Catéchèse de Benoît XVI : le Saint
curé d'Ars |
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Le 05 août 2009 -
(E.S.M.)
- A 10h30 aujourd'hui le Saint-Père Benoît XVI s'est montré
au balcon de la Cour intérieure du Palais Apostolique de Castel
Gandolfo pour rencontrer les 4000 fidèles et pèlerins
rassemblés pour l'Audience Générale du mercredi.
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Le pape Benoît XVI
Catéchèse de Benoît XVI : le Saint
curé d'Ars
Le 05 août 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- A 10h30 aujourd'hui le Saint-Père Benoît XVI s'est montré au balcon de la
Cour intérieure du Palais Apostolique de Castel Gandolfo pour rencontrer les
fidèles et les pèlerins venus pour l'Audience Générale du mercredi. Quelque
4.000 personnes, parmi lesquelles des martiniquais, des chinois, des
coréens, s’étaient rassemblées dans la cour de la résidence pontificale. Un
écran avait été installé à l’extérieur du palais pour ceux qui n’avaient pas
pu entrer.
Dans son discours en langue italienne, le pape s'est arrêté sur la figure de
Saint Jean Marie Vianney, le Saint Curé d'Ars.
Après les catéchèses, le Saint-Père a adressé des salutations en diverses
langues aux groupes de fidèles présents et a conclu en donnant la
Bénédiction Apostolique.
Voici la traduction du texte intégral de la catéchèse du Saint-Père en
langue italienne dont le pape, pour faire court, a lu seulement une
synthèse.
Catéchèse du Saint Père
Chers frères et sœurs,
Dans la catéchèse d'aujourd'hui, je voudrais parcourir brièvement
l'existence du Saint Curé d'Ars en soulignant certains traits, qui peuvent
être un exemple même pour les prêtres de notre époque, certainement
différente de celle où il vécut, mais marquée, sous de nombreux aspects, des
mêmes défis fondamentaux humains et spirituels. C'est justement hier qu'on a fêté
les 150 ans de sa naissance au Ciel : il était en effet deux heures du matin
le 4 août 1859, lorsque saint Jean Baptiste Marie Vianney acheva le cours
de son existence terrestre et alla à la rencontre du Père céleste pour
recevoir en héritage le royaume préparé depuis la création du monde pour
ceux qui fidèlement, suivent ses enseignements (cfr Mt 25,
34). Quelle grande fête il dut y avoir au Paradis à l'entrée
d'un pasteur si zélé! Quel accueil a du lui réserver la multitude des
enfants réconciliés avec le Père grâce à son œuvre de curé et de confesseur !
J'ai voulu saisir l'occasion de cet anniversaire pour proclamer l'Année
Sacerdotale, qui, comme vous le savez, a pour thème Fidélité du Christ,
fidélité du prêtre. La crédibilité du témoignage et, en définitive,
l'efficacité même de la mission de chaque prêtre, dépend de la sainteté.
Jean Marie Vianney naquit dans le petit village de Dardilly le 8 mai 1786,
dans une famille paysanne, pauvre de biens matériels, mais riche d'humanité et
de foi. Baptisé, comme il était de bon usage à l'époque, le jour-même de sa
naissance, il consacra les années de son enfance et de son adolescence aux
travaux dans les champs et à faire paitre les animaux, si bien que, à l'âge
de dix-sept ans, il était encore analphabète. Il connaissait cependant de
mémoire les prières que sa pieuse mère lui avaient enseignées et il se
nourrissait du sentiment religieux qu'on respirait à la maison. Les biographes
racontent que, depuis sa première jeunesse, il chercha à se conformer à la
volonté divine même dans les tâches les plus humbles. Il nourrissait dans
son âme le désir de devenir prêtre, mais il ne lui fut pas facile de le
devenir. Il parvint en effet à l'ordination presbytérale après de nombreuses
mésaventures et incompréhensions, grâce à l'aide de sages prêtres, qui ne
s'arrêtèrent pas à considérer ses limites humaines, mais surent regarder
au-delà, en pressentant l'horizon de sainteté qui se profilait chez ce jeune
vraiment singulier. Ainsi, le 23 juin 1815, il fut ordonné diacre et, le 13
août suivant, prêtre. Finalement à l'âge de 29 ans, après beaucoup
d'incertitudes, beaucoup d'échecs et de larmes, il put monter sur l'autel du
Seigneur et réaliser le rêve de sa vie.
Le Saint Curé d'Ars manifesta toujours une très haute considération du don
reçu. Il affirmait : « Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand !
il ne se comprendra bien que dans le ciel… s'il se comprenait sur la terre,
il mourrait, pas de peur mais d'amour ! » (Abbé Monnin,
Esprit du Curé d'Ars, p. 113). En outre, enfant, il avait confié
à la mère : « Si j'étais prêtre, je voudrais conquérir beaucoup d'âmes »
(Abbé Monnin, Procès de l'ordinaire, p. 1064). Et
il en fut ainsi. Dans son service pastoral, tout aussi simple
qu'extraordinairement fécond, ce curé anonyme d'un village isolé du sud de
la France réussit tellement à s'identifier à son ministère, qu'il devint, même
de manière visiblement et universellement reconnaissable, alter Christus,
image du Bon Pasteur, qui, contrairement au mercenaire, donne sa vie pour
ses brebis (cfr Jn 10.11). Son existence fut
une catéchèse vivante, qui atteignait une efficacité très particulière
lorsque les gens le voyaient célébrer la Messe, s'arrêter en adoration devant
le tabernacle ou passer de nombreuses heures dans le confessionnal.
Le centre de toute sa vie était donc l'Eucharistie qu'il célébrait et
adorait avec dévotion et respect. Une autre caractéristique fondamentale de
cette extraordinaire figure sacerdotale était le ministère assidu de la confession. Il reconnaissait dans la pratique du sacrement de la pénitence,
l'accomplissement logique et naturel de l'apostolat sacerdotal, dans
l'obéissance au mandat du Christ : «
Ceux à qui vous pardonnerez les péchés,
ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur
seront retenus » (cfr Jn 20.23).
Saint Jean Marie Vianney se distingua par conséquent comme un excellent et
infatigable confesseur et maître spirituel. En passant « d'un seul
mouvement intérieur, de l'autel au confessionnal », où il passait une
grande partie de la journée, il cherchait par tous les moyens, par la
prédication et par le conseil persuasif, de faire redécouvrir aux
paroissiens le sens et la beauté de la pénitence sacramentelle, en la
montrant comme une exigence intime de la Présence eucharistique
(cfr
Lettre aux prêtres pour l'Année Sacerdotale).
Les méthodes pastorales de saint Jean Marie Vianney pourraient apparaître
peu adaptées aux conditions sociales et culturelles actuelles. Comment un
prêtre pourrait-il en effet l'imiter aujourd'hui, dans un monde qui a
tellement changé ? S'il est vrai que les temps changent et que beaucoup de
charismes sont propres à la personne, et donc inimitables, il y a cependant un style de vie et un
élan de fond que tous sont appelés à cultiver. A bien voir, ce qu'a rendu
saint le Curé d'Ars, a été sa fidélité humble à la mission à laquelle Dieu
l'avait appelé ; cela a été son abandon constant, plein de confiance, entre
les mains de la Divine Providence. Il a réussi à toucher le cœur des
personnes non en vertu de ses dons humains, ni en s'appuyant exclusivement
sur un effort, même louable, de la volonté, il a conquis les âmes, même les plus réfractaires, en leur communiquant ce qu'il
vivait intimement, c'est-à-dire son amitié avec le Christ. « Il
était amoureux » du Christ, et le vrai secret de son succès pastoral a
été l'amour qu'il nourrissait pour le Mystère eucharistique annoncé, célébré
et vécu, qui est devenu amour pour le troupeau du Christ, les
chrétiens et pour toutes les personnes qui cherchent Dieu. Son témoignage nous rappelle, chers frères et sœurs, que pour
chaque baptisé, et encore plus pour le prêtre, l'Eucharistie « n'est pas
un évènement simplement avec deux protagonistes, un dialogue entre Dieu et
moi. La Communion eucharistique tend à une transformation totale de sa
propre vie. Avec force il ouvre tout entier le "je" de l'homme et crée
un nouveau "nous" » (Joseph Ratzinger, la Communion
dans l'Église, p. 80).
Loin alors de réduire la figure de saint Jean Marie Vianney à un exemple,
tout aussi admirable soit-il, de la spiritualité dévotionnelle du
dix-neuvième siècle, il est nécessaire au contraire de cueillir la force
prophétique qui marque sa personnalité humaine et sacerdotale. Dans la
France post-révolutionnaire qui faisait l'expérience d'une sorte de « dictature du
rationalisme » visant même à rayer la présence des prêtres et de
l'Église dans la société, il vécut, d'abord - dans les années de sa jeunesse
- une clandestinité héroïque en parcourant des kilomètres dans la nuit pour
participer à la Sainte messe. Ensuite - comme prêtre - il se distingua par une
créativité pastorale singulière et féconde, en mesure de montrer que le
rationalisme, alors dominant, était en réalité loin de satisfaire des
besoins authentiques de l'homme et donc, en définitive, pas vivable.
Chers frères et sœurs, à 150 ans de la mort du Saint Curé d'Ars, les défis
de la société d'aujourd'hui ne sont pas moins difficiles, au contraire
peut-être, ils se sont faits plus complexes. Si à l'époque régnait la «
dictature du rationalisme », à l'époque actuelle on enregistre dans
beaucoup de milieux, une sorte de « dictature du relativisme ». Tous
les deux apparaissent comme des réponses inadéquates à la juste question de
l'homme d'utiliser pleinement sa raison comme élément distinctif et
constitutif de son identité. Le rationalisme fut inadéquat parce qu'il ne
tint pas compte des limites humaines et prétendit élever la seule raison
comme mesure de toute chose, en la transformant en une déesse ; le
relativisme contemporain mortifie la raison, parce que, de fait, il arrive à
affirmer que l'être humain ne peut rien connaître avec certitude au-delà du
domaine scientifique positif. Aujourd'hui cependant, comme alors, l'homme «
assoiffé de sens et d'accomplissement » va à la recherche continue
de réponses exhaustives aux questions de fond qu'il ne cesse de poser.
Les Pères du Concile Œcuménique de Vatican II avaient bien présent à
l'esprit cette « soif de vérité », qui brûle dans le cœur de tout
homme, lorsqu'ils affirmèrent qu'il revient aux prêtres, « ces éducateurs
de la foi », de former « une communauté chrétienne authentique »
capable d'ouvrir « à tous les hommes la voie qui mène au Christ » et
d'exercer « une vraie action maternelle » à leur égard, en indiquant
ou en facilitant à celui qui ne croit pas « le chemin qui mène au Christ
et à son Église », et en constituant pour celui qui croit déjà «
stimulation, nourriture et soutien pour la lutte spirituelle »
(cfr Presbyterorum ordinis, 6). L'enseignement qu'à ce propos
continue à nous transmettre le Saint Curé d'Ars, est que, sur la base
d'un tel engagement pastoral, le prêtre doit cultiver une union intime
personnelle avec le Christ, et la faire grandir jour après jour.
C'est seulement ainsi qu'il pourra toucher les cœurs des personnes et les
ouvrir à l'amour miséricordieux du Seigneur ; c'est seulement ainsi, par
conséquent, qu'il pourra inspirer de l'enthousiasme et de la vitalité
spirituelle aux communautés que le Seigneur lui confie. Prions afin que, par
intervention de saint Jean Marie Vianney, Dieu fasse don à son Église de
saints prêtres, et pour que grandisse chez les fidèles le désir de soutenir
et aider leur ministère.
Confions cette intention à Marie, qu'aujourd'hui nous invoquons comme Notre
Dame des Neiges.
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins
francophones
Je suis heureux d’accueillir les pèlerins de langue française présents ce
matin. Je salue particulièrement les jeunes de la paroisse Sainte-Rose de
Lima, du Robert, à La Martinique. Alors que nous célébrons en ces jours le
cent-cinquantième anniversaire de la mort de Saint Jean-Marie Vianney, je
vous invite à prier pour que son témoignage soit pour les prêtres
d’aujourd’hui un enseignement qui les encourage à vivre leur ministère avec
foi et générosité. Que par l’intercession du Curé d’Ars le Seigneur donne à
son Église de saints prêtres qui trouveront chez les fidèles soutien et
collaboration dans leur mission d’annoncer l’Évangile. Que Dieu vous bénisse
!
Texte original du
discours du Saint Père
►
UDIENZA GENERALE
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Italien
Sources : www.vatican.va
-
(©
traduction
E.S.M.)
© Copyright 2009 du texte original- Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.08.09 -
T/Catéchèse |