Benoît XVI ouvre le congrès du diocèse de Rome
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CITE DU VATICAN, 6 JUIN 2006. Hier après-midi en la basilique du Latran, cathédrale de Rome, Benoît XVI a ouvert le congrès diocésain intitulé: "La joie de la foi et l'éducation des nouvelles générations" (5-8 juin).
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Benoît XVI: Il est fondamental d'éduquer à la foi.
Texte intégral
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Dans la soirée du 5 juin en la basilique du Latran, cathédrale de Rome, Benoît XVI a ouvert le congrès diocésain intitulé: "La joie de la foi et l'éducation des nouvelles générations" qui se terminera le 8 juin.
Le christianisme n'est pas un obstacle à l'amour rappelle Benoît XVI
Parmi les ennemis de "la bonne nouvelle du christianisme", qui sont "un obstacle" à "le vivre avec joie", se trouvent deux lignes interdépendantes, a estimé le pape: l'agnosticisme et le relativisme qui caractérisent la culture sécularisée. Pour lui, l'agnosticisme qui découle de la réduction de l'intelligence humaine à la simple raison calculatrice et fonctionnelle et le relativisme, "ce processus de relativisation et de déracinement qui coupe les liens les plus sacrés et les sentiments les plus dignes de l'homme, rendent la personne fragile et les relations réciproques instables et précaires.
Reprenant le thème de la première partie de son Encyclique
"Deus Caritas Est",
publiée le 24 janvier dernier, Benoît XVI a estimé "qu'au contraire, la foi et l'éthique chrétienne ne veulent pas étouffer, mais assainir, rendre fort et vraiment libre l'amour". C'est "le sens des dix commandements, qui ne sont pas une série de non, mais un grand oui à l'amour et à la vie".
L'évêque de Rome, a demandé aux responsables des jeunes de développer "une véritable pastorale de l'intelligence" qui "prenne au sérieux les interrogations des jeunes"", aussi bien "existentielles" que celles nées de la "culture scientifique".
Synthèse:
Dans sa réflexion, le Pape Benoît XVI a d'abord affirmé
qu'éduquer à la foi les nouvelles générations constitue une mission première et fondamentale,
à laquelle toute la communauté est appelée. "Même si cela peut être particulièrement difficile, c'est plus urgent que jamais".
"La certitude et la joie d'être aimés de Dieu doit être rendue palpable et concrète à chacun, et surtout aux jeunes qui accèdent au monde de la foi".
Puis le pape Benoît XVI a dit combien il est important que les jeunes trouvent une Eglise qui soit comme "une compagnie d'amis à laquelle on puisse se fier, proche de chacun en toute circonstance qui ne vous abandonne pas, pas même dans la mort puisqu'elle porte en elle la promesse de l'éternité".
Adolescents et jeunes, a poursuivi Benoît XVI, "ont besoin d'être libérés d'un préjugé diffus contre le christianisme, selon lequel ses commandements et interdits constituent trop d'obstacles à l'amour joyeux, en empêchant notamment de goûter pleinement de l'échange entre homme et femme. Les dix Commandements ne sont pas une série de non mais un grand oui à l'amour et à la vie. De fait, l'amour humain a besoin d'être purifié, de grandir et d'aller au-delà de soi même afin de devenir réellement humain, et d'être un principe de vie vraie et durable, pour réponse en somme à notre demande d'éternité à laquelle on ne saurait renoncer sans se trahir. C'est donc le motif substantiel pour lequel
l'amour entre l'homme et la femme se réalise pleinement dans le mariage
".
Benoît XVI a ensuite rappelé que la vérité doit être au centre de tout. Dans la foi, a-t-il dit, "nous accueillons et acceptons la Vérité que notre esprit ne peut concevoir pleinement ni posséder. Cela nous permet de toucher au mystère qui nous enveloppe et de retrouver en Dieu le sens complet de notre vie".
La foi, c'est aussi se fier, "se confier à quelqu'un, non à une personne quelconque mais au Christ", qui "emplit notre cour, le dilate et le comble de joie, pousse notre intelligence vers de nouveaux horizons, offre à notre liberté sa référence décisive en la libérant de tout égoïsme et en la rendant capable d'aimer authentiquement".
A propos ensuite du progrès scientifique, le pape Benoît XVI a dit qu'on le propose souvent comme une contradiction aux "affirmations de la foi, ce qui provoque la confusion et rend plus difficile la réception de la vérité chrétienne". Puis il a signalé que "si le dialogue foi raison est conduit avec rigueur et sincérité, il permet de percevoir avec efficacité le caractère rationnel de la foi en Dieu, non dans un Dieu quelconque mais dans le Dieu révélé en Jésus-Christ. Ce dialogue permet aussi de voir que c'est en Jésus- Christ que réside l'accomplissement de toutes les authentiques aspirations de l'homme".
Ayant rappelé qu'en matière d'expérience de foi, "il existe la prière, un espace privilégié de rencontre plus directe avec Dieu", Benoît XVI a demandé au diocèse de Rome et aux consacrés en particulier d'être assidus dans la prière car, "adorer le Christ dans l'Eucharistie, c'est adorer celui qui est notre frère et notre ami fidèle, l'époux de l'Eglise, le Dieu miséricordieux qui nous a aimé dès le début. Il faut que les jeunes soient préparés et prêts à répondre à son appel, s'il les veut totalement pour lui dans le sacerdoce ou la vie consacrée".
"Dans la mesure où nous nourrissons du Christ que nous aimons, nous ressentons le besoins de le faire connaître aux autres. La joie de la foi - a conclu le Pape Benoît XVI - ne peut être conservée à notre seul bénéfice, nous devons la transmettre. C'est tout à fait nécessaire face à l'étrange oubli de Dieu qui touche de grandes parties du monde, et Rome aussi d'une certaines manière".
Texte intégral:
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux d'être à nouveau parmi vous pour introduire à travers ma
réflexion ce nouveau Congrès diocésain, consacré à un thème d'une grande beauté
et d'une importance pastorale fondamentale: la joie qui provient de la foi et
son rapport avec l'éducation des nouvelles générations. Nous reprenons ainsi, et
nous développons de façon plus détaillée, dans une optique qui concerne plus
directement les jeunes, le discours commencé il y a un an, à l'occasion du
précédent Congrès diocésain, au cours duquel nous nous sommes occupés du rôle de
la famille et de la communauté chrétienne dans la formation de la personne et
dans la transmission de la foi. Je salue avec affection chacun de vous, évêques,
prêtres, diacres, religieux et religieuses, laïcs, engagés à témoigner de notre
foi. En particulier, je vous salue, vous les jeunes, qui voulez unir à votre
itinéraire personnel de formation l'engagement d'une responsabilité ecclésiale
et missionnaire à l'égard d'autres enfants et jeunes. Je remercie de tout cœur
le cardinal-vicaire des paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous.
Avec ce Congrès et avec l'année pastorale qui s'inspirera de ses contenus, le
diocèse de Rome poursuit le long itinéraire qu'il a commencé, il y a désormais
dix ans, avec la Mission dans la Ville voulue par mon bien-aimé prédécesseur
Jean-Paul II. L'objectif, en effet, est toujours le même: raviver la foi dans
nos communautés et chercher à la réveiller ou la susciter, chez toutes les
personnes et les familles de cette grande ville, où la foi a été prêchée et où
l'Eglise a été implantée dès la première génération chrétienne, et en
particulier par les Apôtres Pierre et Paul. Au cours des trois dernières années,
votre attention s'est concentrée en particulier sur la famille, pour consolider
à travers la vérité de l'Evangile cette réalité humaine fondamentale, qui fait
aujourd'hui malheureusement l'objet de graves dangers et menaces, et pour
l'aider à remplir sa mission irremplaçable dans l'Eglise et dans la société. En
plaçant à présent au premier plan l'éducation à la foi des nouvelles
générations, nous n'abandonnons certainement pas l'engagement pour la famille, à
laquelle appartient en premier lieu la responsabilité éducative. Nous répondons
au contraire à une préoccupation diffuse dans de nombreuses familles croyantes,
qui, dans le contexte social et culturel d'aujourd'hui, craignent de ne pas
réussir à transmettre le précieux héritage de la foi à leurs enfants.
En réalité, découvrir la beauté et la joie de la foi est un chemin que chaque
nouvelle génération doit parcourir seule, car dans la foi est mis en jeu ce que
nous avons de plus personnel et de plus intime, notre cœur, notre intelligence,
notre liberté, dans un rapport profondément personnel avec le Seigneur qui œuvre
en nous. Mais la foi est, de façon tout aussi radicale, un acte et une attitude
communautaire, elle est le « nous croyons » de l'Eglise. La joie de la foi est
donc une joie qui doit être partagée: comme l'affirme l'Apôtre Jean, « Ce que
nous avons vu et entendu [le Verbe de la vie] nous vous l'annonçons, afin que
vous aussi soyez en communion avec nous [...] Tout ceci nous vous l'écrivons
pour que notre joie soit complète » (1 Jn 1, 3-4). C'est pourquoi éduquer les
nouvelles générations à la foi est un devoir important et fondamental qui touche
la communauté chrétienne tout entière. Chers frères et sœurs, vous touchez du
doigt combien ce devoir est devenu aujourd'hui particulièrement difficile sous
de nombreux aspects, mais précisément pour cette raison encore plus important et
plus que jamais urgent. Il est en effet possible d'identifier deux lignes de
fond de l'actuelle culture sécularisée, clairement interdépendantes, qui
poussent dans une direction opposée à celle de l'annonce chrétienne, et qui ne
peuvent manquer d'avoir une répercussion sur les personnes qui sont en train de
développer leurs propres orientations et choix de vie. L'une de celles-ci est
l'agnosticisme qui jaillit lorsque l'intelligence humaine est réduite à une
simple raison calculatrice et fonctionnelle, et qui tend à étouffer le sens
religieux inscrit au plus profond de notre nature. L'autre est le processus de
relativisme et de déracinement qui corrode les liens les plus sacrés et les
sentiments les plus dignes de l'homme, avec pour résultat de rendre les
personnes fragiles, et nos relations réciproques précaires et instables.
Précisément dans cette situation, nous avons tous besoin, et en particulier nos
enfants, nos adolescents, et nos jeunes ont besoin de vivre la foi comme une
joie, de goûter la profonde sérénité qui naît de la rencontre avec le Seigneur.
J'ai écrit dans l'Encyclique Deus caritas est: « Nous avons cru à l'amour
de Dieu, c'est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa
vie. A l'origine du fait d'être chrétien, il n'y a pas une décision éthique ou
une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui
donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (n. 1). La
source de la joie chrétienne est la certitude d'être aimés de Dieu, aimés
personnellement par notre Créateur, par Celui qui tient entre ses mains
l'univers tout entier et qui aime chacun de nous et toute la grande famille
humaine d'un amour passionné et fidèle, un amour plus grand que nos infidélités
et péchés, un amour qui pardonne. Cet amour « est si grand qu'il retourne Dieu
contre lui-même » comme cela apparaît de façon définitive dans le mystère de la
Croix: « Dieu aime tellement l'homme que, en se faisant homme lui-même, il le
suit jusqu'à la mort et il réconcilie de cette manière justice et amour » (Deus
caritas est, n. 10).
Chers frères et sœurs, cette certitude et cette joie d'être aimés de Dieu doit
être rendue d'une certaine façon tangible et concrète pour chacun de nous, et en
particulier pour les jeunes générations qui entrent dans le monde de la foi. En
d'autres termes: Jésus a déclaré être le « chemin » qui conduit au Père, outre
la « vérité » et la « vie » (cf. Jn 14, 5-7). La question qui se pose est donc:
comment nos enfants et nos jeunes peuvent-ils trouver en Lui, dans la pratique
et dans leur existence, ce chemin de salut et de joie ? Telle est précisément la
grande mission pour laquelle l'Eglise existe, comme famille de Dieu et compagnie
d'amis dans laquelle nous sommes introduits à travers le Baptême déjà en tant
que petits enfants, et dans laquelle doivent grandir notre foi et notre joie,
ainsi que la certitude d'être aimés du Seigneur. Il est donc indispensable – et
telle est la mission confiée aux familles chrétiennes, aux prêtres, aux
catéchistes, aux éducateurs, et aux jeunes eux-mêmes à l'égard des jeunes de
leur âge, à nos paroisses, associations et mouvements, et finalement à la
communauté diocésaine tout entière – que les nouvelles générations puissent
faire l'expérience de l'Eglise comme d'une compagnie d'amis véritablement
fiable, proche dans tous les moments et toutes les circonstances de la vie, que
ceux-ci soient heureux et gratifiants, ou difficiles et sombres, une compagnie
qui ne nous abandonnera pas même dans la mort, car elle porte en elle la
promesse de l'éternité. A vous, chers enfants et jeunes de Rome, je voudrais
vous demander de vous confier à votre tour à l'Eglise, de l'aimer et d'avoir
confiance en elle, car en elle est présent le Seigneur, et parce qu'elle ne
recherche rien d'autre que votre bien véritable.
Celui qui sait être aimé est à son tour incité à aimer. C'est précisément ainsi
que le Seigneur, qui nous a aimés en premier, nous demande de mettre à notre
tour au centre de notre vie l'amour pour Lui et pour les hommes qu'il a aimés.
En particulier, les adolescents et les jeunes, qui ressentent fortement en eux
le rappel de l'amour, ont besoin d'être libérés du préjugé diffus selon lequel
le christianisme, avec ses commandements et ses interdits, place trop
d'obstacles à la joie de l'amour et en particulier empêche de goûter pleinement
au bonheur que l'homme et la femme trouvent dans leur amour réciproque. Au
contraire, la foi et l'éthique chrétienne ne veulent pas étouffer, mais rendre
l'amour sain, fort, et véritablement libre: tel est précisément le sens des dix
Commandements, qui ne sont pas une série de « non », mais un grand « oui » à
l'amour et à la vie. En effet, l'amour humain a besoin d'être purifié, de mûrir
et également de se dépasser, pour pouvoir devenir pleinement humain, pour être
le principe d'une joie véritable et durable, pour répondre ainsi à la demande
d'éternité qu'il porte en lui et à laquelle on ne peut renoncer sans se trahir
soi-même. Tel est le motif principal pour lequel l'amour entre l'homme et la
femme ne se réalise pleinement que dans le mariage.
Dans tout le travail d'éducation, dans la formation de l'homme et du chrétien,
nous ne devons donc pas, par peur ou par embarras, laisser de côté la grande
question de l'amour: si nous le faisions, nous présenterions un christianisme
désincarné, qui ne peut intéresser sérieusement le jeune qui s'ouvre à la vie.
Toutefois, nous devons également introduire à la dimension intégrale de l'amour
chrétien, où amour pour Dieu et amour pour l'homme sont unis de façon
indissoluble et où l'amour du prochain est un engagement véritablement concret.
Le chrétien ne se contente pas de paroles, encore moins d'idéologies trompeuses,
mais il répond aux nécessités de son frère en se mettant véritablement en jeu,
sans se contenter de quelque bonne action sporadique. Proposer aux enfants et
aux jeunes des expériences pratiques de service au prochain le plus dans le
besoin fait donc partie d'une authentique et pleine éducation à la foi. Avec le
besoin d’aimer, le désir de vérité appartient à la nature même de l'homme. C'est
pourquoi, dans l'éducation des nouvelles générations, la question de la vérité
ne peut donc certainement pas être éludée: elle doit au contraire occuper une
place centrale. En posant la question de la vérité, nous élargissons au
contraire l'horizon de notre rationalité et nous commençons à libérer la raison
des limites trop étroites dans lesquelles elle est enfermée lorsque l'on ne
considère comme rationnel que ce qui peut faire l'objet d'une expérience et d'un
calcul. C'est précisément ici qu'a lieu la rencontre de la raison avec la foi:
dans la foi, nous accueillons en effet le don que Dieu fait de lui-même en se
révélant à nous, créatures faites à son image; nous accueillons et nous
acceptons cette Vérité que notre esprit ne peut comprendre totalement et ne peut
posséder, mais qui, précisément pour cela, étend l'horizon de notre connaissance
et nous permet de parvenir au Mystère dans lequel nous sommes plongés et de
retrouver en Dieu le sens définitif de notre existence.
Chers amis, nous savons bien qu'il n'est pas facile de laisser notre raison
dépasser ses propres limites. C'est pourquoi la foi, qui est un acte humain très
personnel, demeure un choix de notre liberté, qui peut également être refusé.
Mais ici se fait jour une seconde dimension de la foi, celle de se confier à une
personne: non pas à n'importe quelle personne, mais à Jésus Christ et au Père
qui l'a envoyé. Croire signifie établir un lien très personnel avec notre
Créateur et Rédempteur, en vertu de l'Esprit Saint qui œuvre dans nos cœurs, et
faire de ce lien le fondement de toute la vie. En effet, Jésus Christ est « la
Vérité faite Personne qui attire le monde à Lui (...) toute autre vérité est un
fragment de la vérité qu'Il est et renvoie à Lui » (Discours à la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi, 10 février 2006). Ainsi, il remplit notre cœur,
l'élargit et le comble de joie, pousse notre intelligence vers des horizons
inexplorés, offre à notre liberté son point de référence décisif, la libérant
des limites étroites de l'égoïsme et la rendant capable d'un amour authentique.
Dans l'éducation des nouvelles générations, nous ne devons donc pas craindre de
comparer la vérité de la foi avec les véritables conquêtes de la connaissance
humaine. Les progrès de la science sont aujourd'hui très rapides et sont souvent
présentés comme contraires aux affirmations de la foi, provoquant la confusion
et rendant plus difficile l'accueil de la vérité chrétienne. Mais Jésus Christ
est et demeure le Seigneur de toute la création et de toute l'histoire: « Tout a
été créé par lui et pour lui (...) et tout subsiste en lui » (Col 1, 16.17).
C'est pourquoi le dialogue entre foi et raison, s'il est conduit avec sincérité
et rigueur, offre la possibilité de percevoir de façon plus efficace et
convaincante le bien-fondé de la foi en Dieu – non pas dans n'importe quel Dieu,
mais dans le Dieu qui s'est révélé en Jésus Christ – et également de montrer
qu’en Jésus Christ lui-même se trouve l'accomplissement de toute authentique
aspiration humaine. Chers jeunes de Rome, avancez donc avec confiance et courage
sur la voie de la recherche de ce qui est vrai. Et vous, chers prêtres et
éducateurs, n'hésitez pas à promouvoir une véritable « pastorale de
l'intelligence » et, plus largement, de la personne, qui prend au sérieux les
questions des jeunes – autant les questions existentielles que celles qui
naissent de la comparaison avec les formes de rationalité aujourd'hui diffuses –
pour les aider à trouver des réponses chrétiennes valables et pertinentes et
finalement à faire leur la réponse décisive qu'est le Seigneur Jésus Christ.
Nous avons parlé de la foi comme d'une rencontre avec Celui qui est Vérité et
Amour. Nous avons également vu qu'il s'agit d'une rencontre dans le même temps
communautaire et personnelle qui doit avoir lieu dans toutes les dimensions de
notre vie, à travers l'exercice de l'intelligence, les choix de la liberté, le
service de l'amour. Il existe toutefois un espace privilégié dans lequel cette
rencontre se réalise de façon plus directe, se renforce et s'approfondit, et
devient ainsi véritablement en mesure d'imprégner et de caractériser toute
l'existence: cet espace est la prière. Chers jeunes, un grand nombre d'entre
vous étaient certainement présents à la Journée mondiale de la Jeunesse, à
Cologne. Là, ensemble, nous avons prié le Seigneur, nous l'avons adoré à travers
sa présence dans l'Eucharistie, nous avons offert son saint Sacrifice. Nous
avons médité sur cet acte décisif d'amour à travers lequel Jésus, dans la
dernière Cène, anticipe sa mort, l'accepte au plus profond de son être et la
transforme en action d'amour, dans cette révolution qui, seule, est
véritablement capable de renouveler le monde et de libérer l'homme, en vainquant
la puissance du péché et de la mort. Je vous demande, chers jeunes, et à vous
tous, chers frères et sœurs ici présents, et je demande à toute la bien-aimée
Eglise de Rome, en particulier aux âmes consacrées, provenant notamment des
monastères de clôture, d'être assidus dans la prière, spirituellement unis à
Marie, notre Mère, d'adorer le Christ vivant dans l'Eucharistie, de l'aimer
toujours plus, Lui, qui est notre frère et véritable ami, l'Epoux de l'Eglise,
le Dieu fidèle et miséricordieux qui nous a aimés en premier. Ainsi, vous, chers
jeunes, serez prêts et disponibles à accueillir son appel, s'Il vous veut
entièrement pour lui, dans le sacerdoce ou dans la vie consacrée.
Dans la mesure où nous nous nourrissons du Christ, et où nous l'aimons, nous
ressentons également en nous l'incitation à conduire les autres vers Lui: en
effet, nous ne pouvons pas garder pour nous la joie de la foi, nous devons la
transmettre. Ce besoin devient encore plus fort et urgent en présence de cet
étrange oubli de Dieu qui existe aujourd'hui dans diverses parties du monde, et
dans une certaine mesure également ici, à Rome. Cet oubli donne lieu à beaucoup
de bruit éphémère, à beaucoup de contestations inutiles, mais également à une
grande insatisfaction et à un sentiment de vide. C'est pourquoi, chers frères et
sœurs, dans notre humble service de témoins et de missionnaires du Dieu vivant,
nous devons être porteurs de cette espérance qui naît de la certitude de la foi:
nous aiderons ainsi nos frères et nos concitoyens à retrouver le sens et la joie
de leur vie. Je sais que vous œuvrez avec application dans les divers domaines
de la pastorale: je m'en réjouis et je rends grâce avec vous au Seigneur. En
particulier au cours de ma première année de pontificat, j'ai pu déjà faire
l'expérience et apprécier la vivacité de la présence chrétienne parmi les jeunes
et les universitaires de Rome, ainsi que parmi les enfants qui font leur
première Communion. Je vous demande de continuer avec confiance, en
approfondissant toujours plus votre lien avec le Seigneur et en rendant ainsi
votre apostolat plus efficace. Dans cet engagement, ne négligez aucun aspect de
la vie; car le Christ est venu pour sauver l'homme tout entier, au plus profond
des consciences ainsi que dans les expressions de la culture et dans les
relations sociales.
Chers frères et sœurs, je vous confie ces réflexions dans un esprit d'amitié,
comme contribution à votre travail au cours des soirées du Congrès, et ensuite
au cours de la prochaine année pastorale. Que mon affection et ma bénédiction
vous accompagnent aujourd'hui et à l'avenir.
Merci de votre attention !
ZF06060808
Source - Vatican - VIS 060606 (670)
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde.
06.06.2006 - BENOÎT XVI
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