Motu Proprio de Benoît XVI, ne prenons pas nos
désirs pour des réalités |
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Le 06 septembre 2007 -
(E.S.M.) - Il serait temps que les catholiques
s'unissent derrière le pape et les évêques pour sortir de ces
dialectiques mortifères et cesser de voir l'Église de leur petit point
de vue pour embrasser celui, beaucoup plus large, de Benoît XVI.
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L'Église
n'a pas changé... -
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Motu Proprio de Benoît XVI, ne prenons pas nos désirs pour des réalités
L'Église n'a pas changé...
Éditorial
par Christophe Geffroy
L'Église, cet été, nous a offert
trois documents importants :
la
lettre aux catholiques chinois, le
Motu Proprio Summorum Pontificum, tous deux du pape Benoît XVI, et la
mise au point de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi sur l'Église.
Le premier document n'a guère fait de bruit, car ce qui se passe en Chine
nous semble fort lointain. A tort, car chacun sent bien que la Chine, pays
le plus peuplé de la planète avec un très fort taux de croissance
économique, est appelée à jouer un rôle prépondérant sur la scène
internationale, sans doute même à devenir un jour la première puissance du
monde. Ce développement spectaculaire ne s'obtient pas
sans dégâts : une immense partie de la population est
exploitée de façon éhontée, comme aux pires
moments du capitalisme naissant au XIXe siècle, quand seule une minorité
privilégiée s'enrichit sans scrupule et s'enfonce dans le matérialisme
consumériste venu d'Occident ; le développement se réalise sans aucun souci
de l'environnement (la Chine est l'un des premiers
pollueurs mondiaux) ; le communisme, après avoir amadoué le
capitalisme dont il se sert à merveille, sévit toujours et empêche toute
véritable éclosion des libertés publiques ; la liberté
religieuse n'existe pas et les chrétiens sont
toujours persécutés, malgré l'amélioration de leur situation depuis
trente ans. La Chine est ainsi un formidable terrain
d'évangélisation, le pape Benoît XVI en est conscient.
On sait par
ailleurs que les relations entre Rome et Pékin sont
tendues, le gouvernement chinois jouant sur la
division
entre l'Église « clandestine » et l'Église « officielle » et
soufflant tantôt le chaud, tantôt le froid. La ligne de Benoît XVI est à
l'inverse très claire et sa lettre est un modèle de modération et de
fermeté. Il explique les raisons de la nécessité de l'indépendance de
l'Église à l'égard du pouvoir politique et défend avec vigueur
l'instauration d'une véritable liberté religieuse en Chine.
Sa lettre mérite également d'être lue pour ses
développements ecclésiologiques (structure de l'Église, rôle de l'évêque...)
qui dépassent le cadre de la Chine.
Les deux
autres documents ont eu beaucoup plus d'échos dans les médias français qui
les ont fort mal reçus. Au point qu'ils ont vite fait le lien entre
les deux en y voyant la preuve d'une «glaciation vaticane »
(Le Monde au 11
juillet). C'est triste, car il s'agit là d'une dialectique d'opposition et
de division qui est précisément ce contre quoi le pape Benoît XVI s'élève. Encore
faudrait-il essayer de le comprendre honnêtement. Mais cela nécessiterait de
ne pas prendre ses désirs pour des réalités.
Je m'explique. Depuis trop longtemps, un certain nombre de catholiques,
encouragés par des théologiens d'avant-garde seuls prisés des médias, voire
par quelques évêques, se sont persuadés que la réalité de l'Église était
celle qu'ils ont imaginée conformément à ['«
esprit du concile », lequel « esprit » n'a en vérité rien à voir avec les
textes du concile. Cet esprit est celui d'une rupture radicale entre
l'Église pré-conciliaire, réputée forcément autoritaire, « rigide », «
arrogante », faisant régner un « climat de soupçon », et l'Église
post-conciliaire, « plus proche des hommes d'aujourd'hui et plus ouverte au
dialogue » (Le Monde, ibid.), bref enfin revenue à l'esprit
évangélique après des siècles d'errance. Dans cette vision
manichéenne, l'Église, à Vatican II (ou plutôt selon son « esprit »), aurait
enfin abandonné sa prétention à être seule l'« Église du Christ ».
Le dialogue œcuménique s'envisage alors comme
un moyen d'aller vers ce qui n'existe pas encore, vers la véritable « Église
du Christ » qui refera l'unité de toutes les Églises existantes,
toutes imparfaites. Cette doctrine relativiste
n'a jamais été celle de l'Église catholique, ni celle du Concile ni celle
des derniers papes.
Le texte de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi sur l'Église n'apporte là rien de nouveau, il ne « menace » nullement
le dialogue œcuménique, il s'inscrit totalement dans la continuité de la
doctrine, en montrant précisément que Vatican II n'a
entraîné aucune rupture : « Le concile n'a pas voulu changer et n'a
de fait pas changé la doctrine en question [sur l'Église], mais a bien
plutôt entendu la développer, la formuler de
manière plus adéquate et en approfondir l'intelligence.
»
Bien évidemment, quand il faut quitter l'idée fausse de l'Église
que l'on s'est artificiellement forgée, le retour au réel peut paraître
brutal. Mais le Magistère de l'Église, lui, n'a pas changé et l'on ne peut
lui reprocher un quelconque retour en arrière. Le dialogue œcuménique n'est
évidemment pas remis en cause, mais il ne peut porter des fruits que s'il
s'établit sur des bases claires,
sur la vérité de ce que sont les uns et les autres.
Il en va de même de la question liturgique. L'éditorialiste du Monde
feint de croire qu'il a fallu la pression des évêques, notamment français, «
pour obtenir des garde-fous et sauver l'essentiel de la liturgie moderne ».
Pas moins. C'est bien connu, Benoît XVI voulait sans doute abroger le nouvel
Ordo et peut-être aussi rétablir l'inquisition et le bûcher ? Le
Motu Proprio n'est pas
d'abord une concession faite aux « intégristes » — toujours cette
vilaine dialectique de l'opposition —, il s'inscrit
dans une optique de paix et de réconciliation et, à plus long terme,
de resacralisation de la liturgie. C'est le
bien commun de l'Église qui est
en jeu, non un problème de rapport de force
entre diverses tendances.
Il serait temps que les catholiques
s'unissent derrière le pape et les évêques pour
sortir de ces dialectiques mortifères et cesser de voir l'Église de leur
petit point de vue pour embrasser celui, beaucoup plus large, de Benoît XVI.
Sources:
www.vatican.va
-
La Nef
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.09.2007 - BENOÎT XVI -
T/Motu Proprio - T/Magister - International/Chine |