Homélie de Benoît XVI en ce premier
dimanche 2008 |
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Cité du Vatican, le 06 janvier 2008 -
(E.S.M.)
- A 10h aujourd'hui, en la Solennité de l'Epiphanie du Seigneur,
le Saint Père Benoît XVI a célébré la Sainte Messe dans la Basilique du
Vatican.Voici le texte de l'homélie que le Pape a prononcée après la
proclamation du Saint Évangile et de l'annonce du jour de Pâques, qui
cette année, sera célébré le 23 Mars :
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Le pape Benoît XVI
Homélie de Benoît XVI en ce premier dimanche 2008
A 10h aujourd'hui, en la Solennité de l'Epiphanie du Seigneur, le Saint Père
Benoît XVI a célébré la Sainte Messe dans la Basilique du Vatican.
Voici le texte de l'homélie que le Pape a prononcée après la proclamation du
Saint Évangile et de l'annonce du jour de Pâques, qui cette année, sera
célébré le 23 Mars :
Texte intégral de l'homélie du Saint Père
Chers frères et sœurs,
Nous célébrons aujourd'hui le Christ, Lumière du monde, et sa manifestation
aux personnes. Le jour de Noël le message de la liturgie sonnait ainsi : «
Hodie descendit lux magna super terram - Aujourd'hui une grande
lumière descend sur la terre » (Missale-romanum).
À Bethléem, cette « grande lumière » apparut à un petit noyau de personnes,
une minuscule « partie d'Israël » : la Vierge Marie, son époux Joseph et
quelques bergers. Une lumière humble, du style du vrai Dieu, une
petite flamme allumée dans la nuit, un nouveau né fragile qui pleure dans le silence
du monde. L'hymne de louange des foules célestes qui chantaient, Gloire
et paix, accompagnait cette naissance cachée et inconnue (cfr
Lc 2.13-14).
Aussi cette lumière si modeste soit-t-elle dans son apparence sur la
terre se projetait puissamment dans les cieux. La naissance du Roi des
juifs avait été annoncée par l'apparition d'une étoile visible de très loin.
Ce fut ceci le témoignage de quelques mages venus d'orient à Jérusalem, peu
après la naissance de Jésus, au temps du roi Hérode (cfr
Mt 2.1-2). Encore une fois, se référent et se répondent, le ciel
et la terre, le cosmos et l'histoire. Les antiques prophéties trouvent
leurs origines dans le langage des astres. Une étoile surgit de Jacob et un
sceptre vient d'Israël (Nm 24.17) avait annoncé
le voyant païen Balaam, appelé à maudire le
peuple d'Israël et qui au contraire l'a béni parce que, Dieu lui avait
révélé, ce peuple est béni.
Chromace d'Aquiléee dans son commentaire de
l'Évangile de saint Matthieu, met en relation Balaam avec les mages.
Celui-ci prophétisa que le Christ serait venu, les autres sont allés le voir
avec les yeux de la foi. Et il ajoute une importante observation: l'étoile
était visible de tous mais tout le monde n'en a pas compris le sens. De la
même manière, le Seigneur est notre Sauveur, est né pour tout le monde,
mais
tout le monde ne l'a pas accueilli. C'est ici qu'apparaît la signification
dans la perspective historique du symbole de la lumière appliqué à la
naissance du Christ. Il exprime la bénédiction spéciale de Dieu, sur la
descendance d'Abraham, destinée à s'étendre à tous les peuples de la terre.
L'évènement évangélique que nous commémorons dans l'Épiphanie, la visite des
mages à l'Enfant Jésus à Bethléem, nous renvoie aux origines de l'histoire
du peuple de Dieu, c'est à dire à l'appel d'Abraham. Nous sommes au 12e
chapitre du livre de la genèse. Les 11 premiers chapitres sont comme de
grandes fresques qui répondent à quelques-unes des questions fondamentales
de l'humanité : quelle est l'origine de l'univers et du genre humain ? D'où
vient le mal ? Pourquoi existe-t-il différentes langues et civilisations ?
Parmi les récits du début de la bible,
apparaît une première "alliance" établie entre Dieu et Noé, après le
déluge. Il s'agit d'une alliance universelle qui concerne toute
l'humanité : le nouveau pacte avec la famille de Noé, est aussi un pacte avec "toute
chair" - pour utiliser le langage biblique - il est avec tout être humain.
Mais avant l'appel d'Abraham, on trouve une autre grande fresque, très
importante pour comprendre le sens de l'Épiphanie". Cette fresque, c'est
celle de la tour de Babel. Les textes sacrés affirment qu'à l'origine,
"Tout le monde se servait d'une même langue et des mêmes mots." (Gn 11.1).
Puis les hommes dirent : "venez, construisons-nous une cité, et une tour
dont la cime touche le ciel et faisons-nous un nom et ne soyons pas
dispersés sur toute la terre"
(Gn 11.4). La conséquence de ce péché d'orgueil
analogue à celui d'Adam et d'Ève, fut la confusion des langues et la
dispersion de l'humanité sur toute la terre (cfr Gn
11.7-8). C'est cela que signifie Babel et ce fut une sorte de
malédiction, semblable à l'expulsion du paradis terrestre.
C'est à ce point que débute l'histoire de la bénédiction avec l'appel
d'Abraham, c'est ici que commence le grand dessein de Dieu pour faire de
l'humanité, une famille à travers l'alliance avec un peuple nouveau, choisi,
pour lui, pour qu'il soit une bénédiction au milieu de tous les peuples
(cfr Gn 12.1-3). Ce plan divin, qui est toujours
en cours, il a eu son moment culminant dans le mystère du Christ, il y a 2000
ans. Depuis lors, ont commencé les derniers temps, dans le sens que le
dessein a été pleinement révélé et réalisé dans le Christ, mais il demande à
être accueilli dans l'histoire. Une histoire qui reste toujours une
histoire de fidélité de la part de Dieu et malheureusement aussi
d'infidélités de la part de nous, les hommes. L'Église même, dépositaire de la
bénédiction, est sainte et composée de pécheurs, marquée par la tension entre
le déjà et le pas encore, dans la plénitude des temps. Jésus Christ est venu porter à terme l'alliance. Lui-même vrai Dieu et vrai homme est le
sacrement de la fidélité de Dieu à son dessein de salut pour
l'humanité entière.
L'arrivée des mages depuis l'orient jusqu'à Bethléem pour adorer le nouveau
né, le Messie, est le signe de la manifestation du Roi universel au peuple
et à tous les hommes qui recherchent la Vérité. C'est le début d'un
mouvement opposé à celui de Babel, de la confusion vers la compréhension, de
la dispersion vers la réconciliation. On trouve ainsi un lien entre
l'Épiphanie et la Pentecôte. Si la naissance du Christ qui est la tête, est
aussi la naissance de l'Église, son corps, nous voyons alors dans les
mages, les peuples qui se joignent au reste d'Israël en pré annonçant le
grand signe de l'Église polyglotte, réalisé par l'Esprit-Saint, 50 jours
après Pâques. L'amour fidèle et tenace de Dieu qui ne manque jamais à son
alliance, de générations en générations, c'est çà le mystère dont nous parle
saint Paul dans ses lettres et aussi dans la lettre aux Éphésiens que nous
avons écoutée, il y a peu de temps : l'apôtre affirme qu'un tel mystère, a
été porté à sa "connaissance par révélation" (Ep 3.2)
et qu'il l'a chargé de le faire connaître à tous les gens, à tous les
peuples "
Ce mystère constitue l'espérance de l'histoire. Ce mystère est aussi
contrasté par des poussées de divisions et d'oppressions qui lacèrent
l'humanité à cause du péché et du conflit d'égoïsme. L'Église est au service
de ce mystère de bénédiction pour l'humanité tout entière. Elle assume
pleinement sa mission, seulement quand elle reflète en elle-même la lumière
du Christ et qu'elle est aussi une aide pour les peuples du monde sur le
chemin de la paix et du progrès authentique.
De fait, la parole de Dieu reste toujours valide, celle révélée par le biais
du prophète Isaïe, les ténèbres couvrent la terre et l'obscurité les
peuples. Mais sur Toi resplendit le Seigneur, mais sur Toi, Sa gloire
apparaît. Quand le prophète annonce à Jérusalem, il se réalise dans l'Église
du Christ. Des nations marchent à ta lumière et des rois à la clarté de tes
rayons. Avec le Christ, la bénédiction d'Abraham s'est étendue à tous les
peuples, à l'Église universelle comme le nouvel Israël qui accueille en son
sein l'humanité tout entière. Aujourd'hui, aussi
toutefois, il est encore vrai comme disait le prophète que l'obscurité
couvre les nations. On ne peut pas dire de fait, que la globalisation
soit synonyme d'ordre mondial, bien au contraire, les conflits pour la
suprématie économique et le contrôle des ressources énergétiques hydriques
et des matières premières, rendent difficile le travail de ceux qui à tous
les niveaux, s'efforcent de construire un monde juste et solidaire. Il y a
un grand besoin d'une espérance plus grande, qui permette de préférer le
bien commun de tous au luxe de quelques-uns et à la misère de beaucoup. Cette grande espérance, je l'ai écrit dans
l'encyclique
"Spe Salvi" doit être seulement Dieu et pas un Dieu quelconque,
mais ce Dieu qui possède un visage humain (n. 31),
le Dieu qui s'est manifesté dans l'Enfant de Bethléem et dans le crucifié
ressuscité.
S'il existe une grande espérance, on peut alors persévérer dans la sobriété.
Si l'espérance vient à manquer, on cherche le bonheur dans l'ébriété et dans
le superflus, dans les excès et l'on va à notre propre perte et à la perte
du monde. La modération n'est pas seulement une règle ascétique mais aussi
un chemin de salut pour l'humanité.
Il est désormais évident, qu'uniquement en adoptant un style de vie sobre
accompagné par un engagement sérieux, pour une juste redistribution des
richesses, il sera possible d'instaurer un ordre de développement juste et
durable. Pour se faire, on a besoin d'hommes qui nourrissent une grande
espérance et qui possèdent également beaucoup de courage. Le courage des
mages qui entreprirent un long voyage en suivant une étoile, et qui surent
s'agenouiller devant un Enfant pour Lui offrir leurs dons précieux. Nous
avons tous besoin de ce courage, ancré à une solide espérance. Que Marie nous l'obtienne, en nous accompagnant dans notre
pèlerinage terrestre avec sa protection maternelle. Amen !
Texte original
de l'homélie du Saint Père
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Italien
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Sources:
www.vatican.va-
(© traduction
E.S.M.)
© Copyright 2007du texte original - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.01.2008 - BENOÎT XVI |