Motu Proprio de Benoît XVI et le bien commun de
l'Église |
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Le 06 décembre 2007 -
(E.S.M.) - Dans la perspective du bien commun,
c'est-à-dire de la communion de toutes les Églises à laquelle il
préside, Benoît XVI vise la « réconciliation interne au sein de l'Église
».
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Abbaye de
Heiligenkreuz (Autriche) -
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Motu Proprio de Benoît XVI et le bien commun de l'Église
Sans entrer dans le détail d'un passé - qui est aussi un passif - chargé de
vicissitudes, Benoît XVI énonce sobrement que le Missel antérieur à la
réforme liturgique « n'a jamais été juridiquement abrogé, et [.. ] par
conséquent, en principe, est toujours resté autorisé ». Les historiens
analyseront un jour avec intérêt ce phénomène admirable d'une chose qui,
pendant près de quarante ans, était en principe autorisée mais a été en
pratique interdite ! La logique de la concession du missel tridentin (Indult
de 1984) se situait elle-même dans cette perspective positiviste
d'interdiction ou d'autorisation. Cette problématique-là est désormais
dépassée.
Apparemment, dans ce dossier, les évêques perdent la main. Benoît XVI entend
« délivrer les évêques de la nécessité de réévaluer sans cesse » leur
réponse aux demandes émanant de fidèles souhaitant bénéficier de cette
liturgie. Mgr Grallet, archevêque de Strasbourg, écrit pertinemment: « En
dégageant les évêques de la concession des autorisations en la matière, [le
pape] souhaite éviter que la question ne s'envenime au niveau des diocèses,
comme cela s'est déjà passé. » On se souvient que Jean-Paul II demandait aux
évêques de s'associer à sa volonté de « faciliter la communion ecclésiale »
aux fidèles catholiques attachés aux formes liturgiques de la tradition
latine « grâce à des mesures nécessaires pour garantir le respect de leurs
aspirations ». La
Lettre et le
Motu Proprio de Benoît XVI prennent acte du peu de zèle d'un
certain nombre d'évêques de s'associer, au moins sur ce point, à la volonté
du successeur de Pierre ! Benoît XVI propose désormais aux évêques un
nouveau mode d'exercice de leur autorité: ne plus céder aux groupes de
pression que sont trop souvent devenues différentes instances de conseil
mais exaucer le désir des pauvres qui demandent cette liturgie et auxquels
les curés auront opposé une fin de non-recevoir.
En réalité, Benoît XVI confie clairement la forme extraordinaire du rite
romain aux diocèses ! Certains « traditionalistes » eussent souhaité que
l'on déclarât la liturgie tridentine « rite propre » avec les conséquences
ecclésiales et pastorales que cela comporte : ordinariat spécifique,
ministère échappant à la juridiction des évêques résidentiels.
Subtilement, Benoît XVI affirme l'unicité du rite
romain et la dualité de ses formes. Et, pour la célébration de cette
forme, il ne se tourne pas d'abord vers des instituts érigés ad hoc comme à
des sociétés prestataires de services; il s'adresse principalement aux curés
qui accueillent le tout-venant sans sectorisation a priori de leur
sollicitude pastorale. Il s'agit donc précisément - et c'est là le génie de
Benoît XVI - d'une normalisation de cette forme liturgique par sa dévolution
au niveau le plus élémentaire qu'est la paroisse. Le pape évite de ce fait à
cette liturgie d'être marginalisée et aux fidèles qui souhaitent y
participer d'être « ghettoïsés ».
Aux instituts « Ecclesia Dei », le pape demande la cohérence: «
Évidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui
adhèrent à l'usage ancien ne peuvent pas non plus, par principe, exclure la
célébration selon les nouveaux livres. L'exclusion totale du nouveau rite ne
serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté.
» D'une part, la lettre de Benoît XVI situe bel et bien la légitimité de
l'usage du missel traditionnel dans l'acceptation du missel rénové. D'autre
part, qui pourra sans ciller affirmer que l'exclusivité de la forme
extraordinaire ne correspond pas de fait à une mise en cause de la forme
ordinaire, mise en cause qui a posé des problèmes ecclésiologiques - comme
la rupture de communion - qui font partie de « l'état de la question » qui
nous occupe. La réaction de certains traditionalistes à ce passage de la
lettre de Benoît XVI sera sans nul doute éloquente.
À l'opposé de toute approche dialectique, Benoît XVI souhaite un
enrichissement réciproque, une émulation entre les deux formes liturgiques.
Que la nouvelle forme s'inspire de la sacralité de
l'ancienne et que l'ancienne ne se sclérose pas jusqu'à se priver des
apports positifs de la réforme - car la liturgie doit croître
organiquement à la manière d'un corps vivant. On reconnaît là ce que J.
Ratzinger demandait à la mouvance traditionnelle, laquelle dans son
ensemble, hélas, ne l'a pas entendu sur ce point : que l'on tienne compte
des principes essentiels (participation des fidèles, unité de l'action
liturgique, mise en valeur de la Parole de Dieu) de la Constitution
conciliaire sur la liturgie y compris quand on célèbre selon l'ancien
missel. D'un autre côté, Benoît XVI demande aux tenants de la nouvelle forme
de s'en tenir aux prescriptions rituelles, tant la créativité arbitraire en
manière liturgique a été calamiteuse, mettant en avant le célébrant ou
l'assemblée et occultant le Christ, véritable sujet de
la liturgie. À terme, pour le bien de toute l'Église, c'est bien la
fameuse « réforme de la réforme » qui reste l'objectif de Benoît XVI.
Dans la perspective de ce bien commun, c'est-à-dire de la communion de
toutes les Églises à laquelle il préside, Benoît XVI vise la «
réconciliation interne au sein de l'Église ». J. Ratzinger a étudié
attentivement la genèse des schismes. Certains biens ou vérités ont émigré
hors du périmètre visible de l'Église faute d'être suffisamment aimés et
vécus in sinu. Promouvoir à nouveau ces éléments en leur donnant un
espace vital suffisant, c'est résorber le schisme en le rendant superflu à
partir de l'intérieur même de l'Église. À considérer l'histoire des ruptures
dans l'Église, « on a l'impression qu'aux moments critiques où la division
commençait à naître, les responsables de l'Église n'ont pas fait
suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l'unité ».
N'est-ce pas reconnaître le caractère bilatéral des responsabilités dans ces
situations de crise ? Résolument hostile à toute forme d'idéologie - comme
celle consistant à privilégier un dialogue avec ceux qui sont les plus
éloignés des fondamentaux catholiques -, Benoît XVI estime qu'oecuménisme
bien ordonné commence par dissident le plus proche, en l'occurrence la
mouvance de Mgr Lefebvre! Au fond, le pape invite chacun moins à un
élargissement de la forme traditionnelle de célébrer qu'à un élargissement
du cœur.
Abbé Christian Gouyaud I
curé de la paroisse personnelle traditionnelle de la Croix
glorieuse à Strasbourg
L'Abbé Christian Gouyaud : Ordonné en 1984, est l'un des
douze fondateurs de la Fraternité Saint-Pierre.
Le
Motu Proprio
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Le texte officiel et tous les commentaires
Sources: www.vatican.va
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/M.P. |