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Rencontre de Benoît XVI avec les prêtres, vendredi 13 mai 2005

 

Cité du Vatican, le 05 août 2008  - (E.S.M.) - Discours du pape Benoît XVI à l'occasion de la rencontre avec les prêtres et les diacres de son diocèse dans la basilique Saint-Jean-de-Latran le Vendredi 13 mai 2005 .

Le pape Benoît XVI

Rencontre de Benoît XVI avec les prêtres, vendredi 13 mai 2005

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
À L'OCCASION DE LA RENCONTRE AVEC LES PRÊTRES
ET LES DIACRES DE SON DIOCÈSE


Basilique Saint-Jean-de-Latran
Vendredi 13 mai 2005


Chers prêtres et diacres, qui prêtez votre service pastoral dans le diocèse de Rome, je suis heureux de vous rencontrer au début de mon ministère d'Evêque de cette Eglise, "qui préside dans l'amour". Je salue avec affection le Cardinal-Vicaire, que je remercie des paroles aimables qu'il m'a adressées, le Vice-gérant et les Evêques auxiliaires. Je salue de façon amicale chacun de vous et je désire vous exprimer dès cette première rencontre ma gratitude pour votre labeur quotidien dans la vigne du Seigneur.

L'extraordinaire expérience de foi que nous avons vécue à l'occasion de la mort de notre très aimé Pape Jean-Paul II, nous a montré une Église de Rome profondément unie, pleine de vie et riche de ferveur: tout cela est également le fruit de votre prière et de votre apostolat. Ainsi, dans l'humble adhésion au Christ unique Seigneur, nous pouvons et nous devons promouvoir ensemble cette "exemplarité" de l'Église de Rome qui est un service authentique aux Églises soeurs présentes dans le monde entier. Le lien indissoluble entre romanum et petrinum implique et exige, en effet, la participation de l'Église de Rome à la sollicitude universelle de son Évêque. Mais la responsabilité d'une telle participation vous concerne à un titre particulier, chers prêtres, qui êtes unis à votre Évêque par le lien sacramentel et qui êtes constitués ses précieux collaborateurs. Je compte donc sur vous, sur votre prière, sur votre accueil et votre dévouement, afin que notre diocèse bien-aimé réponde toujours plus généreusement à la vocation que le Seigneur lui a confiée. Et quant à moi, je vous dis: vous pouvez compter, malgré mes limites, sur la sincérité de mon affection paternelle pour vous tous.

Chers prêtres, la qualité de votre vie et de votre service pastoral semble montrer que, dans ce diocèse comme dans de nombreux autres du monde, nous avons désormais dépassé le temps de la crise d'identité qui a préoccupé tant de prêtres. Cependant, les causes du "désert spirituel" qui frappe l'humanité de notre époque et qui, en conséquence, minent également l'Église qui vit dans cette humanité, restent bien présentes. Comment ne pas craindre que celles-ci puissent menacer également la vie des prêtres? Il est donc indispensable de retourner toujours à nouveau à la racine de notre sacerdoce. Cette racine, comme nous le savons bien, est unique: Jésus Christ Seigneur. C'est Lui que le Père a envoyé, c'est Lui la pierre d'angle (1 P 2, 7). En Lui, dans le mystère de sa mort et de sa résurrection vient le royaume de Dieu et s'accomplit le salut du genre humain. Mais ce Jésus n'a rien qui lui appartienne de façon personnelle, tout est entièrement au Père et pour le Père. C'est pourquoi Il dit que sa doctrine n'est pas à lui, mais à celui qui l'a envoyé (cf. Jn 7, 16): le Fils seul ne peut rien faire (cf. Jn 5, 19.30).

Chers amis, telle est également la véritable nature de notre sacerdoce. En réalité, tout ce qui est constitutif de notre ministère ne peut être le produit de nos capacités personnelles. Cela vaut pour l'administration des Sacrements, mais également pour le service de la Parole: nous sommes envoyés non pour nous annoncer nous-mêmes, ou nos opinions personnelles, mais pour annoncer le mystère du Christ et, en Lui, la mesure du véritable humanisme. Nous ne sommes pas chargés de dire beaucoup de mots, mais de nous faire l'écho et les porteurs d'une seule "Parole", qui est le Verbe de Dieu fait chair pour notre salut. La parole suivante de Jésus est donc également valable pour nous: "Ma doctrine n'est pas de moi mais de celui qui m'a envoyé" (Jn 7, 16). Chers prêtres de Rome, le Seigneur nous appelle amis, il fait de nous ses amis, il s'en remet à nous, il nous confie son corps dans l'Eucharistie, il nous confie son Église. Et alors nous devons véritablement être ses amis, n'avoir avec Lui qu'une seule façon de percevoir, vouloir ce qu'Il veut et ne pas vouloir ce qu'Il ne veut pas. Jésus lui-même nous dit: "Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande" (Jn 15, 14). Que cela soit notre intention commune: faire, tous ensemble, sa sainte volonté, dans laquelle se trouve notre liberté et notre joie.

Etant donné que le Christ se trouve à sa source, le sacerdoce est, par sa nature, dans l'Église et pour l'Église. La foi chrétienne, en effet, n'est pas quelque chose de purement spirituel et intérieur et notre relation avec le Christ n'est pas seulement subjective et privée. C'est, en revanche, une relation tout à fait concrète et ecclésiale. A son tour, le sacerdoce ministériel possède un rapport constitutif avec le corps du Christ, dans sa double et inséparable dimension d'Eucharistie et d'Eglise, de corps eucharistique et de corps ecclésial. C'est pourquoi notre ministère est amoris officium (Saint Augustin, In Iohannis Evangelium Tractatus 123, 5), c'est la tâche du bon pasteur, qui offre sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 14-15). Dans le mystère eucharistique, le Christ se donne toujours à nouveau et, précisément dans l'Eucharistie, nous apprenons l'amour du Christ et donc l'amour pour l'Eglise. Je répète donc avec vous, chers frères dans le sacerdoce, les inoubliables paroles de Jean-Paul II: "La Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées" (Discours du 27 octobre 1995, à l'occasion du 30 anniversaire du Décret Presbyterorum ordinis). Cela devrait être une parole dont chacun de nous peut dire qu'elle est la sienne: la Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées. De la même façon, l'obéissance au Christ, qui corrige la désobéissance d'Adam, se concrétise dans l'obéissance ecclésiale, qui pour le prêtre est, dans la pratique quotidienne, tout d'abord obéissance à son Évêque. Dans l'Eglise, l'obéissance n'est cependant pas quelque chose de formel; c'est l'obéissance à celui qui est, à son tour, obéissant et qui personnifie le Christ obéissant. Tout cela ne rend pas vaines et n'atténue pas les exigences concrètes de l'obéissance, mais lui assure sa profondeur théologale et son souffle catholique: dans l'Evêque, nous obéissons au Christ et à l'Eglise entière, qu'il représente en ce lieu.

Jésus Christ a été envoyé par le Père, dans la puissance de l'Esprit, pour le salut de toute la famille humaine et nous, prêtres, à travers la grâce du sacrement, nous participons à sa mission. Comme l'écrit l'Apôtre Paul, "Dieu... nous a confié le ministère de la réconciliation... Nous sommes donc en ambassade pour le Christ; c'est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2 Co 5, 18-20). Ainsi saint Paul décrit notre mission de prêtres. C'est pourquoi, dans l'homélie qui a précédé le Conclave, j'ai parlé d'une "sainte inquiétude" qui doit nous animer, l'inquiétude d'apporter à tous le don de la foi, d'offrir à tous ce salut qui, seul, demeure pour l'éternité. Et dans une ville aussi grande que Rome qui, d'une part, est profondément pénétrée par la foi, mais dans laquelle il y a toutefois de nombreuses personnes qui n'ont pas réellement perçu dans leur coeur l'annonce de la foi, nous devons être encore davantage animés par cette inquiétude d'apporter cette joie, ce centre de la vie qui lui donne un sens et une direction. Chers frères prêtres de Rome, le Christ ressuscité nous appelle à être ses témoins et nous donne la force de son Esprit, pour l'être vraiment. Il est donc nécessaire d'être avec Lui (cf. Mc 3, 14; Ac 1, 21-23). De la même façon que dans la première description du "munus apostolicum", dans Marc 3, est décrit ce que le Seigneur pensait être la signification d'un apôtre: être avec lui et être disponible à la mission. Les deux choses vont de pair et ce n'est qu'en étant avec Lui que nous sommes également et toujours en mouvement avec l'Evangile vers les autres. Il est donc essentiel d'être avec Lui; ainsi l'inquiétude s'anime et nous devenons capables d'apporter la force et la joie de la foi aux autres, de rendre témoignage à travers toute notre vie et non seulement avec quelques mots. Les paroles suivantes de l'Apôtre Paul sont valables pour nous: "Annoncer l'Évangile en effet n'est pas pour moi un titre de gloire; c'est une nécessité qui m'incombe. Oui malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile!... Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre... Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns" (1 Co 9, 16, 22). Ces paroles qui sont l'autoportrait de l'apôtre nous donnent également le portrait de chaque prêtre. Cette façon de "se faire tout à tous" s'exprime dans la proximité quotidienne, dans l'attention à l'égard de chaque personne et famille: vous, les prêtres de Rome, avez à cet égard une grande tradition, je le dis avec une profonde conviction, et vous l'honorez aujourd'hui aussi, alors que la ville s'est beaucoup agrandie et a profondément changé. Il est décisif, comme vous le savez bien, que la proximité et l'attention envers tous ait toujours lieu au nom du Christ et vise constamment à conduire à Lui.

Naturellement, une telle proximité et un tel dévouement comporte pour chacun de vous, et de nous, un coût personnel, représente du temps, des soucis, une dépense d'énergie. Je connais votre fatigue quotidienne et je veux vous remercier, de la part du Seigneur. Mais je voudrais également vous aider à ne pas céder à cette fatigue. Pour pouvoir résister, et même grandir, en tant que personnes et que prêtres, il est tout d'abord fondamental qu'existe une communion intime avec le Christ, dont la nourriture était de faire la volonté du Père (cf. Jn 4, 34): tout ce que nous faisons, nous le faisons en communion avec Lui et nous retrouvons toujours ainsi à nouveau l'unité de notre vie face à tant de distractions favorisées par les diverses activités de chaque jour. Du Seigneur Jésus Christ, qui s'est sacrifié lui-même pour faire la volonté du Père, nous apprenons en outre l'art de l'ascèse sacerdotale, qui aujourd'hui aussi est nécessaire: celle-ci ne doit pas être placée à côté de l'action pastorale, comme un poids supplémentaire qui rend notre journée encore plus difficile. Au contraire, dans l'action même, nous devons apprendre à nous dépasser, à quitter et à donner notre vie. Mais pour que tout cela se produise réellement en nous, pour que notre action soit réellement dans le même temps notre ascèse et notre manière de nous donner, pour que tout cela ne demeure pas seulement un désir, nous avons sans aucun doute besoin de moments pour retremper nos énergies, même physiques, et surtout pour prier et méditer, en retournant dans notre intériorité et en trouvant le Seigneur en nous. C'est pourquoi le temps pour demeurer en présence de Dieu dans la prière est une véritable priorité pastorale, ce n'est pas un à-côté du travail pastoral, demeurer face au Seigneur est une priorité pastorale, en dernière analyse la plus importante. Jean-Paul II nous l'a montré de la manière la plus concrète et la plus lumineuse en chaque circonstance de sa vie et de son ministère.

Chers prêtres, nous ne soulignerons jamais assez combien notre réponse personnelle à l'appel à la sainteté est fondamentale et décisive. Telle est la condition pour que notre apostolat personnel soit non seulement fructueux, mais également, et plus largement, pour que le visage de l'Eglise reflète la lumière du Christ (cf. Lumen gentium, n. 1), incitant ainsi les hommes à reconnaître et à adorer le Seigneur. Nous devons tout d'abord accueillir en nous la supplication de l'Apôtre Paul à se laisser réconcilier avec Dieu (cf. 2 Co 5, 20), en demandant au Seigneur avec un coeur sincère et une âme déterminée et courageuse d'éloigner de nous tout ce qui nous sépare de Lui et qui est en opposition avec la mission que nous avons reçue. Le Seigneur, nous en sommes sûrs, est miséricordieux et saura nous exaucer.

Mon ministère d'Evêque de Rome se situe dans le sillage de celui de mes prédécesseurs, accueillant en particulier l'héritage précieux que Jean-Paul II a laissé: chers prêtres et diacres, marchons ensemble sur cette voie, avec sérénité et confiance. Nous continuerons à chercher à faire croître la communion au sein de la grande famille de l'Eglise diocésaine et à collaborer pour développer l'orientation missionnaire de notre pastorale, conformément aux lignes de fond du Synode romain, mises en oeuvre avec une efficacité particulière lors de l'expérience de la Mission dans la ville. Rome est un très grand diocèse, et un diocèse vraiment très particulier, en raison de la sollicitude universelle que le Seigneur a confiée à son Evêque. C'est la raison pour laquelle, chers prêtres, votre rapport avec l'Evêque diocésain, que je suis, ne peut malheureusement pas avoir la spontanéité quotidienne que je souhaiterais et qui est possible dans d'autres situations. A travers l'oeuvre du Cardinal-Vicaire et des Evêques auxiliaires, à qui j'exprime ma vive gratitude, il m'est cependant possible d'être concrètement proche de chacun de vous, dans les joies et dans les difficultés qui accompagnent le chemin de chaque prêtre. Et je désire surtout vous assurer de cette proximité plus profonde et décisive qui unit l'Evêque à ses prêtres et à ses diacres, dans la prière quotidienne. Soyez assurés que le Clergé de Rome est réellement et particulièrement présent dans ma prière. Nous sommes également proches dans la foi et dans l'amour du Christ et dans notre don à Marie, Mère de l'unique Prêtre Suprême. C'est précisément de notre union au Christ et à la Vierge que tirent leur substance la sérénité et la confiance dont nous ressentons tous le besoin, tant pour le travail apostolique que pour notre existence personnelle.

Chers prêtres et diacres, voici quelques-unes des considération que je désirais proposer à votre attention. Avant d'écouter vos questions et vos réflexions, j'ai encore à vous annoncer une très joyeuse nouvelle. Nous avons reçu une communication aujourd'hui. Le Cardinal Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, avec Mgr Nowak, Secrétaire de la même Congrégation, ont écrit:

Instante Em.mo ac Rev.mo Domino D. Camillo S.R.E. Cardinali Ruini, Vicario Generali Suae Sanctitatis pro Dioecesi Romana, Summus Pontifex BENEDICTUS XVI, attentis peculiaribus expositis adiunctis, in audentia eidem Cardinali Vicario Generali die 28 mensis Aprilis huius anni 2005 concessa, dispensavit a tempore quinque annorum exspectationis post mortem Servi Dei Ioannis Pauli II (Caroli Wojtyla), Summi Pontificis, ita ut causa Beatificationis et Canonizationis eiusdem Servi Dei statim incipi posset. Contrariis non obstantibus quibuslibet.

Datum Romae, ex aedibus huius Congregationis de Causis Sanctorum, die 9 mensis Maii A.D. 2005.

Iosephus Card. Saraiva Martins
Praefectus

Eduardus Nowak
Archiepiscopus tit. Lunensis
a Secretis


A présent, je vous donne la parole. Je chercherai dans la mesure du possible de vous répondre à la fin.

Après avoir écouté les 21 interventions de prêtres et d'un diacre du diocèse de Rome le Pape Benoît XVI a improvisé le discours suivant:

Pour finir, je ne peux que remercier pour la richesse et pour la profondeur de ces contributions, dans lesquelles apparaît un presbyterium plein d'enthousiasme, d'amour pour le Christ et d'amour pour le troupeau qui nous est confié, et d'amour pour les pauvres. Et pas seulement de la ville de Rome, mais réellement de l'Eglise universelle, de tous nos frères. Merci également de l'affection que vous m'avez exprimée, qui m'aide tant.

Je ne me sens pas en mesure, à présent, d'entrer dans les détails de ce qui a été dit. Il serait beau de poursuivre une véritable discussion et j'espère que les possibilités se présenteront d'instaurer une discussion concrète, avec des questions et des réponses. En ce moment, j'exprime simplement ma gratitude pour tout. Je sens réellement votre engagement pastoral, je sens que vous voulez construire l'Eglise du Christ ici à Rome, je sens que vous réfléchissez également sur la façon de mieux faire, je sens que tout cela naît d'un grand amour pour le Seigneur et pour l'Eglise.

Je voudrais seulement mentionner trois ou quatre points qui me sont restés en mémoire. Vous avez parlé de ce lien entre romanité et universalité. Il me semble que c'est un point très important. D'une part, cette Eglise est une véritable Eglise locale, qui doit vivre comme telle. Il y a des personnes qui souffrent, qui vivent, qui veulent croire ou qui ne réussissent pas à croire. Ici, dans les paroisses, doit grandir l'Eglise de Rome avec sa grande responsabilité pour le monde, car elle porte en elle ce mandat, d'une certaine manière, d'"exemplarité"; de sorte qu'apparaisse dans l'Eglise de Rome, le visage de l'Eglise comme telle et qu'elle soit un modèle pour les autres Eglises locales. Pour pouvoir être un modèle, nous devons nous-mêmes être une Eglise locale, qui s'engage chaque jour dans le travail humble qu'exige le fait d'être Eglise en un lieu déterminé et à une époque déterminée.

Vous avez parlé de la paroisse comme d'une structure fondamentale, aidée et enrichie par les mouvements. Et il me semble que précisément au cours du Pontificat du Pape Jean-Paul II, s'est créé un ensemble fécond entre l'élément constant de la structure paroissiale et l'élément, disons, "charismatique", qui offre de nouvelles initiatives, de nouvelles inspirations et de nouvelles animations. Sous la sage direction du Cardinal-Vicaire et des Evêques auxiliaires, tous les curés peuvent être ensemble réellement responsables de la croissance de la paroisse, en assumant tous les éléments qui peuvent venir des mouvements et de la réalité vécue par l'Eglise dans divers contextes.
Mais je voulais encore parler de ce lien entre romanité et universalité. Un de nos confrères a parlé de notre responsabilité envers l'Afrique. Nous avons vu comment l'Afrique est présente à Rome, de même que l'Inde et le monde entier. Et cette présence de nos frères nous oblige non seulement à penser à nous, mais à sentir précisément en ce moment historique, en toutes ces circonstances que nous connaissons, la présence des autres continents. Il me semble qu'en ce moment, nous avons une responsabilité particulière envers l'Afrique, envers l'Amérique latine et envers l'Asie, où le christianisme - exception faite des Philippines - est encore en très grande minorité, même s'il grandit en Inde et se présente comme une force d'avenir. Nous pensons donc aussi précisément à cette responsabilité. L'Afrique est un continent aux très grandes potentialités, dont les populations témoignent d'une très grande générosité, avec une foi vivante qui impressionne. Mais nous devons confesser que l'Europe a exporté non seulement la foi dans le Christ, mais également tous les vices du vieux continent. Elle a exporté le sens de la corruption, elle a exporté la violence qui dévaste à présent l'Afrique. Et nous devons reconnaître notre responsabilité dans ce qui peut permettre que l'exportation de la foi, qui répond à l'attente profonde de chaque homme, soit plus forte que l'exportation des vices de l'Europe. Il me semble qu'il s'agit d'une grande responsabilité. Le commerce des armes a encore lieu. On exploite les trésors de cette terre. Et nous, chrétiens, devons faire toujours plus notre possible pour que la foi y arrive et, avec la foi, la force de résister à ces vices et de reconstruire une Afrique chrétienne, qui sera une Afrique heureuse, un grand continent de l'humanisme nouveau.

On a ensuite parlé de la nécessité, d'une part, d'annoncer, de parler, mais également d'écouter. Il me semble que cela est important dans un double sens. Le prêtre, le diacre, le catéchiste, le religieux, la religieuse, doivent, d'une part, annoncer, être des témoins. Mais pour cela, ils doivent naturellement écouter, dans un double sens: d'une part, avec l'âme ouverte au Christ, en écoutant intérieurement sa Parole, de façon à ce qu'elle soit assimilée et transforme et forme notre être; et, de l'autre, en écoutant l'humanité d'aujourd'hui, notre prochain, l'homme de notre paroisse, l'homme envers lequel nous avons une certaine responsabilité. Naturellement, en écoutant le monde d'aujourd'hui qui existe également en nous, nous écoutons tous les problèmes, toutes les difficultés qui s'opposent à la foi. Et nous devons être capables de prendre au sérieux ces problèmes. Saint Pierre, premier Evêque de Rome, dans sa première Epître dit que nous, chrétiens, devons être disposés à donner raison de notre foi. Cela suppose que nous ayons nous-mêmes compris la raison de la foi, que nous ayons réellement "digéré", également de façon rationnelle, avec le coeur, avec la sagesse du coeur, cette parole qui peut réellement être une réponse pour les autres. Dans la première Epître de saint Pierre, dans le texte grec, il est dit avec un beau jeu de mot: "apología", réponse du "logos", de la raison de notre foi. C'est-à-dire, le "logos", la raison de la foi, la parole de la foi doit devenir réponse de la foi. Et nous savons bien que le langage de la foi est souvent très éloigné des gens d'aujourd'hui; il ne peut se rapprocher que s'il devient, en nous, le langage de notre temps. Nous sommes contemporains; nous vivons en ce temps, avec ces pensées, avec ces sentiments. S'il est transformé en nous, il peut trouver une réponse.

Je reconnais naturellement, nous le savons tous, qu'un grand nombre de personnes ne sont pas immédiatement capables de s'identifier, de comprendre, d'assimiler tout l'enseignement du Christ. Il me semble important d'éveiller tout d'abord cette intention de croire avec l'Eglise, même si certaines personnes peuvent ne pas avoir encore assimilé beaucoup de détails. Il faut avoir cette volonté de croire avec l'Eglise, avoir confiance dans le fait que cette Eglise - non seulement la communauté de deux mille ans de pèlerinage du peuple de Dieu, mais la communauté qui embrasse le Ciel et la terre, la communauté dans laquelle sont présents également tous les justes de tous les temps - que cette Eglise animée par l'Esprit Saint est réellement guidée en son sein par l'Esprit, est donc le vrai sujet de la foi. Et l'individu s'insère dans ce sujet, y adhère, et donc, même s'il n'est pas encore totalement pénétré par celui-ci, a confiance et participe à la foi de l'Eglise, veut croire avec l'Eglise. Cela me semble le pèlerinage permanent de notre vie, arriver avec notre pensée, avec notre affection, avec toute notre vie dans la communion de la foi. C'est ce que nous pouvons offrir à tous afin que, peu à peu, ils puissent s'identifier et surtout qu'ils accomplissent toujours à nouveau ce pas fondamental de se confier à la foi de l'Eglise, de s'insérer dans ce pèlerinage de foi, de façon à recevoir la lumière de la foi.

Enfin, je voudrais encore une fois remercier pour la contribution exprimée ici à propos du christocentrisme, de la nécessité que notre foi soit toujours nourrie par la rencontre personnelle avec le Christ, par une amitié personnelle avec Jésus. Romano Guardini, il y a soixante-ans, a dit à juste titre que l'essence du christianisme n'est pas une idée, mais une Personne. De grands théologiens avaient tenté de décrire les idées essentielles constitutives du christianisme. Mais le christianisme qu'ils avaient décrit apparaissait à la fin comme quelque chose de non convaincant. Car le christianisme est tout d'abord un Evénément, une Personne. Et dans la Personne, nous trouvons ensuite la richesse des contenus. Cela est important.

Il me semble que nous trouvons ici également une réponse à une difficulté que l'on entend souvent aujourd'hui à propos du caractère missionnaire de l'Eglise. De nombreuses personnes nous manifestent la tentation de penser ainsi à l'égard des autres: "Mais pourquoi ne les laissons-nous pas en paix? Ils ont leur authenticité, leur vérité. Nous avons la nôtre. Coexistons donc pacifiquement, laissant chacun comme il est, afin qu'il recherche de la meilleure façon possible son authenticité". Mais comment la propre authenticité peut elle être trouvée si, dans la profondeur de notre coeur, il y a l'attente de Jésus et que la véritable authenticité de chacun se trouve précisément dans la communion avec le Christ, et pas sans le Christ? Autrement dit: si nous avons trouvé le Seigneur et si, pour nous, Il est la lumière et la joie de la vie, sommes-nous sûrs qu'à une autre personne qui n'a pas trouvé le Christ ne manque pas une chose essentielle et que cela ne soit pas notre devoir de lui offrir cette réalité essentielle? Laissons ensuite à la direction de l'Esprit Saint et à la liberté de chacun ce qui arrivera. Mais si nous sommes convaincus et avons fait l'expérience du fait que, sans le Christ, la vie est incomplète, qu'une réalité manque, la réalité fondamentale, nous devons également être convaincus que nous ne faisons tort à personne si nous lui montrons le Christ et si nous lui offrons la possibilité de trouver ainsi sa véritable authenticité, la joie d'avoir trouvé la vie.

Pour finir, je voudrais remercier tous les membres du presbyterium et de la Communauté ecclésiale de Rome, les curés, les vice-curés, tous les collaborateurs dans leurs diverses tâches, les diacres, les catéchistes, en particulier les religieux et le religieuses, qui sont un peu le cœur de la vie ecclésiale d'un diocèse. Merci de ce témoignage qui a été apporté.

Allons de l'avant tous ensemble, animés par l'amour du Christ. Et ainsi, nous avancerons bien!
 

Sources : www.vatican.va -  E.S.M.

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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 05.08.2008 - T/Prêtres

 

 

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