations des 14 stations du chemin de croix "sous la conduite" de leur patriarche, le cardinal Béchara Boutros Raï.

Selon ce qui a été communiqué, le pape Joseph Ratzinger a fait ce choix "en mémoire de son récent voyage au Liban et pour inviter toute l’Église à inclure dans sa prière le Moyen-Orient, ses problèmes et les communautés chrétiennes vivant sur ces terres".

Le Liban a été le but du dernier voyage effectué hors d’Italie par Benoît XVI jusqu’à présent. Le pape s’y est rendu au milieu du mois de septembre dernier et il y a été accueilli par des foules très nombreuses, venues également d’autres pays.

Parmi les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, le Liban est l’un des endroits les moins dangereux pour les chrétiens et ceux-ci y vivent en nombre relativement élevé.

Mais que son "modèle" renommé de cohabitation entre les religions soit en ruines depuis bien des années, voilà ce que tout le monde peut constater. Benoît XVI lui-même s’y est référé avec beaucoup de prudence :

"Le fameux équilibre libanais qui veut continuer à être une réalité, peut se prolonger grâce à la bonne volonté et à l’engagement de tous les Libanais. Alors seulement, il servira de modèle aux habitants de toute la région et au monde entier".

Il est de fait que la catastrophe qui a lieu dans le pays voisin, la Syrie, a certes mis en grande difficulté les chiites libanais du Hezbollah, dont les leaders se trouvent à Damas et à Téhéran. Mais elle n’a certainement pas favorisé les chrétiens.

Leur rêve de conquérir l'hégémonie dans le pays s’étant évanoui depuis longtemps, les chrétiens libanais sont aujourd’hui divisés et soutiennent l'un ou l’autre des deux groupes musulmans qui sont en lutte : les chiites et les sunnites. Et ces derniers sont ceux qui se radicalisent le plus, car ils sont tentés de reproduire au Liban, contre le Hezbollah, l'offensive actuellement en cours en Syrie contre le régime chiite-alaouite d’Assad.

Et pourtant, malgré tout, il y a au Liban des chrétiens et des musulmans qui continuent à espérer en une coexistence pacifique. Et à agir en conséquence.

C’est ce que prouve l’enquête que l’on peut lire ci-dessous.

Elle a paru dans le dernier numéro d’"Oasis", la revue internationale publiée en six langues, dont l'arabe et l'ourdou, qui a été créée en 2004 par le patriarcat de Venise et qui est consacrée à l'Orient, dans le but de promouvoir la connaissance réciproque et la rencontre entre les chrétiens et les musulmans.

La revue et la Newsletter bimensuelle (publiée également en espagnol) qui lui est associée sont dirigées par une fondation présidée par le cardinal Angelo Scola et qui organise chaque année une rencontre internationale. En 2010 cette rencontre a eu lieu au Liban, à Beyrouth.

Maria Laura Conte, l'auteur de l'enquête, est également directrice de la revue.

LA FORMULE CHIMIQUE LIBANAISE

par Maria Laura Conte

Quel Liban le Pape a-t-il trouvé ? Le centre de Beyrouth donne l’impression d’un pays fier de poursuivre son développement, un chantier à ciel ouvert où de nouveaux gratte-ciel s’élancent audacieusement vers le ciel, à quelques pas de la mer. Mais il suffit de s’éloigner du centre et on pénètre dans des quartiers plus pauvres, divisés souvent par des axes routiers dans lesquels les habitants reconnaissent encore les lignes du front de la guerre civile. Si, ensuite, on quitte la capitale pour l’intérieur du pays, le paysage évolue encore.

En voyageant vers l’Est, on croise le destin de plusieurs villages et familles qui, dans leur histoire, ont toujours dû tenir compte de leur encombrante voisine, la Syrie. Ces Syriens qui il y a encore quelques années étaient les "occupants", sont ici aujourd’hui comme des "réfugiés", fuyant une guerre désespérante et infinie.

On le lit sur le visage des personnes accueillies dans les villages libanais, on l’entend dans leurs récits. Des centaines de milliers de personnes fuient depuis des mois les bombardements, les rafles et les enlèvements signés par des mains différentes, parfois l’armée régulière, parfois les forces rebelles. Ils traversent les frontières à la recherche d’une trêve. Le gouvernement libanais n’autorise pas les camps de réfugiés officiels – question trop controversée pour le fragile équilibre intercommunautaire – mais en pratique ces lieux de premier accueil existent.

À Taalabaya, dans la Beqaa, un centre de la Caritas libanaise accueille chaque jour de nouvelles familles syriennes qui veulent être enregistrées pour pouvoir recevoir un minimum d’assistance, un colis de nourriture, une couverture... Non loin de là, un terrain est mis à la disposition de quelques familles qui ont construit des baraquements de cartons, de toile et de tôle. Pour les cent cinquante enfants âgés de deux à dix ans qui gambadent librement sur la terre battue, ce camp est certainement un endroit pauvre mais il est presque amusant. Ils ne s’inquiètent pas trop s’ils ne peuvent pas se changer ou se laver, ils sont occupés à courir avec leurs compagnons d’aventure. Leurs yeux sont pleins d’envie de vivre, au moins autant que ceux de leur mère sont vides, perdus dans l’océan de désolation qui les entoure.

Les deux cents familles présentes proviennent en majorité de la périphérie de Homs ; rescapées de l’enfer, elles se retrouvent dans des baraques et rien que la pensée de devoir y passer tout l’hiver est déjà insupportable. Pour une jeune mère, 26 ans, le temps s’est arrêté. Le passé a englouti son mari, tué en Syrie, et sa maison, détruite par les bombes ; on n’entrevoit pas le futur. Seul le présent sans espérance pèse sur elle et ses deux fils.

Des centaines d’autres personnes partagent sa halte dans ce monde suspendu. Chaque réfugié qui a passé la frontière porte avec lui un fardeau unique qu’on ne peut assimiler aux autres. Vingt familles de Damas ont été installées dans le bâtiment d’une école primaire du village de Dayr Zanoun, toujours dans la Beqaa. Celles-ci au moins ont trouvé un vrai toit, l’eau courante et l’électricité deux heures par jour. Mais leur agitation est à son comble lorsque l’assistante sociale de la Caritas explique qu’elles devront partir de là à cause du début de l’année scolaire.

Tandis qu’ils distribuent des denrées alimentaires, les volontaires sont submergés par les protestations des réfugiés : ceux-ci n’acceptent pas d’être renvoyés comme des paquets de cette école, ils demandent qu’on respecte leurs droits. En tant que sunnites, ils ont surtout peur d’être transférés dans la zone de Baalbek à majorité chiite. Le directeur de l’école évolue, soucieux, d’un local à l’autre. Il évalue les dégâts provoqués par ces hôtes encombrants : les salles de classe sont devenues des chambres à coucher et des cuisines, des brosses à cheveux et des savons sont suspendus aux tableaux, tandis que le jardin est utilisé comme toilettes.

Un jeune père de trois enfants, menuisier de profession, a quitté la Syrie parce qu’il risquait de disparaître comme son frère. Il est sans nouvelles de lui et ne sait pas non plus ce qui se produit vraiment dans sa patrie. Mais, au moins, il a sauvé la vie de sa femme et de ses trois enfants. Il y a aussi, dans les villages et les grandes villes, des réfugiés plus chanceux qui payent un loyer de 200 ou 250 dollars par mois. Ils peuvent se le permettre parce qu’au moins un membre de leur famille a trouvé du travail. Ce sont souvent plusieurs familles qui partagent le même appartement et une douleur commune. Il n’y a pas de mobilier dans les maisons, on vit presque par terre.

Dans la misère générale, on rencontre aussi des histoires tissées d’une reconnaissance qui traverse les années : une famille syrienne, dont la mère est sans nouvelles de son mari et père de ses quatre enfants, a trouvé refuge près d’une famille libanaise qu’elle avait accueillie, il y a des années, dans sa maison en Syrie, quand le Liban était en proie à une phase de violence.

Mais si l’histoire est pressante avec ses cours et recours, la géographie impressionne par ses courtes distances : une heure de voiture au maximum sépare l’abîme de désespoir de ces réfugiés de Syrie et les fidèles catholiques accourus autour du Pape pour lui demander de les confirmer dans la foi, de les aider à espérer.

Aucune voix critique ne s’est élevée durant les jours précédents la visite, excepté celle d’un seul cheikh salafiste qui demandait que Benoît XVI s’excuse pour son discours de Ratisbonne, tandis que toutes les communautés attendaient un événement qui soit capable de garantir une sorte de "trêve". Et trêve il y eut, à l’exception de certaines manifestations à Tripoli contre le film Innocence of Muslims, dont le grave bilan est d’un mort et presque trente blessés.

"La visite du Pape a bénéficié d’un accueil très positif – explique Georges Corm, économiste et historien libanais – parce qu’elle a été perçue comme une pause de bonheur pour notre peuple. La population est exaspérée, elle a toujours les nerfs à fleur de peau. À la tension politique s’ajoute une augmentation considérable de la criminalité. Certaines régions du pays peuvent rester pendant plus de douze heures sans électricité et parfois même dix-huit. Dans de nombreux endroits, l’eau ne coule pas des robinets. Les performances socio-économiques sont de faible niveau. Un bref instant de bonheur est déjà beaucoup dans la vie difficile qui est la nôtre depuis 40, 50 ans".

Même si, ajoute encore Corm, "cela ne pourra pas continuer après". La visite de Jean-Paul II au Liban en 1997 fut pour lui un très grand moment dans l’histoire de sa patrie, une terre choisie comme lieu privilégié pour lancer un nouveau "message" à tout le Moyen-Orient et à l’Occident, mais qui d’après lui resta sans suite.

Une lecture tristement confirmée par l’attentat à l’occasion duquel le chef des services secrets a été assassiné, attentat qui s’est produit dans le quartier chrétien d’Achrafieh, en plein centre de Beyrouth, un mois seulement après le départ du Pape.

Selon Corm, les raisons de la faiblesse du Liban sont nombreuses. Entre autres, l’absence d’une éducation qui valoriserait la tradition des chrétiens libanais, ou le communautarisme qui freine l’édification d’une véritable citoyenneté parce qu’il réduit l’identité d’une personne à son appartenance à l’un des 18 groupes confessionnels reconnus par l’État.

"En ce qui concerne l’éducation – explique Corm – vous ne trouverez pas dans nos écoles secondaires de manuel présentant l’histoire de l’Église d’Antioche. En revanche on apprend par cœur l’histoire de France ou des États-Unis et on en arrive à penser que le Christianisme est né à Rome. Écrivez un livre sur les chrétiens malheureux et persécutés au Moyen-Orient, ce sera un best-seller. Si vous écrivez un livre sur la complexité des événements d’ici, vous ne vendrez que quelques exemplaires...».

"Nous soutenons l’appel adressé aux chrétiens du Machrek afin de préserver leur présence dans le monde arabe et nous soutenons aussi l’Exhortation qui les invite à jouer leur rôle dans le cadre d’une action nationale commune, dans la confiance que cela préservera l’unité du tissu social de cette partie du monde" : les paroles que Mohammed Rashid Kabbani, sunnite, mufti de la République, a adressées au Pape ont été interprétées par de nombreuses personnes comme une reconnaissance, par la partie musulmane, de la "nécessité" que les chrétiens ne quittent pas le Moyen-Orient parce que leur présence est garante de l’unité sociale.

Des paroles importantes pour Antoine Messarra, catholique maronite, membre de la Cour constitutionnelle : "L’Islam arabe se libère et il faut l’aider à se libérer. Le malheur vient du fait que les chrétiens du monde arabe ont fait un pas en arrière. Les musulmans libanais ont besoin des chrétiens comme soutien dans la tradition de liberté. Je crois que c’est là le sens et le contenu central de l’intervention du Mufti. Quelle honte, sur le plan de la foi, que les religions acceptent de se diviser en religions effrayantes et religions effrayées. Imaginez, par exemple, que je commence à avoir peur de l’Islam. Mais l’Islam fait partie de ma culture, de mes relations quotidiennes !"

Selon Messara, c’est le pluralisme arabe qui doit être défendu : "Le grand problème sur le terrain n’est pas de protéger la présence des chrétiens dans la région, ni l’Islam politique. Le problème central est la protection du tissu pluraliste arabe. Et, dans une réalité pluraliste, le principe central est la liberté religieuse. L’Islam doit prendre le temps de repenser la question".

Pour Messara aussi, le défi est, une fois encore, éducatif : "L’un des problèmes de la division de la ville en différents quartiers est que beaucoup de jeunes, nés durant la guerre ou après, n’ont pas pu vivre l’époque de la convivialité, ils ne l’ont pas apprise par l’expérience. Ainsi, aujourd’hui, nous avons une grande urgence éducative dans ce sens".

Si pour le chrétien Messara l’Islam fait partie de son ADN, le sunnite Hisham Nashabe, Président de l’Institut d’Études islamiques de l’Université Makassed, dresse son bilan personnel et relève que, en tant que musulman, "il se regarde dans le miroir de la présence des chrétiens parmi nous". Nashabe est convaincu que la visite du Pape fera grandir chez les musulmans le désir d’une connaissance plus approfondie du Christianisme : "Comme les études orientalistes se sont développées en Occident, ainsi on devrait davantage développer au Moyen-Orient les études ‘occidentalistes’". C’est une provocation culturelle que le Pape, peut-être inconsciemment, a lancée au Liban".

Quelqu’un attendait certainement un Pape doté d’une baguette magique qui résoudrait d’un seul coup les problèmes du pays. En revanche, comme le remarque Mgr Paul Rouhana, Vicaire patriarcal de Sarba et Jounieh, Benoît XVI s’est présenté comme un pasteur soucieux de conduire son troupeau, de placer au centre la valeur de la dignité humaine sur laquelle – comme le souligne aussi l’Exhortation Apostolique – tous les croyants et les hommes de bonne volonté se rencontrent, même dans des moments historiques difficiles comme la guerre en Syrie.

"L’histoire présente de la Syrie et la situation des chrétiens, qui risquent d’être pris sous les tirs croisés des deux camps en guerre – observe Mgr Rouhana – nous interpellent sérieusement, à différents points de vue. Il est urgent de trouver une solution pour sauvegarder l’unité du pays. Il n’y aura jamais de solution uniquement "pour les chrétiens", tout comme au Liban une solution exclusive pour eux n’a jamais existé. Chrétiens et musulmans partagent le même destin dans les deux pays. Ce que nous espérons, c’est que la Syrie puisse aussi s’approcher d’une convivialité islamo-chrétienne comme celle qu’aujourd’hui nous vivons au Liban. Le communautarisme a-t-il tendance à créer des fossés dans la société ? Ce n’est certainement pas la meilleure solution, mais on peut partir de là pour construire une véritable citoyenneté commune".

Selon Mgr Rouhana, la voix "raisonnable et modérée" du Pape, qui à 85 ans vient dire que la foi n’est pas une rêverie, mais qu’elle s’implique avec toute la réalité, est capable d’être universelle. Pour lui aussi les musulmans se reconnaissent dans certaines "batailles" du Pape : "L’Islam n’est pas un monolithe".

On le constate d’autre part dans le profil d’un intellectuel comme Ibrahim Shamseddine, professeur de Sciences politiques à l’American University de Beyrouth, chiite, selon lequel les interventions du Pape ont permis de réfléchir à nouveau à la "formule libanaise".

La spécificité d’une telle formule ne consiste pas en la dualité chrétien-musulman de l’État, mais en un triangle : "Le trio démocratie-Islam-Christianisme fait du Liban un cas unique. S’il n’y avait pas l’élément 'démocratie', un partenariat chrétien-musulman ne serait pas possible. La formule s’effondrerait. Il y a de nombreuses difficultés, dont celles qui proviennent du contexte géographique du Liban, et un poison circule dans le pays, à savoir la présence de milices armées et de groupes confessionnels qui, de fait, court-circuitent et affaiblissent l’État de l’intérieur. Le gouvernement ne prend pas de décisions parce que les institutions sont paralysées".

Le point crucial pour Shamseddine est de cesser de recourir à la catégorie "minorité", un concept "killer" : "Les chiites ne sont pas une minorité. Je refuse d’être appelé minorité. Les chrétiens font partie de la grande majorité arabe et les chiites font partie de la majorité musulmane".

Selon lui, une formule chimique, celle de l’eau, résume bien le Liban : "Nous avons besoin de deux molécules d’hydrogène et d’une d’oxygène. Rien d’autre. Dieu a créé les choses ainsi. Les chrétiens sont l’oxygène de notre démocratie".

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 08.02.2013- T/International

 

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