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19 Avril 2005
 

La Parole de Dieu et l’Europe

 

Le 07 octobre 2008 - (E.S.M.) - Le Saint-Père Benoît XVI, rencontrant au mois de septembre dernier le monde de la culture au Collège des Bernardins, à Paris, concluait ainsi son discours: “Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable”.

S. Em. le Card. Josip BOZANIĆ, Archevêque de Zagreb (CROATIE) - Pour agrandir l'image Cliquer

La Parole de Dieu et l’Europe

RAPPORTS SUR LES CONTINENTS : Pour l’Europe: S. Em. le Card. Josip BOZANIĆ, Archevêque de Zagreb (CROATIE)

Le 07 octobre 2008 -  Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Le Saint-Père Benoît XVI, rencontrant au mois de septembre dernier le monde de la culture au Collège des Bernardins, à Paris, concluait ainsi son discours: “Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable”.

Évoquant le rapport entre la Parole de Dieu et l’Europe, on pourrait prendre en considération chaque époque historique et exposer les influences de la Bible sur les différents aspects culturels, économiques et politiques. Mais ceci n’est pas le but de mon intervention, ni de par sa durée ni de par son contenu. Je pars du principe incontestable qu’il est impossible de dissocier l’Europe du christianisme, surtout dans la mesure où le christianisme est la clef de lecture privilégiée pour comprendre notre continent dans sa totalité.

En effet, si nous considérons l’Europe d’un point de vue géographique, il est difficile de la délimiter, de définir ses frontières, surtout avec l’Est et le Sud-est. Si nous considérons ensuite l’Europe sous l’angle de la politique et des visions qui la sous-tendent, nous nous trouvons face à la même difficulté, parce que l’héritage européen est bien plus vaste que les organisations politiques pour vivre ensemble dans un lieu déterminé.

Il est évident que le processus de christianisation a uni les éléments déterminants du tissu européen, mais la christianisation signifie, simplement, l’annonce de la Parole de Dieu qui peut éclairer les différents aspects de la vie des hommes. Certes, au cours de son évolution historique, l’Europe n’a pas été marquée seulement par le christianisme. Toutefois, on peut affirmer à juste titre que l’Europe est née grâce au christianisme et que l’Église a contribué à la construction de l’Europe, grâce à l’engagement inlassable des annonciateurs du salut du Christ, comme l’attestent de manière exemplaire les saints Patrons Benoît, Cyrille et Méthode. Il est vrai que son histoire ne manque pas de pages sombres, qui semblent aujourd’hui en nette opposition avec la Bonne Nouvelle de l’Évangile; mais, tout en étant liées à la diffusion de la Chrétienté, elles n’en représentent que le revers négatif et douloureux, expression du péché qui habite dans le coeur de l’homme. Nous touchons ici cette partie de l’histoire européenne qui appartient au mysterium iniquitatis.

Il existe un lien indissoluble entre la Bible et l’Europe. Tout ce qui a rendu grande la culture européenne et sa civilisation – l’Europe aux mille cathédrales, l’Europe gardienne des trésors de l’art, de la littérature et de la musique chrétienne, l’Europe qui a su, par la force impétueuse de la charité chrétienne, exprimer des signes concrets de solidarité et de service aux pauvres – a son point de départ dans la Bible. Des thèmes tels que la dignité de la personne, la reconnaissance des droits de l’homme, la séparation entre l’Église et l’État – pour ne citer que quelques exemples - trouvent leur source dans la Bible. La justice sociale, le droit, la critique de tout type d’idolâtrie, le rejet des fausses images de Dieu, ont leur fondement dans la Bible. La Bible unit l’Orient et l’Occident, le Nord et le Sud du continent et les différentes Églises et communautés chrétiennes.

2. Il peut être utile de lire le rapport entre la Parole de Dieu et l’Europe en se basant sur le plan de l’Instrument de travail, dont la structure est tripartite: Le mystère de Dieu qui nous parle - La Parole de Dieu dans la vie de l’Église - La Parole de Dieu dans la mission de l’Église. Cette articulation thématique offre des contenus et des méthodes en vue d’un itinéraire qui, appliqué à la réalité européenne, peut certainement favoriser une prise de conscience renouvelée de la centralité de la Parole dans la vie de nos communautés. J’essayerai de suivre un parcours en trois étapes: révélation - interprétation - célébration, toutes centrées sur la pratique de la Lectio divina.

La Parole de Dieu révélée nous manifeste Dieu qui vient à la rencontre de l’homme, lui offrant la possibilité de Le découvrir et de Le connaître dans le mystère de sa propre vie. Le Dieu de l’alliance, le Dieu de Jésus Christ et du mystère pascal qui accomplit les promesses de l’Ancien Testament – dans le sillon de l’héritage spirituel judaïque – a été annoncé sur le sol européen d’abord aux peuples grecs et romains, dans des circonstances qui ont souvent requis le témoignage du martyre. La révélation a impliqué nécessairement la prise de distance et le dépassement des normes en vigueur dans la vie de la société en question, et toutefois, cette “révolution” et cette “reculturation” ont eu lieu en s’adaptant à l’intelligibilité et au langage de l’époque.

À des époques ultérieures aussi, l’action missionnaire – puisant d’une Révélation dont elle était porteuse – a eu pour conséquence, et non point pour but premier, l’inculturation, en offrant à la Parole de Dieu, interprétée par le biais de la Tradition et du Magistère de l’Église, la possibilité de donner une nouvelle forme à la vie des hommes. Ce processus s’est répété dans le contact de la culture romaine avec la culture franco-germanique, avec les peuples slaves et les autres peuples peu à peu évangélisés. Cette dynamique a imprégné la formation de la conscience européenne au Moyen-Âge, même si les conditions extérieures n’étaient pas les mêmes. L’interprétation a progressé certainement au cours de chaque époque – comment ne pas rappeler la saison féconde de la Patristique – mais c’est au deuxième millénaire, et surtout avec la Réforme, qu’ont eu lieu les tournants importants, mais qui parfois ont abouti, hélas, à des divergences d’approche. Tout cela a conduit à des conflits, mais l’interprétation – compagne indispensable de l’évangélisation et fruit de l’Esprit oeuvrant dans l’Église et dans le coeur des croyants – a permis de se détacher d’une manière féconde de ces fractures, et d’en éviter de nouvelles. La théologie européenne et la pastorale dans leurs visions herméneutiques en ont tirées un enrichissement réciproque. Il est donc nécessaire, aujourd’hui plus que jamais, de promouvoir la connaissance de la Bible pour éviter aussi le danger de nouvelles lectures “fondamentalistes” et de dérives idéologiques.

La Révélation n’est donc pas quelque chose de statique, pas plus qu’elle n’est séparée chronologiquement d’autres processus: la révélation est donc toujours accompagnée par l’interprétation qui est mise en oeuvre, à la fin, dans la célébration. C’est toujours Dieu qui nous parle, il s’agit de la découverte de la vérité sur l’homme et sur le monde, qui devient Parole vécue et célébrée et donne à la mission et à l’action de l’Église leur raison d’être.

3. Aujourd’hui en Europe, on perçoit les signes d’un intérêt renouvelé pour la Bible. Il est donc nécessaire de repartir de Dieu et de l’événement de sa Révélation et, en même temps, avoir le courage de proposer une Lectio divina nouvelle et plus mûre. En parlant de Lectio divina, je ne pense pas seulement à la fréquentation du texte sacré, qui demeure toujours la référence fondamentale pour le discernement ecclésial. Je ne pense pas non plus à la lecture limitée à l’espace restreint de la subjectivité. Je pense plutôt à l’accueil de Dieu qui agit continuellement dans l’histoire, en découvrant sa présence dans tout événement. Ceci permettra de “lire” la vie de l’Église en Europe comme lieu dans lequel Il se révèle. C’est ainsi que la Lectio divina, comme lecture dans l’Esprit, devient une expérience divine et humaine, dont le sujet est Dieu Lui-même à l’oeuvre dans le corps ecclésial.

Dans une telle perspective, une question se pose: comment interpréter les divergences d’opinion au sein de l’Église, les conflits entre les peuples; et comment aborder la question de la marginalisation culturelle du christianisme, de la recherche de liberté en dehors de la présence de Dieu. Or, si le christianisme est le principe fondateur qui embrasse et unifie l’Europe, nous devrons reconnaître l’action de Dieu qui se révèle aussi bien dans nos égarements, dans nos discordes et nos conflits que dans la communion, dans le respect et dans l’altruisme. Aussi sommes-nous sollicités à un christianisme qui ne se laisse pas impliquer dans le jeu de la politique et de l’économie, jusqu’à en devenir méconnaissable. Les chrétiens en Europe devraient assumer leur responsabilité et faire en sorte qu’il n’y ait pas une lecture exclusivement politique et économique des événements . Ne pas assumer la méthode qui nous est offerte par la Lectio divina – et au travers de laquelle nous laissons que “Dieu nous lise” – a des conséquences directes tant sur la célébration de Dieu, mystère révélé et donné, que sur la mission de l’Église. En effet, dans la conception chrétienne, la célébration est toujours l’actualisation de l’événement du Dieu qui s’est révélé en Jésus Christ, la capacité de se faire présent de nouveau ici et maintenant dans l’histoire des hommes (représentation). La Célébration devient en cela Lectio divina dans le sens le plus profond du terme. Et c’est dans l’Église qui célèbre le Seigneur ressuscité que la Parole de Dieu se fait chair, devenant instrument du salut pour tous les hommes.

4. L’Europe vit sa crise d’identité à chacun des trois niveaux considérés. Il semble qu’elle veuille fuir le Dieu révélé et soit en train de chercher la source de son identité en se refermant dans l’humanum, concept intentionnellement vague. Quand l’homme n’écoute pas ce que Dieu dit, il commence immanquablement à parler à sa place mais, au fond de ce discours, c’est la peur qui se cache. L’Europe sans Dieu risque de devenir un nid de préoccupations et de construire une civilisation de la peur. La Parole de Dieu rend l’espérance et la joie.
L’Europe, en outre, entre en crise quand elle n’accepte pas la force interprétante de la Parole de Dieu qui trouve dans la foi et dans l’inspiration son fondement ultime. C’est une mission ardue pour toutes les disciplines scientifiques et spécialement pour la théologie. L’Europe se vante, avec juste raison, du développement de sa propre pensée théologique, mais il faut un effort supplémentaire pour une confrontation plus profitable avec les nouvelles interprétations et les nouvelles recherches scientifiques qui sont souvent volontairement séparées des paradigmes herméneutiques de la vérité chrétienne. Le refus de la Parole de Dieu comme instance interprétative conduit l’Europe vers la culture du découragement et de l’insécurité.

En effet, une culture qui rompt avec la célébration chrétienne, c’est-à-dire avec la célébration du Mystère de la bonté de Dieu et du salut réalisé dans le Christ, risque sa propre joie et pousse l’Europe dans la civilisation de l’affliction et de la tristesse, qui sent le poids de la vieillesse et de la mort. La Parole de Dieu rend à l’homme européen la capacité de célébrer la vie. Là où on célèbre les mystères chrétiens, l’Église est jeune, et ceci garantit également la jeunesse de l’Europe.

5. La Lectio divina ne constitue pas seulement la force intérieure en vue d’une nouvelle inspiration à l’apostolat, mais est également le fondement du mouvement oecuménique et du dialogue interreligieux. Elle est la voie pour comprendre la Parole de Dieu pour laquelle est nécessaire la transcendance. Elle est aussi le lieu de la liberté dans laquelle la réponse humaine est recherchée. En sa dynamique humaine et divine, la Lectio divina présente donc une force transfigurante. On peut même affirmer que le Christ lui-même est Divina Lectio. Être chrétiens, être christoformes, vivre le christianisme, signifie “être Lectio divina”. C’est pourquoi l’invitation à pratiquer la Lectio divina demeure pressante, tout comme la lecture priée et méditée de la Parole de Dieu. Il est nécessaire de partir de l’Écriture Sainte, même dans les actions pastorales les plus ordinaires, parce que c’est en elle que demeure la force de la métaphoricité (de la signification au-delà du texte) et de la transfiguration (de l’expérience du don, expérience au-delà de l’autosuffisance). Seulement alors, on peut arriver à dire avec saint Paul: “Pour moi, vivre c’est le Christ”.

Cette année, nous aurons la possibilité de revenir souvent sur la vie et sur les écrits de saint Paul. L’Apôtre des Nations interprète sa mission comme un “appel”, comme un don de Grâce et jamais comme une initiative autonome. Saint Paul pose les fondements pour que la spiritualité chrétienne ne soit pas seulement une spiritualité de l’imitation, mais aussi une spiritualité de la conformation. Au sein de la première, l’acteur principal est le moi, la norme est la loi et la vertu de fonds est l’effort constant de l’individu. Dans la spiritualité de la conformation, en revanche, le sujet est l’Esprit Saint qui façonne le Christ dans le croyant; la norme est la reconnaissance de la Grâce qui la précède toujours; la vertu de fonds est la disponibilité à laisser que le Christ prenne forme dans notre propre expérience de vie.

6. Puisque je viens de Zagreb, de Croatie, où nous avons célébré au cours de ces derniers jours les dix ans de la béatification du Cardinal Alojzije Stepinac, je désire ajouter encore une réflexion Le concernant. Le Secrétaire d’État, Son Éminence le Cardinal Tarcisio Bertone a illustré, dans l’homélie, un parallélisme particulièrement suggestif entre saint Paul et le Bienheureux Alojzije Stepinac. Il a tout d’abord parlé de leur rencontre avec le Christ Ressuscité et a ensuite souligné: “Ce qui nous frappe tant aussi bien chez l’Apôtre Paul que chez le Cardinal Stepinac, c’est que, alors que ceux qui les persécutaient étaient esclaves d’idéologies mensongères et violentes, eux-mêmes demeuraient intimement libres, bien qu’extérieurement privés de leur liberté: libres d’encourager et de guider les amis, sereins dans leur soutien aux frères dans la foi, prêts à pardonner et à prier pour leurs ennemis et pour ceux qui leur faisaient du mal”.

Nous qui provenons de cette partie d’Europe qui a été dominée par différents régimes dictatoriaux, dont le dernier a été le communisme, nous avons compris que les pasteurs et les fidèles ont pu résister face aux cruautés et aux horreurs des idéologies seulement en faisant confiance à la Parole de Dieu.

Comblés de l’Esprit Saint puisé dans les Écritures Saintes, de nombreux catholiques et chrétiens européens du vingtième siècle ont pu discerner entre le bien et le mal, ont pu résister au défi des totalitarismes, en révélant la perfidie et la déviation satanique de ces derniers. L’Écriture Sainte leur a permis de découvrir non seulement les faiblesses des autres et les leurs propres, mais d’abord et avant tout l’espérance qui jaillit de cette même Parole de Dieu. L’espérance dans la vie qui est plus forte que la mort et la destruction, l’espérance dans le sens qui est plus fort que le non sens, l’espérance dans le soin de Dieu en faveur des opprimés et des pauvres, envers ceux qui se trouvent aux marges de la société, l’espérance qui les a poussés à construire un monde meilleur et plus juste.

Refaire siens la mémoire et l’héritage chrétiens – en tirant profit des générations passées – cela signifie donc, pour nous en tant qu’européens, revenir aux racines de notre identité historique en puisant à la source vive de la Parole de Dieu. Comme européens, la profession de foi, nourrie par l’écoute de la Parole et par l’expérience ecclésiale, doit se proposer comme témoignage qui provoque tout un chacun, croyants et non croyants – pour reprendre le souhait avec lequel Jean-Paul II concluait l’Exhortation Apostolique Ecclesia in Europa – “ tracer des chemins toujours nouveaux qui ouvrent sur l’ “Europe de l’Esprit”, pour en faire une véritable “maison commune” où l’on trouve la joie de vivre” (Ecclesia in Europa, 121).

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Sources : www.vatican.va -  (E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M. sur Google actualité)  07.10.2008 - T/SE

 

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