Motu Proprio : Benoît XVI
n'a fixé aucun seuil minimum de fidèles |
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Rome, le 06 août 2007 -
(E.S.M.) -
Interview du cardinal Darío Castrillón Hoyos. On a là, la
démonstration éclatante des innombrables pseudo-nouvelles qui ont été
racontées sur ce motu proprio de Benoît XVI par des gens qui n’avaient
pas lu les projets ou qui, de manière intéressée, voulaient peser sur
son élaboration.
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Le cardinal Ratzinger
célèbre la sainte messe selon le rite de saint Pie V au séminaire de la
fraternité sacerdotale Saint Pierre, à Wigratzbad, en Bavière, en avril 1990
Motu Proprio : le pape Benoît XVI n'a jamais fixé aucun seuil minimum de
fidèles, ni de trente, ni de vingt, ni de cent, cela n’est jamais apparu
dans aucun projet.
Le
"Motu Proprio Summorum Pontificum" du Saint-Père Benoît XVI
Nova et vetera
Benoît XVI a signé et publié le document qui libéralise l’usage du Missel
Romain édité par le pape Jean XXIII en 1962. Interview du cardinal Darío
Castrillón Hoyos, président de la commission Pontificale «Ecclesia Dei»: «La
première erreur d’interprétation est de dire qu’il s’agit d’un retour au
passé. Il n’en est pas ainsi»
Interview du cardinal Darío Castrillón
Hoyos par Gianni Cardinale
C’est le 7 juillet dernier qu’a enfin été publié le motu proprio Summorum
pontificum de Benoît XVI qui libéralise, dans la pratique, l’usage du Missel
Romain de 1962.
Le document est accompagné d’une Lettre, adressée aux évêques du monde
entier, dans laquelle Benoît XVI réaffirme entre autre qu’il «n’y a aucune
contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum». Et
il rappelle que «L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de
progrès, jamais de rupture», en soulignant que ce qui était sacré pour les
générations antérieures «ne peut à l’improviste se retrouver totalement
interdit, voire considéré comme néfaste».
"30Giorno" a demandé au cardinal Darío Castrillón Hoyos, président de la
Commission Pontificale «Ecclesia Dei» depuis 2000 (ainsi que préfet de la
Congrégation pour le clergé de 1996 à 2006), d’illustrer les contenus les
plus importants du motu proprio Summorum pontificum.
Le cardinal Darío Castrillón Hoyos
Éminence, quel est le sens de ce motu proprio qui
libéralise l’usage du Missel dit de saint Pie V ?
DARÍO CASTRILLÓN HOYOS: Quand ont eu lieu, après le Concile Vatican II, les
changements dans la liturgie, des groupes importants de fidèles et aussi
d’ecclésiastiques se sont sentis mal à l’aise parce qu’ils étaient fortement
liés à la liturgie en vigueur depuis des siècles. Je pense aux prêtres qui
avaient célébré pendant cinquante ans cette messe suivant le rite de saint
Pie V et qui, à l’improviste, se sont trouvés dans l’obligation d’en
célébrer une autre, je pense aux fidèles habitués depuis des générations à
l’ancien rite, je pense aussi aux petits, comme les enfants de chœur, qui se
sont trouvés tout d’un coup dépaysés car ils devaient servir la messe selon
le Novus ordo. Il y a donc eu un malaise à
différents niveaux. Pour certains, celui-ci était même de nature
théologique, car ils estimaient que l’ancien rite exprimait mieux que celui
qui avait été introduit le sens du sacrifice. D’autres, pour des raisons
culturelles aussi, avaient la nostalgie du chant grégorien et des grandes
polyphonies qui étaient une richesse de l’Église latine. Et ce qui aggravait
le tout, c’est que ceux qui éprouvaient ce malaise attribuaient ces
changements au Concile, alors qu’en réalité le Concile en soi n’avait ni
demandé ni prévu les détails de ces changements. La messe que célébraient
les pères conciliaires était la messe de saint Pie V.
Le Concile n’avait pas demandé la création d’un nouveau rite, mais un usage
plus large de la langue vernaculaire et une plus grande participation des
fidèles.
D’accord, c’était le climat qu’on respirait il y a
quarante ans. Mais aujourd’hui, la génération qui avait manifesté ce malaise
n’existe plus. Et il y a plus: le clergé et le peuple se sont habitués au
Novus ordo, et dans leur immense majorité, ils s’en trouvent très bien.
CASTRILLÓN HOYOS: C’est exactement cela: dans leur immense majorité, même si
un grand nombre ignore ce qui a été laissé de côté avec l’abandon de
l’ancien rite. Mais tout le monde ne s’est pas habitué au nouveau rite.
Curieusement, il semble même que fleurisse, dans les nouvelles générations,
parmi les laïcs comme parmi les clercs, un intérêt et une estime envers
l’ancien rite. Et il s’agit de prêtres et de simples fidèles qui n’ont
parfois rien à voir avec les disciples de Mgr Lefebvre. Il y a là, des faits,
des faits de l’Église, auxquels les pasteurs ne peuvent faire la sourde
oreille. C’est pour cela que Benoît XVI, qui est un
grand théologien à la profonde sensibilité liturgique, a décidé de
promulguer le motu proprio.
Mais n’y avait-il pas déjà un indult ?
CASTRILLÓN HOYOS: Si, il y avait déjà un indult, mais Jean Paul II avait
déjà compris que l’indult n’avait pas été suffisant, ne serait-ce que parce
que certains prêtres et certains évêques rechignaient à l’appliquer,
mais surtout parce que les fidèles qui désirent
célébrer avec l’ancien rite ne doivent pas être considérés comme des fidèles
de deuxième catégorie. Il s’agit de fidèles auxquels doit être
reconnu le droit d’assister à une messe qui a nourri le peuple chrétien
pendant des siècles, qui a nourri la sensibilité de saints tels que saint
Philippe Néri, don Bosco, sainte Thérèse de Lisieux, le bienheureux Jean
XXIII et le serviteur de Dieu, Jean Paul II lui-même. Ce dernier, comme je
viens de le dire, avait compris le problème de l’indult et il avait donc
déjà l’intention d’étendre l’usage du Missel de 1962. Je dois dire que dans
les rencontres avec les cardinaux et avec les chefs de dicastères au cours
desquelles on avait parlé de ces mesures, les résistances étaient vraiment
très limitées. Benoît XVI, qui a suivi ce processus depuis le début, a
franchi ce pas important déjà imaginé par son grand prédécesseur, Jean-Paul
II. Il s’agit d’une mesure pétrinienne émise par amour du grand trésor
liturgique qu’est la messe de saint Pie V, et aussi par amour de pasteur
envers un groupe considérable de fidèles.
Et pourtant, les résistances n’ont manqué de la
part d’une partie des représentants de l’épiscopat eux-mêmes...
CASTRILLÓN HOYOS: Des résistances qui dépendent, selon moi, de deux erreurs.
La première erreur d’interprétation est de dire qu’il s’agit d’un retour au
passé. Il n’en est pas ainsi. Ne serait-ce que parce qu’on ne retire rien au
Novus ordo, qui reste le mode ordinaire de célébrer l’unique rite
romain; tandis que la liberté de célébrer la messe de saint Pie V est donnée
à ceux qui le veulent comme forme extraordinaire.
Il s’agit de la première erreur de ceux qui se sont
opposés au motu proprio. Et la seconde ?
CASTRILLÓN HOYOS: Qu’il s’agisse de diminuer le pouvoir épiscopal. Mais il
n’en est pas ainsi. Le Pape Benoît XVI n’a pas changé le Code de droit
canonique. L’évêque est toujours le modérateur de la liturgie dans son
propre diocèse. Mais le Siège apostolique a la
compétence d’ordonner la sainte liturgie de l’Église universelle. Or un
évêque doit agir en harmonie avec le Siège apostolique et il doit garantir à
chaque fidèle ses propres droits, y compris celui de pouvoir participer à la
messe de saint Pie V, comme forme extraordinaire du rite.
Et pourtant, il a été affirmé qu’avec ce motu
proprio, Ratzinger «bafoue le Concile» et «fait un affront» à ses
prédécesseurs Paul VI et Jean Paul II...
CASTRILLÓN HOYOS: Benoît XVI suit le Concile, qui n’a pas aboli la messe de
saint Pie V ni n’a demandé de le faire. Et il suit le Concile qui a
recommandé d’écouter la voix et les désirs légitimes des fidèles laïcs. Ceux
qui affirment ces choses devraient lire les milliers de lettres qui sont
arrivées à Rome pour demander la liberté de pouvoir assister à la messe à
laquelle ils se sentent tellement liés. Et le Pape ne s’oppose pas à ses
prédécesseurs qui sont abondamment cités dans le motu proprio comme dans
la Lettre autographe du pape Benoît XVI qui en accompagne la
publication. Dans certains cas, Paul VI a immédiatement concédé la
possibilité de célébrer la messe de saint Pie V. Comme je l’ai dit, Jean
Paul II voulait préparer un motu proprio semblable à celui qui a été publié
aujourd’hui.
On a aussi évoqué le risque qu’une petite minorité
de fidèles puisse imposer la messe de saint Pie V à la paroisse...
CASTRILLÓN HOYOS: Ceux qui ont dit cela n’ont évidemment pas lu le motu
proprio. Il est clair qu’aucun curé ne sera obligé à célébrer la messe de
saint Pie V. Mais si un groupe de fidèles, ayant un prêtre disposé à le
faire, demande à célébrer cette messe, le curé ou le recteur de l’église ne
pourront pas s’y opposer. Évidemment, s’il y a des difficultés, il reviendra
à l’évêque de faire en sorte que tout se passe sous le signe du respect et,
dirais-je, du bon sens, en harmonie avec le Pasteur universel.
Mais ne court-on pas le risque qu’avec
l’introduction de deux formes, l’une ordinaire, l’autre extraordinaire,
puisse naître une confusion liturgique dans le rite latin, dans les
paroisses et dans les diocèses ?
CASTRILLÓN HOYOS: Si les choses sont faites conformément au simple bon sens,
on ne court pas ce risque. D’autre part, il y a déjà des diocèses dans
lesquels on célèbre des messes dans différents rites, car il s’y trouve des
communautés de fidèles latins, gréco-catholiques ukrainiens ou ruthènes,
maronites, melchites, syro-catholiques, chaldéens, etc. Je pense par exemple
à certains diocèses aux États-Unis, comme Pittsburgh, qui vivent cette
variété liturgique légitime comme une richesse, et non pas comme une
tragédie. Et puis il existe aussi de simples paroisses qui accueillent des
rites différents du latin, même de communautés orthodoxes ou
préchalcédoniennes, sans que cela crée de scandale. Je ne vois donc pas de
danger de confusion. À condition, je le répète, que
tout se déroule dans l’ordre et dans le respect réciproque.
Il y a aussi des gens qui pensent que ce motu
proprio porte atteinte à l’unicité du rite qui aurait été voulu par les
Pères conciliaires...
CASTRILLÓN HOYOS: Étant admis que le rite latin reste unique, quoiqu’on
puisse le célébrer sous deux formes, je me permets de rappeler qu’il n’y a
jamais eu, dans l’Église latine, un seul rite pour tous. Aujourd’hui, par
exemple, il y a tous les rites des Églises orientales en communion avec
Rome. Et même dans le rite latin, il y a d’autres rites que le rite romain,
comme le rite ambrosien ou le rite mozarabique. La messe de saint Pie V
elle-même, lorsqu’elle a été approuvée, n’a pas annulé tous les rites
précédents, mais seulement ceux qui ne pouvaient pas se prévaloir d’au moins
deux siècles d’ancienneté...
Et la messe de saint Pie V a-t-elle jamais été
abolie par le Novus ordo ?
CASTRILLÓN HOYOS: Le Concile Vatican II ne l’a jamais
fait, et il n’y a jamais eu par la suite aucun acte positif qui l’ait
établi. La messe de saint Pie V n’a donc jamais été formellement abolie. Il
est de toute façon étonnant que ceux qui s’érigent en interprètes
authentiques de Vatican II en donnent, dans le domaine liturgique, une
interprétation aussi restrictive et aussi peu respectueuse de la liberté des
fidèles, en finissant par faire sembler ce Concile encore plus coercitif que
le Concile de Trente.
Le motu proprio n’établit pas de nombre minimum de
fidèles nécessaire pour demander de pouvoir célébrer la messe de saint Pie
V. Et pourtant, le bruit avait couru qu’il était question d’un seuil minimum
de trente fidèles...
CASTRILLÓN HOYOS: On a là la démonstration éclatante
des innombrables pseudo-nouvelles qui ont été racontées sur ce motu proprio
par des gens qui n’avaient pas lu les projets ou qui, de manière intéressée,
voulaient peser sur son élaboration. J’ai suivi tout le parcours qui a mené
à la rédaction finale et, autant que je me souvienne,
aucun seuil minimum de fidèles,
ni de trente, ni de vingt, ni de cent, n’est jamais apparu dans aucun projet.
Pourquoi ce choix de présenter le texte du motu proprio en avant-première,
le 27 juin, à quelques ecclésiastiques ?
CASTRILLÓN HOYOS: Le Pape Benoît XVI ne pouvait pas appeler tous les évêques
du monde, alors il a convoqué quelques prélats, particulièrement intéressés
à la question pour différentes raisons et représentatifs de tous les
continents. C’est à eux qu’il a présenté le texte en leur offrant la
possibilité de faire des observations. Tous les participants ont eu la
possibilité de parler.
À la lumière de cette rencontre, y a-t-il eu des
variations par apport au texte initial du motu proprio ?
CASTRILLÓN HOYOS: De petites variations lexicales ont été demandées et
introduites, rien de plus.
Quelles perspectives ce motu proprio peut-il ouvrir
pour les disciples de Mgr Lefebvre ?
CASTRILLÓN HOYOS: Ces derniers ont toujours demandé que chaque prêtre puisse
célébrer la messe de saint Pie V. Désormais cette faculté est reconnue
officiellement et formellement. D’autre part, le Pape réaffirme que la messe
que nous officions tous les jours, celle du Novus ordo, reste la
modalité ordinaire de célébrer l’unique rite romain. Donc on ne peut nier la
valeur, et encore moins la validité du Novus ordo. Ceci doit être
clair.
Le motu proprio augmentera-t-il la responsabilité d’«Ecclesia Dei»?
CASTRILLÓN HOYOS: Cette Commission a été fondée pour réunir les laïcs et les
ecclésiastiques qui ont abandonné le mouvement de Mgr Lefebvre après les
consécrations épiscopales illégitimes. Et de fait, elle a aussi travaillé
par la suite pour un dialogue avec la Fraternité de saint Pie X elle-même
dans la perspective d’une pleine communion. Aujourd’hui, le motu proprio
s’adresse à tous les fidèles liés à la messe de saint Pie V, et pas
seulement à ceux qui proviennent de la mouvance de Mgr Lefebvre. Ceci
présuppose donc, évidemment, un travail beaucoup plus important de notre
part.
Le Motu Proprio
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Le texte officiel et tous les commentaires (Table)
Texte intégral du Motu
Proprio: ►
Publication du "Motu Proprio Summorum Pontificum"
Motu Proprio Summorum Pontificum
(doc word)
Lettre explicative: ►
Lettre du pape Benoît XVI aux évêques
Lettre du pape Benoit XVI accompagnant le motu
proprio
(doc word)
Le Missel Romain (latin) en format PDF :
missale-romanum
Sources:
30giorno.it
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.08.2007 - BENOÎT XVI -
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