Lettre de Benoît XVI à Silvio
Berlusconi à l'occasion du G8 |
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Le 05 juillet 2009 -
(E.S.M.)
- Avant le G8 du 8 au 10 juillet à l'Aquila: cordialité, et
anticipation de l'encyclique. le pape Benoît XVI écrit à Silvio
Berlusconi.
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Le pape Benoît XVI et
Silvio Berlusconi -
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Lettre de Benoît XVI à Silvio
Berlusconi à l'occasion du G8
Le 05 juillet 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Lettre que le Saint Père Benoît XVI a envoyé à Silvio Berlusconi, à l'occasion du G8,
qui se réunit à l'Aquila, du 8 au 10 Juillet 2009, sous la Présidence
Italienne :
Honorable Monsieur le Président,
En vue du prochain G8 des Chefs d'État et de Gouvernement du Groupe des Pays
les plus industrialisés, qui se déroulera à l'Aquila du 8 au 10 Juillet sous
la Présidence italienne, il m'est agréable de vous adresser un salut cordial
à vous et à tous les participants.
Je saisis volontiers l'occasion pour offrir une contribution à la réflexion
sur les thématiques de la rencontre, comme j'ai déjà eu l'occasion de le
faire dans le passé. J'ai été informé par mes collaborateurs de l'engagement
avec lequel le Gouvernement, que vous avez l'honneur de présider, se prépare
à cet important rendez-vous, et je sais quelle attention vous réservez aux
réflexions, que, sur les thématiques du Sommet imminent, le Saint Siège,
l'Église Catholique en Italie et le monde catholique en général ont formulées,
ainsi que les Représentants d'autres religions.
La participation de Chefs d'État ou de Gouvernement, non seulement du G8
mais de beaucoup d'autres Nations, fera en sorte que les décisions à
adopter, pour trouver des solutions partageables sur les principaux
problèmes qui pèsent sur l'économie, la paix et la sécurité internationale,
puissent refléter plus fidèlement les points que vue et les attentes des
populations de tous les Continents. Cette participation élargie aux
discussions du Sommet prochain apparaît par conséquent plus que jamais
opportune, en tenant compte des multiples problématiques du monde actuel,
hautement interconnecté et interdépendant.
Je me réfère, en particulier, aux défis de la crise économico financière en
cours, ainsi qu'aux données préoccupantes du phénomène des changements
climatiques, qui ne peuvent que pousser à un sage discernement et à de
nouveaux projets pour « convertir » le modèle de
développement global » (cf Angelus du 12 novembre 2006), le rendant capable
de promouvoir, de manière efficace, le développement humain intégral,
inspiré aux valeurs de la solidarité humaine et de la charité dans la
vérité.
Quelques-unes de ces thématiques sont abordées aussi dans ma troisième
Encyclique
Caritas in veritate, qui sera présentée à la presse dans les
jours qui suivent.
En préparation au Grand Jubilée de l'an 2000, sur l'impulsion de Jean Paul
II, le Saint Siège a prêté une grande attention aux travaux du G8. Mon
vénéré Prédécesseur était en effet persuadé que la libération des Pays les
plus pauvres du fardeau de la dette et, plus généralement, le déracinement
des causes de la pauvreté extrême dans le monde, dépendaient du plein
engagement des responsabilités solidaires vis-à-vis de toute l'humanité
qu'ont les Gouvernements et les États économiquement les plus avancés. Des
responsabilités qui ne se sont pas amenuisées, mais qui au contraire sont
devenues aujourd'hui encore plus pressantes. Dans le passé récent, en partie
grâce à l'impulsion que le Grand Jubilée de 2000 a donné à la recherche de
solutions adaptées aux problématiques relatives à la dette et à la
vulnérabilité économique de l'Afrique et d'autres Pays pauvres, en partie
grâce aux considérables changements dans le scénario économique et politique
mondial, la majorité des Pays les moins développés a pu jouir d'une période
d'extraordinaire croissance, qui a permis à beaucoup d'eux d'espérer
l'obtention de l'objectif fixé par la Communauté internationale au seuil du
troisième millénaire, c'est-à-dire celui de vaincre la pauvreté extrême en
2015. Malheureusement, la crise financière et économique, qui investit la
Planète tout entière dès le début de 2008, a changé le panorama, de sorte
que non seulement le risque que s'éteignent les espoirs de sortir de la
pauvreté extrême s'est éteint, mais qu'au contraire des populations jusqu'à
présent bénéficiaires d'un minimum de bien-être matériel tombent aussi dans
la misère.
En outre, la crise économique mondiale actuelle comporte la menace de
l'effacement ou de la réduction drastique des plans d'aide internationale,
spécialement en faveur de l'Afrique et des autres Pays économiquement moins
développés. Et par conséquent, avec la même force avec laquelle Jean Paul II
demanda la rémission de la dette étrangère, je voudrais aussi faire appel
aux Pays membres du G8, aux autres États représentés et aux Gouvernements du
monde entier, afin que l'aide au développement, surtout celui destiné « à
valoriser » la « ressource humaine », soit maintenu et augmenté, non
seulement malgré la crise, mais justement parce que c'est une des
principales voies de solution.
N'est-ce pas en effet en investissant sur l'homme - sur tous les hommes et
les femmes de la Terre - qu'on pourra réussir à éloigner de manière efficace
les perspectives préoccupantes de récession mondiale ? N'est-ce pas en
vérité la route pour obtenir, autant que possible, une marche de l'économie
mondiale au bénéfice des habitants de chaque Pays, riche et pauvre, grand et
petit ?
Le thème de l'accès à l'éducation est intimement lié à l'efficacité de la
coopération internationale. S'il est vrai qu'il faut « investir » sur les
hommes, l'objectif de l'éducation de base pour tous, sans exclusions, en
2015, non seulement doit être maintenu, mais même généreusement renforcé.
L'éducation est la condition indispensable pour le fonctionnement de la
démocratie, pour la lutte contre la corruption, pour l'exercice des droits
politiques, économiques et sociaux et pour la reprise effective de tous les
États, pauvres et riches. Et en appliquant correctement le principe de
subsidiarité, le soutien au développement ne peut pas ignorer l'action
éducatrice diffuse qu'accomplissent l'Église catholique et d'autres
confessions religieuses dans les régions les plus pauvres et abandonnées du
Globe.
Aux illustres participants à la rencontre du G8, il me tient aussi à cœur de
rappeler que la mesure de l'efficacité technique des mesures à adopter pour
sortir de la crise coïncide avec la mesure de leur valeur éthique. Il faut
garder à l'esprit les exigences humaines et familiales concrètes : je me
réfère, par exemple, à la création effective de postes de travail pour tous,
qui permettent aux travailleurs de pourvoir dignement aux besoins de leur
famille, et d'assumer la responsabilité primordiale qu'ils ont dans
l'éducation de leurs enfants et d'être protagonistes dans les communautés
dont ils font partie.
« Une société dans laquelle ce droit est systématiquement nié, - écrivit
Jean Paul II - dans laquelle les mesures de politique économique ne
permettent pas aux travailleurs d'atteindre des niveaux d'emploi
satisfaisants, ne peut atteindre ni sa légitimité éthique ni la paix sociale
» (Centesimus
Annus, 43 ; cf. Id.,
Laborem
exercens, 18). Et c'est justement dans ce but que s'impose
l'urgence d'un système commercial international équitable, portant à leur
réalisation - et si nécessaire allant même et au-delà - les décisions prises
à Doha en 2001, en faveur du développement.
Je souhaite que chaque énergie créatrice soit employée pour assumer les
engagements pris au Sommet de l'ONU du Millénaire concernant l'élimination
de l'extrême pauvreté en 2015.
Il est juste de réformer l'architecture financière internationale pour
assurer la coordination efficace des politiques nationales, évitant la
spéculation de crédit et garantissant une large disponibilité internationale
du crédit public et privé au service de la production et du travail,
spécialement dans les Pays et dans les régions les plus défavorisés.
La légitimation éthique des engagements politiques du G8 exigera
naturellement qu'ils soient confrontés avec la pensée et les nécessités de
toute la Communauté Internationale. À cette fin, il apparaît important de
renforcer le multilatéralisme, non seulement pour les questions économiques,
mais pour la totalité des thématiques concernant la paix, la sécurité
mondiale, le désarmement, la santé, la sauvegarde de l'environnement et des
ressources naturelles pour les générations présentes et futures.
L'élargissement du G8 à d'autres régions constitue sans aucun doute un
important et significatif progrès ; toutefois, lors de la négociation et des
décisions concrètes et opérationnelles, il faut garder en considération
attentive toutes les instances, non seulement des Pays les plus importants
ou avec un passé économique plus marqué.
Cela seul peut en effet rendre de telles décisions réellement applicables et
soutenables dans le temps.
Qu'on écoute par conséquent la voix de l'Afrique et des Pays les moins
développés économiquement ! Que l'on recherche des modalités efficaces pour
relier les décisions des divers regroupements des Pays, y compris le G8, à
l'Assemblée des Nations Unies, où chaque Nation, quel que soit son poids
politique et économique, peut légitimement s'exprimer dans une situation
d'égalité avec les autres.
Je voudrais enfin ajouter combien est significatif le choix du Gouvernement
Italien de recevoir le G8 dans la ville de l'Aquila, choix approuvé et
partagé par les autres États membres et invités. Nous avons tous été témoins
de la généreuse solidarité du Peuple italien et d'autres Nations,
d'Organismes nationaux et internationaux envers les populations des Abruzzes
frappées par le séisme. Cette mobilisation solidaire pourrait constituer une
invitation pour les membres du G8 et pour les Gouvernements et les Peuples
du monde à affronter unis les actuels défis qui se posent impérativement à
l'humanité face à des choix décisifs pour le destin même de l'homme,
intimement associé avec celui de la création.
Honorable Monsieur le Président, pendant que j'implore l'assistance de Dieu
sur toutes les personnes présentes au prochain G8 de l'Aquila et sur les initiatives
multilatérales entendues pour résoudre la crise économico-financière et
garantir un avenir de paix et de prospérité pour tous les hommes et les
femmes sans aucune exclusion, je saisis volontiers l'occasion pour vous
renouveler mon estime et, en vous assurant de ma prière, je vous adresse mes
salutations déférentes et cordiales.
Du Vatican, 1er Juillet 2009
BENEDICTUS PP. XVI
Texte original de
la lettre du Saint Père
►
Italien
Sources : Benoit-et-moi
© Copyright 2009 - Librairie Editrice du Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.07.09 -
T/Benoît XVI |