Benoît XVI nous engage à construire
un ordre de développement juste et durable |
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Cité du Vatican, le 06 janvier 2008 -
(E.S.M.)
- Dans son homélie, le pape Benoît XVI, en la solennité de
l'Epiphanie, nous dit que la globalisation n'est pas synonyme de l'ordre
mondial, bien au contraire, le saint Père XVI souligne les conflits pour
la suprématie économique pour le contrôle des ressources énergétiques,
hydriques et des matières premières.
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI nous engage à construire un ordre de développement juste et
durable
Dans son homélie, le pape, en la solennité de l'Epiphanie, nous dit que la
globalisation aujourd'hui n'est pas synonyme de l'ordre mondial, bien au
contraire, Benoît XVI souligne les conflits pour la suprématie économique
pour le contrôle des ressources énergétiques, hydriques et des matières
premières, ces conflits rendent difficile le travail de tous ceux, qui, à
tous les niveaux s'efforcent de construire un monde juste et solidaire. On a
besoin de courage, on a besoin d'hommes qui nourrissent une grande espérance
pour construire, pour commencer à construire un ordre de développement juste
et durable.
Le pape Benoît XVI fait le parallèle entre le courage nécessaire aujourd'hui
aux hommes pour construire ce monde plus juste et le courage, il y a 2000
ans, des mages qui en suivant leur action, en suivant une étoile ont
parcouru des centaines et des centaines de kilomètres pour aller adorer
l'Enfant Jésus.
On a besoin d'une Espérance - a dit Benoît XVI - et la phrase est très
forte, qui permette de préférer le bien commun de tous au luxe de
quelques-uns et à la misère de beaucoup.
Texte intégral de l'homélie du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
Nous célébrons aujourd'hui le Christ, Lumière du monde, et sa manifestation
aux personnes. Le jour de Noël le message de la liturgie sonnait ainsi : «
Hodie descendit lux magna super terram - Aujourd'hui une grande
lumière descend sur la terre » (Missale-romanum).
À Bethléem, cette « grande lumière » apparut à un petit noyau de personnes,
une minuscule « partie d'Israël » : la Vierge Marie, son époux Joseph et
quelques bergers. Une lumière humble, du style du vrai Dieu, une
petite flamme allumée dans la nuit, un nouveau né fragile qui pleure dans le silence
du monde. L'hymne de louange des foules célestes qui chantaient, Gloire
et paix, accompagnait cette naissance cachée et inconnue (cfr
Lc 2.13-14).
Aussi cette lumière si modeste soit-t-elle dans son apparence sur la
terre se projetait puissamment dans les cieux. La naissance du Roi des
juifs avait été annoncée par l'apparition d'une étoile visible de très loin.
Ce fut ceci le témoignage de quelques mages venus d'orient à Jérusalem, peu
après la naissance de Jésus, au temps du roi Hérode (cfr
Mt 2.1-2). Encore une fois, se référent et se répondent, le ciel
et la terre, le cosmos et l'histoire. Les antiques prophéties trouvent
leurs origines dans le langage des astres. Une étoile surgit de Jacob et un
sceptre vient d'Israël (Nm 24.17) avait annoncé
le voyant païen Balaam, appelé à maudire le
peuple d'Israël et qui au contraire l'a béni parce que, Dieu lui avait
révélé, ce peuple est béni.
Chromace d'Aquiléee dans son commentaire de
l'Évangile de saint Matthieu, met en relation Balaam avec les mages.
Celui-ci prophétisa que le Christ serait venu, les autres sont allés le voir
avec les yeux de la foi. Et il ajoute une importante observation: l'étoile
était visible de tous mais tout le monde n'en a pas compris le sens. De la
même manière, le Seigneur est notre Sauveur, est né pour tout le monde,
mais
tout le monde ne l'a pas accueilli. C'est ici qu'apparaît la signification
dans la perspective historique du symbole de la lumière appliqué à la
naissance du Christ. Il exprime la bénédiction spéciale de Dieu, sur la
descendance d'Abraham, destinée à s'étendre à tous les peuples de la terre.
L'évènement évangélique que nous commémorons dans l'Épiphanie, la visite des
mages à l'Enfant Jésus à Bethléem, nous renvoie aux origines de l'histoire
du peuple de Dieu, c'est à dire à l'appel d'Abraham. Nous sommes au 12e
chapitre du livre de la genèse. Les 11 premiers chapitres sont comme de
grandes fresques qui répondent à quelques-unes des questions fondamentales
de l'humanité : quelle est l'origine de l'univers et du genre humain ? D'où
vient le mal ? Pourquoi existe-t-il différentes langues et civilisations ?
Parmi les récits du début de la bible,
apparaît une première "alliance" établie entre Dieu et Noé, après le
déluge. Il s'agit d'une alliance universelle qui concerne toute
l'humanité : le nouveau pacte avec la famille de Noé, est aussi un pacte avec "toute
chair" - pour utiliser le langage biblique - il est avec tout être humain.
Mais avant l'appel d'Abraham, on trouve une autre grande fresque, très
importante pour comprendre le sens de l'Épiphanie". Cette fresque, c'est
celle de la tour de Babel. Les textes sacrés affirment qu'à l'origine,
"Tout le monde se servait d'une même langue et des mêmes mots." (Gn 11.1).
Puis les hommes dirent : "venez, construisons-nous une cité, et une tour
dont la cime touche le ciel et faisons-nous un nom et ne soyons pas
dispersés sur toute la terre"
(Gn 11.4). La conséquence de ce péché d'orgueil
analogue à celui d'Adam et d'Ève, fut la confusion des langues et la
dispersion de l'humanité sur toute la terre (cfr Gn
11.7-8). C'est cela que signifie Babel et ce fut une sorte de
malédiction, semblable à l'expulsion du paradis terrestre.
C'est à ce point que débute l'histoire de la bénédiction avec l'appel
d'Abraham, c'est ici que commence le grand dessein de Dieu pour faire de
l'humanité, une famille à travers l'alliance avec un peuple nouveau, choisi,
pour lui, pour qu'il soit une bénédiction au milieu de tous les peuples
(cfr Gn 12.1-3). Ce plan divin, qui est toujours
en cours, il a eu son moment culminant dans le mystère du Christ, il y a 2000
ans. Depuis lors, ont commencé les derniers temps, dans le sens que le
dessein a été pleinement révélé et réalisé dans le Christ, mais il demande à
être accueilli dans l'histoire. Une histoire qui reste toujours une
histoire de fidélité de la part de Dieu et malheureusement aussi
d'infidélités de la part de nous, les hommes. L'Église même, dépositaire de la
bénédiction, est sainte et composée de pécheurs, marquée par la tension entre
le déjà et le pas encore, dans la plénitude des temps. Jésus Christ est venu porter à terme l'alliance. Lui-même vrai Dieu et vrai homme est le
sacrement de la fidélité de Dieu à son dessein de salut pour
l'humanité entière.
L'arrivée de mages depuis l'orient jusqu'à Bethléem pour adorer le nouveau
né, le Messie, est le signe de la manifestation du Roi universel au
peuple et à tous les hommes qui recherchent la Vérité. C'est le début d'un
mouvement opposé à celui de Babel, de la confusion vers la compréhension, de
la dispersion vers la réconciliation. On trouve ainsi un lien entre
l'Épiphanie et la Pentecôte. Si la naissance du Christ qui est la tête, est
aussi la naissance de l'Église, son corps, nous voyons alors dans les mages,
les peuples qui se joignent au reste d'Israël en pré annonçant le grand signe
de l'Église polyglotte, réalisé par l'Esprit-Saint, 50 jours après Pâques.
L'amour fidèle et tenace de Dieu qui ne manque jamais à son alliance, de
générations en générations, c'est çà le mystère dont nous parle saint Paul
dans ses lettres et aussi dans la lettre aux Éphésiens que nous avons
écoutée, il y a peu de temps : l'apôtre affirme qu'un tel mystère, a été
porté à sa "connaissance par révélation" (Ep 3.2)
et qu'il l'a chargé de le faire connaître à tous les gens, à tous
les peuples.
Ce mystère constitue l'espérance de l'histoire. Ce mystère est aussi contrasté
par des poussées de divisions et d'oppressions qui lacèrent l'humanité à
cause du péché et du conflit d'égoïsme. L'Église est au service de ce
mystère de bénédiction pour l'humanité tout entière. Elle assume pleinement
sa mission, seulement quand elle reflète en elle-même la lumière du Christ
et qu'elle est aussi une aide pour les peuples du monde sur le chemin de la
paix et du progrès authentique.
De fait, la parole de Dieu reste toujours valide, celle révélée par le biais
du prophète Isaïe, les ténèbres couvrent la terre et l'obscurité les
peuples. Mais sur Toi resplendit le Seigneur, mais sur Toi, Sa gloire
apparaît. Quand le prophète annonce à Jérusalem, il se réalise dans
l'Église du Christ. Des nations marchent à ta lumière et des rois à la
clarté de tes rayons. Avec le Christ, la bénédiction d'Abraham s'est étendue
à tous les peuples, à l'Église universelle comme le nouvel Israël qui
accueille en son sein l'humanité tout entière. Aujourd'hui, aussi toutefois, il
est encore vrai comme disait le prophète que l'obscurité couvre les nations.
On ne peut pas dire de fait, que la globalisation soit synonyme d'ordre
mondial, bien au contraire, les conflits pour la suprématie économique et le
contrôle des ressources énergétiques hydriques et des matières premières,
rendent difficile le travail de ceux qui à tous les niveaux, s'efforcent de construire un monde juste et solidaire. Il y a un grand
besoin d'une espérance plus grande, qui permette de préférer le bien commun
de tous au luxe de quelques-uns et à la misère de beaucoup. Cette grande
espérance, je l'ai écrit dans l'encyclique
"Spe Salvi" doit être seulement Dieu et pas un Dieu
quelconque, mais ce Dieu qui possède un visage humain (n.
31), le Dieu qui s'est manifesté dans l'Enfant de Bethléem et dans
le crucifié ressuscité.
S'il existe une grande espérance, on peut alors persévérer dans la sobriété.
Si l'espérance vient à manquer, on cherche le bonheur dans l'ébriété et dans
le superflus, dans les excès et l'on va à notre propre perte et à la perte du
monde. La modération n'est pas seulement une règle ascétique mais aussi un
chemin de salut pour l'humanité.
Il est désormais évident, qu'uniquement en adoptant un style de vie sobre
accompagné par un engagement sérieux, pour une juste redistribution des
richesses, il sera possible d'instaurer un ordre de développement juste et
durable. Pour se faire, on a besoin d'hommes qui nourrissent une grande
espérance et qui possèdent également beaucoup de courage.
Le courage des mages qui entreprirent un long voyage en suivant une étoile,
et qui surent s'agenouiller devant un Enfant pour Lui offrir leurs dons
précieux. Nous avons tous besoin de ce courage, ancré à une solide
espérance. Que Marie nous l'obtienne, en nous accompagnant dans notre
pèlerinage terrestre avec sa protection maternelle. Amen !
Texte
original du discours du Saint Père
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Sources:
www.vatican.va-
(© traduction
E.S.M.)
© Copyright 2007du texte original - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.01.2008 - BENOÎT XVI |