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Journal du Vatican : Ce qu'il reste du synode consacré à la nouvelle
évangélisation
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Le 05 novembre 2012 -
(E.S.M.)
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Les propositions les plus concrètes. Les interventions les plus
significatives. Les surprises en provenance de la Norvège et du
Cambodge. Le plus applaudi de tous: un jeune catéchiste de Rome. Le
contre-chant du général des jésuites.
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Le pape Benoît XVI
Journal du Vatican : Ce qu'il reste du synode consacré à la nouvelle
évangélisation
par Sandro Magister
Le 05 novembre 2012 - E.
S. M. -
Le XIIIe synode des évêques, consacré
à la nouvelle évangélisation, s’est terminé par la remise de 58 "propositiones"
à Benoît XVI.
Les "propositiones" sont des textes préparatoires que le pape pourra
utiliser pour la rédaction de l’exhortation apostolique qui constituera le
résultat concret de cette assemblée.
Ces "propositiones" ont été approuvées à de larges majorités par les
pères synodaux et le cardinal américain Donald W. Wuerl, rapporteur général
du synode, a révélé qu’il n’y a jamais eu plus de 10 % de “non placet”
lorsque chacune d’elles a été soumise au vote.
Jusqu’au pontificat actuel, les "propositiones" qui étaient votées au
cours d’un synode étaient tenues secrètes, mais étant donné qu’elles se
trouvaient dans les mains de centaines de personnes, il arrivait
régulièrement qu’elles soient diffusées dans des délais très brefs par
l’intermédiaire de la presse.
Benoît XVI, par volonté de transparence et par réalisme, a décidé dès le
premier synode célébré sous son pontificat, celui de 2005, qu’une traduction
“officieuse” en langue courante des "propositiones", dont la version
“typique” est toujours en latin, serait officiellement diffusée en temps
réel à la presse.
C’est ce qui a été fait cette fois aussi.
Les "propositiones" de ce synode sont surtout des exhortations et,
dans l’ensemble, elles ont un caractère plutôt général.
Mais on y trouve également des indications concrètes, comme par exemple :
- la demande adressée au pape (n. 16) de créer une commission spécifique de
dirigeants représentant les différentes réalités de l’Église dans le monde,
pour traiter la question des attaques contre la liberté religieuse, ou de
confier cette tâche au conseil pontifical Justice et Paix.
- la constatation (n. 18) que, au-delà de l’importance des médias, "la
forme la plus efficace de communication de la foi reste le partage du
témoignage de la vie, partage sans lequel aucun effort médiatique n’aboutira
à une transmission efficace de l’Évangile".
- l’accent mis sur la "nécessité" (n. 20) que l’Église soit "vigilante
dans son intérêt et son activité en faveur de la qualité de l’art qui est
permis dans les espaces sacrés réservés aux célébrations liturgiques".
- la demande (n. 33) que chaque prêtre "considère le sacrement de pénitence
comme une partie essentielle de son ministère et de la nouvelle
évangélisation" et que, dans chaque communauté paroissiale, soit prévu "un
temps convenable pour écouter les confessions". Étant bien entendu qu’il
est nécessaire d’être fidèles aux "normes spécifiques qui régissent ce
sacrement", qui, comme chacun sait, prévoient uniquement la confession
et l'absolution individuelles, et non pas collectives, sauf dans des cas
tout à fait exceptionnels, dont la guerre.
- l'invitation adressée aux diocèses et aux conférences épiscopales (n. 38)
à examiner quel est le meilleur ordre à suivre pour l’administration des
sacrements de la communion et de la confirmation. En effet, pendant le
synode et en particulier au cours des libres débats, il y a eu des
discussions sur le point de savoir s’il est préférable de conserver la
pratique selon laquelle on célèbre la confirmation après la première
communion, ou si, au contraire, il vaut mieux intervertir cet ordre.
- l’insistance sur le fait que (n. 55) la promotion du dialogue dans le
cadre de l’initiative du “Parvis des Gentils”, "ne doit jamais
être séparée de la première annonce" de l’Évangile.
En ce qui concerne les divorcés remariés – sujet très fréquemment abordé
dans les médias – le synode s’est limité à suggérer (n. 48) que "la
nouvelle évangélisation devrait s’efforcer de traiter les problèmes
pastoraux significatifs concernant le mariage, le cas des divorcés remariés,
la situation de leurs enfants, le destin des conjoints abandonnés, les
couples qui vivent ensemble sans être mariés, et la tendance de la société à
redéfinir le mariage. L’Église devrait chercher à apporter à ces situations,
avec un soin maternel et un esprit évangélique, des réponses appropriées,
constituant un aspect important de la nouvelle évangélisation".
Aucun appel, donc, en faveur d’un changement de la discipline concernant
l’accès des divorcés remariés à l’eucharistie.
*
Voilà ce qui se dégage des "propositiones". Mais le synode, dans ses
débats internes, a été plus riche que ce que les "propositiones"
elles-mêmes, ou le message final au peuple de Dieu, donnent à penser.
En assemblée, en effet, presque tous les pères synodaux - qui étaient plus
de 250 - sont intervenus. Parmi les "grands", il apparaît que le seul à ne
pas avoir pris la parole a été le cardinal archevêque de Vienne, Christoph
Schönborn. Il a cependant été élu membre du conseil post-synodal, un
organisme composé de quinze ecclésiastiques – parmi lesquels douze sont élus
et trois sont désignés par le pape – qui se réunit périodiquement pour
contribuer à la rédaction de l’exhortation apostolique et à la préparation
du synode suivant.
Voici maintenant un florilège des interventions les plus significatives – ou
les plus surprenantes – prononcées en salle des séances au cours des
vingt-deux congrégations générales, douze de celles-ci ayant eu lieu en
présence de Benoît XVI.
Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du conseil pontifical pour le
dialogue interreligieux, a lancé une mise en garde contre les mauvais
artisans du dialogue interreligieux. "Certains chrétiens – a-t-il dit
– ignorant souvent le contenu de leur foi et donc incapables de la vivre
et d’en vivre, ne sont pas aptes au dialogue interreligieux, qui commence
toujours par l’affirmation de ses propres convictions : aucune place pour le
syncrétisme ou le relativisme !". En effet "face à des adeptes
d’autres religions à l’identité religieuse forte, il est nécessaire de
présenter des chrétiens motivés et doctrinalement équipés". Et "pour
cette raison, la nouvelle évangélisation est une priorité, afin de former
des chrétiens cohérents, capables de rendre compte de leur foi, avec des
mots simples et sans peur".
L’archevêque de Chieti-Vasto, Bruno Forte, a fait, pour sa part, une
proposition qui, du point de vue juridique, ne paraît pas avoir eu de suite.
Après avoir rappelé "combien est dramatique la situation des enfants de
divorcés remariés qui deviennent souvent étrangers aux sacrements parce que
leurs parents n’y prennent pas part", il a demandé "un net virage
dans le sens de la charité pastorale, comme l’a plusieurs fois affirmé le
pape Benoît XVI, par exemple lors de la Rencontre mondiale des familles qui
a eu lieu à Milan". Et il a fait la proposition suivante : "Il sera
également nécessaire de lancer une réflexion à propos des modalités et des
délais nécessaires pour que soit reconnue la nullité du lien matrimonial :
en tant qu’évêque et modérateur d’un tribunal ecclésiastique régional, je
dois admettre que certaines exigences (par exemple la nécessité du double
jugement conforme, même en l’absence de recours) paraissent peu
compréhensibles à beaucoup de personnes blessées, désireuses de régulariser
leur situation".
Le recteur de l’Université Pontificale du Latran, l’évêque salésien Enrico
dal Covolo, n’a pas pris de gants pour affirmer que "le cheval de Troie
grâce auquel les états s’emparent de l’intelligence des étudiants, c’est la
formation des enseignants". Et il a ajouté : "Dans de nombreux pays, les
enseignants sont formés uniquement dans les universités d’état et, de toute
façon, si l’on veut enseigner, il faut posséder l'habilitation d’état que
l’on obtient en suivant le parcours de formation établi par l’état et en
passant des examens d’état. C’est ainsi que l'Occident s’est progressivement
déchristianisé, par la déchristianisation des écoles et des universités.
Maintenant, une nouvelle évangélisation ne peut avoir lieu qu’à travers la
reconnaissance des personnes, de leur conscience, de leurs droits. Si les
états, comme ils l’ont souvent fait et comme ils continuent à le faire,
s’approprient le projet personnel de formation, ils retirent aux personnes
la liberté de se réaliser, les privant ainsi d’un droit originel et
constitutif. Par conséquent, une communauté ecclésiale qui s’engage dans une
nouvelle évangélisation devra veiller d’urgence et prioritairement au bon
fonctionnement des écoles et des universités en général, mais tout
particulièrement de celles qui sont catholiques".
L’une des rares références aux abus sexuels commis par des clercs sur des
mineurs et à la manière de procéder à la nouvelle évangélisation dans des
contextes particulièrement atteints par ce triste phénomène a été faite par
Brian Joseph Dunn, l’évêque d’Antigonish, au Canada. Son prédécesseur à la
tête de ce diocèse a été récemment réduit à l’état laïc – une mesure qui est
très rarement prise pour un évêque – après avoir fait l’objet d’une
condamnation civile pour possession de matériel pédopornographique.
Le cardinal indien Télesphore Placidus Toppo, archevêque de Ranchi, a lancé
un cri d’alarme à propos de la situation des ordres religieux. "Je
voudrais adresser – a-t-il dit – un humble appel aux ordres
religieux, pour qu’ils redeviennent missionnaires. Au cours de l’histoire de
l’évangélisation, tous les ordres religieux, guidés par le Saint-Esprit, ont
fait des choses extraordinaires et merveilleuses. Est-ce que nous pouvons en
dire autant, aujourd’hui, à propos des congrégations religieuses ? Est-il
possible qu’elles se soient mises à fonctionner comme des multinationales,
effectuant un très gros travail, bon et nécessaire, pour répondre aux
besoins matériels de l’humanité, mais en oubliant que le but principal pour
lequel elles ont été fondées était de porter le kérygme, l’Évangile, à un
monde perdu ? Nous devons apprécier les nombreux groupes de jeunes et les
nouveaux mouvements ecclésiaux qui relèvent actuellement ce défi. Cependant,
je pense que ce synode doit inviter les religieux et les religieuses à
accomplir de manière explicite et directe le travail d’évangélisation et de
transmission de la foi, en collaboration avec les évêques locaux. Je
voudrais également demander à la congrégation pour les instituts de vie
consacrée d’être plus active dans la promotion du 'sensus ecclesiae' auprès
de tous les religieux".
Le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet de la congrégation pour les
évêques, a également formulé des critiques à propos des religieux, lorsqu’il
a noté que "des difficultés assez nombreuse se sont manifestées dans les
relations entre la hiérarchie et les membres des instituts de vie consacrée
: tantôt en raison d’une certaine ignorance des charismes et de leur rôle
dans la mission et dans la communion ecclésiale, tantôt en raison de la
tendance de certaines personnes consacrées à contester le magistère".
Mais un jugement diamétralement opposé a été formulé par le supérieur de
l’ordre religieux qui compte le plus grand nombre de membres, le préposé
général de la Compagnie de Jésus, Adolfo Nicolas, un Espagnol qui a
longtemps vécu en Asie. Lorsqu’on lit son compte-rendu du synode dans le
mensuel jésuite "Popoli", on remarque facilement la différence de ton
par rapport à l’Indien Toppo, surtout là où le P. Nicolas insiste davantage
sur la “sainteté” et le “salut” déjà présents hors de l’Église visible que
sur l’engagement primordial dans la propagation de la foi chrétienne,
souhaité par le cardinal.
L’évêque néerlandais Everardus Johannes de Jong a exprimé un souhait qui
aurait été considéré comme allant de soi en d’autres temps, mais plus
aujourd’hui : "Dans le cadre de la nouvelle évangélisation nous devons
promouvoir la prière aux anges et aux archanges. Beaucoup de pontifes et de
saints ont pratiqué cette dévotion et s’en sont fait les promoteurs".
Nicodème Anani Barraigah-Bénissan, l’évêque d’Atakpamé au Togo, a abordé un
sujet tout à fait différent, lorsqu’il s’est élevé contre le fait que "les
sociétés secrètes et ésotériques, en particulier la franc-maçonnerie,
règnent en maîtresses au sommet de l’état, dans les institutions les plus
importantes et dans tous les milieux intellectuels de notre pays".
Le cardinal George Pell, archevêque de Sydney, en Australie, a protesté
contre les atteintes à la liberté de professer la religion chrétienne "dans
certains pays européens ou anglophones" où cette liberté est "limitée par
des tribunaux, par des réglementations, quelquefois par des parlements". Et
il a rappelé de manière positive le fait que "l’année prochaine, on
célébrera le 1 700e anniversaire de l’édit de Milan, par lequel l’empereur
Constantin promulgua la liberté de religion dans l’empire romain".
Le cardinal Giuseppe Versaldi, président de la préfecture pour les affaires
économiques du Saint-Siège, a consacré à un sujet brûlant, les malversations
commises par des ecclésiastiques, une intervention que les médias ont
retournée contre l’Église. "Dans les éventuels cas de mauvaise
administration des biens d’Église – a-t-il dit – la thérapie qui doit être
appliquée dans l’Église est le remède évangélique de la correction
fraternelle. Avant de dénoncer quelqu’un aux autorités, il faut recourir à
la confrontation personnelle afin de lui donner la possibilité de
reconnaître ses torts et de réparer. Pratiquer la transparence ne signifie
pas automatiquement rendre public le mal qui provoque le scandale. Ce n’est
que s’il n’y a pas de changement de comportement qu’il faut faire appel aux
autorités compétentes, auxquelles revient la tâche de vérifier les
accusations, sans que celles-ci soient déjà considérées comme une preuve de
mauvaise administration". Ce que les médias italiens, impitoyables, ont
traduit par : “Le linge sale, on le lave en famille”.
De nombreux pères synodaux ont parlé et fait l’éloge du concile Vatican II
et de ses fruits dans la vie de l’Église. Mais les références critiques,
appuyées sur des arguments, à ce qui s’est passé au cours des années qui ont
suivi le concile n’ont pas non plus manqué.
Le cardinal américain Raymond Leo Burke, préfet du tribunal suprême de la
signature apostolique, a souligné que "l’euphorie postconciliaire, où l’on
visait à l’instauration d’une Église nouvelle placée sous le signe de la
liberté et de l’amour, a fortement favorisé une attitude d’indifférence,
pour ne pas dire d’hostilité, vis-à-vis de la discipline de l’Église. C’est
pourquoi la réforme de la vie ecclésiale souhaitée par les pères
conciliaires a été, en un certain sens, empêchée, sinon trahie".
Un autre cardinal américain, Timothy M. Dolan, archevêque de New-York, a
rappelé avec amertume : "Le concile Vatican II voulait un renouvellement du
sacrement de pénitence, mais ce que nous avons eu à la place,
malheureusement, c’est la disparition de ce sacrement".
Le cardinal polonais Zenon Grocholewski, préfet de la congrégation pour
l'éducation catholique, a fait remarquer que "bien que nous disposions à ce
sujet des indications du concile Vatican II et du magistère postconciliaire"
il y a "encore, dans la pratique, peu de clarté quant à la relation entre le
rôle de la théologie et celui du magistère de l’Église. Jésus n’a pas laissé
notre compréhension de la Sainte Écriture et de la Tradition à la merci des
diverses opinions qui, bien évidemment, peuvent également être très
divergentes et extravagantes et semer continuellement l’incertitude et la
confusion, mais il nous a laissé le grand trésor du magistère" ; toutefois,
malheureusement, celui-ci "est bien souvent rendu vain". Et c’est ainsi que
"la manie de devenir grand, original, important, réduit bon nombre d’évêques
à l’état de 'pasteurs qui sont pasteurs d’eux-mêmes et non de leurs brebis'
(cf. Ez 34, 8 ; Saint Augustin, Discours sur les pasteurs), ce qui fait
qu’ils deviennent en réalité peu significatifs dans le royaume des cieux et
contreproductifs pour le développement de l’Église et pour
l’évangélisation".
*
Enfin voici trois interventions dont il est utile de donner intégralement la
synthèse diffusée par le synode.
La première est celle qui, de l’avis de bon nombre de témoins, a recueilli
la plus grande quantité d’applaudissements pendant toute la durée du synode.
Elle a pour auteur un jeune catéchiste laïc de Rome, qui a été désigné par
le pape parmi les auditeurs.
Les deux autres sont celles dont Benoît XVI, dans son intervention du 27
octobre au synode, a dit qu’il les avait particulièrement appréciées, en
tant que témoignage d’une Église qui "se développe et vit" précisément là où
elle est petite et pauvre. Ce sont celles de l’évêque croate de Tromso, en
Norvège, et de l’évêque, d’origine française, de Phnom-Penh, au Cambodge.
TOMMASO SPINELLI, catéchiste chargé de jeunes
catéchumènes au service de catéchèse du diocèse de Rome, Italie :
"La nouvelle évangélisation a besoin de contenu : de catéchèses
significatives qui soient en mesure de dire quelque chose de sérieux à notre
vie, mais aussi et surtout de vies significatives qui fassent apparaître
dans les faits la solidité de ceux qui sont chrétiens. Les prêtres donnent
aux jeunes - particulièrement aujourd’hui, où les familles sont désunies et
renoncent souvent à leur rôle éducatif - le témoignage de la fidélité à une
vocation et de la possibilité de choisir un mode de vie autre et plus beau
que celui qui est proposé par la société. Ce qui me préoccupe, toutefois,
c’est que ces personnalités significatives sont en train de devenir la
minorité. Le prêtre ne croit plus à l'importance de son ministère, il a
perdu son charisme et sa culture. Je vois des prêtres qui se conforment à la
pensée dominante. C’est la même chose en ce qui concerne les liturgies :
lorsque l’on essaie de les rendre originales, elles deviennent
insignifiantes.
"Prêtres, je vous demande de trouver le courage d’être vous-mêmes. N’ayez
pas peur, parce que lorsque vous serez authentiquement prêtres, lorsque vous
proposerez sans crainte la vérité de la foi, nous, les jeunes, nous vous
suivrons. En effet nous faisons nôtres les paroles de Pierre : 'Seigneur à
qui irions-nous ? Toi seul as les paroles de la vie éternelle !'. Et nous
avons une faim infinie de quelque chose d’éternel et de vrai.
"Je propose donc ceci : 1) Augmenter la formation des prêtres, non seulement
dans le domaine spirituel mais aussi dans le domaine culturel. Trop souvent,
aujourd’hui, nous voyons des prêtres qui ont perdu le rôle de maîtres de
culture qui les avait rendus importants pour toute la société. Si,
aujourd’hui, nous voulons être crédibles et utiles, nous devons avoir de
nouveau de bons instruments culturels. 2) Redécouvrir le Catéchisme de
l’Église Catholique dans sa conciliarité : en particulier la première partie
de chaque section, où les documents du concile éclairent les thèmes
traditionnels. En effet le Catéchisme a la sagesse de faire précéder
l’explication du 'Credo' par une partie inspirée de 'Dei Verbum', dans
laquelle est expliquée la vision personnaliste de la révélation, celle des
sacrements par 'Sacrosantum concilium', et celle des commandements par
'Lumen gentium' qui montre l’homme créé à l’image de Dieu. La première
partie de chaque section du catéchisme est fondamentale pour que l’homme
d’aujourd’hui perçoive la foi comme quelque chose qui le concerne de près et
qui est capable d’apporter des réponses à ses questions les plus profondes.
3) Enfin la liturgie : trop souvent elle est négligée et désacralisée, il
faut la remettre avec dignité au centre de la communauté aussi bien
paroissiale que territoriale".
BERISLAV GRGIC, évêque prélat de Tromso, en Norvège :
"Dans les pays nordiques – Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède –
l’Église catholique constitue une petite minorité. Elle n’a donc ni les
avantages ni les inconvénients que l’on rencontre fréquemment dans les
régions où le catholicisme est la religion traditionnelle et/ou
prédominante. En dépit de son importance limitée, du point de vue numérique
et social, notre Église connaît tout de même une croissance. De nouvelles
églises sont construites ou achetées, de nouvelles paroisses sont créées,
des rites non latins viennent s’ajouter, la quantité de conversions et de
baptêmes d’adultes est relativement élevée, les vocations sacerdotales et
religieuses ne manquent pas, le nombre de baptêmes dépasse de très loin
celui des décès et de ceux qui abandonnent l’Église, et la présence à la
messe dominicale est assez élevée.
"Dans certains secteurs de la société il y a un grand intérêt pour la foi et
pour la spiritualité, à la fois de la part d’incroyants qui cherchent la
vérité et de la part de chrétiens relevant d’autres confessions, qui
désirent approfondir et enrichir leur vie religieuse. Il faut également
remarquer que, depuis quelques années, des ordres contemplatifs en assez
grand nombre y ont ouvert des maisons. Cependant, la transmission de la foi
est fréquemment rendue plus difficile par l’importance des distances à
parcourir. Nos prêtres doivent beaucoup de déplacer (parfois jusqu’à 2 000
km par mois) pour visiter les fidèles qui habitent des endroits éloignés et
célébrer la messe avec eux. Pendant les mois d’hiver, cela devient très
fatigant".
OLIVIER SCHMITTHAEUSLER, M.E.P., vicaire apostolique
de Phnom-Penh, au Cambodge :
" Le génocide khmer rouge a tué évêques, prêtres, religieuses et la majorité
des chrétiens. Depuis 20 ans, nous vivons à nouveau le temps des Actes des
Apôtres, avec une première annonce de la Bonne Nouvelle assurée par le petit
reste de survivants, soutenu par l'arrivée massive de missionnaires.
Aujourd'hui nous avons environ 200 baptêmes d'adultes chaque année... La
petite Église du Cambodge est en quelque sorte un laboratoire
d'évangélisation dans un monde bouddhiste entré de plein pied dans un
processus de sécularisation véhiculé par la mondialisation à l'instar des
dragons asiatiques. La mission Ad Extra est intimement liée à la mission Ad
Intra. Ad Extra et Ad Intra s'enrichissent mutuellement en se stimulant au
service d'une même et unique Mission d'Évangélisation !
"Quelques points significatifs pour une première annonce de Jésus-Christ et
qui peuvent aussi être étendus à une réflexion sur la nouvelle
évangélisation.
Deux fondamentaux : 1) La vraie rencontre de Jésus-Christ ouvre le cœur à la
charité et à l'expérience du pardon pour conduire à la découverte du don de
la vie. 2) Les laïcs sont apôtres dans ce monde ('Apostolicam actuositatem').
"Comment l'Église sera-t-elle sacrement du Christ dans le monde pour une
nouvelle évangélisation en acte et en vérité ? 1) Une Église qui touche le
cœur. 2) Une Église simple. 3) Une Église hospitalière. 4) Une Église qui
prie. 5) Une Église joyeuse".
***
Toute la documentation du synode consacré à la nouvelle évangélisation
► Synode
des évêques sur La nouvelle évangélisation pour la transmission de la
foi
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.11.2012 -
T/International |