Les violations de la liberté
religieuse, thème du discours de Benoît XVI au corps diplomatique |
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Rome, le 08 janvier 2010 -
(E.S.M.)
- Le Pew Forum le démontre dans la plus grande enquête jamais
réalisée sur ce sujet. Aux restrictions gouvernementales s’ajoute
l’hostilité des populations. Même les pays les plus libres n’en sont pas
exempts. En Israël, incidents entre juifs ultra-orthodoxes et chrétiens.
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Les violations de la liberté
religieuse, thème du discours de Benoît XVI au corps diplomatique
La liberté de religion? Un rêve interdit pour 5 milliards d’hommes
Le 08 janvier 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Le schéma ci-dessus classe les 50 pays les plus
peuplés du monde en fonction des restrictions à la liberté religieuse qui
existent chacun d’eux : aussi bien celles qui sont imposées par les
gouvernements, par ordre croissant de gauche à droite, que celles qui sont
dues aux violences exercées par des personnes ou des groupes, par ordre
croissant du bas vers le haut.
Les violations de la liberté religieuse seront un thème important du
discours que le pape Benoît XVI adressera, le 11 janvier, au corps
diplomatique accrédité près le Saint-Siège, comme il le fait à chaque début
d’année.
Le sujet n’est pas nouveau. Mais il n’avait jamais été analysé auparavant
avec la précision scientifique dont le Pew Forum on Religion & Public Life
de Washington fait preuve dans l’enquête dont est tiré le schéma.
Cette enquête concerne 198 pays - manque la Corée du Nord, en raison de
l’insurmontable pénurie de données - et couvre deux ans, de la mi-2006 à la
mi-2008.
La synthèse de l'enquête et les 72 pages du rapport complet sont
téléchargeables gratuitement sur le site du Pew Forum
► Global
Restrictions on Religion, December 2009
Sur le schéma, la taille des cercles est proportionnelle à la population de
chaque pays. Parmi les pays où il y a le plus de restrictions à la liberté
religieuse, comme on le voit, l'Inde et la Chine, ayant chacune une
population bien au-dessus du milliard d’habitants, pèsent d’un poids
écrasant. En y ajoutant les autres pays non libéraux à forte population, le
résultat final est que 70 % des 6,8 milliards d’habitants du globe vivent
dans des pays où la liberté de religion est fortement ou très fortement
limitée.
Inversement, à peine 15 % de la population mondiale vivent dans des pays où
les religions jouissent d’un niveau acceptable de liberté.
Bien sûr, les modalités selon lesquelles la liberté religieuse est entravée
diffèrent d’un pays à l’autre.
En Chine et au Vietnam, par exemple, les populations ne montrent pas
d’hostilité envers telle ou telle religion. Ce sont les gouvernements qui
limitent fortement les manifestations de la foi. En Chine, les restrictions
frappent les bouddhistes du Tibet, les musulmans ouïgours, les chrétiens non
reconnus par le gouvernement et les membres du Falun Gong.
La situation est inverse au Nigeria et au Bangladesh, où les gouvernements
optent pour la modération, alors que des actes de violence contre telle ou
telle religion se produisent dans la société civile.
En Inde aussi, l'hostilité est plus le fait de la société que des autorités,
bien que celles-ci imposent aussi de sévères restrictions.
Sur 198 pays, il n’y en a qu’un où les taux d’hostilité contre les religions
"ennemies" soient très élevés en ce qui concerne à la fois le gouvernement
et la population. C’est l'Arabie Saoudite.
Mais le Pakistan, l’Indonésie, l’Egypte et l’Iran ont aussi des taux
globalement très négatifs, comparables à ceux de l'Inde. En Egypte, les
restrictions à la liberté religieuse frappent surtout les chrétiens coptes,
qui représentent environ 10 % de la population.
La moitié des pays du monde interdisent ou limitent fortement l'activité
missionnaire. Certains gouvernements soutiennent une seule religion (au Sri
Lanka, au Myanmar et au Cambodge : le bouddhisme) et répriment toutes les
autres. Dans certains pays, l'hostilité se manifeste entre fractions d’un
même monde religieux. En Indonésie, le pays musulman le plus peuplé du
globe, ce sont les musulmans Ahmadi qui souffrent. Et, en Turquie, les
musulmans Alevi, qui sont pourtant des millions.
Sur une carte du monde incluse dans le rapport - où la couleur de chaque
pays varie selon le degré de restriction de la liberté religieuse - il saute
aux yeux que les zones de plus grande liberté sont celles où le
christianisme est le plus présent : l'Europe, les Amériques, l'Australie et
l'Afrique subsaharienne.
Mais même dans ces zones, il y a certaines restrictions. En Grèce, seuls les
chrétiens orthodoxes, les juifs et les musulmans peuvent s’organiser et
posséder des biens en tant que tels. Pas les chrétiens d’autres confessions.
En France, la loi qui interdit aux jeunes musulmanes le voile à l’école
interdit aussi aux chrétiens d’arborer une croix trop visible et aux sikhs
de porter le turban.
En Grande-Bretagne, où pourtant le chef de l’Etat est aussi le chef de
l’Eglise d'Angleterre, une décision de justice a permis à une entreprise
d’obliger ses employés chrétiens à cacher les symboles de leur foi sur leur
lieu de travail, mais en laissant les membres d’autres religions libres de
porter leurs symboles.
Et en Israël ? En 2009, pour la première fois depuis dix ans, on n’y a
enregistré aucun meurtre de juifs par attentats suicides de terroristes
musulmans.
Cette information ne rentre pas dans le cadre temporel de l’enquête du Pew
Forum. Ce dernier a néanmoins constaté en Israël des restrictions d’un autre
genre à la liberté religieuse : surtout en ce qui concerne les privilèges
accordés - par exemple dans la législation matrimoniale - aux juifs
orthodoxes, bien qu’ils ne constituent qu’une petite partie des juifs
résidant dans le pays.
Au cours des dernières semaines, il y a même eu à Jérusalem – l’affaire ne
rentre pas non plus dans le cadre de l’enquête du Pew Forum – des actes de
violence commis par des juifs ultra-orthodoxes contre des chrétiens.
Le texte qui suit est le communiqué publié le 5 janvier 2010 par l'ambassade
d'Israël près le Saint-Siège après que des mesures eurent été prises pour
mettre fin à ces incidents. Il est accompagné d’une lettre d’apaisement des
autorités chargées de la communauté juive qui est impliquée.
COMMUNIQUÉ
Suite aux plaintes provoquées par les agressions contre des prêtres et des
lieux chrétiens dans la capitale d’Israël, M. Jacob Avrahmi, conseiller du
maire de Jérusalem pour les communautés religieuses, a pris des mesures
destinées à susciter le soutien de la communauté ultra-orthodoxe des Haredim
pour combattre la tension le long de la ligne de séparation entre les juifs
ultra-orthodoxes et leurs voisins chrétiens.
Lors d’une rencontre des représentants du ministère des Affaires étrangères
et de la municipalité de Jérusalem avec le rabbin Shlomo Papenheim de la
communauté des Haredim, une lettre dénonçant les agressions a été présentée
; elle indique que les sages de toutes les époques ont toujours interdit de
molester les gentils.
Voici la traduction de la lettre du Beth Din Tzedek – le tribunal de la
communauté juive orthodoxe et la plus haute instance de la communauté juive
ultra-orthodoxe à Jérusalem – écrite en un hébreu plutôt original :
PROVOCATIONS DANGEREUSES
Des gentils ont récemment porté plainte à plusieurs reprises à propos
d’agressions multiples et d’insultes proférées contre eux par des jeunes
irresponsables en différents points de la ville, notamment près de Shivtei
Yisrael Street et de la tombe de Simon le Juste.
Provoquer les gentils est non seulement une profanation du Saint Nom, ce qui
en soi représente déjà un péché très grave, mais selon nos sages – bénie
soit leur sainte et vertueuse mémoire – c’est interdit et cela peut avoir
des conséquences tragiques pour notre communauté, dont Dieu puisse avoir
pitié.
Nous demandons donc à quiconque a le pouvoir de mettre fin à ces honteux
incidents, par la persuasion, d’agir pour faire disparaître ces dangers,
pour que notre communauté puisse vivre en paix.
Puisse le Très-Saint - qu’Il soit béni - mettre le tabernacle d’une vie
miséricordieuse et pacifique sur nous et sur la Maison d’Israël et
Jérusalem, tandis que nous attendons la venue du Messie au plus tôt et à
notre époque, Amen.
Signé aujourd’hui, le 13 de Tevet 5770 (30 décembre 2009) par le Tribunal de
Justice de la communauté Haredim, à Jérusalem la ville sainte.
Les mots du tribunal sont clairs et simples, et l’on espère que tous ceux
qui les entendront et qui peuvent prévenir ces actions le feront.
La home page de l'institut de recherches qui a
réalisé l’enquête "Global Restrictions on Religion"
►The
Pew Forum on Religion & Public Life
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.01.2010 -
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