Homélie de Benoît XVI, Visite
dans la paroisse de la «Sainte Face» de Jésus à la Magliana |
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Le 07 avril 2009 -
(E.S.M.)
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Dans la matinée du 29 mars 2009,Ve dimanche de Carême, le Pape Benoît XVI
s'est rendu en visite pastorale dans la paroisse romaine de la "Sainte Face"
de Jésus à la Magliana. Homélie du Saint-Père :
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Le pape Benoît XVI dans
la paroisse de la «Sainte Face» de Jésus à la Magliana-
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Homélie de Benoît XVI, Visite
dans la paroisse de la «Sainte Face» de Jésus à la Magliana
Visite dans la paroisse romaine de la «Sainte Face» de Jésus à la Magliana :
En ce temps de crise aller à la rencontre des pauvres
Le 07 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Dans la matinée du 29 mars 2009, Ve dimanche de Carême, le Pape Benoît XVI
s'est rendu en visite pastorale dans la paroisse romaine de la "Sainte Face"
de Jésus à la Magliana. Nous publions ci-dessous l'homélie prononcée au
cours de la Messe par le Saint-Père:
Chers frères et soeurs,
Dans la page évangélique de ce jour, saint Jean rapporte un épisode survenu
lors de la dernière étape de la vie publique du Christ, à l'approche
désormais imminente de la Pâque juive, qui sera sa Pâque de mort et de
résurrection. Tandis qu'il se trouvait à Jérusalem - rapporte l'évangéliste
-, certains grecs, adeptes du judaïsme, curieux et attirés par ce qu'Il
réalisait, s'approchèrent de Philippe, l'un des Douze qui avait un nom grec
et provenait de Galilée. "Seigneur - lui dirent-ils -, nous voulons voir
Jésus". Philippe appela à son tour André, l'un des premiers apôtres très
proches du Seigneur, portant lui aussi un nom grec, et tous deux "viennent
le dire à Jésus" (cf. Jn 12, 20-21).
Dans la requête de ces Grecs anonymes, nous pouvons lire la soif qui existe
dans le cœur de chaque homme de voir et de connaître le Christ; et la
réponse de Jésus nous oriente vers le mystère de la Pâque, manifestation
glorieuse de sa mission salvifique. "Voici venue l'heure - déclare-t-il -
où
doit être glorifié le Fils de l'homme" (Jn 12, 23). Oui! L'heure de la
glorification du Fils de l'homme va arriver, mais cela comportera le passage
douloureux à travers la passion et la mort sur la croix. Ce n'est qu'ainsi,
en effet, que se réalisera le plan divin du salut qui est pour tous, juifs
et païens. En effet, tous sont invités à faire partie de l'unique peuple de
l'alliance nouvelle et définitive. Dans cette lumière, nous comprenons
également la proclamation souveraine par laquelle se conclut le passage
évangélique: "Et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à
moi" (Jn 12, 32), ainsi que le commentaire de l'Evangéliste:
"Il signifiait
par là de quelle mort il allait mourir" (Jn 12, 33). La croix: l'élévation
de l'amour est l'élévation de Jésus et de ce sommet, Il attire tous.
La liturgie nous fait méditer de façon très opportune ce texte de l'Evangile
de Jean en ce cinquième dimanche de Carême, tandis que s'approchent les
jours de la Passion du Seigneur, au cours de laquelle nous nous plongerons
spirituellement à partir de dimanche prochain, appelé précisément dimanche
des Rameaux et de la Passion du Seigneur. C'est comme si l'Eglise nous
encourageait à partager l'état d'âme de Jésus, en voulant nous préparer à
revivre le mystère de sa crucifixion, de sa mort et de sa résurrection non
pas comme des spectateurs étrangers, mais en y ayant un rôle avec Lui, en
participant à son mystère de croix et de résurrection. En effet, là où est
le Christ, doivent se trouver également ses disciples, qui sont appelés à le
suivre, à être solidaires avec lui au moment du combat, pour participer à sa
victoire.
Le Seigneur lui-même nous explique en quoi consiste notre association à sa
mission. En parlant de sa mort prochaine et glorieuse, il utilise une image
à la fois simple et suggestive: "Si le grain de blé tombé en terre ne meurt
pas, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit" (Jn 12,
24). Il se compare à un "grain de blé ouvert, pour porter à tous beaucoup de
fruit", selon une expression efficace de saint Athanase; et ce n'est qu'à
travers la mort, la croix, que le Christ apporte beaucoup de fruit pour tous
les siècles. En effet, il ne suffisait pas que le Fils de Dieu se soit
incarné. Pour accomplir le plan divin du salut universel, il fallait qu'Il
soit tué et mis au tombeau: ce n'est qu'ainsi que toute la réalité humaine
aurait été acceptée et, à travers sa mort et sa résurrection, que se serait
manifesté le triomphe de la Vie, le triomphe de l'Amour; que se serait
révélé que l'amour est plus fort que la mort.
Toutefois, l'homme Jésus - qui était un vrai homme avec les mêmes sentiments
que les nôtres - ressentait le poids de l'épreuve et la tristesse amère de
la fin tragique qui l'attendait. Précisément parce qu'Il était Homme-Dieu,
il ressentait encore plus la terreur face à l'abîme du péché humain et de
tout ce qu'il y a de sale dans l'humanité, qu'Il devait porter avec lui et
consumer dans le feu de son amour. Tout cela, il devait le porter avec lui
et le transformer dans son amour. "Maintenant - confesse-t-il - mon âme est
troublée. Et que dire? Père, sauve-moi de cette heure!"
(Jn 12, 27). On a
alors la tentation de dire: "Sauve-moi, ne permets pas la croix, donne-moi
la vie!". Nous percevons dans son invocation suppliante une anticipation de
la prière bouleversante du Gethsémani, lorsque, faisant l'expérience du
drame de la solitude et de la peur, il implorera le Père d'éloigner de Lui
la coupe de la passion. Toutefois, dans le même temps, son adhésion filiale
au dessein divin ne faiblit pas, car précisément pour cela, il sait que son
heure est arrivée, et il prie avec confiance: "Père, glorifie ton nom" (Jn
12, 28). A travers ces paroles, il veut dire: "J'accepte la croix" - dans
laquelle se glorifie le nom de Dieu, c'est-à-dire la grandeur de son amour.
Ici aussi, Jésus anticipe les paroles du Mont des Oliviers: "Que ne soit pas
faite ma volonté, mais la tienne". Il transforme sa volonté humaine et
l'identifie avec celle de Dieu. Tel est le grand événement du Mont des
Oliviers, le parcours qui devrait se réaliser fondamentalement dans chacune
de nos prières: transformer, laisser la grâce transformer notre volonté
égoïste et l'ouvrir à se conformer à la volonté divine. Les mêmes sentiments
apparaissent dans le passage de la Lettre aux Hébreux proclamé dans la
seconde lecture. Prostré par une angoisse extrême en raison de la mort
imminente, Jésus offre à Dieu des prières et des suppliques "avec une
violente clameur et des larmes" (He 5, 7). Il invoque l'aide de Celui qui
peut le libérer, en s'abandonnant cependant toujours aux mains du Père. Et
précisément grâce à sa confiance filiale à l'égard de Dieu - note l'auteur -
il est exaucé, dans le sens où il est ressuscité, il a reçu la vie nouvelle
et définitive. La Lettre aux Hébreux nous fait comprendre que ces prières
insistantes de Jésus, avec des larmes et des cris, étaient le véritable acte
du prêtre suprême, par lequel il s'offrait lui-même ainsi que l'humanité au
Père, transformant ainsi le monde.
Chers frères et sœurs, tel est le chemin exigeant de la croix que Jésus
indique à tous ses disciples. A plusieurs reprises, il a dit: "Si quelqu'un
veut me servir, qu'il me suive". Il n'existe pas d'alternative pour le
chrétien qui veut réaliser sa propre vocation. C'est la "loi" de la Croix
décrite à travers l'image du grain de blé qui meurt pour germer et apporter
la vie nouvelle; c'est la "logique" de la Croix rappelée également dans
l'Evangile d'aujourd'hui: "Qui aime sa vie la perd; et qui hait sa vie en ce
monde la conservera en vie éternelle". "Haïr" sa vie est une expression
sémitique forte et paradoxale, qui souligne bien le caractère radical et
total qui doit distinguer celui qui suit le Christ et se place, par son
amour, au service de ses frères: il perd sa vie et ainsi, il la trouve. Il
n'existe pas d'autre voie pour ressentir la joie et la véritable fécondité
de l'Amour: la voie du don de soi, du sacrifice de soi, de se perdre pour se
trouver.
Chers amis, l'invitation de Jésus résonne de façon particulièrement
éloquente dans la célébration d'aujourd'hui dans votre paroisse. Celle-ci
est en effet consacrée à la Sainte Face de Jésus: ce Visage que "quelques
Grecs", dont parle l'Evangile, désiraient voir; ce Visage que, dans les
prochains jours de la Passion, ils contempleront défiguré à cause des
péchés, de l'indifférence et de l'ingratitude des hommes; ce Visage radieux
de lumière et fulgurant de gloire, qui brillera à l'aube du jour de Pâques.
Conservons le cœur et l'esprit fixés sur le Visage du Christ, chers
fidèles, que je salue avec affection, à commencer par votre curé, dom Luigi Coluzzi, auquel je suis reconnaissant de s'être fait l'interprète de vos
sentiments. Merci pour votre accueil cordial: je suis véritablement heureux
de me trouver parmi vous à l'occasion du troisième anniversaire de la
dédicace de votre église et je vous salue tous avec affection. J'adresse un
salut particulier au cardinal-vicaire, ainsi qu'au cardinal Fiorenzo
Angelini, qui a contribué à la réalisation de ce nouveau complexe
paroissial, à l'évêque auxiliaire du secteur, à Mgr Marcello Costalunga et
aux autres prélats ici présents, aux prêtres collaborateurs paroissiaux, aux
religieuses de grand mérite de la Congrégations des Filles pauvres de la
Visitation, qui, précisément devant cette belle église, prennent soin des
pensionnaires dans leur maison de repos pour personnes âgées. Je salue les
catéchistes, le conseil et les agents de la pastorale, ainsi que tous ceux
qui collaborent à la vie de la paroisse; je salue les enfants, les jeunes et
les familles. J'étends avec plaisir ma pensée aux habitants de la Magliana,
en particulier aux personnes âgées, aux malades, aux personnes seules et en
difficulté. Je prie pour tous et pour chacun à l'occasion de cette Messe.
Chers frères et sœurs, laissez-vous illuminer par la splendeur du Visage du
Christ, et votre jeune communauté - qui bénéficie à présent d'un nouveau
complexe paroissial, à la structure moderne et fonctionnelle - avancera
unie, rassemblée par l'engagement d'annoncer et de témoigner de l'Evangile
dans ce quartier. Je sais quelle attention vous apportez à la formation
liturgique, en valorisant chaque ressource de votre communauté: les
lecteurs, le chœur et tous ceux qui se consacrent à l'animation des
célébrations. Il est important que la prière, personnelle et liturgique,
occupe toujours la première place dans notre vie. Je sais avec quel
engagement vous vous consacrez à la catéchèse, afin qu'elle réponde aux
attentes des jeunes, aussi bien de ceux qui s'apprêtent à recevoir les
sacrements de la première Communion et de la Confirmation, que de ceux qui
fréquentent l'aumônerie. Vous vous préoccupez également d'assurer une
catéchèse adaptée aux parents, que vous invitez à accomplir un parcours de
formation chrétienne avec leurs enfants. Vous voulez ainsi aider les
familles à vivre ensemble les rendez-vous sacramentels en éduquant et en
s'éduquant à la foi "en famille", qui doit être la première "école",
l'"école" naturelle de vie chrétienne pour tous ses membres. Je me réjouis
avec vous, car votre paroisse est ouverte et accueillante, animée et rendue
vivante par un amour sincère pour Dieu et pour tous vos frères, à l'image de
saint Maximilien Marie Kolbe, auquel elle était dédiée à l'origine. A
Auschwitz, il se sacrifia avec un courage héroïque pour sauver la vie des
autres. A notre époque, marquée par une crise sociale et économique
générale, l'effort que vous accomplissez est très louable, notamment à
travers la Caritas paroissiale et le groupe de Sant'Egidio, pour aller à la
rencontre, dans la mesure du possible, des attentes des plus pauvres et des
plus indigents.
Je voudrais adresser un encouragement spécial à vous, chers jeunes:
laissez-vous gagner par le charme du Christ! En posant votre regard, avec
les yeux de la foi, sur son Visage, demandez-lui: "Jésus, que veux-tu que je
fasse pour Toi et avec Toi?". Puis, demeurez à l'écoute et, guidés par son
Esprit, suivez le dessein qu'Il a pour vous. Préparez-vous sérieusement à
construire des familles unies et fidèles à l'Evangile et à être ses témoins
dans la société; et s'Il vous appelle, soyez prêts à consacrer entièrement
votre existence à son service dans l'Eglise comme prêtres ou comme religieux
et religieuses. Je vous assure de ma prière; en particulier, je vous attends
jeudi prochain dans la basilique Saint-Pierre pour nous préparer à la
Journée mondiale de la jeunesse qui, comme vous le savez, sera célébrée
cette année au niveau diocésain, dimanche prochain. Nous rappellerons
ensemble la mémoire de mon cher et vénéré prédécesseur Jean-Paul II, à
l'occasion du quatrième anniversaire de sa mort. Dans de nombreuses
circonstances, il a encouragé les jeunes à rencontrer le Christ et à le
suivre avec enthousiasme et générosité.
Chers frères et sœurs de cette communauté paroissiale, que l'amour infini
du Christ qui brille sur son Visage resplendisse dans chacun de vos
comportements, et devienne votre "quotidien". Comme l'exhortait saint
Augustin dans une homélie pascale, "le Christ a souffert; nous mourons au
péché. Le Christ est ressuscité; nous vivons pour Dieu. Le Christ est passé
de ce monde au Père; que notre coeur ne s'attache pas ici-bas, mais le suive
dans les choses d'en-haut. Notre tête fut pendue au bois; crucifions la
concupiscence de la chair. Il gît dans le sépulcre; ensevelis avec Lui, nous
oublions les choses passées. Il siège au ciel; nous élevons nos désirs vers
les choses suprêmes" (Saint Augustin, Discours 229/D, 1).
Animés par cette conscience, nous poursuivons notre célébration
eucharistique, en invoquant l'intercession maternelle de Marie, afin que
notre existence devienne un reflet de celle du Christ. Nous prions afin que
ceux qui nous rencontrent perçoivent toujours dans nos gestes et dans nos
paroles la bonté pacifiante et réconfortante de son Visage. Amen!
Texte
original de l'homélie du Saint Père
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Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 7 avril 2009)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.04.09 -
T/Homélie |