A Rome Benoît XVI a prié pour le père
Ragheed, martyr |
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ROME, le 5 Juin 2007 -
(E.S.M.) - L’Eglise
chaldéenne les a aussitôt pleurés comme des martyrs. A Rome Benoît XVI a
prié. Le père Ragheed était l’un des prêtres qui donnaient le témoignage
d’une vie chrétienne avec le plus de clarté et de courage, dans un des
pays les plus ravagés.
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Le père
Ragheed -
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A Rome Benoît XVI a prié pour le père
Ragheed, martyr
La dernière messe du père Ragheed, martyr de
l'Eglise Chaldéenne
Ils l'ont tué à Mossoul, avec trois des ses sous-diacres. Dans un Irak
ravagé, c'était un homme et un chrétien qui témoignait de sa foi avec clarté
et courage. Voici un portait écrit par quelqu'un qui le connaissait bien
par Sandro Magister
Ils l’ont tué le dimanche suivant la Pentecôte, après qu’il a célébré la
messe dans l’église de sa paroisse consacrée à l’Esprit Saint, à Mossoul.
Ils ont tué le père Ragheed Ganni, un prêtre catholique chaldéen, ainsi que
les trois sous-diacres qui étaient avec lui, Basman Yousef Daud, Wahid Hanna
Isho, Gassan Isam Bidawed. Les assaillants ont éloigné la femme de ce
dernier et ont abattu les quatre hommes de sang froid. Puis, ils ont placé
des véhicules remplis d’explosifs autour de leurs corps pour que personne
n’ose s’approcher. C’est seulement tard dans la soirée que la police de
Mossoul est parvenue à désamorcer les engins et à recueillir les corps.
L’Eglise chaldéenne les a aussitôt pleurés comme des martyrs. A Rome Benoît
XVI a prié. Le père Ragheed était l’un des prêtres qui donnaient le
témoignage d’une vie chrétienne avec le plus de clarté et de courage, dans
un des pays les plus ravagés.
Il était né à Mossoul il y a 35 ans. Ingénieur diplômé de l’université de
Mossoul en 1993, il avait étudié, de1996 à 2003, la théologie à Rome à l’Angelicum,
l’Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin, où il avait obtenu la licence
en théologie œcuménique. Il parlait couramment, en plus de l’arabe,
l’italien, le français et l’anglais. Il était le correspondant de l’agence
internationale "Asia News", de l’Institut Pontifical des Missions Etrangères.
Le jour suivant son martyre
"Asia
News" en a publié ce portrait:
"L’Eucharistie nous rend la vie que les terroristes
essaient de nous ôter"
"Sans la messe du dimanche, sans l’eucharistie, les chrétiens ne peuvent pas
vivre en Irak": le père Ragheed racontait ainsi l’espoir de sa communauté,
habituée à voir chaque jour la mort en face, cette même mort qui l’attendait
hier après-midi, au retour de la messe.
Après avoir nourri ses fidèles du corps et du sang du Christ, il a offert
aussi son propre sang, sa vie, pour l’unité de l’Irak et l’avenir de son
Eglise.
Ce jeune prêtre avait choisi, tout à fait consciemment, de rester à côté de
ses fidèles, dans sa paroisse consacrée à l’Esprit Saint, à Mossoul, la
ville considérée comme la plus dangereuse en Irak après Bagdad. La raison
est simple: sans lui, sans son pasteur, le troupeau se serait égaré. Dans la
barbarie des kamikazes et des bombes une chose au moins était certaine et
donnait la force de résister: "Le Christ – disait
Ragheed – avec son amour sans limites défie le mal, nous garde unis, et nous
donne, à travers l’Eucharistie, la vie que les terroristes essaient de nous
ôter".
Il est mort hier, massacré par une violence aveugle. Que Benoît XVI a
qualifié de "meurtre insensé". Il a été abattu en revenant de l’église, où
les fidèles, de moins en moins nombreux, de plus en plus désespérés et
effrayés, continuaient cependant à se réunir comme ils le pouvaient.
"Les jeunes – c’est ce que Ragheed racontait il y a quelques jours –
organisent la surveillance après les attentats déjà subis par la paroisse,
après les enlèvements et les menaces permanentes qui visent les religieux.
Les prêtres célèbrent la messe parmi les ruines causées par bombes. Les
mères voient avec inquiétude leurs enfants défier les dangers et se rendre
au catéchisme avec enthousiasme. Les vieux confient à Dieu leurs familles
qui fuient l’Irak, ce pays qu’ils ne veulent pas quitter, solidement
enracinés dans ces maisons qu’ils ont construites pendant des années à la
sueur de leur front et qu’il n’est pas question d’abandonner".
Ragheed était comme eux, comme un père fort qui veut protéger ses enfants:
"Notre devoir est de ne pas désespérer. Dieu écoutera nos supplications pour
la paix en Irak".
En 2003, après ses études à Rome, il avait décidé de revenir dans son pays,
"parce que ma place est là- bas". Il était aussi rentré pour participer à la
reconstruction de sa patrie, à la reconstruction d’une "société libre". Il
parlait d’un Irak plein d’espoir, avec son sourire attachant: "Saddam est
tombé, nous avons élu un gouvernement, nous avons voté une Constitution!".
Il organisait des cours de théologie pour les laïques à Mossoul; il
consolait les familles en difficulté. Ce mois-ci il était en train de faire
soigner à Rome un enfant avec des graves problèmes de vue.
Son témoignage est celui d’une foi vécue avec
enthousiasme. Il était l’objet de menaces répétées et de tentatives
d’attentat depuis 2004, il avait vu des parents souffrir et des amis partir.
Il avait cependant continué jusqu’à la fin de rappeler que cette souffrance,
ce massacre, cette anarchie de la violence avaient aussi un sens: il fallait
les offrir.
Après l’attaque contre sa paroisse le 1er avril, dimanche des Rameaux, il
disait: "Nous nous sommes sentis semblables à Jésus quand il entre à
Jérusalem, sachant que la conséquence de Son amour pour les hommes sera la
Croix. Nous avons également offert notre souffrance, pendant que les
projectiles transperçaient les vitres de l’église, comme signe d’amour pour
Jésus".
Il racontait encore il y a quelques semaines: "Nous attendons chaque jour
l’attaque décisive mais nous n’arrêterons pas de célébrer la messe. Nous le
ferons aussi sous terre, où nous sommes plus à l’abri. Je suis encouragé par
mes paroissiens à suivre cette décision. Il s’agit de guerre, de vraie
guerre, mais nous espérons porter cette Croix jusqu’à la fin avec l’aide de
la Grâce divine".
Et parmi les difficultés quotidiennes il s’étonnait lui-même de réussir
ainsi à comprendre d’une façon plus profonde "la
grande valeur du dimanche, jour de la rencontre avec Jésus
ressuscité, jour de l’unité et de l’amour entre tous, du soutien et de
l’entraide".
Ensuite les voitures remplies d’explosifs se sont multipliées; les
enlèvements de prêtres à Bagdad et à Mossoul sont devenus de plus en plus
fréquents; les sunnites ont commencé à demander un impôt aux chrétiens qui
voulaient rester dans leurs maisons, sous peine de les voir confisquées par
des miliciens. L’eau, l’électricité, continuent à manquer, les liaisons
téléphoniques sont difficiles. Ragheed commence à être fatigué, son
enthousiasme faiblit. Jusqu’à admettre, dans son dernier mail à "Asia News",
le 28 mai dernier:"Nous sommes sur le point de nous écrouler". Il parle de
la dernière bombe qui est tombée sur l’église du Saint Esprit, juste après
les célébrations du jour de la Pentecôte, le 27 mai; de la "guerre" qui a
éclaté une semaine plus tôt, avec 7 voitures et 10 engins explosifs en
quelques heures; du couvre-feu qui pendant trois jours "nous a gardés
prisonniers dans nos propres maisons", sans pouvoir célébrer la fête de
l’Ascension, le 20 mai.
Il se demande dans quelle direction son pays se dirige: "Dans un Irak
sectaire et confessionnel, quelle place sera attribuée aux chrétiens? Nous
n’avons pas de soutien, aucun groupe ne se bat pour notre cause, nous sommes
seuls dans ce désastre. L’Irak est déjà divisé et ne sera plus jamais le
même. Quel avenir pour notre Eglise?".
Mais il confirme aussitôt la force de sa foi, éprouvée mais intacte: "Je
peux me tromper, mais une chose, une seule chose, j’ai la certitude qu’elle
est vraie, pour toujours: l’Esprit Saint continuera à illuminer des
personnes afin qu’elles œuvrent pour le bien de l’humanité, dans ce monde si
plein de mal".
Cher Ragheed, avec ton cœur qui crie de douleur, tu nous laisses ton espoir
et ta certitude. En te frappant, ils ont voulu anéantir l’espoir de tous les
chrétiens en Irak. Cependant, avec ton martyre, tu nourris et tu donnes une
nouvelle vie à ta communauté, à l’Eglise en Irak et à l’Eglise universelle
aussi. Merci, Ragheed !
Traduction française par Charles de
Pechpeyrou, Paris, France.
Benoît XVI exhorte à rejeter toute forme de haine
et de violence : Télégramme de condoléances du Saint Père pour le meurtre
d'un prêtre catholique et de trois diacres à Mossoul
►
Benoît XVI
Sources:
La chiesa.it
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.06.2007 - BENOÎT XVI -
International/Irak |