IVe Dimanche après Pâques, le dimanche du bon Pasteur.
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ROME, Samedi 6 mai 2006 – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale. En second lieu une méditation de Jean-Paul II sur le Bon Pasteur.
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Le Christ, bon Pasteur libère du phénomène de la « massification »
Par le père R. Cantalamessa
ROME, Samedi 6 mai 2006 – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale. En second lieu une méditation de Jean-Paul II sur le Bon Pasteur.
Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 10, 11-18
Je suis le bon pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire, lui, n'est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s'il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s'enfuit ; le loup s'en empare et les disperse. Ce berger n'est qu'un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Le Père m'aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne n'a pu me l'enlever : je la donne de moi-même. J'ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j'ai reçu de mon Père. »
Je suis le Bon Pasteur
Le quatrième dimanche du temps pascal est appelé «
le dimanche du bon Pasteur
». Pour comprendre l’importance que revêt le thème du pasteur dans la Bible, il faut revenir à l’histoire. Les Bédouins du désert nous donnent aujourd’hui une idée de ce que fut, à une époque, la vie des tribus d’Israël. Dans cette société, le rapport entre pasteur et troupeau n’est pas seulement de nature économique, basé sur l’intérêt. Une relation presque personnelle se développe entre le pasteur et le troupeau. Des journées entières passées ensemble dans des lieux solitaires à s’observer, sans autre présence. Le pasteur finit par tout savoir de chaque brebis ; la brebis reconnaît et distingue parmi toutes les voix, celle du pasteur qui parle souvent avec ses brebis.
Cela explique pourquoi Dieu s’est servi de ce symbole pour exprimer sa relation avec l’humanité. L’un des plus beaux psaumes du psautier décrit l’assurance que donne au croyant le fait d’avoir Dieu comme pasteur : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien».
Par la suite, le titre de pasteur est donné, par extension, également à ceux qui remplacent Dieu sur terre : les rois, les prêtres, les chefs en général. Mais dans ce cas, le symbole se divise : il n’évoque plus seulement une image de protection, de sécurité, mais aussi d’exploitation et d’oppression. Aux côtés de l’image du bon pasteur apparaît celle du mauvais pasteur, du mercenaire. Dans Ezéchiel on trouve un terrible réquisitoire contre les mauvais pasteurs qui ne paissent qu’eux-mêmes, d’où la promesse de Dieu de prendre lui-même soin de son troupeau (cf. Ezéchiel 34, 1 sq).
Dans l’Evangile Jésus reprend ce schéma du bon et du mauvais pasteur, mais avec une nouveauté : «
Je suis le bon pasteur
! », dit-il. La promesse de Dieu est devenue réalité, en dépassant toute attente. Le Christ fait une chose qu’aucun pasteur, aussi bon soit-il, ne serait disposé à faire : « Je donne ma vie pour mes brebis ».
L’homme d’aujourd’hui rejette avec dédain le rôle de brebis et l’idée du troupeau, sans se rendre compte qu’il s’y trouve en plein milieu. L’un des phénomènes les plus évidents de notre société est la massification. Nous nous laissons entraîner passivement par toute sorte de manipulation et de persuasion occulte. D’autres créent des modèles de bien-être et de comportement, des idéaux et des objectifs de progrès, et nous les suivons ; nous les suivons, avec la peur d’être dépassés, conditionnés et hypnotisés par la publicité. Nous mangeons ce qu’ils nous disent, nous nous habillons comme ils nous l’enseignent, parlons comme nous entendons parler, avec des slogans. Le critère par lequel se laisse guider la majorité dans ses choix est celui du « così fan tutti » (tout le monde fait comme ça) de mémoire de Mozart.
Regardez comment vit la foule dans une grande ville moderne : c’est la triste image d’un troupeau qui sort ensemble, s’agite et se presse, à heures fixes, dans les wagons des trams et du métro puis, le soir rentre ensemble au bercail, vide de soi et de liberté. Nous sourions amusés en regardant se dérouler un film au rythme accéléré avec les personnes qui avancent par à-coups, rapidement, comme des marionnettes, mais c’est l’image que nous aurions de nous-mêmes si nous nous regardions de manière un peu moins superficielle.
Le bon Pasteur, qui est le Christ, nous propose de faire avec lui une expérience de libération. Appartenir à son troupeau ne signifie pas tomber dans la massification, mais en être préservé. «
Où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté
» (2 Co 3, 17), dit saint Paul. Cela signifie que là apparaît la personne avec sa richesse unique et son vrai destin. Là apparaît le fils de Dieu encore caché, dont parle la deuxième lecture de ce dimanche : « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement » (1Jn 3, 2).
(traduction ZENIT - ZF06050504)
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Jean Paul II
Le bon pasteur
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La brebis perdue
«
Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis
» (Jn 10,11). Lorsque Jésus prononçait ces paroles, les apôtres ne savaient pas qu'il parlait de lui-même. Même Jean, l'apôtre bien-aimé, ne le savait pas. Il l'a compris au Calvaire, au pied de la croix, en le voyant offrir silencieusement sa vie pour ses brebis. Quand pour lui et pour les autres apôtres le temps est venu d'assumer cette même mission, alors ils se sont souvenus de ses paroles. Ils se sont rendus compte qu'ils seraient en mesure de mener la mission jusqu'à son achèvement seulement parce que Jésus avait assuré que ce serait lui-même qui agirait en eux. Pierre, en particulier, en a été bien conscient, lui « le témoin de la Passion du Christ » (1P 5,1), qui exhortait en ces termes les anciens de l'Église : «
Soyez les bergers du troupeau de Dieu qui vous est confié
» (1P 5,2).
Au cours des siècles, les successeurs des apôtres, conduits par l'Esprit Saint, ont continué à rassembler le troupeau du Christ et à le mener vers le Royaume des Cieux, conscients qu'ils ne pouvaient assumer une telle responsabilité que « par le Christ, avec le Christ et dans le Christ ».
Cette même conscience a été la mienne quand le Seigneur m'a appelé à exercer la mission de Pierre dans cette ville bien-aimée de Rome et au service du monde entier. Dès le début de mon pontificat, rappelait Jean-Paul II, mes pensées, mes prières et mes actions ont été animées par un unique désir :
témoigner que le Christ, le Bon Pasteur, est présent et à l'oeuvre dans l'Église.
Il est à la recherche continuelle de la brebis perdue, il la ramène au bercail, il panse ses blessures ; il veille sur la brebis faible et malade, et il protège celle qui est robuste (Ez 34,16). Voilà pourquoi, dès le premier jour, je n'ai jamais cessé d'exhorter : « N'ayez pas peur d'accueillir le Christ et d'accepter sa puissance ! » Je le redis aujourd'hui avec force : «
Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! Laissez-vous conduire par lui. Ayez confiance en son amour
! »
Homélie pour le 25ème anniversaire du pontificat de Jean-Paul II
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(trad. DC 2301-2/11/03, p. 953)
Extrait de "l'Evangile du jour" que vous pouvez retrouver dans la rubrique
:
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde.
06.05.2006 - Jean-Paul II - MEDITATION
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