Catéchèse du Saint-Père : Saint Jean
Damascène |
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Le 06 mai 2009 -
(E.S.M.)
- C'est par la lecture du psaume 67 qu'a commencé l'Audience
Générale hebdomadaire du pape Benoit XVI en ce mercredi, place
Saint Pierre.
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Le pape Benoît XVI
Catéchèse du Saint-Père : Saint Jean Damascène
Le 06 mai 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- C'est par la lecture du psaume 67 qu'a commencé l'Audience Générale
hebdomadaire du pape Benoit XVI en ce mercredi, place Saint Pierre.
Psaume 67 (2-8)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, Que son visage s'illumine
pour nous;
et ton chemin sera connu sur la terre, Ton salut , parmi toutes les nations.
Que les peuples, Dieu, te rendent grâce; Qu'ils te rendent grâce tous
ensemble!
Que les nations chantent leur joie,
Car tu gouvernes les peuples avec droiture, Sur la terre, tu conduis les
nations.
Que les peuples, Dieu, te rendent grâce; Qu'ils te rendent grâce tous
ensemble!
La terre a donné son fruit; Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse, Et que la terre tout entière l'adore!
Catéchèse du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
Je voudrais parler aujourd'hui de Jean Damascène, un personnage de premier
plan dans l'histoire de la théologie byzantine, un grand docteur dans
l'histoire de l'Eglise universelle. Il représente surtout un témoin oculaire
du passage de la culture chrétienne grecque et syriaque, commune à la partie
orientale de l'Empire byzantin, à la culture de l'islam, qui s'est imposée
grâce à ses conquêtes militaires sur le territoire reconnu habituellement
comme le Moyen ou le Proche Orient. Jean, né dans une riche famille
chrétienne, assuma encore jeune la charge - accomplie déjà sans doute par
son père - de responsable économique du califat. Mais très vite, insatisfait
de la vie de la cour, il choisit la vie monastique, en entrant dans le
monastère de saint Saba, près de Jérusalem. C'était aux environs de l'an
700. Ne s'éloignant jamais du monastère, il se consacra de toutes ses forces
à l'ascèse et à l'activité littéraire, ne dédaignant pas une certaine
activité pastorale, dont témoignent avant tout ses nombreuses Homélies. Sa
mémoire liturgique est célébrée le 4 décembre. Le pape Léon XIII le proclama
docteur de l'Eglise universelle en 1890.
En Orient, on se souvient surtout de ses trois Discours pour légitimer la
vénération des images sacrées, qui furent condamnés, après sa mort, par le
Concile iconoclaste de Hiéria (754). Mais ces discours furent également le
motif fondamental de sa réhabilitation et de sa canonisation de la part des
Pères orthodoxes convoqués au deuxième Concile de Nicée
(787), septième
œcuménique. Dans ces textes, il est possible de retrouver les premières
tentatives théologiques importantes de légitimer la vénération des images
sacrées, en les reliant au mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu dans le
sein de la Vierge Marie.
Jean Damascène fut, en outre, parmi les premiers à distinguer, dans le culte
public et privé des chrétiens, l'adoration (latreia) de la vénération
(proskynesis):
la première ne peut être adressée qu'à Dieu, suprêmement spirituel, la
deuxième au contraire peut utiliser une image pour s'adresser à celui qui
est représenté dans l'image même. Bien sûr, le saint ne peut en aucun cas
être identifié avec la matière qui compose l'icône. Cette distinction se
révéla immédiatement très importante pour répondre de façon chrétienne à
ceux qui prétendaient universelle et éternelle l'observance de l'interdit
sévère de l'Ancien Testament d'utiliser des images dans le culte. Tel était
le grand débat également dans le monde islamique, qui accepte cette
tradition juive de l'exclusion totale d'images dans le culte. Les chrétiens,
en revanche, dans ce contexte, ont discuté du problème et trouvé la
justification pour la vénération des images. Damascène écrit : « En d'autres
temps, Dieu n'avait jamais été représenté en image, étant sans corps et sans
visage. Mais à présent que Dieu a été vu dans sa chair et a vécu parmi les
hommes, je représente ce qui est visible en Dieu. Je ne vénère pas la
matière, mais le créateur de la matière, qui s'est fait matière pour moi et
a daigné habiter dans la matière et opérer mon salut à travers la matière.
Je ne cesserai donc pas de vénérer la matière à travers laquelle m'a été
assuré le salut. Mais je ne la vénère absolument pas comme Dieu ! Comment
pourrait être Dieu ce qui a reçu l'existence à partir du non être ?... Mais
je vénère et respecte également tout le reste de la matière qui m'a procuré
le salut, car pleine d'énergie et de grâces saintes. Le bois de la croix
trois fois bénie n'est-il pas matière ? L'encre et le très saint livre des
Evangiles ne sont-ils pas matière ? L'autel salvifique qui nous donne le
pain de vie n'est-il pas matière ?.... Et, avant tout autre chose, la chair
et le sang de mon Seigneur ne sont-ils pas matière ? Ou bien tu dois
supprimer le caractère sacré de toutes ces choses, ou bien tu dois accorder
à la tradition de l'Eglise la vénération des images de Dieu et celle des
amis de Dieu qui sont sanctifiés par le nom qu'ils portent, et qui, pour
cette raison, sont habités par la grâce de l'Esprit Saint. N'offense donc
pas la matière : celle-ci n'est pas méprisable ; car rien de ce que Dieu a
fait n'est méprisable » (Contra imaginum calumniatores, I, 16, ed; Kotter,
pp. 89-90). Nous voyons que, à cause de l'incarnation, la matière apparaît
comme divinisée, elle est vue comme la demeure de Dieu. Il s'agit d'une
nouvelle vision du monde et des réalités matérielles. Dieu s'est fait chair
et la chair est devenue réellement demeure de Dieu, dont la gloire
resplendit sur le visage humain du Christ. C'est pourquoi les sollicitations
du Docteur oriental sont aujourd'hui encore d'une très grande actualité,
étant donnée la très grande dignité que la matière a reçue dans
l'Incarnation, pouvant devenir, dans la foi, le signe et le sacrement
efficace de la rencontre de l'homme avec Dieu. Jean Damascène reste donc un
témoin privilégié du culte des icônes, qui deviendra l'un des aspects les
plus distinctifs de la théologie et de la spiritualité orientale jusqu'à
aujourd'hui. Il s'agit toutefois d'une forme de culte qui appartient
simplement à la foi chrétienne, à la foi dans ce Dieu qui s'est fait chair
et s'est rendu visible. L'enseignement de saint Jean Damascène s'inscrit
ainsi dans la tradition de l'Eglise universelle, dont la doctrine
sacramentelle prévoit que les éléments matériels issus de la nature peuvent
devenir un instrument de grâce en vertu de l'invocation (epiclesis) de
l'Esprit Saint, accompagnée par la confession de la foi véritable.
En relation avec ces idées de fond, Jean Damascène place également la
vénération des reliques des saints, sur la base de la conviction que les
saints chrétiens, ayant participé de la résurrection du Christ, ne peuvent
pas être considérés simplement comme des « morts ». En énumérant, par
exemple, ceux dont les reliques ou les images sont dignes de vénération,
Jean précise dans son troisième discours en défense des images : « Tout
d'abord (nous vénérons)
ceux parmi lesquels Dieu s'est reposé, lui le seul
saint qui se repose parmi les saints (cf. Is 57, 15),
comme la sainte Mère
de Dieu et tous les saints. Ce sont eux qui, autant que cela est possible,
se sont rendus semblables à Dieu par leur volonté et, par l'inhabitation et
l'aide de Dieu, sont dits réellement dieux (cf. Ps 82, 6), non par nature,
mais par contingence, de même que le fer incandescent est appelé feu, non
par nature mais par contingence et par participation du feu. Il dit en effet
: Vous serez saint parce que je suis saint (Lv 19, 2) »
(III, 33, col. 1352
A). Après une série de références de ce type, Jean Damascène pouvait donc
déduire avec sérénité : « Dieu, qui est bon et supérieur à toute bonté, ne
se contenta pas de la contemplation de lui-même, mais il voulut qu'il y ait
des êtres destinataires de ses bienfaits, qui puissent participer de sa
bonté : c'est pourquoi il créa du néant toutes les choses, visibles et
invisibles, y compris l'homme, réalité visible et invisible. Et il le créa
en pensant et en le réalisant comme un être capable de pensée (ennoema ergon)
enrichi par la parole (logo[i] sympleroumenon)
et orienté vers l'esprit (pneumati
teleioumenon) » (II, 2, PG, col. 865A). Et pour éclaircir ultérieurement sa
pensée, il ajoute : « Il faut se laisser remplir d'étonnement
(thaumazein)
par toutes les œuvres de la providence (tes pronoias erga), les louer toutes
et les accepter toutes, en surmontant la tentation de trouver en celles-ci
des aspects qui, a beaucoup de personnes, semblent injustes ou iniques
(adika),
et en admettant en revanche que le projet de Dieu (pronoia) va au-delà des
capacités cognitives et de compréhension (agnoston kai akatalepton) de
l'homme, alors qu'au contraire lui seul connaît nos pensées, nos actions et
même notre avenir » (II, 29, PG,col. 964C). Du reste, Platon disait déjà que
toute la philosophie commence avec l'émerveillement : notre foi aussi
commence avec l'émerveillement de la création, de la beauté de Dieu qui se
fait visible.
L'optimisme de la contemplation naturelle (physikè theoria), de cette
manière de voir dans la création visible ce qui est bon, beau et vrai, cet
optimisme chrétien n'est pas un optimisme naïf : il tient compte de la
blessure infligée à la nature humaine par une liberté de choix voulue par
Dieu et utilisée de manière impropre par l'homme, avec toutes les
conséquences d'un manque d'harmonie diffus qui en ont dérivé. D'où
l'exigence, clairement perçue par le théologien de Damas, que la nature dans
laquelle se reflète la bonté et la beauté de Dieu, blessées par notre faute,
« soit renforcée et renouvelée » par la descente du Fils de Dieu dans la
chair, après que de nombreuses manières et en diverses occasions Dieu
lui-même ait cherché à démontrer qu'il avait créé l'homme pour qu'il soit
non seulement dans l'« être », mais dans le « bien-être »
(cf. La foi
orthodoxe, II, 1, PG 94, col. 981°). Avec un enthousiasme passionné, Jean
explique : « Il était nécessaire que la nature soit renforcée et renouvelée
et que soit indiquée et enseignée concrètement la voie de la vertu (didachthenai
aretes hodòn), qui éloigne de la corruption et conduit à la vie éternelle...
C'est ainsi qu'apparut à l'horizon de l'histoire la grande mer de l'amour de
Dieu pour l'homme (philanthropias pelagos)... ». C'est une belle expression.
Nous voyons, d'une part, la beauté de la création et, de l'autre, la
destruction accomplie par la faute humaine. Mais nous voyons dans le Fils de
Dieu, qui descend pour renouveler la nature, la mer de l'amour de Dieu pour
l'homme. Jean Damascène poursuit : « Lui-même, le Créateur et le Seigneur,
lutta pour sa créature en lui transmettant à travers l'exemple son
enseignement... Et ainsi, le Fils de Dieu, bien que subsistant dans la forme
de Dieu, abaissa les cieux et descendit... auprès de ses serviteurs... en
accomplissant la chose la plus nouvelle de toutes, l'unique chose vraiment
nouvelle sous le soleil, à travers laquelle se manifesta de fait la
puissance infinie de Dieu » (III, 1. PG 94, coll. 981C-984B).
Nous pouvons imaginer le réconfort et la joie que diffusaient dans le cœur
des fidèles ces paroles riches d'images si fascinantes. Nous les écoutons
nous aussi, aujourd'hui, en partageant les mêmes sentiments que les
chrétiens de l'époque : Dieu veut reposer en nous, il veut renouveler la
nature également par l'intermédiaire de notre conversion, il veut nous faire
participer de sa divinité. Que le Seigneur nous aide à faire de ces mots la
substance de notre vie. (Trad. ZF09050610)
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins
francophones
Chers Frères et Sœurs,
Jean Damascène est un personnage de premier plan dans l’histoire de la
théologie byzantine. Né dans une riche famille chrétienne, il assume encore
jeune la charge de responsable économique du califat. Mais, vite insatisfait
de la vie de cour, vers l’an 700, il entre au monastère de saint Saba, près
de Jérusalem, où il se consacrera à l’ascèse et à l’activité littéraire. Ses
nombreuses Homélies gardent le témoignage de son activité pastorale. En
Orient, on se souvient de ses Discours pour légitimer la vénération des
images sacrées, les reliant au mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu dans
le sein de la Vierge Marie. Jean Damascène fut l’un des premiers à faire la
distinction dans le culte chrétien entre ‘l’adoration’, qui s’adresse
seulement à Dieu et ‘la vénération’ qui peut être utilisée pour s’adresser à
la personne représentée par une image. Cette distinction se révéla très
importante pour répondre à ceux qui prétendaient universel et éternel
l’interdit sévère de l’Ancien Testament d’utiliser des images dans le culte.
Jean Damascène demeure un témoin privilégié du culte des icônes qui est un
aspect distinctif de la théologie et de la spiritualité orientale jusqu’à
aujourd’hui. Il admit aussi la vénération des reliques des saints, sur la
base de la conviction que les saints, rendus participants de la résurrection
du Christ, ne peuvent être considérés simplement comme des ‘morts’.
Le pape Benoît XVI conclut : J’accueille avec plaisir les pèlerins de langue
française. Je salue en particulier les pèlerins du diocèse de Bâle ainsi que
les jeunes de Malines et de Buzançais ainsi que ceux de l’École
internationale de formation et d’évangélisation de Paray-le-Monial. En ce
temps pascal, je vous invite à entrer dans une relation toujours plus intime
avec le Christ qui est vivant dans notre monde. Que Dieu vous bénisse !
Texte original du
discours du Saint Père
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.05.09 -
T/Benoît XVI |