La sainteté, une vocation pour tous |
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Cité du Vatican, le 05 juin 2008 -
(E.S.M.)
- Autre moyen de sainteté : la formation. C’est une manière
humaine d’apprendre à être plus efficace. La prière, la direction
spirituelle sont des moyens de formation très directs ; les cours de
formation chrétienne, la lecture d’un livre de spiritualité, d’un texte
du Saint-Père Benoît XVI…
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« Soyez parfaits, comme
votre Père céleste est parfait »
(Mt 5, 48).
L’appel du Christ, dans son exigence presque déraisonnable - Pour
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La sainteté, une vocation pour tous
Silvestre Baudrillart
« Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait »
(Mt 5, 48). L’appel du Christ, dans son exigence
presque déraisonnable, a retenti un jour à l’oreille de Pierre, de Jean et
des autres Apôtres. Il nous parvient après vingt siècles : l’avons-nous
compris ?
Qu’est-ce que la sainteté ? Le mot ne doit pas être édulcoré. Au sens
strict, Dieu seul est « saint », c’est-à-dire sacré, séparé du monde. De
même, Dieu seul « est ». Mais chacun d’entre nous « est », aussi, de façon
analogue et par participation à l’être de Dieu.
C’est Dieu qui, en nous créant, nous communique son « être ». C’est
également Lui qui, en nous donnant la grâce, nous fait participer, de
quelque manière, à sa sainteté. Pour être saint, il faut participer à la
sainteté de Dieu, rayonner de Sa lumière : L’imiter.
Mais pour imiter Dieu, il nous faudrait Le voir ! C’est le sens de la
demande de l’apôtre Philippe : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela
nous suffit ». Et le Christ lui répond : « Voilà si longtemps que je
suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ? Qui m’a vu, a vu le Père
» (Jn 14, 8-9). C’est un des sens que nous
pouvons donner à l’Incarnation : Dieu se montre à nous pour que nous ayons
un modèle à imiter. Les auteurs spirituels l’ont compris depuis fort
longtemps, eux qui ont caractérisé la sainteté comme une « imitation de
Jésus-Christ ».
Une histoire d’amour
Mais en quoi pouvons-nous imiter Jésus ? Ses miracles, sa prédication, sa
mort sur la Croix ne sont pas imitables. À cet égard, sa vie est unique.
Mais « Dieu est Amour ». Jésus s’est livré à la mort par amour pour
nous. C’est l’amour qui sera le point focal de notre « imitation de
Jésus-Christ ». « Ama, et fac quod vis : Aime, et fais ce que tu veux
», disait saint Augustin. Cette petite phrase veut-elle dire que l’on peut
faire n’importe quoi ? Mais celui qui aime Jésus, ne voudra-t-il pas faire
sa volonté ?
La sainteté est une histoire d’amour avec Dieu. C’est le Cantique des
Cantiques : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui »
(Ct 2, 16). La sainteté est un amour-passion, une alliance, un
don total. La vocation, l’appel à la sainteté, est une déclaration d’amour
que Dieu adresse à chaque homme. À cet appel, la réponse est aussi un chant
d’amour.
L’amitié avec Dieu est enfin l’autre nom de la grâce sanctifiante : une aide
constante du Père. Sans Lui, aucune sainteté n’est possible. On interrogeait
Jeanne d’Arc lors de son procès : « Savez-vous si vous êtes en la grâce
de Dieu ? – Si je n’y suis, Dieu m’y mette. Et si j’y suis, Dieu m’y garde !
Je serais la plus malheureuse du monde, si je savais ne pas être en la grâce
de Dieu ! Je m’en remets à Dieu de tout ». La sainteté est Don de Dieu,
qu’Il accorde à qui Il veut.
Acquérir les vertus
De manière mystérieuse et pourtant certaine, le Don de Dieu ne « suffit »
pas. Il y faut aussi la coopération de l’homme. « Vous êtes mes amis si
vous faites ce que je vous commande » (Jn 15, 14).
La sainteté est donc aussi une lutte pour les vertus. Jésus est « Dieu
parfait et Homme parfait » (Concile de Francfort, Can.
613) : la sainteté, c’est cette perfection dans les vertus,
humaines et surnaturelles, que l’on cherche à acquérir avec l’aide de Dieu.
C’est pourquoi, au début des procès en canonisation, on s’efforce de montrer
que le candidat à la sainteté a vécu « héroïquement » toutes les vertus.
Héroïquement, c’est-à-dire jusqu’à l’extrême de ses forces.
En ce sens, il y a, même dans la vie d’un saint, ou d’une personne qui
cherche à l’être, des victoires et des défaites : parfois on gagne, parfois
on échoue. Quand nous avons péché, la contrition doit jaillir immédiatement,
comme le sang vient à la blessure. Et avec elle, la confession sincère, et
la résolution brûlante de ne plus pécher.
Difficile définition de la sainteté chrétienne ! S’efforcer de faire,
toujours et en tout, avec l’aide de sa grâce et par amour, la Volonté de
Dieu.
Cet appel est-il « pour tous » ?
Dieu n’a-t-Il pas ses saints, ses élus comptés à l’avance, les cent
quarante-quatre mille dont parle l’Apocalypse
(Ap 7, 4) ? Chiffre symbolique d’une multitude
débordante : douze fois douze mille. Dans cette surabondance, il y a de la
place pour tous ; toutefois, tous ne feront pas partie des élus, puisqu’il y
aura aussi des réprouvés (Mt 25, 46). Le
baptême est cette première et définitive consécration, qui nous fait entrer
dans cette famille des « saints », comme les premiers chrétiens aimaient à
s’appeler mutuellement.
Vatican II a rappelé cet appel universel à la sainteté : « Il est donc
clair pour tous que chacun des fidèles, peu importe son état ou son rang,
est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la
charité » (Lumen
Gentium, n. 40). Comme il est regrettable qu’après la ferveur
des premiers chrétiens, la vigueur de cet appel du Christ ait été presque
oubliée ! Pendant des siècles, seule une poignée de personnes a cru pouvoir
postuler à l’excellence de la sainteté, comme à un concours réservé à une
élite !
C’est pourtant une élite, et une excellence… C’est bien là le mystère :
l’appel est universel, l’excellence est destinée à tous. La sainteté est
ouverte « démocratiquement » à chacun, mais elle n’en est pas plus facile. «
Paradoxe : la sainteté est plus accessible que la science, mais il est
plus facile d’être savant que saint » (saint Josémaria,
Chemin, 282).
Ne serait-ce pas de l’orgueil, de la témérité, de la présomption ? Moi, toi,
nous tous… être saints ? Mais non : c’est un appel, une grâce, un don de
Dieu. Et même, c’est une obligation, un engagement de notre baptême. «
Tous les fidèles sont donc invités – et même tenus – à rechercher la
sainteté et la perfection de leur état » (Lumen
Gentium, n. 42).
On peut donc être saint dans la vie ordinaire : dans le mariage et la
famille ; dans le travail ; dans les petites choses de chaque jour. Un jeune
étudiant, qui avait un grand désir de s’engager pour le bien de l’humanité,
se présenta un jour à saint François de Sales et lui demanda : « Que
puis-je faire pour la paix du monde ? » Son interlocuteur lui répondit
en souriant : « Ne claque pas la porte si fortement !… »
La sainteté est multiforme. « Dans la maison de mon père, il y a beaucoup
de demeures » (Jn 14, 2). Et il y a autant
de façons d’imiter le Christ que de personnalités, puisque « la grâce ne
détruit pas la nature, mais la perfectionne » (saint
Thomas d’Aquin). Et pourtant, on peut ranger les moyens de
sainteté en quatre catégories : les sacrements, la formation, l’unité de vie
et l’apostolat.
Parvenir à la sainteté
Les sacrements sont les sources mêmes de la grâce. Le baptême purifie et
sanctifie ; la confirmation met le baptisé debout. Une place particulière
est réservée à l’Eucharistie et à la confession. L’Eucharistie, parce
qu’elle nous donne l’Auteur de la grâce. Pour qui veut réellement être
saint, elle doit être reçue chaque jour, si possible. « Devenez ce que
vous recevez », dit un beau chant : c’est par le Christ que l’on
s’assimile au Christ. Participer à la sainte Messe et communier chaque jour,
c’est déjà un vrai programme de sainteté. C’est aussi s’intégrer à la vie
liturgique de l’Église qui est, selon la belle expression de Bossuet, «
le Christ répandu et communiqué ».
La confession fréquente est un autre moyen privilégié. « La confession
des fautes quotidiennes (péchés véniels) est vivement recommandée par
l’Église. En effet, (elle) nous aide à former notre conscience, à lutter
contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à
progresser dans la vie de l’Esprit » (
Catéchisme de l'Eglise catholique, 1458).
Autre moyen de sainteté : la formation. C’est une manière humaine
d’apprendre à être plus efficace. La prière, la direction spirituelle sont
des moyens de formation très directs ; les cours de formation chrétienne, la
lecture d’un livre de spiritualité, d’un texte du Saint-Père…
L’unité de vie : notre vie tout entière doit se construire autour de notre
foi. « Veux-tu vraiment être saint ? – Remplis le petit devoir de chaque
instant : fais ce que tu dois et sois à ce que tu fais »
(saint Josémaria, Chemin, 815). Notre travail, les
contrariétés que nous subissons, les vertus à acquérir… Avec la pensée de
cette unité, centrée sur la filiation divine, nous éviterons le piétisme ;
nous ne risquerons pas de séparer artificiellement les divers domaines de
notre vie, pour n’en donner à Dieu qu’une petite part.
Enfin l’apostolat, l’évangélisation, est à la fois conséquence et moyen de
sainteté. Celui qui s’efforce d’être saint sera apôtre par surabondance de
sa vie intérieure. Mais son apostolat le poussera à être exemplaire, à
donner du Christ une image attrayante.
Au fond, ce sont des moyens simples. La sainteté est exigeante, mais elle
est effectivement à la portée de tous.
Sources : Source : La Nef n°194 de juin 2008
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.06.2008 -
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