YouCat : Dans le sac à dos, un livre
dédicacé par le pape Benoît XVI |
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Rome, le 05 février 2011 -
(E.S.M.)
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C'est le catéchisme destiné aux très jeunes. Il sera lancé lors du
rassemblement mondial de Madrid. Benoît XVI compte beaucoup sur lui et le
recommande. "Parce qu'il nous parle de notre destin", plus captivant qu'un
roman policier.
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YouCat : Dans le sac à dos, un livre
dédicacé par le pape Benoît XVI
par Sandro Magister
Le 05 février 2011 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- La rédaction et la publication d’un "Catéchisme de
l’Église catholique" a été l’une des plus grandes entreprises du pontificat
de Jean-Paul II. Mais c’est également l’une des moins comprises et des moins
appréciées.
Celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger a apporté à cette
entreprise une contribution décisive.
Et l’un de ses tout premiers actes en tant que pape a justement été la
publication, le 28 juin 2005, d’un Catéchisme bis : le "Compendium", une
version plus courte du grand Catéchisme, concentrée en 598 questions et
réponses.
Mais Benoît XVI revient à nouveau sur le sujet. Il s’apprête à publier une
troisième version du Catéchisme, destinée aux jeunes de 14 à 20 ans et
rédigée dans un langage prévu pour mieux leur convenir.
L’ouvrage est intitulé "YouCat", acronyme de "Youth Catechism", catéchisme
des jeunes. Ce projet est né en Autriche, sous la supervision du cardinal
archevêque de Vienne, Christoph Schönborn. La langue d’origine du livre est
donc l’allemand. Des traductions en douze autres langues sont en cours et
seront publiées peu à peu dans les différents pays à partir du mois de mars
prochain. L'édition italienne a été supervisée par le patriarche de Venise,
Angelo Scola, et elle a été imprimée par Città Nuova, la maison d’édition
des Focolarini. Le lancement en grand de "YouCat" aura lieu lors des
Journées Mondiales de la Jeunesse programmées à Madrid du 16 au 21 août. À
cette occasion, chaque jeune en trouvera un exemplaire dans son "sac de
pèlerin".
Le schéma du "YouCat" est le même que celui du grand Catéchisme. Tout
d’abord les articles du "Credo", puis les sept sacrements, ensuite les dix
commandements et enfin le "Notre Père".
Le livre aura comme introduction une préface de Benoît XVI, en forme de
lettre. Le mensuel "Il Messaggero di Sant'Antonio" l'a publiée en
avant-première et "L'Osservatore Romano" a fait de même le 2 février, fête
de clôture du temps de Noël.
Cette préface est remarquablement intéressante, comme c’est souvent le cas
pour les textes que le pape Ratzinger écrit personnellement, dans un langage
direct, sans réticences.
Le pape y retrace l’histoire de la naissance du grand Catéchisme, en
soulignant l'audace de l'entreprise. Et il explique pourquoi il a voulu
cette nouvelle version, destinée aux jeunes.
On ne peut pas dire si le "YouCat" aura du succès. Mais jusqu’à présent le
grand Catéchisme lui-même n’a pénétré que faiblement dans le corps de
l’Église. Et il en est de même pour le Compendium.
Au cours des dernières décennies, les diverses Églises nationales ont
consacré beaucoup d’énergie à la production de leurs textes de catéchèse,
mais presque toujours en se fondant sur des critères éloignés sinon opposés
à ceux du Catéchisme voulu par Wojtyla et Ratzinger. Le résultat a été
presque partout un échec.
La conséquence c’est que la transmission de la doctrine chrétienne aux
nouvelles générations est aujourd’hui l’un des trous noirs les plus
dramatiques de la pastorale de l’Église.
C’est un trou noir qui sert d’arrière-plan à la préface écrite par Benoît
XVI pour "YouCat". Par exemple quand il exhorte les jeunes à "être bien plus
profondément enracinés dans la foi que la génération de vos parents".
C’est une préface à lire en totalité. La voici.
"JE VOUS CONSEILLE LA LECTURE D’UN LIVRE EXTRAORDINAIRE"
par Benoît XVI
Chers jeunes amis ! Aujourd’hui je vous conseille la lecture d’un livre
extraordinaire. Il est extraordinaire par son contenu mais aussi par son
processus d’élaboration, que je désire vous décrire en quelques mots, pour
que vous puissiez en comprendre la particularité.
Le "YouCat" tire son origine, pour ainsi dire, d’un autre ouvrage qui
remonte aux années 80. C’était, pour l’Église et aussi pour la société
mondiale, un moment difficile où s’annonçait la nécessité de nouvelles
orientations pour trouver une route vers l’avenir. Après le concile Vatican
II (1962-1965) et dans le climat culturel changé, beaucoup de gens ne
savaient plus correctement ce que les chrétiens devaient vraiment croire, ce
que l’Église enseignait, si elle pouvait enseigner quelque chose "tout
court", et comment tout cela pouvait s’adapter au nouveau climat culturel.
Le christianisme en tant que tel n’est-il pas dépassé ? Aujourd’hui peut-on
raisonnablement être croyant ? Voilà des questions que beaucoup de chrétiens
se posent aujourd’hui encore. Le pape Jean-Paul II prit alors une décision
audacieuse : il décida que les évêques du monde entier allaient écrire un
livre qui permettrait de répondre à ces questions.
Il me confia la mission de coordonner le travail des évêques et de veiller à
ce qu’un livre naisse des contributions des évêques : je veux dire un vrai
livre, pas la simple juxtaposition d’une multitude de textes. Ce livre
devait porter le titre traditionnel de "Catéchisme de l’Église catholique"
et pourtant être quelque chose d’absolument stimulant et nouveau ; il devait
montrer ce que l’Église catholique croit aujourd’hui et comment on peut
croire de manière raisonnable.
Je fus épouvanté par cette mission et je dois reconnaître qu’il me parut
douteux qu’un pareil projet puisse réussir. Comment pouvait-il se faire que
des auteurs dispersés dans le monde entier parviennent à produire un livre
qui soit lisible ? Comment des hommes qui vivaient sur des continents
différents d’un point de vue non seulement géographique mais également
intellectuel et culturel pouvaient-ils produire un texte pourvu d’une unité
interne et qui soit compréhensible sur tous les continents ?
À cela s’ajoutait le fait que les évêques devaient écrire non pas simplement
en tant qu’auteurs individuels, mais en tant que représentants de leurs
confrères et de leurs Églises locales.
Je dois avouer qu’aujourd’hui encore le fait que ce projet ait fini par
réussir me paraît miraculeux. Nous nous rencontrions pendant une semaine
trois ou quatre fois par an et nous discutions passionnément des portions de
texte qui s’étaient développées entre deux rencontres.
La première tâche a été de définir la structure du livre : il devait être
simple, pour que chacun des groupes d’auteurs puisse avoir une mission
claire et qu’il ne soit pas obligé d’insérer de force ses propos dans un
système compliqué.
C’est la structure même de ce livre. Elle est tirée simplement d’une
expérience catéchétique longue de plusieurs siècles : que croyons-nous ?
Comment célébrons-nous les mystères chrétiens ? Comment avons-nous la vie
dans le Christ ? Comment devons-nous prier ?
Je ne veux pas vous expliquer maintenant comment nous avons confronté nos
points de vue sur les très nombreuses questions jusqu’à ce qu’il en sorte un
véritable livre. Pour un ouvrage de ce genre, il y a beaucoup de points qui
prêtent à discussion : tout ce que font les hommes est insuffisant et peut
être amélioré. Pourtant c’est un grand livre, un signe d’unité dans la
diversité. À partir d’un grand nombre de voix nous avons pu former un chœur
parce que nous avions en commun la partition de la foi, que l’Église nous a
transmise depuis les apôtres à travers les siècles jusqu’à aujourd’hui.
Pourquoi tout cela ?
Déjà à ce moment-là, à l’époque de la rédaction du "Catéchisme de l’Église
catholique", nous avons dû constater non seulement que les continents et les
cultures des peuples qui y vivent sont différents, mais aussi qu’au sein de
chaque société, il y a plusieurs "continents" : un ouvrier n’a pas la même
mentalité qu’un paysan, un physicien qu’un philologue, un entrepreneur qu’un
journaliste, un jeune qu’un vieux. Voilà pourquoi, dans le langage et dans
la pensée, nous avons dû nous placer au-dessus de ces différences et, pour
ainsi dire, chercher un espace commun aux différents univers mentaux. Cela
nous a rendus de plus en plus conscients du fait que le texte demandait des
"traductions" pour être adapté aux différents univers, afin de pouvoir
atteindre les gens avec leurs mentalités et leurs problématiques
différentes.
Depuis lors, des jeunes du monde entier se sont rencontrés aux Journées
Mondiales de la Jeunesse (Rome, Toronto, Cologne, Sydney), des jeunes qui
veulent croire, qui sont à la recherche de Dieu, qui aiment le Christ et qui
souhaitent trouver des chemins communs. Dans ce contexte nous nous sommes
demandé si nous ne devrions pas essayer de traduire le "Catéchisme de
l’Église catholique" dans le langage des jeunes et faire pénétrer ses
paroles dans leur monde. Bien sûr, il y a aussi beaucoup de différences
entre les jeunes d’aujourd’hui ; c’est ainsi que, sous la conduite sûre de
l’archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, un "YouCat" a été élaboré pour
les jeunes. J’espère que beaucoup d’entre eux se laisseront attirer par ce
livre.
Il y a des gens qui me disent que le catéchisme n’intéresse pas la jeunesse
d’aujourd’hui ; mais je crois que ce n’est pas vrai et je suis sûr d’avoir
raison. La jeunesse n’est pas aussi superficielle qu’on lui reproche de
l’être ; les jeunes veulent savoir en quoi consiste réellement la vie. Un
roman policier est captivant parce qu’il nous entraîne dans un destin qui
est celui d’autres personnes mais qui pourrait être aussi le nôtre ; ce
livre-ci est captivant parce qu’il nous parle de notre propre destin et
qu’il concerne donc chacun d’entre nous de près.
Voilà pourquoi je vous dis : étudiez le catéchisme ! C’est ce que je
souhaite de tout mon cœur.
Cette aide au catéchisme ne vous flatte pas ; elle ne vous offre pas des
solutions faciles ; elle exige de vous une nouvelle vie ; elle vous présente
le message de l’Évangile comme la "perle précieuse"
(Matthieu 13, 45) pour
laquelle il faut donner tout ce que l’on possède. Voilà pourquoi je vous dis
: étudiez le catéchisme avec passion et persévérance ! Sacrifiez votre temps
pour lui ! Étudiez-le dans le silence de votre chambre, lisez-le à deux, si
vous êtes amis, formez des groupes et des réseaux d’étude, échangez vos
idées sur Internet. Continuez à dialoguer de toutes les manières à propos de
votre foi !
Vous devez connaître ce que vous croyez ; vous devez connaître votre foi
aussi précisément qu’un informaticien connaît le système d’exploitation d’un
ordinateur ; vous devez la connaître comme un musicien connaît son morceau.
Oui, vous devez être bien plus profondément enracinés dans la foi que la
génération de vos parents, pour pouvoir résister avec force et décision aux
défis et aux tentations de ce temps.
Vous avez besoin de l’aide divine si vous ne voulez pas que votre foi se
dessèche comme une goutte de rosée au soleil, si vous ne voulez pas
succomber aux tentations du consumérisme, si vous ne voulez pas que votre
amour se noie dans la pornographie, si vous ne voulez pas trahir les faibles
et les victimes d’abus et de violences.
Si vous vous consacrez avec passion à l’étude du catéchisme, je voudrais
vous donner encore un dernier conseil : vous savez tous comment la
communauté des croyants a été blessée, ces derniers temps, par les attaques
du mal, par le péché qui a pénétré à l’intérieur, ou plutôt au cœur de
l’Église. N’en faites pas un prétexte pour fuir devant Dieu ; vous êtes
vous-mêmes le corps du Christ, l’Église ! Apportez le feu intact de votre
amour dans cette Église à chaque fois que les hommes en auront assombri le
visage. "Soyez d’un zèle sans nonchalance, dans la ferveur de l’Esprit, au
service du Seigneur" (Romains 12, 11).
Dieu a appelé à l’aide d’Israël, au moment le plus sombre de son histoire,
non pas les grands et les gens considérés, mais un jeune nommé Jérémie ;
Jérémie s’est senti investi d’une mission trop lourde pour lui : "Ah, mon
Seigneur et mon Dieu, je ne sais pas porter la parole, je suis un enfant !"
(Jérémie 1, 6). Mais Dieu ne s’est pas laissé abuser : "Ne dis pas : 'Je
suis un enfant'. Va là où je t’envoie, et tout ce que je t’ordonnerai,
dis-le" (Jérémie 1, 7).
Je vous bénis et je prie chaque jour pour vous tous.
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.02.2011 -
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